Work In Progress

Ha Young & Haneul

✻✻✻ Immanquablement, tu tentais de savoir à quoi cela pourrait ressembler. Une peinture de ta personne, vue par les yeux de Picasso, retranscrit par la main de cette même personne… Nul doute que cela serait un massacre total. Non de la peinture en t’ayant comme modèle, toi petit étudiant en informatique dont la carrure était proche de celle d’une asperge, mais bien de ta beauté que tu ne savais que trop précieuse pour être bafouée de la sorte. Après tout, même Jun Young avait craqué pour celle-ci. N’était-ce pas là le signe qu’elle était infaillible et véritablement présente ? Homme capable de faire tomber ceux qui l’entoure que tu étais, fort heureusement tu étais seul dans ta chambre jusqu’à présent ; le cas échéant, tu aurais certainement dû faire attention à ne pas t’attirer les regards de tes colocataires. A cette pensée, tu ne savais qu’être amusé, loin d’être effrayé par d’éventuelles frasques que ceux-ci pourraient faire. Tu saurais t’en sortir indemne, pas vrai ? Et si ce n’était le cas, tu savais que tu pourrais compter sur ta présidente au tempérament de feu pour te changer de pièce à coucher. Enfin… Normalement.

Si une légère panique venait à se présenter en ton cœur à l’idée de devoir subir les supplices de tes éventuels colocataires, elle ne fut rien en comparaison à celle qui naissait lorsque tu te rendais compte de ta bévue. Sur tes pieds tu te dressais ; rapidement tu lui présentais les boissons ornant le coin de ta chambre. La nourriture était périssable, moins facile à conserver dans ce genre d’endroit alors celle que tu achetais finissais généralement dans les placards et le frigo de la fraternité. De plus, à tourner aussi régulièrement des vidéos pour ta communauté, à parler autant donc, tu avais bien plus besoin de liquides que de solides pour soulager cette gorge qui ne savait que trop vite se desséchée. Alors tu en informais ton ainée de façon plus courte, plus concise. D’une phrase lui signifiant que son entreprise fut de bons augures, tu ne pensais pas que sa réponse pourrait avoir un effet aussi amuïssant. En effet, tu ne parvenais à prononcer une répartie digne de la sienne ; te contentant d’un vague regard vers cette femme de quelques années ton ainée. Ces iris voilés d’un certain amusement mélangé à un brin de scepticisme évident, tu ne saurais mieux lui transmettre ton embarras de la situation que par ce geste si simple et pourtant si expressif de ta part. Néanmoins, ton attention tu reportais vers ces bouteilles pour trouver celle qui saura satisfaire ses papilles dans les instants à suivre.

Concentré dans ta quête, c’était presque d’un sursaut que tu accueillais sa réponse, n’ayant pris conscience de sa soudaine proximité avec toi. D’un geste rapide tu lui tendais la bouteille, non sans un regard vers sa personne. « Je commande, je vais au restaurant ou je fais des trucs dans la cuisine de la fraternité. J’évite de garder de la nourriture dans ma chambre, si je commence, jamais ça finira… » Les habitudes s’attrapent rapidement et tu n’en avais que trop conscience pour oser t’aventurer vers le chemin du geek bordélique possédant une maison ou une chambre digne d’une porcherie. Toi-même tu ne pourrais le supporter vu comme l’ordre minimum te semblait vital pour vivre. Déformation professionnelle avant l’heure dira-t-on… Parlant de profession, une fois toutes les bouteilles précédemment sorties remises à leur place, tu te dirigeais bien vite vers votre devoir commun pour le continuer, voir, dans un espoir infini, le finir. Comment ça, ça faisait que très peu de temps que vous étiez dessus ? Bon, d’accord, c’était très court, mais tu ne savais faire taire ton optimiste. Sans oublier que, en comparaison à ton jeu vidéo, ceci serait très rapide à finir ! « Je suis d’accord ! » lançais-tu alors dans un entrain qui t’étais propre lorsqu’il s’agissait du travail.  Tu aimais travailler sur des sujets qui te plaisaient, qui savaient te tenir à cœur. Et si celui-ci était purement lié aux études cette fois, tu savais qu’une partie de ce que tu apprendrais dedans te serais utile plus tard ; rien que la prise d’habitude pour réfléchir ou agir en concordance avec ces énoncés auxquels tu faisais face. Tu n’étais clairement pas de ces élèves qui pensaient que tout ceci était inutile et barbant, pour ne pas dire chiant plus exactement.

Les minutes défilaient et, peu à peu, ce fut des dizaines et des dizaines d’entre elles qui t’échappaient. Qui vous échappaient. Concentré jusqu’à entendre cette musique que tu ne connaissais que trop bien, vraiment trop bien. Ton nez se relevait soudainement, ton corps manquait un sursaut d’ailleurs tant la surprise fut grande, avant que ce ne soit un soupir qui accompagne les notes de musique. « Désolé… J’avais oublié que j’avais programmé ce timer… » Comme beaucoup de jeux vidéo auxquels tu avais joué, tu avais fait en sorte qu’au bout d’un certain temps inactif sur le menu principal le programme lance une musique. Cette dernière devrait être accompagnée d’extrait du jeu, rappelant ces jeux vidéo pour enfants auxquels tu avais tant joué à l’époque. Là était tout l’intérêt d’ailleurs, un brin de nostalgie pour les plus fervents fidèles à ces logiciels tout en apportant un brin de nouveauté pour ne pas tomber dans le vu et revu… Même si, pour le moment, il fallait l’avouer, la vidéo n’était pas là ; alors c’était la photo d’un mignon petit dragon vert émeraude qui ornait l’écran fièrement. Naturellement, tes mots précédents fut rapidement suivi d’un geste pour te redresser sur tes deux pieds afin d’aller éteindre tout cela. Un mouvement de la souris et la musique se stoppait, sur un menu de jeu l’écran se figeait à présent, toujours aussi mignon graphiquement parlant bien que celui-ci ne saurait pleinement te satisfaire encore.