Antti ne s’amusait pas autant qu’il avait pensé le faire en venant à cette soirée. En fait on pouvait même carrément dire qu’il s’ennuyait ! Pourtant la fête battait son plein et pour être honnête il devait reconnaître qu’elle était réussie. Mais voilà, ce soir le coeur n’y était pas. C’était en partie de ne pas savoir ce qui le tracassait qui rendait son humeur aussi morose et s’étant éloigné du gros de la fête, Antti s’était rapproché de la piscine. Au départ un groupe d’étudiants s’y amusait avec force de bruits et d’éclaboussure. La nuit était fraîche, pour ne pas dire froide, mais compte tenu de la vapeur qui s’échappait du bassin, Antti imaginait sans mal que l’eau y était beaucoup plus chaude.

Le nez sur son cellulaire pendant un moment il avait ainsi ignoré le groupe d’étudiant un bon moment, remarquant à peine la jeune femme qui était passée près de lui en allant les rejoindre. Du moins il avait bien sentit le parfum capiteux qui était venu à ses narines, en appréciant les fragrances un peu amer des agrumes.

Au final, lorsqu’il avait levé le nez de son téléphone, le bruit immédiat avait disparu. Plusieurs minutes s’étaient écoulées. Peut être cinq, peut être dix. Il n’aurait pas su dire exactement, tout prit dans ses pensées alors qu’il avait lu des commentaires sur sa dernière vidéo. Ça avait le don de l’enfermer dans sa petite bulle, ça ! En tout cas on entendait toujours très bien le bruit de la fête un peu plus loin… Mais à la piscine tout était redevenu calme. Les étudiants masculins d’un peu plus tôt avaient finit par sortir, allant attraper la crève dieu seul sait où… Et la jeune femme de tout à l’heure -en supposant que c’était elle- était présentement à quelques mètres, posée sur un banc, faisant attention à tout sauf à lui. Il avait dû avoir l’air aussi perdu dans ses pensées qu’elle un peu plus tôt.

En tout cas Antti avait finit par remettre son téléphone dans sa poche, non sans avoir jeté un dernier petit coup d’œil à l’heure sur l’écran digital. Peut être qu’il allait rentrer tôt, finalement. C’était peut être le mal du pays, le manque de sa famille… On avait beau être du genre assez indépendant, les petits coups de blues ne vous épargnent pas toujours.

Du bassin, une épaisse vapeur continuait de s’échapper et après un moment d’indécision, Antti avait finit par s’approcher. Il s’était accroupit, tendant la main en se penchant un peu dangereusement peut être pour lui qui ne savait pas nager. Le bout de ses doigts avaient finalement caressé la surface redevenue lisse et il avait pu constater qu’effectivement il devait faire meilleur dedans que dehors.

Mais voilà… S’il compte se relever et partir pour de bon le sort en a décidé autrement. Il suffit d’un petit morceau de carrelage sur le rebord mal fixée, des éclaboussures qui finissent de la desceller et Antti se sent basculer avant même d’avoir eu le temps de dire ouf. Il tente de se retenir à un objet invisible mais rien n’y fait et dans un « plouf » sonore le voilà qui tombe à l’eau.

Ce sentiment de panique qui vous habite, lorsque vous vous retrouver dans une situation de mort imminente, c’est indescriptible. Antti aimait l’eau mais ne savait pas nager. Et présentement, s’il avait bien touché le fond au moment de sa chute, une fois qu’il arrive maladroitement à avoir la tête hors de l’eau ses pieds ne touchent plus du tout la terre ferme. Il ne peut que secouer bras et jambes dans une tentative folle et désespérée d’apprendre à nager en un éclair. Mais ses mouvements sont rendus désorganisés par la peur… Par l’eau qui s’infiltrait déjà dans ses narines et dans sa bouche tandis que dans un suprême effort, il appel à l’aide.

Le poids de ses vêtements gonflés d’eau rendait ses efforts encore plus fatiguant et son appel à l’aide, Antti ne l’avait pas jeté en direction de la maison. C’était inutile : avec ce bruit personne ne l’entendrait. Non, la cible de ses appels c’était cette fille sur son banc. Trop bien habillé pour piquer une tête dans la piscine sûrement mais pour l’heure il s’en fichait, personnellement ! Antti crachote de l’eau, en avale au moins deux fois plus et lance un nouvel appel à l’aide dans la direction de la jeune femme.

« Au secours ! »

Nouvelle tasse, ses muscles lui brûle déjà et Antti se maudirait presque de n’être pas plus sportif.

« Aide-moi ! A l’aide ! »

Chaque nouveau mot lui échappait dans un finno-coréen probablement pas complètement compréhensible mais vu sa situation, la jeune femme allait comprendre non ? Il avait besoin d’elle, de ses petits bras et de sa capacité, espérons-le, à savoir flotter, elle.