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You can't stop the rain | Jera ♥

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You can't stop the rain | Jera ♥ | Mar 19 Déc - 2:21
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You can't stop the rain
Je Ha & Sora





STYLE + HAIR

« Oublie le macdo, je te l'interdis ! Tu ne vas pas te réfugier dans la mal-bouffe à cause de ce gars ?! » m'écriai-je, claquant brusquement mon verre sur la table. Eun Ji signa sa réponse d'une moue incertaine, ses yeux marqués par les larmes ravageuses qui s'en étaient échappées quelques heures plus tôt. Attablées à l'un des bars de Itaewon, quartier connu pour sa clientèle exotique, je tentais tant bien que mal de réconforter mon amie, qui venait de se faire larguer par son petit-ami. Enfin.. ex petit-ami maintenant. On avait passé la soirée à la répétition du repas de mariage de Jake, un ami que nous avions en commun. Un américain qui allait se lier à une jolie coréenne, dénommé Hyo Jin. Tous les deux semblaient très amoureux et décidés à unir leurs deux cultures si différentes, malgré les réticences passées de leurs parents. J'avais apprécié le déroulement de l’événement, le restaurant, la décoration, l'ambiance, les mets.. Il y avait en fond une douce musique assez élégante, à l'image du couple, tout le monde discutait, dégustait. Et puis, au dessert, les exclamations et les rires de la salle, s'étaient soudainement mêlés aux pleurs de Eunji, qui s'était aussitôt réfugiée dans les toilettes. Son mec l'avait quitté.. par sms. Non mais on était où là ? Y avait-il plus lâche que ça ?! Papier, mouchoirs, calins.. J'étais restée un long moment avec elle dans les toilettes des femmes, à calmer ses larmes, à la dissuader de lui envoyer des messages alors qu'elle en avait déjà adressé une bonne vingtaine.. J'étais finalement arrivée à la faire rire, un peu, alors qu'elle était perdue entre mes bras, lui disant avec humour d'arrêter de pleurer contre ma poitrine, car elle allait finir par tâcher mon haut blanc avec sa morve au nez ! Elle s'était reculée, avait souri, puis plus tristement, alors que j'avançais ma main pour effacer les traces noires sur son visage de poupée. « Allez viens, on va aller boire un verre, ça te dit ? » Et voilà comment on avait quitté le restaurant chic de Buena Noche, pour un bar à deux rues de là. Puis un second, celui dans lequel nous nous trouvions désormais. C'était notre troisième tournée, si l'on comptait le vin au cours du repas ! Mais ces tournées comprenaient surtout de nombreux shooters, bus cul sec, sans la moindre envie de prendre notre temps ! Elle voulait noyer sa rupture dans l'alcool, et en excellente amie, je l'y accompagnai. Adoucir la douleur d'un coeur brusquement brisé, flouter les souvenirs joyeux qui se déversaient sous ses paupières tremblantes, et tout oublier pour quelques heures seulement. Jusqu'à ce que la réalité ne daigne nous rattraper le lendemain, quand l'esprit et le corps regagnent alors toute leur clarté.

J'avais fini par lui confisquer son portable. Elle l'avait appelé, plusieurs fois, lui avait délaissé des messages vocaux larmoyants dont je savais qu'elle regretterait les contenus au petit matin. Il n'avait pas décroché une seule fois et je sentais le désespoir envahir ses traits juvéniles. « Stop. Ça suffit. » J'avais attrapé et posé le téléphone à côté de moi sur la table, lui tapant sur le dos de la main alors qu'elle tendait celle-ci pour le récupérer. « Dénigre-le. » lui lançais-je soudainement. « Ma belle.. Ce mec t'a largué par sms. Il ne répond pas à tes appels, il n'a même pas les c******* de te le dire en face, il n'a rien d'un homme pour moi. » continuai-je, avant d'attraper un des petits verres savamment alignés devant moi, en glissant le contenu bleuté entre mes lèvres entrouvertes d'un coup sec. Depuis tout à l'heure, c'était elle qu'elle remettait en cause, qu'elle mettait plus bas que terre, criant qu'elle ne savait pas ce qu'elle avait bien pu faire pour qu'il fasse ça.. Mais pour moi, une chose était claire et je la lui faisais savoir : il n'avait aucun respect pour elle. Aucune explication, aucun cran de venir la voir. Non, il ne tenait pas à elle, et je ne voyais pas pourquoi elle devait se mettre dans un tel état pour lui. « Il ne te méritait pas, et il ne valait même pas une seule larme de ta part. » affirmai-je, en lui tendant un verre plein. « Allez, va-y, balance-moi tout ce qui te déplaisait chez lui ! » m'écriai-je, en la fixant du regard, bien décidée à faire disparaître ce poids qui pesait sur ses épaules basses, et son corps abattu. Et j'avais réussi. Une flamme éclaira ses prunelles sombres, qui les embrasa quelques secondes plus tard. Celle de la colère, de la rage. Elle avala le breuvage d'une grimace, avant de le reposer bruyamment bruyamment devant elle. Et elle déversa tout, les défauts, les manies, sa façon de regarder crûment les autres femmes, sa manière de la comparer aux autres, de critiquer son physique.. « Il ronflait et pétait au lit ! » L'envie brusque de rire à ses aveux inattendus, me fit tousser, l'alcool brûlant venant chatouiller l'intérieur de ma gorge. J'étouffais la quinte de toux contre ma paume, essayant tant bien que mal de reprendre mon souffle, car une fois lancée, elle ne semblait plus s'arrêter ! J'écarquillais les yeux, suivant les gestes agrandis de Eunji dans son discours, dont la voix portait de plus en plus dans les lieux. Je souriais à son soudain entrain, son énergie qu'elle retrouvait dans le portrait négatif qu'elle me tirait de lui. Parfois révoltant, mais aussi drôle. Et cela semblait lui faire du bien. Elle balbutiait, attrapait un autre verre, cherchait longuement un adjectif pour décrire sa manière d'éternuer.. Moi aussi, je ressentais les effets de l'alcool sur mes réactions et ma gestuelle amplifiées. Et puis, tout à coup, elle s'écria « Et il était poilu, trop poilu même ! Un vrai gorille ! », tout en imitant l'animal, mimant la gestuelle du primate avec ses bras. Un rire presque nerveux m'échappa sous la scène qu'elle offrait, elle le partagea avec moi. Je sentais les regards des autres clients se poser sur nous, et je me mordillai la lèvre inférieure pour contenir le fou-rire qui montait, même si c'était trop tard pour passer inaperçue ! Elle, ne s'était pas retenue, et elle avait bien raison ! On avait bu, et on avait enfin ce que l'on appelait l'alcool joyeux ! J'en profitais pour me pencher vers deux hommes installés à une autre table à ma gauche, ils avaient souri à notre soudaine folie passagère. Je leur demandai si ils trouvaient mon amie jolie, et ils le confirmèrent en une brève seconde. Et vu leurs regards balayant de bas en haut, et leurs mouvements de tête très répétitifs, c'était bel et bien la pure vérité ! Eunji avait rougi, portant les mains à ses joues rosées, avant de rire de plus belle, sous le rhum qui échauffait ses veines. Je lui proposai de rentrer et d'aller se reposer sous la couette, je savais qu'elle allait avoir du mal demain matin. Ils en profitèrent pour demander de nous ramener, biensûr... J'esquissai un sourire charmeur, ma bouche se retroussant alors que j'ajustai les pans du long manteau que je venais d'enfiler. « On va prendre un taxi. Bonne soirée ~ » Je m'avançai et crochetai amicalement le bras de la jeune femme, ma bouche se retroussant d'un air un peu trop complice et guilleret. J'étais contente d'avoir réussie ma mission en redonnant un peu de lumière à son visage. Ça me faisait vraiment chaud au coeur.. Nos talons résonnèrent le long des tables, avant d'aborder le comptoir du bar où d'autres clients étaient installés. Je glissai à Eunji à ma droite, que je venais de recevoir un message du taxi que j'avais commandé, il serait là dans quelques minutes. Mon regard balaya distraitement les carreaux noir et blanc au sol, je me focalisai inconsciemment sur une des lignes, mes pieds la suivant dans un jeu presque enfantin dont j'étais la seule à m'en rendre compte. Dans ma tête, un doux nuage de coton, agréable et distrayant. Puis, je relevai la tête vers le comptoir, lorsqu'un des barmans en engueula brusquement un autre. Un groupe de jeunes hommes prenait toute la place, accoudés, dans l'attente de leur commande. Bruyants, cheveux savamment travaillés à la cire et chemises entrouvertes. Bien trop. On les contourna, nous dirigeant vers la porte d'entrée vitrée, encadrée d'une dorure un peu tape à l'oeil. A côté d'eux, une femme penchée vers un homme. Elle debout, chevelure frôlant ses reins élancés et robe attrayante, mais je ne la voyais que de dos. Quant à lui, il était assis sur un haut tabouret, peut-être là depuis plus longtemps qu'elle. De profil, cheveux de jais, épaules larges, une carrure virile. J'avais ralenti mes pas sans m'en rendre compte, esquissant sa mâchoire saillante qui se crispait, tendue. Puis, les deux ténébreuses, caractérielles, qui se plantèrent dans celles plus juvéniles, plus charmeuses, penchées vers lui. Mais elles étaient encore contrôlées, et je savais à quel point elles pouvaient se montrer glaciales et dissuasives. Tiens.. Jeha. Mon coeur rata un battement.

Une vague brûlante me traversa. Une vague de souvenirs, de sensations dont mes sens s'agitaient à m'en rappeler toutes les nuances. La peau, les mains, la bouche.. Se furent les premières à réagir, les gourmandes. J'avais l'impression que l'état d'ébriété dans lequel j'étais plongée, accentuait un peu tout autour de moi. Et en moi. Eunji me ramena à la réalité, m'attirant à elle, puis vers la sortie que je passais un peu au ralenti. Le taxi était là, garé contre le trottoir. J'indiquais l'adresse de la jeune femme au chauffeur, avant que celle-ci ne m'enlace en me remerciant, mais surtout, en tentant de me faire entrer dans le véhicule, alors que l'on habitait à l'opposé l'une de l'autre. L'homme démarra, et j'agitai ma main en l'air pour lui dire au revoir, elle avait baissé la vitre pour faire de même. Mes paupières battirent, un peu lentement puis brusquement, alors que j'apercevais un autre taxi juste en face. Je restai là, sans bouger quelques secondes, pensive, les yeux perdus dans les lumières de l'avenue. Les coins de mes lèvres se retroussèrent peu à peu, j'entrouvris mon manteau bouton après bouton, et refis marche arrière. D'un pas pressé, je pénétrai à nouveau dans le bar que je venais à peine de quitter. Je le repérai aussitôt, il n'avait pas bougé, toujours à la même place. « Jeha ~ » m'écriai-je dans sa direction. Ma voix porta aisément, comme la parfaite actrice que j'aurais pu être. Un sourire jovial étira mes traits, alors que je m'avançais vers lui, et la jeune femme qui se retourna dans un même mouvement. « Excuse-moi d'être en retard, je ne trouvais pas de place ! » Arrivée à sa hauteur, je continuais dans ma lancée. Ma main s'appuya sur son épaule solide, et je me hissai sans la moindre hésitation sur le bout de mes talons, délaissant un baiser léger sur sa joue. Léger.. Non, un peu appuyé, j'avais même envie de m'y attarder un peu plus.. Il se retrouva alors marqué par le dessin de mes lèvres au rouge foncé, couleur pourtant atténuée au cours de la soirée. Ignorant son expression surprise, et celle de la charmeuse, mes doigts frôlèrent sa mâchoire crispée, le pouce en balayant sa peau pâle. « Ah.. Désolée, je t'ai mis un peu de rouge.. » J'entrouvris les deux coupables d'un air amusé, jouant un petit peu sur le toucher pour faire comprendre à l'autre ingénue que je n'incarnais pas le rôle d'une simple amie. Et elle sembla capter le message. Lorsque je me retournais vers elle, sourire carnassier, mon regard fauve appuyé lui fit aisément saisir que je désirais m'asseoir et qu'elle me gênait. Elle roula des yeux et des fesses, avant de repartir vers le fond de la salle. Satisfaite, j'ôtais mon manteau, avant de grimper sur le haut tabouret, le pliant soigneusement pour le mettre sur mes cuisses. Je croisai les jambes, et tournai la tête vers le loup. « De rien ~ » fis-je en haussant les sourcils. « Mes amis font ça aussi quand ils sentent que j'ai besoin d'aide pour me débarrasser de quelqu'un. » rajoutai-je, avant de le fixer quelques secondes. J'appuyai mon coude sur le bar, le menton légèrement posé en équilibre sur mes doigts fins. « Tu es l'homme que je voulais absolument voir ! J'avais quelque chose à te montrer.. » lui lançai-je d'un air un peu trop enjoué, qui pouvait le rendre encore plus méfiant. Les cils papillonnants, j'en profitais pour commander au serveur qui passait devant moi, deux coupes de champagne. « N'aie crainte, tu vas aimer ça, rassure-toi. » J'ouvrai mon sac, en farfouillant l'intérieur, avant d'en sortir mon téléphone portable. D'un mouvement vif, j'en allumais l'écran et fis défiler du pouce les pages internet. Je naviguais sur un site coréen sur l'actualité internationale, cliquant sur un article d'un journal américain qu'ils avaient traduits. Impatiente, je lui tendis l'appareil, l'invitant à lire ce qui s'affichait sous ses yeux. Le serveur était revenu avec la bouteille pour servir devant nous et j'attrapai les deux fines flûtes qu'il me tendit. J'observai Jeha dont l'expression avait changé. C'était à propos de Steven Kim. Le styliste était déchu ! Suite aux photos du loup et au texte que j'avais envoyé sur ce salaud, les journalistes américains à scandale avaient fait leur boulot. Ils avaient fouillé dans l'ombre de la célébrité, dans les travers, les accidents, les horreurs cachées.. Quelques semaines plus tard, le voilà accusé par presque une dizaine de femmes pour harcèlement et attouchement sexuels ! Ils faisaient la une de nombreux journaux depuis hier, et je tenais à le partager avec le brun, sans qui je n'aurais pas eu des preuves pour allumer la mèche et le faire tomber. Je levais un des verres devant moi, fermant un oeil pour observer les bulles pétillantes qui remontaient à la surface. J'y distinguais le regard ténébreux de Jeha qui s'était redressé, à travers le breuvage doré. Je l'avançais alors devant lui, réouvrant ma paupière. « Alors partenaire.. Tchin ? ~ » fis-je en penchant ma tête sur le côté, l'ivoire se dévoilant entre mes pulpeuses étirées.        
  

