Hide and seek

Encore une soirée qui s’achevait. Un énième message de sa mère pour s’assurer que tout allait bien. Eomma. Va te coucher, il est tard et tu travailles demain… ta fille va bien, ne t’en fais pas, ne t’inquiète pas je t’ai dit. Embrasse papa aussi. A bientôt. L’air est froid sur la capitale. L’hiver approche et il n’est plus question de traîner.

Un soupçon de magie plane sur la ville. Une lueur un peu folle, un peu effrayante. Le gérant du magasin avait insisté pour qu’elle l’emmène avec elle, cette grosse citrouille un peu biscornue, un peu salie, aux courbes trop peu régulières. Sans doute pas assez glamour pour être vendue. « Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi ? » Lèvres moqueuses, elle soupire en tapotant le cucurbitacée. Humeur pincée. Nostalgique à l’idée de ne pas fêter Halloween cette année encore.

Trente minutes s’écoulent. Elle quitte le bus en laissant sur la buée de la vitre le spectre d’un adorable petit fantôme ; « boo ».

Chaque souffle se transforme en un petit nuage de fumée claire et la clef tourne dans le sas de l’entrée. Rangeant soigneusement ses chaussures, elle quitte son manteau et se laisse envelopper par l’agréable chaleur du salon. « Il y a quelqu’un ? » Le silence répond au silence et ses bras engourdis déposent la citrouille à la cuisine avant qu'elle ne se penche à l’avant.

Accoudée au comptoir, elle serre le poing et toque à la porte du légume orange dans un soupire las.  « Jolie citrouille, dis-moi qui est la plus belle ? » Dans un monde un peu étrange, un peu fourbe et un peu dingue, Blanche-Neige croquerait dans la citrouille et disparaîtrait sur le champ.

Hide and seek

Ça faisait un long moment que le dortoir n’avait pas été silencieux comme ça et ça lui faisait du bien. Il était totalement enchanté de se dire qu’enfin, personne n’allait venir le déranger dans ses études et dans ses précieuses lectures qualifiées d’ennuyantes par la plupart des gens. Alors certes, elles n’étaient pas au même niveau d’aventure que les contes extraordinaires que beaucoup aimaient, mais il ne fallait pas les sous-estimer pour autant. Au moins, ces histoires-là, avaient le mérite d’apprendre des choses réalistes. Ce n’était pas le plus gentil qui gagnait les bagarres, c’était le plus rusé – et ça n’était pas des bagarres futiles avec des coups et de la violence, mais quelque chose de bien plus sournois et long. En soit, ça n’avait rien à voir avec toutes les choses populaires envers les étudiants et il comprenait que ça n’intéresse pas tout le monde. Mais lui, il appréciait, plus ou moins en fonction des auteurs et des choses expliquées, mais il y trouvait un réel intérêt et il se fichait pas mal des livres populaires. Les histoires où les gentils étaient des héros, il ne les aimait pas, sans doute parce qu’il n’était pas de ces gentils-là. S’il devait être un personnage de roman extraordinaire, alors il serait un antagoniste détesté de tous. Mais dans la finance, les antagonistes étaient les gagnants.
Coupant son livre à la fin d’un chapitre, il se leva pour aller me chercher quelque chose à boire dans le salon des sango. Ça ne servait à rien d’être cloîtré dans sa chambre, cette fois, personne n’allait le déranger. Il ne risquait pas de croiser Miu – elle était partie, n’est-ce pas ? Il ne savait même pas – ou quiconque qui avait pris pour objectif de le déranger dans sa routine.

Cependant, dans le salon, il entendit une voix féminine qu’il connaissait et quand il jeta un coup d’œil, il s’avérait bien de Jang Mi, une fille de son cursus qu’il aidait dans ses études. Il restait suspicieux, parce qu’il la trouvait étrange. Des choses ne collaient pas chez elle et le fait qu’elle parle seule, ou plus exactement avec une citrouille, n’arrangeait rien. En se raclant la gorge pour signaler sa présence – il ne tenait pas forcément à la tourner en ridicule, bien que ce fut trop tard – il s’avança près du frigo pour se servir à boire, passant à côté d’elle sans la regarder vraiment. Sentant qu’il devait dire quelque chose pour ne pas rester sur ce qui s’était passé quand il était supposé ne pas être là, il dit, d’un ton neutre : « Tu n’es pas parti chez les Kwon ? » Et franchement, il aurait aimé qu’elle parte, elle aussi, chez eux.

