AND WE MEET AGAIN
Raon & Hanae
Hanae reposa nerveusement le pinceau qu’elle avait en main, éclaboussant le bas de son chevalet, qui n’avait pas besoin de ça. Elle jura à voix haute, ce qui lui arrivait rarement, voir jamais, question d’éducation et de tempérament. Elle était un nœud de contradiction depuis son levé le matin même. Ça avait continué pendant son appel Skype quotidien avec sa sœur aînée, qui s’était moquée d’elle, n’arrangeant rien, au contraire. Elle attrapa un couteau de peintre et entrepris de racler l’excédent de peinture au bas de sa toile. Avant de le reposer, dans son état, elle était parfaitement capable de trouer ladite toile, par nervosité. Elle se serait giflée, si elle avait imaginé une seconde que cela puisse lui remettre les idées en place. Franchement à ce point la seule chose qui pourrait lui remettre lesdites idées en place, était son rendez-vous du soir. Lequel était, ironie quand tu nous tiens, également la seule cause de son état en premier lieu. Son aînée et elle avaient souvent plaisanté quant à son masochisme prononcé et l’héritière commençait à se demander s’il ne s’agissait pas plus d’une réalité que d’une boutade. Qu’on lui vienne en aide si c’était le cas. La jeune peintre essuya sa main sur le torchon accroché au meuble du nécessaire à toilette qui graciait son atelier. Elle se rendit dans sa chambre et entreprit de se détendre, à renfort de bougie parfumée apaisante, la bonne blague, d’un bain moussant et d’une tasse de tisane elle aussi « calmante, » qu’une bonne lui monta, quand elle l’eut « commandée ». Elle hésita une éternité sur le quoi porter, ce qui, une fois de plus, n’était pas dans ses habitudes et s’engouffra dans la voiture, le chauffeur souriait. Hanae ne doutait absolument pas que sa sœur ait pu appeler pour le mettre au courant, ces deux-là étaient bien trop proches pour la tranquillité de la jeune femme. Elle descendit devant le restaurant de famille, qu’elle avait choisi sur les conseils dudit chauffeur. A ses dires la nourriture y était bonne et le cadre sans prétention, esprit plutôt cozy chic, c’était parfait pour son rendez-vous du soir. Elle rentra dans restaurant et repéra le jeune homme attablé. « Bonsoir, vous êtes en avance. »
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