 

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.
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Re: You can't stop the rain | Jera ♥ | Sam 23 Déc - 5:58
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Je n'ai aucune volonté lorsque je suis avec toi. Les promesses s'effacent, les désirs s'embrasent et les fantasmes s'emballent. Tu ne devais être qu'une ombre de ce qui avait été une nuit et de ce qui devait le rester. Un sourire tatoué mais un désir dissipé. Un souvenir, une réminiscence, un dessin effacé par l'aube et la réalité. Mais l'attirance a ses raisons que la raison ignore. Aussi ne peux tu être l'amie quand la femme prédomine dans un regard qui ne sait se détourner.

 


TENUE Mes gestes, raides et colériques, trahissaient mes pensées volages et un esprit noirci par l'agacement. Cette femme avait-elle réellement besoin de me fixer avec autant d'assiduité ? Les dents serrées, je forçais sur le trépied, qui se replia en un claquement sec. « Moon Je Ha ! Si je m'attendais à être photographiée par toi … ça fait combien ? Deux, trois ans ? » Mes cils voilèrent éphémèrement un regard durci tandis que je levais la tête vers la cause de mon irritation. Elle n'avait pas changé. Son hypocrisie, teintée de séduction, se lisait toujours dans ses yeux sombres et inquisiteurs. « J'ai entendu dire que tu étais devenu quelque peu .. associable mais tu ne peux pas l'être avec tes vieux amis n'est-ce pas ? » sourit-elle en penchant la tête. « Non. Mais tu n'en fais pas partie. » lâchai-je en rangeant le trépied dans son sac. « Je te trouve bien dur .. » soupira t-elle en plissant les lèvres. « C'est Sae Wa qui t'a plaqué comme une garce. » Mon sourcil tressaillit alors que je basculais mon bagage sur l'épaule, trahissant un mépris qu'elle lu sans peine sans deux amandes assombries. « S'il y en a une qui peut le dire, c'est bien moi ! Être sa meilleure amie ne fait pas de moi une aveugle. Je n'ai jamais soutenue sa manière de faire avec toi. » ajouta t-elle en balayant l'air de sa main manucurée. « Le statut social, la personnalité … tout ça ne devrait pas compter n'est-ce pas ? Certes, tu n'étais pas un chaebol et tu pouvais te montrer très ennuyeux tant tu es … droit, mais ton physique compensait bien tes défauts. » Un sourire menaçant étira mes lèvres charnues en un dessin qui laissa de marbre mes deux prunelles taillées dans la glace. « Ce que tu n'as pas pour compenser ton manque flagrant d'intérêt. » cinglai-je en soulevant une épaisse valise métallique. Sans plus un regard pour son visage décomposé, je m'éloignai pour m'approcher de ma voiture et ranger mon matériel. Mon cœur frappait. De colère, de dégoût, de pitié. Mais cette dernière, je ne la ressentais qu'à l'égard d'un jeune homme suffisamment naïf pour être tombé amoureux d'une fille du même acabit que cette poupée figée sur la chaussée. Me glissant sur mon siège, je démarrai en trombe vers le centre ville. Une main sur le volant, une main sur la cuisse. Mes doigts tremblaient. D'émotions contenues, verrouillées par un refus d'expression. Je ne parlais jamais, ni de la souffrance jadis ressentie, ni de la profonde mésestime que j'éprouvais à mon égard depuis mon accident. J'avais perdu beaucoup pour cette fille. Et quelle fille. Un rire amer crispa la commissure de mes lèvres et fit tressaillir chacun des muscles d'un corps tendu. Mais il n'éclata pas dans l'habitacle silencieuse tant il était l'image vivante d'une personnalité retranchée et aphone.

« Ennuyeux tant j'étais droit ... » La balle rebondit sur le sol, en un son qui se réverbéra tout autour de moi. Mais il ne fut pas comparable à celui qui éclata lorsque je l'envoyais d'un coup de raquette adroit vers les cadres qui tapissaient le mur opposé. L'un d'entre eux se décrocha et éclata dans un fracas épouvantable. Indifférent, je récupérais l'arme qui revenait vers moi. « Le physique qui compense … » claquai-je d'un coup de langue en envoyant la balle en l'air. Pivotant mon buste, je frappai de toute mes forces. L'objet s'écrasa contre la raquette et fila vers son portrait. Le verre se fissura sous l'impact puis la photo finit dans un monceau d'éclats éparpillés sur le meuble qui courait contre le mur. « Touché. » commentai-je en m'approchant. Je tendis la main vers le carré de papier glacé, qui quelques mois, quelques jours auparavant, représentaient encore tant de choses. Mon cœur avait battu, affolé par des sensations chaudes puis glacées. Amoureuses puis rageuses. Mais à cet instant, je ne ressentais plus qu'une intense envie de vomir tout ce que j'avais cru et ressenti à son égard. Il n'y avait plus rien, sinon un profond dégoût. Je crispais les doigts et baissai légèrement la tête. Une enveloppe ouverte trônait parmi les débris et si aucun cliché ne s'en échappait, je savais ce qu'elle renfermait. Mon souffle se raréfia, en une réaction que j'ignorais. Plutôt que de m'y appesantir, je lâchai la raquette et déchirai consciencieusement la photographie que je tenais encore. Ils planèrent et s'échurent sur le sol en des dizaines de morceaux en noir et blanc. « Au fond, tu ne l'avais pas non plus. » commentai-je en ramassant ma raquette. Trop maigre, trop brune. Trop grande. La sonnerie de mon portable fit reculer les quelques insultes bien choisies que mon esprit soufflait et desquelles je finis de m'éloigner en décrochant. « Tu ne dis pas non. » attaqua aussitôt mon correspondant. « Qu'est-ce que tu veux Dae Hyun ? » « On va boire un verre avec l'équipe et j'appelais, bien qu'utopiquement, pour que tu te joignes à nous. Vois tu, on a fait un pari et ... » « Vous êtes où ? » Un silence accueillit ma réponse. « Parce que tu viens ? » demanda t-il d'une voix excitée. « Ne me fais pas moins sortable que je ne le suis. » ironisai-je en retirant ma casquette pour frotter ma chevelure en bataille. Je l'écoutai d'une oreille attentive réciter l'adresse du bar et la griffonnai sur un morceau de papier. «J'y serais. » Je raccrochai et posai mon portable. La surprise de Dae Hyun n'était pas dénuée de fondement. Je n'y allais pas pour eux mais pour prendre une cuite sévère. Une pensée sournoise s'insinua alors dans mon esprit, me rappelant celle pour laquelle j'avais juré ne plus boire une goutte d'alcool en soirée. Une pensée éphémère. Je n'étais plus le pantin de mes désirs rassasiés puis … il y avait une chance sur un million que je la croise dans un lieu aussi éloigné de la fac et de son club.