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Peut-être bien qu’il était tard mais elle n’était pas fatiguée. Le rythme des cours était éreintant. Et courir d’un bout à l’autre de la ville pour travailler jusque dans la nuit devenait un véritable fardeau de l’automne à l’hiver. Pourtant, Jang Mi avait l’habitude. Il lui fallait bien ça pour ne pas vivre sans le sou. Surtout qu’il était hors de question qu’elle accepte plus d’argent que ce que ses parents lui envoyaient déjà tous les mois. Après tout, si elle vivait une vie qui ne lui ressemblait pas et qu’elle vivait largement au-dessus de ses moyens, ce n’était pas la faute de ses parents.

Elle soupira en jouant avec sa citrouille, n’attendant la présence de personne et surtout pas celle de Ji Hwan. « …tu m’as surprise. » Elle s’était redressée en un sursaut, suivant du regard sa silhouette absente qui lui prêtait si peu d’attention. Il devait penser qu’elle était ridicule à causer à une courge. Et même lorsqu’elle espérait qu’il n’ait peut-être pas entendu, elle savait au fond d’elle que si. Il était juste trop bien élevé pour le lui faire remarquer… ah mais Ji Hwan bien élevé, elle ne le connaissait qu’un peu et de façon sommaire, mais s’il avait toujours été courtois avec elle à raison de son statut social, elle avait entendu ses frasques auprès de ceux qu’il appelait « les pauvres » et cette considération… lui faisait toujours froid dans le dos.

Elle força un sourire, se redressant pour ne pas paraître plus bête qu’elle ne l’était. « J’ai pensé y aller mais je viens de rentrer. Je dois avoir les yeux fatigués pas vrai ?! C’est parce que j’étais au cinéma avec des amis. » Elle tapote sur ses joues en même temps, songeant à une poche de glace qui pourrait faire des miracles. « Je n’avais pas prévu de costume en réalité. Quelle est ton excuse à toi ? » Lancer une conversation avec ce garçon était une prouesse technique hautement risquée. Il trouvait toujours le moyen de se défiler et si Jang Mi jouait les funambules, lui était passé maître dans l’art de la disparition. « On pourrait fêter notre propre Halloween ? J’ai une citrouille, c’est un bon début hn ? »

Ah oui. Parce qu’elle rentre du cinéma avec une citrouille, comme ça, normal.

