Un matin comme les autres. Mademoiselle Song s’était levée du pied gauche, comme d’habitude, et son être tout entier était rempli de frustration incompréhensible, comme d’habitude. Chaque jour que Dieu fait, Ah Reum se lève encore plus en colère que le matin précédent. Comment l’expliquer? Honnêtement même la jeune femme a du mal à argumenter ses sauts d’humeur chroniques et sa pétassitude constante. D’une façon mécanique, la brunette aux yeux de biche procédait à son habituel rituel du matin. Dans un premier temps elle se brossa les dents avec du bicarbonate de soude et du citron, pendant 5 minutes entières, timer enclenché sur l’Iphone. Une fois cela fait, elle fit bouillir de l’eau et versa le contenu de la bouilloire brulante dans un verre en cristal étiqueté de son nom -comme tout le reste de ses affaires- et pressa un demi-citron vert à l’intérieur. D’une traite le verre fut vidé, il s’agissait là de son petit-déjeuner. Puis, elle s’enferma à double tour dans une des nombreuses salles de bains de la résidence et se mit à peinturlurer son doux visage de produits, tous plus bizarres les uns que les autres, mais chacun avait la même fonction : la rendre encore plus belle… Oui comme si c’était possible. Pour finir, elle sélectionna dans sa large garde-robe une simple robe noire terminant en col roulé qui épousait parfaitement sa stature arachnéenne, et coupla la tenue d’un large manteau et d'une paire d'Ernest vernies avec talons de 13 centimètres. Et c’est à ce moment précis, là, maintenant, face au miroir qu’elle réalisa ce qui n’allait pas… Comment au grand Dieu une jeune femme avec une prestance et un grace pareil pouvait être un simple pion? Ah Reum était née pour faire de grandes choses pas pour jouer l’actrice de second plan chez les Pyobeom. Au début, cette histoire de fraternité l’amusait carrément et certaines personnes arrivaient à faire apparaitre un léger sourire sur son visage de marbre, mais là c’était trop : Elle devait prendre contrôle de sa destinée.

D’un pas décidé et particulièrement rapide, Song se dirigea vers la chambre de la « présidente » des Pyobeom, Cho Su Nah. Ah Reum ne savait pas vraiment quoi penser de cette nana avec son attitude de cheerleader sous acide, c’était un peu pesant. Oui, elle motivait bien les troupes c’est sur, mais en toute honnêteté elle n’avait pas la prestance, la carrure, ni même le physique incroyable de notre Ah Reum national. Soyons franc, lorsque nous parlons de présidente, il faut une main de fer dans un gant de velours et Su Nah donnait plus l’impression d'une main mal manucurée dans une mitaine H&M. Attention, la jolie brune n’était pas du tout inutile, bien au contraire, mais disons qu’elle serait beaucoup appréciée en tant que… Je ne sais pas… trésorière ou poupée gonflable pour la prochaine sauterie gang bang des Pyo. Bref, pour faire simple elle n’avait d’autres choix que de donner son siège à Ah Reum.

Ses talons claquaient bruyamment dans le couloir des dortoirs, si forts que la belle put discerner quelques insultes venant d’étudiants à moitié endormis, en colère de se faire réveiller un samedi matin avant 9 heures. Honnêtement la belle n’en avait que foutre, la journée appartient à ceux qui se lèvent tôt et il fallait que ce soit vraiment tot, car Song avait un plan machiavélique à mettre en place. N’allez surtout pas croire que Miss Song était une idiote, elle savait très bien quoi faire et se jeter dans la gueule du loup serait la pire des décisions. Si la jeune femme rate son coup elle peut être sure que personne dans sa fraternité ne le lui pardonnerait et elle se retrouverait bannie et bruler au bucher comme sa consœur incomprise, Jean d'arc. C’est une partie d’échecs que la belle allait se mettre à jouer et tous les coups sont permis.

« Toc toc toc, j’espère que personne n’est nue… Meme si c’est le cas, je rentre quand meme. » Ah Reum ouvrit la porte et se retrouvera face à sa future concurrente. Un large sourire aussi faux que son nez affichait sur ses lèvres pulpeuses, Miss Song se remémora une citation que son père adorait sortir à toutes les sauces : « keep your friends closes and your ennemies closer ».

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