Je m'assombris en la voyant, et ce même si elle n'était pas la blonde pulpeuse qui peuplait encore mes fantasmes inavoués. Pourtant, j'aurais dû m'attendre à sa présence. Me redressant souplement, je m'éloignai de la table et m'installai au bar, derrière un groupe de jeune éméchés et particulièrement bruyant. « Une bière s'il vous plaît. » demandai-je au barman qui s'affairait. « Tu n'as pas besoin de fuir, je ne t'en veux pas. » me susurra Joo Hee à l'oreille. Je me crispais et fermai brièvement les yeux, sans comprendre l'intérêt soudain qu'elle me portait. Cherchait-elle à m'humilier davantage ou simplement à faire de moi un jouet capable d'égayer sa soirée ? « Je ne peux pas te tenir rigueur d'avoir enfin compris qu'un peu de … comment dire ? De hargne attire. » s'amusa t-elle en posant la main sur ma cuisse. « C'est sexy … » J'inspirai profondément et menottai son poignet pour retirer sa paume ascendante. « En quelle langue puis-je te faire comprendre que ta présence m’écœure ? » l'interpellai-je sèchement. « Je me fou de ce que tu as à me dire et je n'ai pas la moindre envie de discuter ne serait-ce qu'une seconde de plus avec toi. Alors dégage. » Je vis à son expression que j'avais dangereusement atteint sa fierté. Mais elle ne réagit pas comme je m'y attendais. Se penchant vers moi, elle entrouvrit les lèvres et murmura. « Plus tu vas m'insulter et plus je vais m'accrocher. En revanche, si tu me donnes ce que je veux, je réfléchirais peut-être à ta demande … si joliment prononcée. » ironisa t-elle en refermant les doigts sur mon épaule. « Alors nous avons un problème Joo Hee. Ce que tu veux ne m'intéresse pas. » « Pourtant, je ne demande pas grand chose. La seule qualité que Sae Wa t'attribuait était de savoir te débrouiller dans un lit. Certes, vous êtes nombreux dans ce cas, mais je t'avoue que je suis curieuse de comprendre pourquoi elle s'est emmerdée à mentir à un mec aussi lisse pendant deux ans. » Un rictus déforma les traits tendus d'un visage à l'expression hostile et sarcastique. « En d'autres termes, tu me demandes de coucher avec toi pour concurrencer ta copine ? Tu te fous de moi ? » Elle haussa ses épaules fines. « Je suis tenace quand je veux. Pour te dire la vérité, je t'avais repéré la première mais … tu n'étais pas encore assez excitant pour que je me penche vraiment sur ton cas. Cela dit, je n'ai pas aimé que Sae Wa en profite pour … » Mon prénom retentit brusquement dans la salle surchauffée, l'interrompant dans son flot de paroles abjectes. Et si la rage m'empoisonnait, la voix qui venait de résonner suffit à retenir les insultes violentes qui m'écorchaient les lèvres. Aussi, et plutôt que de les prononcer, je me tournais vers elle. Sora. Les quatre lettres entrelacées tintèrent dans mon esprit saigné par la colère et y réveillèrent des souvenirs plus suaves. La saveur de son souffle contre ma langue, le déhanché chaloupé de ses hanches dans l'obscurité, son sourire fugueur contre mes lèvres …  Mes sens avivés échauffèrent un sang troublé et voilèrent deux prunelles incendiées. Je sentais la caresse de ses doigts sur ma peau chaude et les contrecoups de son cœur sous les miens. Et pourtant, elle était loin. Proche. Son parfum fut un nuage de sensation quand elle me rejoignit, et plus encore lorsqu'elle se hissa sur ses talons pour marquer ma peau de ses lèvres. Je n'entendais plus, ni la musique, ni mon cœur, ni le timbre brûlant de ma propre fureur. Se redressant, elle effleura ma mâchoire crispée du bout des doigts. J'en oubliais Joo Hee et sa demande irréaliste, victime d'une réalité que j'avais fui comme celle qui l'avait précédé avant la seule nuit que nous avions passé ensembles. Mon désir à son égard ne s'était pas tarit. J'avais envie d'elle, douloureusement et ce comme si rien ne s'était jamais passé entre nous. Perturbé par une vérité indésirée, je fus inconscient de la scène jouée entre les deux femmes. Je la voulais. Encore. Je refermai les doigts sur mon verre et le portai à mes lèvres pour le boire d'une traite. La colère s'était évanouie et dans mon être ne demeurait plus que l'incompréhension. Pourquoi continuait-elle à me faire tant d'effets ? Une nuit ne t'a pas suffit. J'avais faim de sa peau, de sa fragrance, de sa voix rauque et de sa présence. Faim d'elle et des souvenirs qui peuplaient mon esprit. Pourtant, j'étais celui qui avait tracé la limite la veille puis le lendemain. Armée d'une capuche et d'un corps torturé par le sport, je m'étais montré encore moins loquace que d'ordinaire. Avais-je ne serait-ce qu'articuler un mot intelligent entre deux sourires crispés ? Incapable de m'en souvenir, je n'étais assailli que par les réminiscences qui avaient précédées l'aube. Images dans lesquelles je me serais perdu si Sora n'avait pas pris la parole. Catapulté dans la réalité, je plongeai dans son regard et notai l'absence de Joo Hee, dont la présence me paraissait infiniment moins dangereuse. Et pourtant … était-ce du soulagement que je ressentais ? Préférais-je réellement la présence de Sora et tout ce qu'elle entraînait ? Je la regardais intensément, silencieux. Oui. « Merci. » capitulai-je, tant face à mes émotions qu'à sa remarque. Me détournant, je demandai une autre bière tandis qu'elle esquissait quelques mots inattendus. « Pourquoi ? » m'enquis-je en haussant un sourcil. Instinctivement sur la défensive, je balayais son visage, puis ses lèvres … son décolleté et la peau dévoilée d'un ventre à la peau parfumée. « Pardon ? » me rebiffai-je brutalement tandis qu'une toile sanguine tissait sa toile dans mes joues tendues. Heureusement, elle s'était détournée pour héler le barman et ne témoigna pas du profond malaise qui m'étouffait brusquement. Ébouriffant mes cheveux d'un geste agacé, je vidais ma bière pour reprendre contenance. Entre Joo Hee et Sora … mes émotions me bouffaient une nouvelle fois. Dédaignant la coupe de champagne, je commandais une bouteille, inconscient quand au danger qui voilait pourtant déjà la scène. Une scène qui se colora lorsqu'elle me tendit son portable et me fit lire les gros titres. Durant les premières secondes, j'eus du mal à comprendre ce que je lisais mais mon esprit embrouillé finit par le traduire. Steven Kim … Ce connard avait enfin ce qu'il méritait ! Un sourire irradia mon regard sombre et je levais la tête vers elle. « Il était temps ! » m'exclamai-je en retournant à l'article, que je fis défiler du pouce. Son masque fracassait défrayait une chronique alimentée d'une dizaines de témoignages. « Il y a donc bien une justice en ce monde. » commentai-je en lui rendant son téléphone. « Tu viens d'illuminer ma soirée. » ajoutai-je en le plaçant dans une paume que je frôlais. M'éloignant, je refermai les doigts sur la coupe et la cognai doucement à la sienne. « A sa disparition de ton monde. » fis-je avant de la porter à mes lèvres. Le liquide, doux, coula sans l'ombre d'une amertume dans ma gorge aussi brûlante qu'un cerveau imbibé par la boisson. Mes pensées se troublaient, mon esprit s'allégeait et mon sang ébouillanté transparaissait dans les deux pierres sombres posées sur elle. Des mèches blondes auréolaient son visage sans lui donner cet air angélique auquel tant de femme se raccrochait. Elle était … femme dans toutes ses nuances. « Je n'ai aucune volonté lorsque je suis avec toi. » révélai-je en faisant valser ma flûte entre mes doigts. « Toutes mes promesses se fracassent aussi facilement qu'un cadre photo frappée par une balle de tennis. » L'image s'esquissa aisément dans mon esprit sans que les regrets ne mordent la chaire incendié de l'artiste. Pourtant, ce cliché était sensé me rappeler toutes les raisons pour lesquelles avoir une relation, de quelque nature que ce soit, ne m'intéressait plus. Était-ce parce que je l'avais déchiré que toute volonté de fuir semblait s'être dissipées ?Je me sentais aussi indifférent à toutes mes réserves que Superman face à ses responsabilités lorsqu'il était exposé à la kryptonite rouge. Plus rien ne semblait avoir d'intérêt, si ce n'est l'alcool qui coulait dans mes veines et l'ambiance d'une soirée qui avait si mal commencé. La rage elle même n'était plus qu'un souvenir, de même que les insultes dont Joo Hee m'avait gratifiées. Ma fierté blessée, ma haine et même la violence qui avait pu ensanglanter mon cerveau s'étaient effacés, noyés par la bière et le champagne. « Je m'étais promis de ne plus te considérer comme une femme … et de ne plus te déshabiller des yeux. » poursuivis-je en plongeant mes yeux sombres dans les siens. Et j'ai lamentablement échoué. Pourtant, j'y avais naïvement cru les jours qui avaient suivi. Ma confiance s'était épanouie et j'avais su la regarder avec une assurance teintée de fausse indifférence les quelques fois où nos chemins s'étaient croisés. Elle n'était qu'une connaissance. Une amie. Une fille dont je me préoccupais psychologiquement sans être attiré par son physique ou harcelé par les fantasmes qui peuplaient malgré moi mon esprit. Mais le temps m'avait rattrapé, aussi rapidement que la frustration qui nouait mes muscles. Ou bien était-ce le manque ? Quelle sensation marquait ma chaire au point de la faire revivre pleinement dans mes rêves et dans mon esprit ? Quel sort m'avait-elle jeté pour que l'amitié soit à ce point banni de ma réalité la concernant ? Et comment avais-je pu sortir aussi spontanément les quelques failles qui subsistaient encore en moi ? Ouvrant la bouteille de rhum, j'en versais une rasade dans mon verre et la bus sec … au risque de m'étouffer. Fermant un œil, la gorge et les yeux incendiés, je frappais mon torse du poing et changeai abruptement de sujets. « Si j'ai bien compris, tu as délaissé tes amies pour me rendre la pareille et me tirer adroitement des griffes d'un malade ? Enfin en l’occurrence … d'une malade. » Les mots s'échappaient, sans barrière ni frein. Ma journée tendue, le choc causée par les quelques révélations pourtant sues de Joo Hee, ses avances infâmes, l'alcool puis l'apparition inattendue de Sora m'avaient totalement bousillé le peu de neurones qu'il me restait pourtant normalement lorsque je m'enivrais.

 
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Re: You can't stop the rain | Jera ♥ | Mer 10 Jan - 23:44
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You can't stop the rain
Je Ha & Sora





STYLE + HAIR

Il semblait surpris de voir, comme je m'y attendais. En réalité, moi aussi je l'étais assez. Quelles étaient nos chances de nous croiser dans la capitale ? Je trouvais qu'on y arrivait assez souvent, sans le vouloir d'ailleurs. C'était.. étonnant. Avions-nous les même habitudes, sans le savoir ? Des lieux communs ou les même besoins au même moment ? C'était un peu le destin qui s'amusait, celui-ci savait que je voulais lui parler et l'avait mis sur ma route. Et quoi de mieux qu'évincer une autre femme qui semblait espérer obtenir ses faveurs, mais l'homme, dans sa posture défensive que je reconnaîtrais entre mille désormais, ne semblait pas de cet avis. Cela me rappelait la première fois que l'on s'était parlé, si on pouvait dire parler.. engueuler devrais-je corriger, quand il avait remis en place, comme dans cette situation, une jeune danseuse du nymphéa, et que son regard noir l'avait immédiatement fait reculer. Je le comprenais un peu mieux maintenant. Les hommes étaient aussi comme nous, ils avaient aussi le droit d'en avoir marre d'être dragués en permanence et de ne pas être un peu tranquilles. A croire qu'être seul à un bar signifiait automatiquement que l'on cherchait une compagnie, ce qui n'était pas toujours le cas. Pendant une brève seconde embrumée, je me demandais si ma présence, même quelques minutes, allaient lui hérisser le poil.. Mais elle s'était vite effacée dans l'impulsivité et l'instinct floutés par l'alcool qui pulsait dans mes veines. J'avais fait éruption dans leur conversation dans laquelle il s'apprêtait, d'après son expression, à hausser sérieusement le ton. Je me mêlais toujours de ce qui ne me regardait pas quand il s'agissait d'aider quelqu'un. La familiarité des gestes était simple, agréable, me surprenant à revenir si facilement après une nuit. Mais je n'avais pas exagéré, même si l'envie m'avait traversé. Je ne l'avais pas embrassé. J'avais délaissé ses lèvres pour sa joue, respectueuse d'une promesse qu'il avait si nettement répété. Une seule nuit. Une seule nuit et l'amitié reprenait sa place. Je glissais mes doigts sur sa pommette, frappée par son regard désemparé et un brin.. intéressé. C'était si frustrant de ne pas te goûter encore, quand c'était si bon.. Je lui offris un sourire amusé, complice d'un jeu auquel il devait se fondre lui aussi. Jouer l’ambiguïté d'une relation qui était déjà une réalité entre nous. Mais la jeune femme ne semblait pas vraiment comprendre, du moins pas bien vite. Je m'avançais donc un peu plus vers le comptoir, pour lui faire finalement face. Mes prunelles fauves la transpercèrent, s'abaissant et se relevant de cet air presque hautain qui était parfait pour lancer silencieusement à quelqu'un "Oui, c'est pour quoi ? Excuse-moi, tu gênes, tu peux dégager ?". Interposée physiquement d'une aura imposante entre elle et Jeha, elle avait finalement saisi le message, et quitta, un peu trop lentement à mon goût, notre horizon. Allélouia. Avant que celui-ci ne se rebiffe, car je commençais à le connaître, je lui assurais que mon intervention était amicale et que c'était comme une entraide habituelle entre amis. Mais à ma grande surprise, il ne semblait pas si.. agacé. Mes sourcils se haussèrent devant sa réaction. Ça alors, est-ce que Jeha se serait adouci avec moi ? Était-ce notre corps à corps.. passionné qui l'influençait ? Intéressée à le titiller encore un peu, je lui affirmais d'une voix assurée et chaleureuse, qu'il était l'homme que je désirais voir. La sienne porta d'un « Pourquoi ? » retentissant, comme je m'y étais attendue. Je ne savais pas vraiment pourquoi, mais j'avais un faible pour le déstabiliser.. Le photographe semblait en apparence plutôt solitaire, ne variant pas souvent ses expressions, et parfois, j'avais cette impression qu'il était un peu.. torturé, sans savoir d'où cela venait. Voir quelqu'un comme cela offrir une expression joviale quand on le voyait rarement sourire naturellement, rougir, rire, et montrer une douceur inattendue, comme cette nuit là.. Je reconnaissais que cela m'avait marqué de découvrir un tel visage, de telles expressions, et j'étais troublée par le fait de vouloir les revoir.. Je me retournais vers lui pour attraper ses yeux, mais les ténébreuses étaient parties à l'aventure vers d'autres contrées. J'étais une femme qui savait reconnaître ce genre de regard, qui glissait sur vous, lentement.. Le sien n'avait rien de désagréable, bien qu'il était une douce caresse frustrante dont le toucher me manquait cruellement. Je resserrais un peu plus mes cuisses sous le tissu du pantalon noir, redressant mon buste moulé, avant de jouer avec les mots, lui assurant qu'il allait aimer ce que j'allais lui dire, qu'il allait aimer ça.. D'une tonalité un peu sensuel, qui ne tarda pas à faire son effet lorsque sa réaction fût un peu plus brusque et loin d'être retenue. Je n'avais pas eu le plaisir d'esquisser son visage empourpré, occupée à commander deux coupes de champagne bien fraîches, et celui-ci en profita pour prendre une bouteille de rhum. Et puis, je lui tendis mon téléphone, lui dévoilant la grande nouvelle : Steven Kim au coeur d'un grand scandale de harcèlement sexuel, était au pied du mur, sa carrière semblait terminée. Cela avait explosé il y a quelques jours dans les nouvelles américaines, j'avais attendu le bon moment pour m'isoler avec Jeha et le lui annoncer.

