"je peut lancer le film ?" assis sur le lit, cecil observait la demoiselle en train de s'installer à ses côtés. c'était étrange de ne plus être colocataires, de ne plus partager la même chambre comme ils en avaient eu l'habitude avant que la nouvelle directrice ne demande à ce que les dortoirs soient divisés entre hommes et femmes. pour autant, ça ne l'empêchait pas de venir passer une soirée à l'occasion avec kelea, histoire de regarde un film, une série, discuter. retrouver ces moments qu'ils avaient avant qu'il ne doive déménager dans une autre aile du dortoir. un léger sourire sur les lèvres, il l'observait un court instant. "on a tout ce qui nous faut ? j'ai une bouteille d'eau à porté de main. pop-corn ?" s'assurant que rien ne manquait pour ne pas avoir à bouger ensuite, il s'était finalement adossé à la tête de lit, laissant à kelea le loisir de s'installer de la manière qu'elle désirait. télécommande à la main, il attendait finalement l'aval de la demoiselle pour lancer le film qu'ils avaient prévu de regarder. "j'ai l'impression que ça fait une éternité qu'on n'a pas regardé un film ensemble." ce n'est pas faute d'en avoir pris l'habitude avant, mais il faut croire que de ne plus être colocataires faisait qu'ils se voyaient moins souvent, chose que cecil aurait voulu arranger, et qu'il tentait de faire lorsqu'il le pouvait.

« Bien trop longtemps » Sourit Kelea en venant se blottir contre lui naturellement. Elle ferme les yeux et soupire d’aise en remontant la couette sur leur corps.  Cecil n’a fait aucune remarque sur son corps cabossé, osseux. Elle avait perdu tellement de poids qu’elle se cachait derrière de gros pulls. Elle aurait aimé que sa maladie ne se voit pas autant … elle faisait toujours de son mieux pour se cacher derrière son maquillage, ses vêtements, ses perruques. Elle n’avait pas envie d’attirer les regards sur elle, qu’on puisse la juger, ou pire, la prendre en pitié… Elle venait chez les panthères que rarement, quelques fois dans le mois, quand rentrer jusqu’à chez elle l’épuisait trop. Elle s’effondrait toujours dans son lit et dormait souvent trop. Alors quand Cecil avait fini par devenir une habitude dans son quotidien et que malgré les changements de chambres il s’était montré plus présent qu’un autre dans sa vie, la jeune femme avait fini par se sentir à l’aise en sa présence. Kelea avait perdu de sa superbe, de son caractère de princesse, elle n’était devenue qu’une jeune femme discrète et sage, presque trop calme quand on la connaissait vraiment. Elle apparaissait beaucoup trop … effacée, mesurée. Elle fixe l’écran un long moment, elle parlait peu, ne mangeait rien. Son corps encore fragile supportait difficilement le sucré. Pourtant elle ne disait rien, pour ne pas gâcher la soirée. Sa tête posée sur l’épaule de Cecil elle relève la tête vers lui incapable de se concentrer sur le film et fixe le profil du garçon. Elle ne pouvait s’empêcher de penser à Kouji, elle savait qu’il lui aurait dit d’être heureuse, mais comment pouvait-elle l’être ainsi ? Le fantôme de son mari la hantant encore et toujours. Elle n’a jamais retiré sa bague. Jamais. Kelea se sentait vide de l’intérieure. Et ces derniers jours ne l’avaient pas, décidément, pas aidé. Elle souffle alors ces quelques mots en posant sa main sur son torse. « Tu veux bien me prendre dans tes bras Cecil … ? »

