cela devait faire une quinzaine de jours que j’avais quitté mon ancien appartement où j’avais vécu la dernière année avec celui qui avait su capturer mon cœur, mais qui l’avait également brisé comme jamais. La forte Minri s’était retrouvé à se laisser périr entourer de souvenirs qui assombrissaient son moral. Quand JeHa m’avait retrouvé dans cet état, il ne lui avait pas fallu longtemps pour me forcer à déménager. Ne pouvant pas partager sa chambre sur le campus, une idée qui lui déplaisait, car nous avons dérogé aux règles quelques jours avant que le concierge ne me tombe dessus. Et quand il a fallu que je parte, je ne sais par quel miracle, il avait déniché ce loft bien trop grand pour moi seule. Il s’était installé quelques temps avec moi pour que je prenne mes marques, mais bien vite, son aller-retour entre l’université et ici le crevait. Je le voyais bien et j’avais fini par le convaincre que j’allais bien maintenant. Même si j’étais toujours aussi triste une fois que je me retrouvais seule. Pour ne pas revivre mes jours de dépression, et surtout parce que je ne pouvais pas me permettre de payer le loyer à moi seule, j’avais passé une annonce pour trouver de nouveau colocataire. Erin avait déjà pris possession d’une des chambres, et bien vite, nous étions devenus inséparable. Sa joie de vivre me faisait beaucoup de bien, me sortant de ma morosité. Aujourd’hui, j’avais rendez-vous avec, peut-être, un nouvel occupant des lieux. Je devais m’assurer qu’il correspondait bien au profil demandé. J’étais dans la cuisine quand la sonnette de la porte retentit. Je remis une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille avant de venir ouvrir la porte. « Sois le bienvenue. » j’avais enfilé mon visage pro que j’utilisais pour mon travail.

Sortant la dernière boutique charger comme un baudet, je cherche l'adresse de l'annonce qui m'a tapé dans l'oeil. Ou plutôt, Ji Hwan m'a foutu l'annonce sous le nez en me faisant clairement comprendre qu'il voulait que je dégage. Et connaissant le caractère du bonhomme, j'ai juste hoché la tête avant de m'éclipser. Le bougre avait déjà prit rendez-vous avec celui qui cherche un colocataire. Il me restait donc du temps pour parfaire ma garde robe que Aley a eu la bonté de ne pas faire suivre lors de mon déménagement précipité.

Devant la porte, j'appuie délicatement sur la sonnette, même si l'envie de me comporter comme un gamin, juste pour rire, se fait ressentir. Sauf qu'il faut que je fasse bonne impression. La porte s'ouvre sur une ... étudiante? Je la fixe, la détaille même. Pas mal la marchandise. Et c'est un sourire enjoleur sur le visage, que je lui tends la main remplit de quatre sac. Merci. Pas de salutation, ni rien. J'entre dans la lieu et là, on va dire que c'est un coup de foudre. Mes sacs tombent se répendant sur le sol mais j'ai une question, une seule en tête. Combien le loyer?. Tout en parlant, mon portefeuille se retrouve dans la main.

A ma grande surprise, je tombe nez à nez avec un homme d’âge mur. Pas que c’est pour me déplaire, il était même plutôt plaisant à regarder, mais j’étais… surprise ? je m’attendais d’avantage à un étudiant ou un jeune qui se lançait dans la vie active. Je revins à moi quand il me dit merci, la main tendue vers moi. Je la saisis comme je pus avec les sacs qui en pendant. Je jetais un coup d’œil sur ceux-ci qui débordaient à ras bord de vêtements. Était-il SDF pour transporter ainsi sa maison sur lui ? je haussais des épaules. Apres tout, d’où il venait m’importait peu tant qu’il se comportait selon les règles établies au loft. Cependant, j’avais l’intuition que mon jumeau allait peu apprécier ce colocataire. Il m’avait formellement interdit la présence d’hommes, mais peut-être qu’il pouvait faire exception ? Surtout s’il pouvait m’aider avec le loyer. Je le laissais entrer alors qu’il découvrait les lieux avec impatience. « Le loyer total est de 10 000 000 won, mais vu qu’on sera quatre colocataires, cela revient à 2500000 chacun. Vous ne voulez pas visiter les lieux avant ? » demandais-je quelque peu surprise par cette précipitation.