J'étais vraiment surexcitée de le lui montrer, il n'y avait que lui qui savait.. Je ne pouvais me réjouir avec personne d'autre. Le photographe et moi éprouvions une même rage commune pour cet homme, et le voir plus bas que tard, c'était bien la première fois que je désirais cela pour quelqu'un.. Un sourire irradia soudainement ses traits, illuminant ses iris rétrécis et éveillés. « Il était temps ! Il y a donc bien une justice en ce monde. Tu viens d'illuminer ma soirée. » fit-il, en redonnant mon téléphone. « Je suis ravie d'être arrivée au bon moment alors ! » Il récupéra la coupe que je lui avais tendu, avant de la faire tinter clairement contre la mienne. « A sa disparition de ton monde. » Je la portais à mes lèvres. « Du nôtre. » précisai-je en plongeant mes yeux dans les siens, complices, avant d'avaler tout rond le contenu pétillant du verre fin. Bein quoi ? Il fallait toujours boire cul sec quand on fêtait quelque chose d'important ! Même si c'était du champagne ! Il est bon.. Il picotait encore sur ma langue, le long de ma gorge. J’humidifiais les deux pulpeuses, les roulant l'une contre l'autre, en étalant le breuvage à la teinte dorée. Je me sentais.. légère, de bonne humeur. Mes traits étaient détendus et soulagés. J'étais bien, et l'alcool intensifiait un peu plus mon état d'esprit de cette fin de soirée. Mais j'avais beau être dans un doux nuage, je ressentais toujours les choses, je remarquais, même plus fortement que d'habitude.. Je sentais la force de son regard, encore. Le coin de ma bouche s'étira sensuellement, remettant une longue mèche blonde derrière mon oreille. « Je n'ai aucune volonté lorsque je suis avec toi. » De profil, mon expression s'accentua, amusée dès ses premiers mots. A cause de moi, vraiment ? « Toutes mes promesses se fracassent aussi facilement qu'un cadre photo frappée par une balle de tennis. » continua t-il, alors que je posais la main autour du goulot de sa bouteille de rhum sans la prendre, lui demandant silencieusement si je pouvais m'en verser, mon pouce et mon index mimant devant lui une petite quantité. « Quelle drôle de comparaison. » lui fis-je remarquer, avant de me verser quelques secondes plus tard un peu de son alcool pur au fond de la flûte. Oh les mélanges moi, ça ne me posait aucun problème ! Je détaillais la transparence de la boisson se déverser, centimètre par centimètre, une couleur qui faisait croire en sa douceur, alors que son goût savait échauffer les papilles, et un estomac déjà bien hydraté. Je le buvais rarement pur, mais pour une fois, je le suivais. Et puis, les mots de l'homme me revenaient en mémoire, ceux qu'il venait de dire, et d'autres, qu'ils avaient dit. « Je ne me souviens que d'une promesse pour ma part, et pour l'instant, elle semble pourtant tenir.. » prononçais-je, sa tonalité grave résonnant encore dans ma tête. Une seule.. Une seule nuit. Une obsession. Je refermais mes doigts sur le long verre, mes cils balayant lentement l'air dans sa direction. « Alors, je ne vois pas de quelles autres promesses tu pourrais parler. » ponctuais-je, enjôleuse, avant que le liquide ne se fraye un chemin entre mes dents et ne me brûle la chair en une première gorgée. Je fermais les paupières un bref instant, encaissant l'échauffement.. puis, les arômes délicieux me redonnèrent très vite envie de me refaire mal. L'alcool avait vraiment une étrange emprise sur nous ! J'accoudai le bras gauche sur le comptoir, y appuyant la joue contre ma paume ouverte. « Je m'étais promis de ne plus te considérer comme une femme … et de ne plus te déshabiller des yeux. » rajouta t-il, me retrouvant à nouveau liée à ses prunelles sombres, tentatrices. Je me figeai, silencieusement, les pulpeuses s'entrouvrant pour y arracher un peu d'air. Mais il était chaud, aussi chaud que celui qui parcourait mes poumons crispés. Quelques secondes muettes, à la tension corporelle plus que palpable. Un rictus séducteur, mes lèvres se retroussant dans un petit rire discret. Les cils noircis s'abaissèrent, les iris dilatés s'agitaient, nerveux. « Je suis sûre que tu n'as même pas conscience de l'effet de tes paroles sur moi.. » murmurai-je presque pour moi-même, mais pourtant assez fort pour qu'il en saisisse chaque nuance. Une lueur ardente s'était éveillée, habillant mes prunelles ambrées lorsqu'elles croisèrent à nouveau les siennes. Elles y plantèrent une même flamme, un même besoin furieux que je tentais pourtant de contenir pour moi.. Non, tu n'en sais rien. Je frissonne bêtement, mon coeur s'emballe, mon ventre se tord d'une douleur familière.. Celle de la malicieuse luxure. Et il n'y a rien de plus frustrant quand on ne peut la nourrir, cette chère luxure torturante.. Un éclair agacé se refléta dans le miroir de mon âme, me réfugiant dans une nouvelle gorgée de rhum. Je me demandais si il le faisait vraiment exprès, ou si il me balançait ce genre de phrase sans avoir réellement conscience de l'impact que cela pouvait faire.. Était-il un ingénu trop honnête ou un charmeur doué, mais cachant bien son jeu ? Ou un peu des deux.. Un charmeur honnête.. « Et effectivement.. Oui, oui j'ai remarqué que tu me reluquais tout à l'heure ~ » lui lançais-je soudainement en me penchant vers lui, jouant à mon tour les taquines. « Et ne nie pas ! Tu veux que je te montre comment tu m'as regardé ? Comme ça.. » Je me tournais alors sur le haut tabouret pour me retrouver plus en face de lui, frôlant distraitement ses genoux. J'y déposai ma main lorsque j'en percutai un, avant de la retirer sans vraiment m'en rendre compte. Le coude gauche sur le bar, le pouce droit vint épouser le bas de mon menton, s'y calant simplement. Les pierres fauves s'accrochèrent à celles d'onyx, quelques instants, avant de couler, lentement vers sa bouche dessinée.. Son cou où j'avais maintes fois délaissé des marques rougies. Je descendais plus bas, l'index caressant mon inférieure en un signe d’intérêt et d'attirance.. Puis, remontais, esquissant dans ma mémoire éméchée les contours d'un ventre ciselé, d'un torse bombé aux ombres saillantes.. Cette clavicule marquée, camouflée.. Je suivis le même chemin d'une cavité entrouverte, avant de retrouver les jumelles qui subissaient. Sourire. « Comme ces promesses sont déjà brisées, je suppose que je n'ai pas besoin de remettre mon manteau ? » lui assurai-je, d'une expression mutine. Cela ne changerait pas grand chose, en effet. Il avait choisi pile ce moment-là pour se verser un nouveau verre, cette fois-ci de rhum, qu'il ingurgita un peu de travers ! Une quinte de toux le posséda, son visage se teintant brusquement de pourpre. Je veillais à son état du coin de l'oeil, jusqu'à ce qu'il puisse réussir à reprendre la parole, en changeant subitement de sujet. « Si j'ai bien compris, tu as délaissé tes amies pour me rendre la pareille et me tirer adroitement des griffes d'un malade ? Enfin en l’occurrence … d'une malade. » Ce mec.. J'vous jure. Ok, je vais suivre le mouvement si tu veux.. « J'allais prendre un taxi avec une amie, et puis je t'ai vu.. Je ne serais pas revenue en arrière si je n'avais pas eu cette info croustillante à te dire sur Steven Kim.. Une malade, tant que ça ? T'exagères pas un peu.. ? Alors, j'ai bien fait de faire demi-tour et de sortir les griffes pour toi.. hmm ? » Je tournais la tête, et lui fit un clin d’œil mignon, complice, loin de la tigresse qui avait fusillé d'un mauvais oeil une rivale indésirée. Rivale ? Le choix du mot était intéressant.. Était-elle si malade que cela ? En tout cas, il n'avait pas eu l'air d'être de bonne humeur pour l'accueillir. Boire pas mal d'alcool.. Soit on fêtait un truc, soit on essayait d'oublier un peu ce qui nous avait emmerdé au cours de la journée. Quelques réminiscences de paroles me revenaient, quand il avait dit que j'avais illuminé sa soirée avec l'article, est-ce que le reste de la journée n'avait pas été extraordinaire ? Ça arrivait malheureusement.. Je scrutai son profil un peu fatigué, avant d'attraper ma coupe et de finir d'une traite le fond de rhum qui me restait. « .. Dis, ça te dit d'aller marcher un peu, avant de rentrer au dortoir ? Je pense que toi et moi, on a assez bu pour ce soir ~ » lui proposai-je, d'un ton plus doux, mais toujours aussi enjoué. Je descendis du tabouret, avant d'essayer tant bien que mal d'enfiler mon manteau bordeaux, une manche après l'autre. Oui c'était un peu plus dur que d'habitude ! « Allez viens, ça va te faire du bien un peu d'air frais, et puis.. j'ai pas très envie de marcher toute seule je dois t'avouer. » Pas que je craignais le fait d'être seule, mais c'était toujours plus agréable d'être accompagné par quelqu'un, même si on était pas obligé de discuter. Une présence suffisait. Et j'avais fini par le convaincre..

Il était aux alentours de minuit passé, moins tard que je le pensais. Ça faisait déjà bien dix minutes que l'on arpentait quelques rues, conversant finalement plus facilement que je ne l'aurais imaginé. Et puis, des moments de silence. Certains étaient craints mais pour ma part, j'avais l'impression que l'on était tous les deux à l'aise dans le fait de simplement marcher, sans engager un nouveau sujet. Regarder autour de nous, et le calme de la nuit. Enfin, le calme.. On était tout de même dans la capitale coréenne ! On quitta une grande avenue pour s'enfoncer dans un quartier peuplé de nombreux restaurants qui me donnaient presque un peu faim. Quand une mélodie nous interpella. En face de l'un des commerces gastronomiques, se trouvait une petite place où un jeune homme semblait se donner gratuitement en spectacle. Beaucoup de monde l'écoutait, une foule dense lui faisait face, et ce n'était pas le moment de perdre son sang froid ! Je fis signe à Jeha pour qu'on se rapproche un peu plus près, assez pour que l'on puisse voir le musicien avec sa guitare. De loin, je n'avais pas remarqué toute sa collection d'instruments et de pédales électroniques autour de lui, qui lui permettaient de manier sa chanson à la baguette. Il enregistrait plusieurs tonalités de sa propre voix, créant ainsi des chœurs parfaitement synchronisés. Ce qui était étonnant, c'était cette voix grave, très grave qui contrastait avec son apparence élancée. Elle portait, résonnait.. J'aimais beaucoup. Dans un refrain, j'avais fermé les yeux pour mieux écouter, captivée.. Par la suite, je jetai des petits coups d'oeil au photographe pour voir si il ne s'ennuyait pas, avant que l'on ne décide, quelques minutes plus tard, à s'éclipser. Mais la foule obnubilée, ne semblait pas vouloir nous relâcher facilement. Je suivais les pas du loup qui essayait tant bien que mal de se frayer un chemin parmi les spectateurs quant, dans un mouvement de plusieurs personnes, je manquai de le perdre. Surprise, je contournai rapidement un groupe d'étudiants, avant de retrouver la silhouette de dos de Jeha. Par réflexe, je m'agrippai du bout des doigts à la poche de sa veste bleutée, ce qui l'arrêta dans sa progression. Je levai les yeux vers lui, le questionnant du regard, avant de l'abaisser vers ma main. Une teinte rosée colora mes joues pâles et glacées, mon souffle blanchissant l'air.. « Ah.. Euh.. C'est une habitude, j'ai cru que j'allais te perdre.. Fais pas attention, continue à avancer ! » le pressais-je en lui tapotant le dos. Quant tout à coup, une goutte, deux gouttes, trois gouttes.. Et elles s’enchaînèrent soudainement, l'une après l'autre, de plus en plus nombreuses et inattendues. « Oh, il pleut ! » fis-je, le museau en l'air, l'eau glissant sur ma peau. Et ça, tout le monde l'avait bien compris. En moins de deux, le jeune artiste pensa à son matériel qu'il rangea aussi vite qu'il le pouvait à l'aide de deux autres amis. La foule, elle, s'éparpilla, complètement perdue et désemparée, commençant même à nous percuter ! Troublés à notre tour, on évita plusieurs personnes en regagnant le trottoir d'en face, nous retrouvant bêtement statiques, cherchant des yeux un abri. Mon regard croisa le sien, ses mèches brunes mouillées se collaient à son front, soulignant un peu plus son expression naturellement farouche, et sauvage. D'un pas, je me rapprochais de lui, saisissant son poignet, mais sa montre me gêna. Ma main glissa sans la moindre hésitation, et se referma fermement sur sa large paume d'homme. Les iris fauves pétillaient d'un amusement enfantin.. « .. Cours ! » lui criai-je, avant de l'entraîner derrière moi. Et nos jambes nous portèrent, aussi rapidement qu'elles le pouvaient ! Nos fougueuses foulées résonnaient dans la rue, mes talons claquaient avec force, et j'espérais ne pas me tordre la cheville ! Mais malgré le temps, je n'étais pas énervée, je ne craignais rien. Je courrais, et riais en même temps. Parce que c'était à prendre à la légère, ce n'était pas grave ! C'était juste une bonne grosse averse ! Je me retournais vers Jeha, quelques blondeurs éclaboussées sur mes joues, lui souriant pleinement pour l'encourager. « Yah, Moon Je Ha ! On va être entièrement trempé par ta faute, accélère ! » lui lançais-je, joueuse, alors que je resserrais ma paume dans la sienne, une chaleur agréable s'y nichant. Mon manteau s'était entrouvert, je n'avais même plus l'impression de sentir la fraîcheur hivernale dans notre course effrénée. Quant enfin, à quelques mètres devant nous, je discernais les arches de l'entrée d'un grand bâtiment où l'on pourrait enfin trouver refuge..        
  