il laisse kelea s'installer à son tour, prêt à débuter leur soirée. il a cette impression de ne plus la voir, de ne plus passer de temps avec elle, comme lorsqu'ils partageaient leur chambre. bien sûr, elle était souvent absente, mais il n'était pas rare de les voir passer une soirée tous les deux lorsqu'elle était là, et dans le fond ça lui manquait. le film finalement lancé, cecil tentait de se concentrer dessus, même s'il ne pouvait s'empêcher de penser à la demoiselle à ses côtés. il n'avait fait aucune remarque sur son état, mais s'en inquiétait malgré tout. il n'avait pas voulu lui en parler, de peur qu'elle ne se braque, mais il se comportait comme à son habitude avec elle. après tout, si elle voulait lui parler de quoi que ce soit, elle le ferait. il jettait quelques regards furtifs en direction de la demoiselle, jusqu'à retourner sa tête vers elle à sa question. il en était surpris, certes, et malgré l'étonnement, un sourire venait prendre place sur son visage. "b...bien sûr." il avait toujours été un gamin affectueux, mais il ne s'attendait pas réellement à une demande si soudaine. il bougeait lentement dans le lit, sans brusquer la demoiselle pour pouvoir la prendre dans ses bras, la laissant se coller davantage à lui. "tu es sûre que ça va... ?" il le soufflait, son inquiétude reprenant le dessus malgré tout. instinctivement, il déposait un baiser chaste sur son front, la serrant un peu plus dans ses bras. en quelques secondes à peine, il en avait oublié le film, préférant se concentrer sur la demoiselle, et ce qu'il pouvait faire pour qu'elle se sente bien.

Ca faisait des mois qu’elle n’allait pas bien Kelea. Des années presque … Elle avait même oublié ce que ça faisait d’être heureuse, de rire. Elle était bien avec les Pyo mais ils ne pouvaient jamais réellement remplir complètement ce trou béant dans sa poitrine. Elle avait froid à l’intérieure d’elle comme si le bonheur était devenu un étranger qu’elle en reconnaissait plus. Elle se blottit contre Cecil et fixe l’écran sans même voir le film. Elle avait besoin de quelqu’un qui lui porte de l’attention, plus encore qui l’aime, mais elle s’interdisait se bonheur par respect pour Kouji. Mais la vérité c’est qu’elle périssait avec lui, si lentement qu’on le remarquait à peine. Elle secoue la tête en se blottissant contre Cecil. Depuis quelques semaines le garçon se montrait plus que présent avec des sms, des invitations répétées jusqu’à ce que Kelea accepte. Elle ne savait pas trop s’il faisait ça parce qu’elle lui faisait pitié ou si il avait réellement envie de la voir. Elle avait fini par accepter, sans qu’il n’ait réellement besoin d’insister, pour le voir. Elle aimait sa présence, ces sms qu’il lui envoyait régulièrement comme si passer une journée sans lui parler lui manquer. Kelea s’était doucement habitué à sa présence et se demandait ce qu’en pensait le garçon. Elle déglutit en posa sa tête sur son torse, à l’orée de son épaule. Elle était maladroite et ça se sentait. Cela faisait un moment qu’elle ne s’était pas blottit ainsi dans les bras de quelqu’un. « Ça ira … » souffle-t-elle comme à chaque fois, fermant les yeux pour mieux savourer l’étreinte du garçon. « Pourquoi tu perds ton temps avec moi Cecil ? » souffle-t-elle en restant ainsi lovée contre lui. Sa question n’était pas si noire qu’on pouvait le croire, elle était juste curieuse. Que pouvait-il bien lui trouver de si attrayant pour passer une soirée avec elle. Kelea avait perdu de sa superbe. Elle était amaigrie et son visage pâle, elle ne riait plus beaucoup et avait peu de répondant. Elle tentait de faire bonne figure mais ça mettait les gens le plus souvent mal à l’aise … Elle lève ses yeux vers lui et le regarde un instant.

cecil était de ces garçons discrets, auxquels on ne faisait pas réellement attention. il était timide et n'osait que rarement aller vers les autres. la peur de l'inconnu, de ce qu'il pourrait lui arriver. il était bien trop marqué par son passé et même si depuis son arrivée en corée, il allait mieux, il y avait toujours cette part d'anxiété qui l'effaçait bien trop souvent du reste du groupe. mais avec kelea, c'était différent. ils s'étaient rencontrés alors qu'ils partageaient la même chambre, et il avait apprit à la connaître de cette manière. en douceur, pas à pas, alors qu'elle ne passait que quelques soirées par mois entre ces quatre murs. mais ça lui avait suffit pour l'apprécier à sa juste valeur, devenir assez proche d'elle pour s'inquiéter lorsqu'il remarquait ses changements d'humeur, de comportement. c'était ça aussi, qui le poussait à prendre régulièrement de ses nouvelles, à l'inviter à boire un café, manger avec elle à l'heure du lunch. des gestes annodins, mais qui le rassuraient lorsqu'elle acceptait et qu'il pouvait passer ne serait-ce qu'une heure en sa présence. ses sourcils se fronçaient à sa question alors qu'il resserait un peu plus son étreinte. "pourquoi est-ce que tu penses que je perds mon temps ?" il s'était tu un instant, sa main venant caresser lentement ses cheveux. "ça me manque de ne plus te voir, et je dois avouer que je n'aime pas te savoir mal ou triste. j'ai juste envie de voir un sourire sur ton visage." avait-il fini par souffler, teinté d'une honnêteté dont lui même s'était étonné à peine avait-il fini sa phrase.