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Il n’était pas du tout curieux de ce que faisait Jang Mi ici. Quelle qu’en soit la raison, la seule chose certaine c’est qu’elle n’était pas partie et que du coup, il n’était pas si tranquille qu’il n’avait voulu le croire jusqu’alors. Cette question, s’il l’avait posée, ce n’était pas pour avoir une réponse honnête mais simplement parce qu’il sentait que s’il ne parlait pas, elle allait inutilement se sentir extrêmement gênée de comment elle avait agi. Et en effet, elle avait de quoi se sentir gênée ; elle avait parlé à une citrouille comme il ne l’avait jamais vu s’adresser à qui que ce soit d’autre. Peut-être se sentait-elle seule mais il trouvait que s’adresser à de la nourriture relevait d’une folie bien cachée, non pas d’une solitude trop grande. Quoi qu’il en fut, il ne pensait pas utile de revenir sur ça : ce qui était arrivé était terminé et peu importe combien elle devait être embarrassée à ce sujet-là, ça ne changerait jamais ce qu’il avait vu et entendu. Alors, pour éviter d’aller sur ce terrain qui ne lui plaisait pas non plus, il avait posé cette question, à la quelle elle avait répondu avec beaucoup trop d’entrain et de phrases pour que ça l’arrange. Il aurait aimé qu’elle comprenne combien il s’en fichait et combien ça aurait suffit de répondre « Non », pour qu’il prenne sa boisson et s’en aille sans avoir besoin de faire la discussion plus longtemps. Sauf que Jang Mi n’avait pas cette subtilité et ne connaissait pas le Ji Hwan froid qu’il était en dehors de sa société et c’était donc normal qu’elle ne saute pas à cette conclusion-là. Malgré tout, devoir donner une excuse à son absence l’irrita. « Je n’avais juste pas envie. » Inutile de s’attarder plus longtemps que ça sur la question. Les fêtes, ce n’était pas son truc, les gens, c’était encore moins son truc. Sans parler, bien sûr, du nombre de pauvres qu’il y allait avoir ; et Min Soo avait compris ça sans qu’il n’ait besoin de donner d’excuse.
Il prit la première bouteille d’eau qu’il trouva et en but quelques gorgées, manquant de cracher brutalement tout ce qu’il avait ingurgité à l’entente de sa proposition. Il parvint à se contrôler et à finir normalement ce qu’il venait de faire et il se tourna vers Jang Mi, de son regard neutre et désinvolte habituel. « Non merci, j’ai du travail à finir » Excuse qu’il ne se serait pas embêté à créer si elle n’avait pas été une gosse de riche. Ce n’était cependant pas totalement faux non plus.

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D’une honnêteté foudroyante. « Ah. » Elle qui était habituée à élaborer des théories et des stratagèmes parfaits pour faire coulisser les portes de ses mensonges avec fluidité n’avait pas prévu qu’en répondant aussi simplement, elle contenterait la curiosité [quasi-inexistante] de Ji Hwan. « Tu n’aimes pas Halloween ? » Elle comprend rapidement que ses questions sont malvenues et mordant dans sa joue, elle se reprend en râclant le fond de sa gorge, se redressant de sa superbe. « Oublie ma question. » Une discussion avec ce garçon est à peu près aussi productive qu’une journée de bibliothèque à regarder les mouches voler. Il est impressionnant. Il est cassant et il est froid. Mais les conversations ne volent jamais très haut, peut-être bien qu’il est simplet ? Certainement pas. Jangmi avait eu bon vent des échos qui le désignaient comme véritable prodige dans son domaine. Et puisqu’elle se destinait à étudier la finance, elle avait eu vite fait de le baratiner sur une histoire de « parrainage » qu’il n’avait pas pu refuser. Après tout, Jangmi était très bonne élève. Et elle était riche…

Alors bien sûr, sa proposition ne rimait à rien. A ce garçon, elle ne lui faisait pas plus confiance que ça. Il était élitiste et froid et bourré de jugements. Chaque fois qu’elle le voyait, elle ne pouvait s’empêcher de se dire que plusieurs années en arrière, il n’aurait pas hésité à lui marcher dessus dans le collège où elle était. Parce qu’il ne jugeait que par les gens beaux, les gens haut-placés et les gens au porte-monnaie bien garni. C’était bien pour ça, après tout, qu’il tolérait Jangmi dans son entourage ? Elle l’avait entendu parler et elle avait entendu des bruits de couloirs sur le phénomène. Il était typiquement ce genre de personnes pour lesquelles Jangmi avait changé. En bien. Ou en mal. Est-ce que sa vie était meilleure ? Au final, ces gens avaient fait de sa vie un enfer et peut-être bien qu’elle avait prolongé son supplice en jouant leur jeu.