 

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.
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Re: You can't stop the rain | Jera ♥ | Lun 5 Mar - 2:14
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Je n'ai aucune volonté lorsque je suis avec toi. Les promesses s'effacent, les désirs s'embrasent et les fantasmes s'emballent. Tu ne devais être qu'une ombre de ce qui avait été une nuit et de ce qui devait le rester. Un sourire tatoué mais un désir dissipé. Un souvenir, une réminiscence, un dessin effacé par l'aube et la réalité. Mais l'attirance a ses raisons que la raison ignore. Aussi ne peux tu être l'amie quand la femme prédomine dans un regard qui ne sait se détourner.

 


TENUE L'image de Jo Hee se troubla et l'ébène se mua en un flot impérial. J'inspirai lentement. Jamais je n'aurais cru être un jour soulagé de la voir apparaître et pourtant … son baiser léger souffla la colère, sa voix la honte et son parfum le dégoût. Je me contractai, les paupières lourdes, et basculai dans une ombre en demi teinte. Le bruit, les rires et les odeurs s'évanouirent sous mes cils, m'abandonnant à des sensations inattendues mais familières. Des sensations que je ne désirais pas plus qu'hier, et ce malgré la gratitude que je ressentais. Aussi m'y arrachai-je et rouvris les yeux. Mon démon d'un soir s'en était allé, laissant derrière lui une blonde sensuelle au sourire imperceptible et aux courbes soulignées par une tenue cosy mais sexy. Sora. Mon cœur s'emballa et un délicat voile ensanglanté éclaboussa mes joues colorées par la boisson. Merci. Je soufflai la reconnaissance pour m'en défaire, préférant dénouer les fils inutiles et superflus qui me reliaient à elle. J'en avais assez de celui du désir, qui se resserrait chaque fois que mon regard se posait sur elle. Un souffle. Son parfum épicé se posa sur ma langue et se mêla à ma salive aux pointes alcoolisées. Je me redressai, les doigts pressés autour d'une bouteille entamée, et me détournai. Un geste vain, effacé par une remarque, balayé par une réaction impulsive. Je la regardais, l'effeuillais des yeux. Elle était rouge la spirale, celle qui m'entraînait en me dépossédant de toute volonté face à celle qui hantait encore mes pensées les plus intimes. Quand parviendrais-je jamais à me débarrasser de cette intense faiblesse ressentie en sa présence ? Quand pourrais-je ne serait-ce que la regarder sans arrière pensée ? L'ivoire effleura ma langue et s'y enfonça jusqu'à ce que le métal l'éclabousse, âcre et épais. J'y ajoutais la bière que je portais à mes lèvres et m'efforçai de m'arracher à ce qui m'incendiait. Ce fut elle qui m'y aida, en agitant sous mon nez son téléphone. Oublié le désir, oublié les souvenirs brûlants. La déchéance de Steven Kim envahit mes pensées et un large sourire illumina mes traits tendus, chassant fatigue et retenue. Je verbalisais mon soulagement. Le noir d'un regard s'adoucit et mon corps …. mon corps privé de toute barrière se rapprocha légèrement du sien, comme magnétisé par une chaleur que je ne ressentais qu'inconsciemment. J'aurais dû sentir le danger, celui même que j'incarnais lorsque mes boucliers s'effritaient. Mais la boisson m'empêchait de réfléchir et mes pensées échappèrent à l'étreinte du silence. Steven Kim n'existait déjà plus. Il n'y avait qu'un homme, dépossédé d'une retenue qu'il regretterait. Plus tard. Car les mots que je prononçais étaient vrais et n'exposaient rien d'autre qu'un fait. Quel mal y avait-il à dire qu'elle me fragilisait ? Que mes promesses ne valaient plus rien lorsque je la voyais ? Que j'en oubliais toute prudence en sa compagnie ? Je glissai le bout d'une langue humide sur ma lèvre inférieure et souris. Un dessin simple, qui pourtant creusa la fossette timide dans une joue plissée. « Et pourtant … cette comparaison peut représenter beaucoup de choses. » Elle avait explosé. Dans mon cœur, dans ma vie, dans mes souvenirs, il ne restait plus d'elle que des débris de verre. Comme ces promesses que je ne cessais de me faire à moi même sans parvenir à les respecter. Une nuit, une seule ... Un rictus fit tressaillir la commissure de mes lèvres charnues. Elle était tenue … et j'avais une envie profonde d'y envoyer une balle de tennis pour qu'elle se fracasse à son tour à mes pieds. Sora se détourna afin de verser dans un verre ce rhum qu'elle avait demandé. Une question silencieuse, dessinée de la main, à laquelle j'avais répondu d'un simple mouvement de tête. Une valse éphémère du menton, alors que mes yeux se noyaient dans les ambres profondes qui reflétaient son amusement. « Tu n'as pas idée ... » murmurai-je en réponse, « du nombre de promesses que je me suis formulé à ton égard. » Ne la regarde plus. Je dessinais ses traits de deux prunelles intenses, gonflées par la fascination et l'alcool. J'imaginais sans peine ce cercle noir, miroir d'émotions qui contaminaient mon comportement. Oublie. Oublie la douceur de sa peau, la musicalité de son rire et la couleur de son regard lorsque le plaisir l'envahit. Oublie sa chaleur, la force de son étreinte et la sensualité de ses gestes. Mais comment oublier quand les images martelaient mon inconscient dès qu'il reprenait sa liberté ? Comment effacer quand mon esprit y songeait de lui même lorsque ses lèvres dansaient, figues rouges sur son visage opale ? Ne t'intéresse pas à elle. Sain d'esprit, je pouvais mentir mais là … alors que l'alcool déliait ma langue et rougissait la vérité, comment échapper au fait qu'elle retenait mon attention ? Comment imaginer qu'elle m'était indifférente alors que je notais instinctivement chaque geste qu'elle esquissait ? Ses paupières se refermèrent tandis qu'elle savourait la boisson qu'elle venait de boire et une fine pellicule humide recouvrit sa lèvre inférieure, intensifiant ce besoin physique que je ressentais. Je n'eus que les mots. Les mots pour exhaler, les mots pour définir, les mots pour expliquer. La joue pressée contre son bras, elle leva les yeux et nos regards se confondirent. Ses lèvres s'entrouvrirent, son souffle se raréfia et le silence s'épaissit, retenu par une bulle intemporelle dans ce bar où musiques et rires résonnaient bruyamment. Puis, elle tressaillit, cette bouche tentatrice, pour laisser échapper un rictus et une réponse dont le sens m'aurait fuir en temps normal. « Je sais l'effet qu'ils ont sur moi. » répliquai-je sourdement sans réfléchir en penchant légèrement la tête. Une mèche brune ondula, coulant sur mon front pâle pour effleurer un sourcil aussi sombre que les perles obscures posées sur elle. Ça brûle. Les lèvres, les doigts, le cœur et l'esprit. Je n'étais plus qu'incandescence. Dérobant la bouteille posée près de son coude, je fis basculer le goulot pour en remplir un verre que j'avalais cul sec. La boisson m'étrangla, m'arrachant une toux brève. Ça brûlait. A l'image du désir, à l'image des mots, à l'image de cette vérité qui flottait sans chaîne. « Tout à l'heure … Je ... » Elle se perdit, cette vérité, celle qui voulait tant avouer qu'il ne s'agissait pas que de « tout à l'heure ». Elle s'égara dans un effluve, dans une proximité, dans cette main qu'elle posa momentanément sur ma cuisse. Chaque terminaison nerveuse de mon corps brûlèrent sous ce toucher éphémère. Mais ce fut sans comparaison avec le regard qu'elle posa sur moi. D'une intensité profonde et presque douloureuse, il coula lentement mais sûrement sur chaque partie d'un corps au supplice. L'air frôla mon inférieur, rare et brûlant. Je subissais, non pas l'effeuillage qu'elle imaginait mais cette promesse que je n'avais pas encore brisé. Je subissais le lieu, la foule et peut-être mon manque de courage. Celui même qui m'aurait poussé à m'approcher, à pencher la tête et à effleurer ce sourire pour le cueillir. Je haussai doucement un sourcil, contaminé par ce dessin qui rougissait ses traits. « Il m'aiderait peut-être à ne pas briser la dernière. » lui opposai-je en regardant la bouteille. La bouteille … Une douleur lointaine poignarda mon crâne échauffé. Etais-je saoul ? Je suis saoul ... songeai-je en prenant le verre pour en caresser ma lèvre. Tu vas regretter. Chaque mot, chaque phrase … Je Ha. Qu'allais-je regretter ? Je glissai une main sur ma nuque puis dans la chevelure épaisse qui parsemait mon crâne. Regretter. Afin d'échapper à ces questions dont je ne saisissais pas l'origine, je déviais. Ce fut instinctif, presque inconscient. Me protégeais-je une nouvelle fois sans m'en rendre compte ? Mais de quoi ? Pourquoi renier ce que je désirais vraiment ? « Tu n'es venue que pour Steven Kim ? Vraiment ? » la piquai-je en plongeant mes yeux dans les siens. «Je n'exagère pas. » insistai-je en faisant tourner le verre entre mes doigts. « Jo Hee … » commençai-je d'une voix rauque, « pensait que ... » Ma voix s'éteignit, bâillonnée par le peu d'intelligence qu'il me restait encore. Je plissai les yeux et haussai les épaules. « Enfin, je t'ai déjà remercié. » grognai-je dans ma barbe en me tournant vers la bouteille dans laquelle il ne restait plus qu'un fond. Je me foutais de cette fille, de ce qu'elle devenait et de ce qu'elle désirait. J'étais bien plus intéressée par cette femme blonde à mes côtés que je ne parvenais pas à considérer comme l'une de mes amies. Alors qu'était-elle ? Un coup d'un soir avec lequel je désirais recommencer ? Une sex friend momentanée ? Un sourire moqueur se déploya sur une bouche nerveuse. Quelle idée ridicule. Qui avait-donc inventé un concept aussi stupide ? Comme si deux amis pouvaient coucher ensembles sans répercussion. Je plongeai mon visage dans mes paumes et frotter sans délicatesse mes paupières, non pour en chasser la fatigue mais pour échapper à cette étreinte brûlante dans laquelle je commençais à me sentir mal à l'aise. Aussi fus-je conquis par sa proposition. Je tendis les mains pour refermer mon blouson mais ne rencontrer que l'épais tissu d'une veste de smoking. Comment pouvais-je avoir si chaud dans cette tenue ? Décontenancé, je me redressai et la vit se débattre dans son propre vêtement. Une lueur illumina l'onyx et je tendis les mains pour l'aider. Je saisis le manteau, tirai un peu abruptement vers elle et relâchai légèrement ma poigne lorsque je pris conscience du peu d'espace qui nous séparait. Mes pupilles se dilatèrent, deux lunes noires immenses dans le chocolat fondu aux nuances carmines. « Allons y. » lâchai-je en m'écartant brutalement pour prendre les devants. Je sortis sans tanguer, plus à l'aise sur mes jambes que dans ma tête. Alors il souffla, ce vent prodigue, cet air glacé qui frappa. Sans résultat. Des points rouges dansaient toujours devant mes yeux et ma température corporelle n'était pas celle avec laquelle je vivais normalement. Fermant un œil, je plongeai les mains dans mes poches en un geste contradictoire et me tournai vers elle. Alors assuré de sa présence, je me mis en marche, sans nul autre but que celui de goûter l'air qui m'embrassait. Et peut-être aussi celui de savourer sa présence.