« Vraiment ? » fit-elle surprise. Elle lève son visage vers celui de Cecil et le regarde de longues secondes avant de détourner le regard. « Tu es gentil … » souffle-t-elle. C’était sûrement la pire des insultes qu’on pouvait faire à un homme qui tenait une femme dans ses bras allongés dans un lit. Tu es gentil … Où bien un accès direct à ce qu’on pouvait communément appeler les friendzone. Mais pour Kelea c’était bien loin d’être ceux à quoi elle faisait allusion en lui disant ça … Elle le pensait vraiment, Cecil était quelqu’un de doux, à qui on pouvait facilement accorder sa confiance. Damon avait souvent coaché Cecil pour lui dire d’être un peu agressif avec ses conquêtes, pas de la mauvaise façon, mais d’oser plus. D’avoir davantage de cran, de leur montrer ce qu’il voulait vraiment … un garçon trop gentil n’avait jamais ce qu’il voulait … Damon avait enchainé les conquêtes  avec une facilité déconcertante, il avait un don pour séduire, sa carrure, son visage et sa façon de parler remplie d’assurance attirait les filles. Il avait tout pour plaire, sauf le cœur qui allait avec … C’était sûrement là son seul défaut. Cecil était son opposé, un cœur tendre et doux et une timidité qui le freinait le plus souvent. Ce n’était pourtant pas Su Nah qui irait s’en plaindre. Mec si t’as envie de séduire une fille ce n’est pas juste avec de belles paroles que tu réussiras. Pends ton courage à deux mains et invite là à sortir, met lui des étoiles dans les yeux et t’auras plus qu’à la cueillir à la fin de la soirée, crois-moi ! Damon était persuadé que sa méthode était la meilleure et s’amusait à la faire tester à son meilleur ami quand ils le pouvaient. Kelea reste pensive en posant une main sur son torse. Réalisant que Cecil était le seul à insister autant pour la voir … Elle fixe l’écran sans vraiment regarder le film, perdue dans ses pensées elle mordille sa lèvre tristement. 

maladroit avec les mots, assurément il l'était. il n'avait pas vécu beaucoup d'histoires d'amour, n'était réellement tombé amoureux qu'une seule fois dans sa vie et , soyons honnêtes, n'avait jamais réellement su comment se comporter face à une demoiselle qui pouvait lui plaire. ce n'était pas faute d'avoir un meilleur ami prêt à lui prodiguer autant de conseils que possible, mais ce n'était pas "lui", ce n'était pas ce qu'il était vraiment. lui qui avait perdu foie en l'amour ne se souciait guerre de pouvoir avoir une fille dans son lit, n'en voyait pas réellement l'utilité. alors il se contentait d'être lui même, à défaut de se donner une étiquette. c'était certainement ce qui l'avait poussé à souffler ces mots à la demoiselle dans ses bras, aussi franc que possible, laissant le silence prendre place dans la pièce à sa remarque. il préférait simplement garder kelea dans ses bras, alors que son regard se perdait dans la pièce, ne faisant plus attention au film diffusé sur la télé. il aurait aimé pouvoir dire quelque chose de censé mais ne trouvait rien à dire qui ne le ferait pas passer pour un mec intéressé, cette impression qu'il était déjà trop tard pour ça. "tu sais... je ne dis pas ça pour parraître gentil. je le dis parce que c'est ce que je ressens vraiment, je n'aime pas voir les gens auxquels je tiens aller mal, et tu en fais partie." il se mordait les lèvres à exprimer ses pensées à voix haute, mais en ressentait le besoin. pourtant, il ne disait pas ça pour faire d'elle une conquête, simplement parce qu'il lui était nécessaire, quelque part, qu'elle le sache.

