Cheon Soo est issu d’un étrange mélange. Entre une douce coréenne venue faire ses études universitaires aux Etats-Unis tombée amoureuse d’un américain jeune professeur de fac extrémiste. Deux cultures opposées qui au final se sont retrouvées dans une passion commune : la passion pour Dieu. Si leur mariage fut rapide, la naissance du garçon elle tarda à venir. C’est pourquoi il hérita de ces deux prénoms si particuliers et porteurs de sens. Gabriel, tel l’Ange porteur de la nouvelle de la grossesse de Marie, et Cheon Soo, prière pour une protection divine sur son avenir. Faute d’avoir été attendu de longues années, et d’être l’unique enfant de ce couple atypique, il fut couvert d’amour et choyé. Mais à la façon américaine catholique dite traditionnelle. En effet, il fut bercé par des phrases telles que « un homme ça ne pleure pas. », les paroles du prêtre tous les dimanches matins, la création de banderole anti-lgbt et anti-avortement. Pour lui, à cette époque, cela n’avait rien de choquant. Comme tout enfant, les dires de ses parents étaient paroles sacrées.

C’est ainsi qu’il grandit, dans un univers rythmé par la religion, les bonnes manières, et cette envie d’être toujours le meilleur pour plaire à ses parents. Toujours premier de la classe, et même délégué, il cachait sa passion secrète, qui grandissait de plus en plus en lui. Celle des comédies musicales. Cela faisait des années déjà, depuis le primaire environ, qu’il se plaisait à chanter. Mais mêler cela au théâtre, le garçon qu’il était trouvait cela fascinant. Cependant, ses parents étaient de ces gens qui clamaient qu’être artiste n’était pas un vrai métier. Qu’un homme chantant tout en dansant n’était pas un homme. Ce fut alors son premier secret. Il profitait simplement de ses compétitions de piano pour écouter les chanteurs qui avaient des compétitions non loin.

Ce qui marqua une coupure décisive avec les idéaux dans lesquels Cheon Soo fut élevé fut cette rencontre. Lorsqu’il déménagea au lycée pour la Corée du Sud, son regard se posa sur un être qui allait radicalement changer sa vie. Gwak Min Ho. Longtemps, il l’a observé de loin. Puis admirer. Sans jamais oser l’approcher. Alors ce fut le plus âgé qui fit le premier pas. Et entre eux, ce fut une évidence. Bien au-delà d’un coup de foudre. De suite, leur amour éclata. Il fut fougueux, passionné, sensuel, tendre, sauvage. Sauf que comment avouer à ses parents, surtout son père, éprouvant un dégoût et même une haine profonde envers les homosexuels que son âme sœur est un homme ? Impossible. Alors, Cheon Soo proposa de cacher leur relation. Aux yeux de tous. Et partout. Min Ho accepta, et c’est ainsi que leur idylle début, durant leur dernière année de lycée. Un drame shakespearien moderne.

Sauf que l’amant, au fils des mois, commença à éprouver cette envie d’en parler. Au moins à leurs amis. Au fond de lui, Cheon Soo aussi mourrait d’envie de pouvoir lui prendre la main en public, le couvrir d’attentions, l’embrasser même. Mais ils ne pouvaient se le permettre. Alors, cela marqua le début de frictions entre eux. Les disputes commencèrent, pour ce que redoutait le plus le métisse arriva : un ultimatum. Min Ho le força à choisir. Pour le protéger, pour s’empêcher de le retrouver mort dans une poubelle d’une ruelle, il prit la lourde et bien trop douloureuse décision de le quitter. Ce fut le printemps 2016. Le début de son alcoolisme et de sa dépression.

Malheureusement pour lui, ils se retrouvèrent à la Yonsei. Et un horrible spectacle débuta sous ses yeux. Celui qu’il aimait plus que tout au monde se pavanait librement aux bras de jeunes hommes différents, participait même aux campagnes lgbt, bref. Il exposait son homosexualité sans honte ni complexe. Mais ce qui donna un coup de poignard à Cheon Soo fut d’apprendre le « métier » de son amant. Un stripboy. Il se déshabille, dansaite vulgairement pour de vieux dégueulasses qui se branlent en l’imaginant leur faire des choses. Si à l’université, il garde cette image de l’étudiant studieux et populaire, chez lui, sous sa douche, c’est un insomniaque se scarifiant les cuisses qui existe.