Mots et silence valsèrent dans les rues que nous arpentions sans réellement savoir où aller. Je ne me posais pas la question. Je suivais simplement le mouvement, inconscient quand aux raisons qui me poussaient à rester avec elle. Peut-être étaient-elles prosaïques, peut-être étaient-elles plus amicales que je ne parvenais à l'imaginer lorsque le désir m'éclaboussait. Toujours est-il que je ne l'abandonnais pas à la nuit pour rejoindre un lit dont j'avais oublié jusqu'à l'existence. Je levai légèrement la tête, imprimant l'image des restaurants alignés derrière le trottoir, le parfum des poissons vendus et la musicalité d'instruments joués non loin. Interpellée, Sora me fit signe de la suivre jusqu'à l'attroupement de badauds rassemblés devant le dit musicien. Elle joua des coudes dans la foule et ce jusqu'à pouvoir apercevoir l'homme immergé dans les sons qu'il produisait. Je m'immobilisai derrière elle, les mains toujours dans les poches de ma veste. Je connaissais cette chanson. Les notes, la mélodie, l'histoire qu'elle comptait me parlait. Je fredonnais intérieurement, participant de manière invisible à un concert impromptu. Mes lèvres ne bougeaient pas et mes yeux n'exprimaient qu'une intense contemplation d'un tableau qui n'existait que sous mes paupières. Pourtant, j'y sentais encore le poids de son regard. Je décrochais pour le croiser … et détournai la tête. J'étouffais. Les gens étaient trop nombreux, trop pressés, trop irrespectueux. Je fendis la foule sans m’embarrasser avec la politesse et sentis bientôt des doigts se refermer sur ma poche, à quelques centimètres du poing qui y était enfoncé. M'immobilisant, je me retournai vers Sora. Légèrement rose, elle m'expliqua avoir cru me perdre dans la foule. J'hésitai un instant puis me remis à marcher, plus conscient de la présence de sa main contre mon flanc que de la direction prise. Une goutte d'eau s'écrasa alors sur ma pommette, bientôt suivie d'une multitude. Avançant comme un automate, sans prêter attention à ceux qui couraient dans tous les sens, je m'arrêtai sur un trottoir et levai la tête. Elle était froide. Elle glissait sur mes joues, soulignaient mes traits, caressaient mes lèvres et les lignes de mon cou, imbibait mes vêtements. Glaciale. Je baissai légèrement les paupières pour savourer ce coup de fouet qui réveillait quelque peu l'esprit totalement amorphe que j'avais traîné jusqu'ici. Mais la conscience vient avec l'attention et le désir qui se rappelle à l'âme. Je ne voyais plus l'air que formait mon haleine en embrassant les températures hivernales. Je ne sentais plus mes mains, qui quittèrent l'étreinte ridicule de poches trop hautes pour tomber de part et d'autre d'un corps détrempé. Je n'avais pas même conscience des striures noires qui rayaient ma vision. Je m'étais immergée dans deux amandes aux accents dorés. Je m'étais abîmé dans la contemplation, non plus de mon imagination, mais des courbes d'un visage soulignées par la pluie et sa chevelure mouillée. Sa main glissa sur mon poignet puis dans ma paume. Elle serra, en un geste que je n'aurais jamais accepté autrement que dans cet état que je ne considérais pas encore comme lamentable. Cours ? Pourquoi courir ? Pourquoi échapper à cette fraîcheur humide qui rendait tout vêtement blanc superflu ? Pourquoi m'arracher à l'image de sa poitrine délicatement peinte par les pinceaux de Sung-tzu sous son manteau? Pourtant je suivis sans mot dire, courant derrière puis près d'elle jusqu'à l'immeuble qu'elle avait choisi. Ses rires parsemaient la rue et dansaient avec la pluie qui résonnait. Nous étions dans un écrin qu'assourdit le plafond sous lequel nous nous réfugiâmes. Nos pas cessèrent de produire des échos et nos deux silhouettes s'immobilisèrent dans l'obscurité, faiblement dissipée par le lampadaire de l'autre côté d'une rue déserte et silencieuse. En vérité, je n'entendais plus que le son de nos deux respirations. Puis d'un rire, un rire dont la musicalité trahissait l'envie. Il était grave, chaud dans cette gorge qu'il secouait, en réponse à tous ceux que j'avais entendu. Il exprimait la tension, l'hilarité, le plaisir et le jeu, aussi éphémère fut-il. Durant quelques secondes, je le sentis transfigurer mes traits et ce jusqu'à ce qu'il s'éteigne, en un baiser mourant sur des lèvres entrouvertes. Alors je la regardais. Son visage, son corps et ses yeux fauves. Les miens avouaient-ils les pensées susurrées à mon être ? Les images dans lesquelles je me voyais pencher la tête pour effleurer ses lèvres, les séduire d'un souffle, d'une caresse, d'un toucher brûlant du bout de la langue ? Voyait-elle dans mes pupilles le chemin imagé de mes mains sous son manteau afin de l'en délester ? Remarquait-elle la fièvre dans les pierres noires en proie aux visions d'une poitrine frôlée par mes paumes ? Sentait-elle la chaleur de mon souffle sur sa gorge tandis que les mains coulaient dans son pantalon pour épouser les courbes sensuelles de son fessiers ? Percevait-elle les battements furieux de mon cœur entre nos deux mains serrées ? Je sentais. Ressentais. Il ne m'était pas difficile d'imaginer son corps plaqué contre le mien. Une respiration profonde mit fin aux fantasmes presque tangibles dans le faible espace qui nous séparait. D'un pas, je reculais et la lâchai. J'en esquissais, lentement, jusqu'à ce que mon dos n'épouse la surface dure du mur délabré aux ampoules mortes au dessus de ma tête. Mes épaules s'y pressèrent et mes mains coulèrent pour s'appuyer contre mes reins. Les cils abaissées, je continuais de la voir, cette femme qui, même trempée, ressemblait à une femme et non à une enfant. « Tu as froid ? » L'air brûlait. Il était gelé et pourtant, il mordait ma chaire, incandescent. Où était-ce ma peau brûlante qui ne confondaient fraîcheur et brûlure ? « Si tu es trempée par ma faute … il faut que je fasse quelque chose pour toi n'est-ce pas ? » La faible lumière dansait sur ses traits fins, en une image qui me rappelait cette nuit à l'appartement, alors qu'elle s'était approchée nue. D'un geste, je me décollais du mur et m'approchai d'elle. Mon torse se soulevait, au rythme d'une respiration qui trahissait le tumulte d'émotions sensuelles. Je posai doucement les mains sur ses bras, enfonçai les doigts dans son manteau et l'attirai contre moi. Alors je la serrai, la joue pressée contre sa tempe, les bras croisés dans son dos, les paumes pressées contre sa peau et les pectoraux plaqués contre un buste découvert par un manteau ouvert. « J'ai chaud. » murmurai-je à son oreille, comme pour expliquer une étreinte brusque et impulsive. Mon nez coula sur sa tempe, mes lèvres effleurèrent sa peau sans la toucher …. et je la relâchai avant d'oublier jusqu'à l'endroit où nous étions. La contournant, je m'adossai contre le mur et m'y laissai glisser pour m'asseoir sur le sol, au rythme de la pluie battante. « Les promesses … sont-elles là pour être tenues ou pour nous faire conscience de nos propres limites ? » lui demandai-je en levant la tête vers elle, une goutte d'eau accrochée à mes cils. « Et une promesse vaut-elle la peine d'être tenue si elle va à l'encontre de ce que je désire réellement ? » Les mots graves se détachaient de mes lèvres pour s'épanouir dans le silence. J'allais me haïr le lendemain, pour chaque ouverture, chaque confession, chaque visage que je lui offrais ce soir. J'allais me prendre en pitié, une fois de plus, pour des raisons que je saisissais un instant … un instant seulement avant que le sens ne se perde dans les tréfonds d'un esprit altéré. Ce fut inconscient. Les mots se muèrent en notes, portées par le souvenir d'un musicien rencontré quelques minutes plus tôt. Mon visage mouva, dansa au rythme de mes lèvres. Je chantais rarement. Mais la boisson atténuait une personnalité difficile et bourrue. Les paroles s'alignèrent, murmurées d'une voix grave et sensuelle. Alors les souvenirs voyagèrent, changèrent, prirent une autre forme. « ♫ Your body's in sync to the beat of my heart … »
 
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Re: You can't stop the rain | Jera ♥ | Dim 18 Mar - 1:06
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You can't stop the rain
Je Ha & Sora





STYLE + HAIR

Les effluves d'alcool qui parcouraient mes veines, adoucissaient un corps plus en retenu en temps normal, et un esprit, plus volage, plus joueur. Le temps s'étirait, les gestes s'allongeaient, lents, captivants. Tout ralentissait, même ses cils sombres qui battaient devant ses prunelles noires, dardées sur moi. Je les observais, et il me semblait m'y attarder bien trop longtemps. Pourtant, je ne détournai pas le regard, fondant un peu plus sous la chaleur enivrante qui s'en dégageait. Je pouvais la sentir, même si je voulais le nier. Un même brasier intérieur me consumait, ne demandant qu'à m'envahir entièrement et dévorer la moindre parcelle de chair. Nous dévorer, à deux c'était mieux. De profil, ma bouche s'étira sensuellement, avant d'étirer la gorge, le liquide transparent s'y glissant en une nouvelle brûlure que je prenais plaisir à ressentir. Le goût était exquis. Pas autant que tes lèvres.. Le bruit environnant, les voix qui portaient et la musique de fond, tout fût troublé, atténué. Le son m'apparût d'un seul coup bien lointain, comme si j'avais été enfermé dans une bulle qui m'isolait. M'isolait avec lui. Il devenait alors mon seul point d’intérêt, mon seul point d'attraction. Mais ne l'était-il pas déjà ? Je laissais mes pensées vagabonder vers lui, vers des souvenirs récents, de quelques semaines à peine, mais qui paraissaient avoir été vécu hier encore.

• • •

La lumière timide d'un faible lever de soleil dans les rainures du volet, esquissait nos silhouettes entrelacées sur ce canapé bien trop étroit pour nous deux. Mais qu'importe. C'était chaud, confortable. Elle dessinait les contours de son torse dénudé, contre lequel je me lovais un peu plus, mes lèvres frôlant sa peau avant de m'y rendormir. Bien une heure plus tard, le cocon avait disparu. J'étais seule sous le drap blanc et je n'avais pas eu besoin de tendre les mains pour savoir qu'il n'était plus là. Je ne sentais plus sa présence, seule son odeur demeurait, caressant le tissu qui m'enveloppait, parfumant ma peau de nos étreintes érotiques que je ressentais encore dans chacun de mes muscles fatigués. J'avais profité de son absence pour dormir un peu plus, mais pas trop. Je n'étais pas de celles ou ceux qui partaient dans le noir, sans le moindre mot le lendemain. On ne demandait pas un discours mais un minimum après une nuit de corps à corps. Encore plus quand l'on connaissait la personne. Lorsque la porte d'entrée s'était entrouverte en une petite sonnerie distinctive, j'étais entrain de me rhabiller. De dos devant le canapé, je glissais mon jean jusqu'à en épouser les fesses et les hanches, puis la taille fine, avant de me retourner vers le brun qui apparaissait dans la grande pièce. Nos expressions contrastaient, je lui souriais alors que lui cherchait à poser ses yeux partout sauf sur moi. Il m'avait prévenu, et je percevais son malaise, même d'aussi loin. Il avait clairement tout d'un homme qui n'avait pas l'habitude de ce genre de situation, quand pour ma part, j'y baignai bien plus régulièrement que lui. Moins troublée, j'avais continué à retrouver peu à peu mes habits, le suivant de temps en temps des yeux, passant de pièce en pièce dans sa tenue de sport. J'en avais déduit qu'il avait dû aller courir, alors que je récupérai la tenue du shooting, soigneusement rangée sous le plastique. Je l'avais retrouvé éparpillée en plusieurs morceaux un peu partout dans le studio, sous les projecteurs éteints qui dessinaient encore dans ma mémoire, les ombres de deux silhouettes couchées l'une sur l'autre sur le sol clair. Je ne me souvenais plus exactement les paroles que l'on s'était dite ce matin-là. Comme à certains moments, je n'arrivais plus à le faire parler, il s'était refermé. Je sentais qu'il attendait impatiemment que je parte, je lui avais affirmé à voix haute qu'il n'avait pas à s'inquiéter, que j'allais m'en aller, le laisser à nouveau seul et tranquille. Il n'avait pas nié cette envie, et je n'en étais pas vexée, car j'étais pareille. Retrouver solitude et indépendance. Et pourtant, mes pas s'étaient arrêtés dans le vestibule, la porte grise menant dans le couloir, juste devant moi. J'avais tout lâché, pour revenir en arrière, pour revenir vers lui à quelques mètres de là. Sa méfiance était revenue, sa stature raidie, et ses pupilles rétrécies. Moi, je n'avais eu aucune hésitation. Mes bras glissant sur ses pectoraux, le long de son cou pour venir enlacer sa nuque humide. Son visage était contracté quand j'y rapprochai le mien, y plongeant le fauve dans ces obsidiennes noircies et étirées. Sur la pointe des pieds, j'étirai ma gorge, goûtant à son souffle d'un sourire. Une seconde, c'était tout ce que je lui avais laissé, avant de venir capturer sa bouche entrouverte, fuyante. Ses lippes étaient salées, la langue les caressa lentement pour en savourer le goût, jusqu'à rejoindre sa jumelle autour de laquelle elle s'enroula avec fougue. Tournant la tête, je prolongeai ce baiser que je voulais intensifier sans pour une fois prendre mon temps. Car on ne l'avait plus, et j'en voulais encore.. juste quelques secondes de plus, était-ce trop ? Je resserrai la pression de mes bras autour de lui, vorace du plaisir que me faisaient ressentir nos deux bouches possédées, passionnées, de la sensation de son corps pressé contre le mien.. Il était chaud, en sueur, et mes prunelles s'enflammèrent dans les siennes en se reculant, parcourues de fantasmes ensorcelants où je voulais l’entraîner. Je désirais le suivre sous la douche, et embuer une salle de bain sous la fièvre ardente de nos ébats sous l'eau bouillonnante.. L'idée échauffa aussitôt un corps que je croyais assouvi, mais qui en vérité, ne l'était pas totalement. Mais j'avais retenu les mots suggestifs, tentateurs que je mourrais d'envie de lui susurrer pour le déshabiller à nouveau, essayer du moins. Une seule nuit.. Et nous n'avions plus de quoi nous protéger. « Le dernier. » avais-je murmuré d'une voix rauque marquée par l'envie, contre ses lèvres pleines. Le dernier baiser, et c'était fini. The end. La fin de cette parenthèse. Le désir devait s'éteindre, mais lorsque je passais la porte de son appartement, je savais que j'avais été différente. Je revenais rarement en arrière, voir jamais. Et pourtant, je l'avais fait. Cela voulait dire qu'une nuit ne m'avait pas suffi et que je n'étais pas pleinement satisfaite de cette situation.. Les semaines s'enchaînèrent, les unes après les autres, je l'avais seulement croisé et la luxure ne m'avait pas mordue, mes pensées m'emportant ailleurs pour m'empêcher d'y penser. Mais maintenant que je me retrouvais seule, en face de lui, sans aucune autre distraction, j'avais bien dû mal à y échapper. A cette attirance physique qui brûlait, encore et encore, à chaque mot, chaque geste, chaque regard qui m'effleurait.. Mais nous pouvons jouer avec, sans nous laisser nous consumer.. non ? Qu'en penses-tu, Jeha ? Peut-on y résister ? Car si tu craques, pourquoi éprouverais-je l'envie de t'échapper.. ?