Elle jeta un coup d’œil à l’horloge de la salle à manger. Autant dire qu’il se foutait de sa gueule pour se mettre à travailler aussi tard. Pour autant, elle se sentait un peu démunie. Ce n’était vraiment pas dans ses plans de passer la soirée seule. Elle avait étudié toute la journée, puis elle avait travaillé au conbini jusqu’à pas d’heure. Aeri ne serait même pas là pour lui proposer un film d’horreur, avec ses sciences occultes et tous ses trucs bizarres. « Sunbae. Ne t’en fais pas pour moi, je n’ai pas envie de te retenir. » Même si elle se doutait bien qu’il n’avait pas besoin qu’elle la rassure ni qu’elle lui donne une quelconque autorisation pour se comporter comme un véritable rustre. « Et puis, si d'aventure tu te surprenais à changer d'avis... » On ne sait jamais ? Elle sourit dans son ombre en imaginant déjà son regard. De toute façon, elle est comme ça Jang Mi. Peu importe la personne, elle tentera toujours de lui donner une chance pour ce qu'elle, n'a pas souvent eu la chance de prouver ce qu'elle valait vraiment après des autres.

Elle frappa de ses deux mains sur le comptoir. « Je sais ! » Après tout, elle n’avait pas besoin de lui pour passer un joyeux Halloween. Elle contourna l’îlot central jusqu’à un tiroir et sortit un énorme couteau de cuisine qu’elle s’aventura à déterminer s’il était bien aiguisé. « Ah, comment je fais ça… » Elle prit la citrouille, tenta d’y trouver un point d’accroche pour en ôter le chapeau.

Et lorsque le premier coup partit, il tapa directement sur la planche en bois, la faisant sursauter en esquissant un cri d’effroi. EST-CE QU’ELLE VENAIT DE SE COUPER UN DOIGT ? UNE MAIN ? LE BRAS ? Non.

Mais c’était moins une.

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En temps normal, il n’aurait peut-être pas agi si froidement avec Jang Mi. Il n’était jamais d’une chaleur foudroyante, que ce soit avec des riches ou non, sauf dans les événements pour l’entreprise. Cela dit, il adoucissait son ton froid en présence de riches et il embellissait ses paroles avec eux afin de ne pas les froisser totalement. Il l’avait d’ailleurs un peu fait, puisqu’il s’était justifié d’avoir du travail à faire pour ne pas trop qu’elle se sente rejetée. C’était rien, mais venant de lui, c’était un effort à souligner quand même. Il aurait pu cependant, refuser avec une excuse mieux inventée, avec un ton moins froid s’il ne la soupçonnait pas d’agir bizarrement. Cette fille était apparue devant lui d’un coup, lui demandant d’être son parrain pour les études, alors qu’ils ne s’étaient jamais parlés. Elle se disait fille riche et c’était sans doute vrai, car elle avait les vraies manières superficielles de toutes les riches qu’il connaissait, mais elle restait toujours floue quant à la source réelle de sa richesse. Elle aimait mettre en valeur sa richesse très souvent comme si c’était quelque chose de précieux pour elle et parfois, ça lui sonnait comme être une chance d’être riche et non plus une évidence. Lui aussi, il parlait souvent de sa richesse mais il ne la pensait pas être comme quelque chose dont il devait profiter. Ça avait toujours été là, ça le serait toujours ; elle, parfois, elle parlait comme si c’était temporaire. Peut-être était-ce son illusion, certes, mais il avait d’autres choses qu’il trouvait étranges. Elle rentrait tard la nuit, comme ce soir-là, sans expliquer vraiment pourquoi. D’ailleurs, si elle avait envie de fêter Halloween, pourquoi aurait-elle ramené une citrouille à laquelle elle parlait ? Elle aurait pu très bien aller dans une des fêtes de Halloween réservée aux VIP des entreprises, à ceux qui ont des actions. Ji Hwan aurait pu y aller, lui aussi. Ça ne nécessitait pas de costume ni rien en particulier. Elle aurait pu déguster des plats bien plus savoureux qu’une citrouille et elle aurait pu parler à des gens vraiment vivants et sans doute, beaucoup plus bavards que lui.
En soit, elle était suspecte et il n’aimait pas ça. Il souhaitait être proche de gens avec valeurs sûres et pour une quelconque raison, elle lui semblait être tout sauf une valeur sûre. Il allait sans doute finir par faire des recherches sur elle, un jour mais ce n’était pas aujourd’hui qu’il l’avait prévu. Il ferma le frigo et ignora la question qu’elle lui avait posé, comme elle lui avait demandé. « Je m’en rappellerai. » Il s’en rappellerai mais il n’allait pas changer d’avis. Se dirigeant de nouveau vers sa chambre, il tourna quand même une dernière fois la tête vers elle en entendant un tiroir s’ouvrir. Il l’observa prendre le couteau et soupira face à la perplexité de la jeune fille, sans pourtant rien rajouter. Si elle ne savait pas comment couper une citrouille, pourquoi en avait-elle acheté une ? Il baissa la poignet de sa chambre lorsqu’il entendit un coup résonner. Il n’avait pas vu l’action mais elle avait sans doute était désastreuse, ça se voyait sur le visage de Jang Mi et dans son cri. Il soupira une seconde fois en peu de temps. Se mettait-elle consciemment en danger ou bien était-elle assez stupide pour jouer avec un couteau dont elle ne savait pas se servir ? À ce rythme-là, elle allait juste finir par se blesser elle-même et il ne pouvait pas laisser faire ça, peu importe combien elle lui paraissait suspecte. Il revint alors dans le salon et en la regardant d’un air parfaitement exaspéré, tendit sa main vers elle. « Donne moi-ça avant que tu te fasses mal. » Il détestait cet instinct protecteur sans cesse présent mais il savait qu’il ne pouvait rien faire contre. Il avait deux petits sœurs dont il avait pris soin depuis qu’il était petit, alors il ne pouvait pas laisser une fille en danger. Qui qu’elle soit. Pauvre ou riche.