Kelea laisse échapper un faible sourire triste en relevant la tête vers lui. « Tu tiens à moi vraiment ? » Elle affiche une petite moue dubitative « Tu dois sûrement avoir pleins d’amis Cecil, pas vrai ? » Elle se faisait surement de fausse idée sur lui … Elle ne savait quoi penser de lui. Elle qui était pourtant douée pour cerner les gens … Elle garde ses yeux brillants et fatigué levé vers lui. « Tu es bien trop gentil et doux pour être réel … tu me rappelles Kouji. » avoue-t-elle tristement en caressant la joue de Cecil. Elle s’écarte doucement pour se redresser assise et ramène ses jambes contre lui. Il y en avait eu des garçons qui lui couraient après. Elle les avait toujours stoppés avant qu’ils n’aillent trop loin. Même après la mort de Kouji, les premiers mois où elle était sortie enfin de chez elle, des hommes l’avaient accosté pour sa beauté naturel bien que fragile ces derniers jours …  Elle pose sa joue sur ses genoux et fixe la télé à nouveau. Elle ne comprend pas la délicatesse de Cecil. Pour elle, elle n’est qu’une fille de plus à qui il a la sincérité de lui dire ça. « Ta sincérité est déroutante tu sais … » murmure-t-elle finalement en frottant doucement sa nuque. Puis piqué par la curiosité elle tourne son visage vers lui et souffle « Et il y a beaucoup de personnes à qui tu tiens … ? » parce que c’était ce dont elle manquait depuis la mort de Kouji. Ce sentiment d’être… unique aux yeux d’un homme. D’être … la seule. Sans même le savoir Kelea aurait déjà pu embrasser Cecil depuis longtemps s’il avait été plus adroit avec ses mots. Mais elle avait peur, ne voulait pas réfléchir à pourquoi elle n’acceptait de ne voir que lui … pourquoi ce n’était qu’à ses messages qu’elle répondait, pourquoi c’était dans ses bras qu’elle se sentait rassuré. Caden tournait dangereusement dans sa tête mais il l’avait repoussé si facilement que son cœur en avait été plus que détruit. C’était avec la sensation d’être à genoux qu’elle rampait vers Cecil. Elle avait peur de  lui donner un morceau encore intact de son cœur parce qu’il savait la toucher avec sa gentillesse, parce qu’il était doux. C’était un piège se disait elle et prenait alors ses distances chaque fois que Cecil lui soufflait des paroles douces qui lui faisait rater un battement de cœur. Loin de se dire il le pense, je suis spéciale, je devrais tenter … son cœur effrayé lui souffle il est gentil avec les gens auxquels il tient, tu n’es qu’une de plus. Tu n’as rien de particulier pour lui. Continue de t’éloigner, d’être son ami. Ça sera suffisant … rassurant. Elle mordille sa lèvre et se berce doucement zieutant vers lui.

"oui, vraiment" avait-il fini par souffler, lui même quelques peu dérouté par ses propres paroles. mais il était comme ça cecil, bien trop sincère en toute circonstance. bien trop doux et généreux avec les personnes à qui il tenait. il pouvait simplement les compter sur les doigts d'une main. bien sûr qu'il avait des amis, des personnes avec qui il passait du temps pour se sentir mieux, mais finalement, tel un gamin traumatisé, il ne s'attachait qu'à très peu de personnes, la peur de souffrir à nouveau, de revivre le pire. un soupir s'échappait de ses lèvres alors qu'il repensait à la question de la demoiselle. "pas vraiment non." il se pinçait les lèvres, pensif, écoutant chaque parole de la jeune femme avec un attention particulière. il s'était à son tour redressé et adossé contre la tête de lit, laissant son regard se poser sur elle naturellement. le silence s'était installé un court instant alors qu'il baissait la tête, observant ses doigts avec lesquels il jouait par anxiété. une moue sur le visage, il savait pourtant que parler de kouji n'était peut être pas la meilleure chose à faire, alors il réfléchissait simplement aux personnes qu'il avait laissé entrer dans sa vie. "beaucoup de personnes à qui je tiens ? à part ma famille, et mes meilleurs amis, non." son regard se relevait à nouveau vers elle, laissant un léger sourire se former sur son visage. "c'est bien beau d'être entouré, mais finalement, le plus important c'est quand on sait que la personne en face se soucie réellement de toi."