• • •

« Tu n'es venue que pour Steven Kim ? Vraiment ? » me demanda t-il soudainement, me sortant de mes rêveries troublantes. J'haussai un sourcil, avant de répondre du tac au tac.. « Vraiment ~ Et puis, pour ta compagnie, même si cela m'étonne encore un peu moi-même aujourd'hui. » Un rire, léger, un brin ironique. Il était vrai que vu notre passé, on se demande bien comment on a pu finir par s'entendre. « Le temps est étonnant, et fait des miracles, tu ne trouves pas ? » continuai-je en coulant lentement mon regard vers lui, avant de lui dire qu'il exagérait peut être un peu en traitant la fille qui l'avait ennuyé de malade. Je me demandais bien ce qu'elle avait pu lui dire pour qu'il paraisse aussi énervé, avant que je n'intervienne. L'expression qui avait possédé son visage était mauvaise et hargneuse, et j'avais tant bien que mal éteint un incendie massacrant, mortel. « Je n'exagère pas. Joo Hee.. pensait que.. » Il n'avait pas réussi à terminer sa phrase, ou il n'avait plutôt pas préféré la terminer, ce n'était pas mes oignons après tout. Il avait grogné dans sa barbe comme un ours mal léché, lassé d'un sujet qu'il souhaitait visiblement éviter. « Oublie-la donc, surtout si elle t'a dit des conneries.. Dépense donc le peu d'énergie qu'il te reste ailleurs. » fis-je en le fixant, dans un regard plein de sous-entendus que je ne m'embêtais même pas à atténuer. « .. Pour aller marcher par exemple. » lui suggérai-je, le sourire taquin, avant d'avaler la dernière goulée de mon verre, récupérant félinement du bout de la langue une goutte qui coulait le long du récipient. Je le reposais sur le comptoir, puis ayant eu l'accord de Jeha pour sortir ensemble à l'extérieur, je me redressais sur mon tabouret, les pieds sur les barreaux, m'appuyant nonchalamment les mains sur le bar pour attirer l'attention du barman afin de nous apporter notre note. Bruyante et joviale, je me retournais vers le brun, fière de moi, avant de descendre du tabouret d'un petit saut, réduisant sans le vouloir la distance entre nous deux. J'étais bien trop occupée à essayer d'enfiler mon manteau pour m'en rendre compte, tournant le dos au photographe. « Mais où est cette p**** de manche.. ? » pestai-je pour moi-même, avant de sentir qu'on le soulevait. Sans trop comprendre, je m'y glissai à l'intérieur en jouant des épaules pour m'y lover, avant de tourner la tête pour me rendre compte que c'était le loup qui était entrain de tenir le vêtement. Je clignai des paupières, mes lèvres s'entrouvrant, la bulle se resserrant à nouveau et qu'il éclata aussitôt en lâchant un « Allons-y. », bref et brusque, à la Jeha. « Tss.. Yah, attends moi ! » fis-je, faisant retourner mes voisins de tabouret. Je récupérai mon sac, et partis à sa suite, avant qu'il ne tente de me semer. On ne sait jamais, même si désormais, en le connaissant un peu mieux, j'en doutais.

« Ouuuuh qu'il fait froid... ! Mais.. ça fait du bien ! » m'écriai-je, en soupirant d'aise. Il allait me prendre pour une folle, alors qu'il devait faire bien en dessous de zéro actuellement. Le froid m'avait bondi dessus, prêt à aspirer la moindre source de chaleur de mon corps. C'était un froid plutôt bon, je voulais qu'il adoucisse un peu mes joues rosies par l'alcool et un cerveau échauffé. Mais il allait lui falloir du temps avant de réussir à m'arracher un frisson, tant ma température était au dessus de la moyenne pour le moment. Je tenais plutôt bien sur mes talons, tanguant moins que je ne l'aurais cru. La silhouette de l'homme ne semblait pas elle non plus être ébranlée par la fraîcheur hivernale et je m'élançai de quelques enjambées énergiques du haut de mes douze centimètres, pour le rattraper et marcher à ses côtés. Je plongeai mes mains plus sensibles dans les larges poches de mon manteau, et on laissa nos pas nous porter là où ils le désiraient. J'essayai de me repérer pour ne pas nous perdre dans ce quartier que je ne fréquentai pas si souvent que cela, même si il était pas loin de la fraternité. Finalement, c'était une petite place qui attira mon attention, et plus particulièrement un musicien de rue vers lequel j'entraînai mon compagnon de ce soir. De ma petite taille, malgré les chaussures que je portai, j'arrivai aisément à me fondre dans la masse, regardant toujours derrière moi pour m'assurer qu'il était toujours avec moi. On était parti ensemble, et on allait rentrer ensemble, c'était tout, j'en avais décidé ! La première chanson était dynamique, pop, mais la seconde, avait des sonorités plus lentes, lascives et je n'en perdis aucune note. Les paupières fermées, la tête se balançant au rythme d'une mélodie qui me plaisait. Je ne la connaissais pas, je la découvrais, et je me sentis soudainement flotter, porter par l'univers et l'ambiance des lieux. C'était une bousculade qui me réveilla de ma déconnexion du monde. J’entrevoyais cette veste de smoking bleutée si familière se frayer un chemin dans la foule, cette même foule attirée par le son d'une guitare captivante. La pique fût brusque, je m'élançai à mon tour parmi les gens égarés de la nuit, comme nous, lançant des pardons maladroits à tout vent. J'avais l'impression d'être minuscule dans tout ce monde, mais c'était seulement la notion des proportions qui changeait à cause du taux d'alcool qui flottait joyeusement dans mon sang. Mon bras se tendit entre deux personnes pour attraper le bas de son veston et il se retourna aussitôt. Je le percutai légèrement, presque essoufflée, surprise par moi-même d'avoir autant craint de le perdre. Le carmin colora un peu plus des pommettes arrondies, me justifiant bien trop gauchement d'une phrase, avant de l'inciter à continuer son avancée, évitant son regard en détournant les yeux. Je n'avais pas relâché ma prise pour autant, et lui n'avait rien dit en retour. Je marchais dans ses empreintes, la tête baissée, jusqu'à ce qu'une goutte ne me la fasse brusquement relever. Une sur la joue, une autre sur le nez, une autre roulant sous mon oeil droit.. L'unes après l'autre elles accéléraient leur descente du ciel couvert vers la terre, provoquant un mouvement de foule totalement inattendue. Tout le monde s'éparpilla, l'union n'était plus, c'était chacun pour soi. On se retrouva tous les deux portés jusqu'à un trottoir, abasourdis par la pluie qui s'intensifiait. Presque hébétée, je regardais tout autour de moi, les lèvres entrouvertes, alors que l'eau commençait à accélérer. Elle souligna ses traits marqués, roula sur ses joues jusqu'à ses lèvres pulpeuses. Puis son cou.. son tee-shirt blanc, et son ensemble bleu marine qui prenait une teinte plus foncée à chaque seconde qui s'écoulait. Ses cheveux tout comme les miens commençaient à s'alourdir, esquissant un regard troublé plongé dans le mien, un trouble dont je n'avais même pas pris conscience. J'étais bien trop concentrée sur lui, et son allure mouillée si fascinante, que je ne pensais même pas à mon propre état. Notamment de celui d'un haut clair dont la transparence s'élargissait, peu aidé par un manteau déboutonné.. Qu'est-ce qu'on faisait encore là, à attendre bêtement ? Une légère interjection s'échappa d'entre mes lèvres, un début de rire, enfantin, enjoué, la tête penchée en arrière vers les nuages. Puis je l'emportai avec moi, cet homme que je pensais étourdi par la brusque humidité ambiante, alors que c'était par tout autre chose.. Je capturai son poignet, mais une montre au métal froid me gêna. Mes doigts s'agrippèrent à sa paume, et s'y accrochèrent, comme si ma vie en dépendait. C'était presque ça, c'était presque ce que notre course effrénée sous l'averse faisait croire à tous, à nous, et au monde. Je m’emballais, il s’emballait avec moi, on s’emballait ensemble. L'un derrière l'autre, puis côte à côte une fois que ses longues jambes ne me rattrapent bien trop vite à mon goût. Plusieurs fois, je resserrais l'étreinte de mes doigts, manquant de perdre l'équilibre sur les trottoirs que l'on empruntait. Je m'écriais comme une gamine à coup de clameurs aiguës marquant un peu trop mon allégresse, très vite suivis par des rires naturels, et spontanés, résonnant à deux dans les rues qui se vidaient. Dans quel état allions-nous arriver ? C'était cette dernière question que je me posais, alors que l'on trouva enfin refuge sous les arches d'un bâtiment.