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Elle avait appris à cuisiner pourtant. Elle n’était pas de ceux qui laissaient les autres tout faire, peu importe combien elle aurait aimé, parfois, que l’on fasse les choses pour elle. La vraie Jang Mi elle n’est pas riche, pas plus qu’elle n’est une assistée d’ailleurs. Elle retroussait ses manches, noyait les plans de tomates du jardin mais ça partait d’une bonne intention, courait pour attraper son bus lorsqu’il lui passait de ça sous le nez et donnait sa place assise aux petits vieux qui la réclamaient sans même user de politesses. Elle n’était pas effrayée par les tâches du quotidien parce que si elle ne les faisait pas, alors personne ne les ferait à sa place. Donne-moi ça avant que tu te fasses mal. Elle obtempéra à sa requête, se sentant soudainement si minuscule à côté de ses grands airs, secs et tranchants, qui laissaient suggérer qu’il savait tout. Même couper une citrouille ? Ah ça. Elle se décala sur le côté, se penchant légèrement à l’avant pour regarder comme il allait prendre les choses en main.

Peut-être bien qu’elle trouvait ça marrant de le voir avec un couteau de cuisine dans une main, la seconde tenant fermement en place une citrouille. En fait, elle le trouvait même mignon parce que malgré toute son assurance, elle doutait qu’il ait, ce serait-ce qu’une seule fois, équeuté une citrouille ou même épluché des pommes de terre. « En fait, il faut découper tout le haut de la citrouille juuuuuste là » et son doigt suivait le tracé imaginaire « mais il faut que ça soit net parce que sinon la citrouille sera moche. » Elle cligna des yeux et en se redressant, rencontra son regard froid. Elle faillit se rabaisser l’espace d’un instant, finalement elle se racla la gorge et rejeta ses longs cheveux derrière son épaule. « Pardon mais je voudrais simplement fêter Halloween avec une jolie citrouille effrayante. » Elle adoucit la remarque d'un sourire un peu trop rapide ; mais Ji Hwan était l'un de ces rares garçons qui, élitiste au possible, condescendant comme jamais, la bloquait dans pas mal de ses élans à n'en plus savoir sur quel pied danser. Elle se sentait tellement nulle parfois, que la seule méthode qu’elle avait de faire face aux autres, c’était celle de l’arrogance. Quelqu’un de suffisamment avisé verrait tout de suite que c'est du bluff mais Jang Mi, elle, préférait penser que l’illusion était complète.