Mes affaires répendues au sol, logiquement, j'aurai tout ramassé. Mais là, ma main est plutôt occupée à sortir des liasses de billets. 10 000 000 vous dites., c'est un peu près ce que je me fais une soirée. Après tout, ils viennent tous voir le numéro pour rêver qu'eux aussi touchent les étoiles et volent. Et voilà. Un nouveau sourire sur le visage, je la regarde en secouant la tête. Je ne dois rester que peu de temps. Logiquement. Une semaine que je ne lui donne pas de nouvelle, elle doit commencer à se tracasser. La semaine prochaine, elle me mangera dans la main et la semaine après, elle me suppliera de rentrer. Je sais comment fonctionne celle qui deviendra un jour ma femme. Montrez-moi juste où je peux poser mes affaires et si vous avez de quoi boire et manger. Faire les boutiques, ça creuse. Et voilà que je rigole comme un gosse. Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour avoir un pied à terre durant deux semaines. Par contre, elle a pas envie de ramasser mes affaires là? Merde! C'est une femme. Bon, je m'agenouille pour remettre les vêtements dans les sacs. Désolé pour le dérangement. C'est ton rôle, c'est toi qui devrait être entrain de ramasser pas moi. Moi? Macho, absolument pas.

Je fixais ses affaires rependues sur le sol, me demandant un instant s’il était tel un escargot, transportant sa maison avec lui en permanence. Il était séduisant. Pas vraiment le genre à donner l’effet de dormir sous les ponts. Je secouais la tête pour disperser mes interrogations. Elles finirent par disparaitre totalement à la seconde près où il commençait à compter les billets. Comment pouvait-il sortir une liasse de la sorte ? Était-il un clodo qui venait tout juste de cambrioler une banque ? Il en rajoutait une couche alors qu’il annonçait ne pas rester longtemps …. Était-il en plus en cavale ? Un léger froncement de sourcils de ma part trahissait mon inquiétude. Je fixais la liasse de billets avec méfiance avant de finalement l’accepter. L’envie de garder la maison, grâce au soutien financier qu’il représentait l’emportait. Ils n’avaient pas l’air faux. Je pouvais donc écarter l’hypothèse d’un éventuel fabricant de faux billet. Je glissais l’argent dans la porte de mon jeans, comme si c’était le seul endroit fiable de l’appartement. « Puis-je vous demander quel est votre métier ? » Je l’interrogeais du regard face à une telle précipitation et impatience. « Vous voulez vous installer sans même visiter ? Pas que ça me déplaise… plus vite on trouvera nos colocataires, mieux se sera, mais …. » Je laissais ma phrase en suspens, haussant les épaules. Depuis quand la raison guidait mes choix ? J’étais tout sauf la définition de la fille qui suivait un chemin réfléchit. La passion façonnait ma vie. « Peu importe. Suivez-moi. » Terminais-je par déclarer tout en me diriger vers les escaliers menant à l’étage. Je le contournais alors qu’il ramassait ses affaires. Il avait donc fait du shopping avant de venir. Je ne compris pas le regard qu’il me jeta et je décidais de ne pas en tenir compte. Mon frère m’avait demandé de trouver des colocataires pour ne pas être seule. Pas d’enquêter sur leur vie. Ce qui était chose faite. Plus que deux à trouver. Quand il me rejoignit, je le menais en haut, ouvrant une porte donnant sur une chambre meublé qui n’attendait plus que quelqu’un pour la combler. « Voici ta chambre. Le mienne est juste en face. On peut se tutoyer je pense maintenant. » Ajoutais-je un semi sourire aux lèvres, encore incapable de rire depuis ma dépression. « Au fait, je m’appelle Lee Min Ri, mais appelle moi Min ri. »