Je relâchais une longue exclamation, et un soupir, un peu les deux en même temps, alors que l'on venait d'échapper à cette pluie fortuite. « Ahh je n'ai jamais été aussi contente de retrouver un plafond au dessus de ma tête qu'aujourd'hui ! » lui lançais-je dans l'élan d'énergie que le sprint nous avait donné. Son rire chaleureux ricocha dans la rue jusqu'au trottoir d'en face, et je le détaillais de profil, charmée malgré moi par son sourire sincère, contaminé par une juvénilité commune et éphémère. Mais si agréable.. C'était bon de faire des choses un peu inattendues et folles comme celle-ci ! Et l'alcool me rendait encore plus honnête et exubérante, alors fallait-il être préparé. Les lampadaires qui éclairaient la rue imposaient une ambiance tamisée, de lumières jaunes et orangées. Elles esquissaient le contour de quelques voitures garées en contrebas, des murets qui bordaient les habitations et les graffitis artistiques qui les recouvraient, ainsi que de personnes qui courraient comme nous à l'instant, ne laissant derrière eux que des ombres affolées. Le sourire ne me quittait pas, humant l'air humide qui nous enveloppait. J'aimais bien cette odeur, même si elle était plus agréable quand c'était dans un jardin à l'herbe tendre. J'entendais sa respiration bruyamment expirée, la mienne s'y mêlait à l'unisson. La moquerie me traversa, se nichant dans mes prunelles fauves alors qu'elles se relevaient vers le brun, essoufflé. Je voulais le taquiner sur son endurance, mais la mienne pour le coup n'était pas fameuse non plus. Était-ce notre taux d'alcoolémie qui nous rendait ainsi ? Je n'en avais aucune idée, à vrai dire la pensée en elle-même avait déjà disparue, écrasée. Les coins de ma bouche s'étaient lentement relâchés, les paupières papillonnants, les iris fixes à l'interrogation palpable. Je l'avais surpris entrain de me regarder, et il ne détournait toujours pas les yeux. L'intensité de son regard ténébreux creusa doucement le trouble qui m'envahissait.. Les mèches brunes imbibées des larmes du ciel, coulaient librement sur sa peau, redessinant ses traits en une aquarelle fascinante. En un battement de cils, je les parcourrai les aventureuses, ces pinceaux invisibles qui affinaient l'arête de son nez aquilin, approfondissaient la rondeur adorable de ses pommettes rebondies, soulignaient sa mâchoire masculine et repulpaient sa bouche naturellement attractive, entrouverte, muette. Il n'y avait que ce silence qui n'était en rien pesant, mais étonnement.. envoûtant. Il n'était qu'à deux expirations de moi, assez près pour voir son souffle blanchir, trop loin pour y goûter et le rougir. Cette chaleur entre nos deux mains effrontément agrippées l'une à l'autre, nos paumes serrées.. Cette chaleur, elle s'intensifiait, remontant le long de mon bras jusqu'à envahir une poitrine, un corps tout entier qui s'enflamma en un battement distinct. L'envie était déjà là, coulant dans les veines d'un liquide presque irrésistible.. mais il me la partageait, me la transmettait, la titillant, la réveillant d'une brûlure violente. Un frisson me parcourra, provoqué par des images suggérées, dévoilées, esquissées d'un esprit à un autre par un regard en amande à la profondeur déstabilisante. L'air se raréfia. Je pouvais sentir, je ressentais dans ce frisson, comme si il m'effleurait, me touchait, m'emprisonnait entre ses bras et ses paumes volages.. La délicieuse perception que chaque partie de mon corps était touchée par cette vue pénétrante, perception qui me parlait bien plus que n'importe quel mot murmuré. Ma poitrine se gonfla en de longues inspirations, j'étais aux aguets, je n'osais bouger, lui non plus. Comme si le moindre geste pourrait tout changer, tout faire éclater. Mon pouce caressa distraitement sa peau, en un geste familier. Il avait déjà pris ma main lui aussi, une fois, face à Steven Kim. Ce jour-là, j'avais senti toute sa rage dans cette paume refermée sur la mienne, toute la fureur, et ma rancœur qui s'étaient entremêlées, unies l'une contre l'autre. Je me souvenais de cette caresse à ce moment-là, cette caresse instinctive, se voulant apaisante, soufflant d'un ''je suis là'', d'un toucher rassurant. Que signifiait celle d'aujourd'hui ? Essayais-je de l'inciter à retenir tout ça en lui, en nous, ou au contraire.. de tout relâcher et de me plaquer contre lui ? Je dérivai sur la colonne en pierres derrière lui, imaginant aisément dans mon esprit embrumé, lui et moi, deux ombres n'en formant plus qu'une. Ses doigts agrippant mes poignets en une brusque impulsion, son visage perdu dans mon cou et ce soupir.. Ce soupir suave qui avait bien failli m'échapper dans cette réalité que je retrouvai, le glissant difficilement dans l'air ambiant, les iris rétrécis par la luxure d'une scène que je fantasmai en quelques battements de cils. Je glissai le bout de la langue sur mon inférieur, y récupérant une goutte délaissée, lorsque tout à coup, sa poigne se desserra. Il me relâcha pour disparaître dans mon dos, et j'en profitai pour reprendre une immense goulée d'oxygène, mes épaules s'affaissant.  

Ce mec allait me tuer. J'agitai la main devant moi, cherchant à atténuer ce feu intérieur qui incendiait les muscles. Les hallucinations allaient commencer à m'envahir si je ne me contrôlais pas plus.. Foutue boisson. Je tirai maladroitement sur les pans de mon manteau, les gouttes s'écoulèrent, dévoilant sous mes prunelles agrandies un haut blanc à la couvrance peu discutable.. Mon ventre se contracta, alors que je penchai la tête pour détendre le tissu collé contre ma peau. Ce même tissu qui esquissait malgré moi dans le plus grand détail, les courbes d'une poitrine et de deux boutons de chair tendus sous le fin bandeau.. C'était.. C'était le froid qui provoquait cette réaction et non une potentielle.. excitation de ma part.. Est-ce que c'est clair ?! La gêne me prit, et je me mordis brusquement l'inférieure, avant de refermer le long vêtement dépourvu de fermeture, d'un mouvement trahissant ma nervosité. Je soupirai dans le vide, avant de sursauter légèrement sur place, alertée par sa voix qui me questionna. « Tu as froid ? » Si j'avais froid ? Mes sens semblaient être au ralenti et j'avais bien dû mal à analyser ce que mon corps ressentait, sauf une émotion plus que claire.. « Euh non.. Enfin, si un peu mais.. ça va. » avouai-je en me tournant vers lui, effleurant sa silhouette appuyée contre le mur. Hmm ce costume bleu.. Il le mettait si bien en valeur.. « Si tu es trempée par ma faute … il faut que je fasse quelque chose pour toi n'est-ce pas ? » Je penchai légèrement la tête sur le côté, distraite par mes pulsions de femme, avant d'aussitôt me redresser. Hein, qu'est-ce qu'il avait dit ? Engourdie par tout ce qui m'entourait, par tout ce qui me traversait, je le laissai approcher, happée par ses deux pierres à la lueur sensuelle brillant dans l'obscurité. Elles approchaient, plus près, encore plus près, jusqu'à étirer mon menton vers le haut pour ne pas les perdre. La chaleur coula sur mes bras, puis le long de ma taille, jusqu'à mes reins. Il y insuffla une légère pression, un ordre silencieux, et j'avançai d'un pas pour m'engloutir entre ses bras. « Je-Jeha ? » murmurai-je simplement, sans pouvoir rien ajouter d'autre. Papillonnant des paupières, j'étais littéralement crispée contre lui, incapable de réagir. C'était un geste tellement inhabituel de sa part, que même embrumée par le rhum, je m'en rendais compte. Mais c'était un geste que l'on pouvait avoir entre amis.. Oui.. Les doigts de mes mains plaquées contre lui, se levaient, comme si ils n'osaient le toucher. Comme si ils craignaient de s'y brûler. Seules mes paumes s'y appuyaient. « J'ai chaud.. » Et moi, que devrais-je dire ? Ne me parle pas de cette voix rauque, tes mots sonnent d'une note érotique à mon oreille.. Est-ce que tu le fais exprès.. Jeha ? Mon souffle avait ralenti, le sien échauffait mes tempes aux mèches blondes ébouriffées par une averse inopinée. J'avais une conscience accrue des battements lents dans ma cage thoracique, qui s'étaient soudainement embarqués dans une course effrénée, sans pouvoir les arrêter. J'avais une conscience accrue de l'appui de sa bouche au sourire singulier que j'avais déjà passionnément embrassé, un frôlement frustrant. J'avais une conscience accrue de ma poitrine d'un blanc diaphane écrasée contre un large torse d'homme, ainsi que des mains qui moulaient mes reins dénudés. Je fantasmai de les sentir remonter, pour dégrafer un haut presque inutile.. Les prunelles vacillèrent, l'attention captive par ce parfum de cèdre qui s'échappait d'une peau mouillée et offerte. Mes sens étaient fatigués par cet homme fascinant.. Le bout de mes doigts s'enfoncèrent dans son tee-shirt blanc, penchant doucement la tête vers son cou. J'avais l'impression d'être une abeille irrésistiblement attirée par une fleur, aux effluves divines. A chaque fois que je me trouvais près de lui, il avait toujours ce même parfum, ce même parfum qui me donnait l'envie de m'y plonger, et de m'y noyer. J'étais enivrée.. par l'alcool, la nuit, la musique, la pluie froide, son regard, son toucher, son odeur masculine et par les souvenirs chauds qui me traversaient, me torturaient.. Une goutte roula sur sa gorge. J'entrouvris la bouche, retenant in extremis une langue féline qui voulait lécher, et s'abreuver. Retenant l'ivoire qui désirait marquer, et les pulpeuses avides qui rêvaient d'aspirer pour rougir d'une signature pleine de vices. J'avais faim, faim de lui. Et je le ressentis violemment lorsque mon corps se mit doucement à fondre contre lui. L'inférieure s'avança pour cueillir la larme du ciel, une caresse humide sur un épiderme étincelant de mille et une perle translucide. La scène de nos deux silhouettes enlacées n'avait duré que quelques secondes, une minute peut-être, je ne savais plus. Tout me paraissait au ralenti, le temps se jouait de nous, ou était-ce mon esprit agité ? Il avait repris son rythme normal lorsque le photographe me relâcha.

La boisson atténuait la maturité d'une femme indépendante, et effritait un contrôle permanent sur une vie passionnante mais un brin éreintante. Réveillée par la soudaine fraîcheur qui me frappa de plein fouet, je tournai sur moi-même pour héler le brun qui venait de s'adosser contre le mur. « Yah ~ Comment veux-tu que je me réchauffe en si peu de temps ? Tsss.. T'as fait ça pour que je te suive hein ? Eh bien, j'arrive ! » fis-je d'une moue boudeuse. J'avançai de quelques pas, avant de m'asseoir à mon tour sur le sol bétonné. L'eau continuait à tomber dans un tumulte retentissant, tandis que je me rapprochais du loup, cherchant la chaleur promise. Épaule contre épaule, hanche contre hanche. On avait été bien plus proche que ça, alors il n'allait pas reculer non ? Je repliai les jambes, les genoux placés devant moi. Les escarpins rouges dévoilaient l'esquisse de mes pieds trempés, perturbés par des températures bien trop hivernales pour devoir marcher dans les rues à une heure pareille. Mais je ne le regrettai pas, car c'était ce genre de folie qui était les plus plaisantes à raconter plus tard. Le genre de soirée qui te marque, et qui reste, même à quatre-vingt ans. Je m'enfonçai un peu plus dans le col de mon manteau douillé, un sourire léger étirant mes traits, alors que je me perdais dans la contemplation des lumières mélancoliques orangées. « Les promesses … sont-elles là pour être tenues ou pour nous faire prendre conscience de nos propres limites ? Et une promesse vaut-elle la peine d'être tenue si elle va à l'encontre de ce que je désire réellement ? » demanda t-il, brisant un silence palpable dans cet écrin embué. Je me tournai vers lui, détaillant son expression sérieuse, sa mâchoire à l'ombre saillante. Les promesses, quel sujet difficile, et digne d'un débat. Il en reparlait encore, de ces promesses, il en avait déjà mentionné au bar. Celles qu'il tenait à propos de moi, je n'en connaissais qu'une seule et elle était déjà lourde à tenir, j'en étais certaine. Autant pour moi que pour lui, nos regards ne pouvaient mentir. Était-ce une question sur les promesses en général, ou en faisaient-elles aussi parties ? Une perle transparente s'était attardée sous ses cils, toute mon attention s'y était accrochée, avant qu'un clignement ne la fasse couler sur sa joue. Puis sa bouche mouva en  une toute autre tonalité envoûtante. « ♫ Your body's in sync to the beat of my heart ... » Les mots se changèrent en notes dans une langue familière, puis effleurèrent un esprit exalté par une sonorité anglo-saxonne qui le touchait plus que tout. Et sa voix grave coula à mes oreilles, redessinant sous mes paupières une scène, une nuit, une musique, une danse, des pas désinhibés et des corps à l'agonie. Une chaleur dévorante remonta le long de mes veines, de mes muscles tendus, enfonçant une pique violente au creux de mon ventre. Un frisson sous la pulsion animale qui me traversa, pulsion que je ne pouvais dominer. Elle alluma une flamme dans  un regard fauve, fixe et sûr de lui, échauffé par un homme à quelques centimètres de lui. J'étais assaillie.. Je sentais, ressentais, les sons, les caresses, le goût de ses baisers débridées.. Je déglutissais, détournant les yeux de lui, de son cou pâle et de sa veine battante, gonflée par sa voix qui portait sous la voûte abandonnée. Je haïssais son sex appeal presque inconscient. Prise au dépourvu, je glissai à ma gauche la fermeture du sac à main pendu à mon épaule, et en sortis un long foulard aux reflets bleutés, gris et rouge. Il déversa dans l'air humide, un parfum épicé mélangeant délicieusement vanille et cannelle. « Tu as une très belle voix.. mais il faut la protéger. » lui avouai-je, en me tournant vers lui. Je me décalais, me détachant du mur, avant de m'avancer, le tissu à la main. « Tiens.. Histoire que tu ne sois pas malade demain matin, monsieur le chanteur.. » continuai-je d'un sourire lent, trahissant les émotions sensuelles qui me parcourraient. Les prunelles caramel fondant dans les siennes, je me penchais dangereusement. Je sentais mon coeur s'emballer fébrilement, alors que mes doigts glissaient derrière sa nuque. Elle était plus chaude que je ne l'aurais cru.. J'y croisai les bouts du foulard pour le faire retomber le long du col de son costume. Je m'y attardais, sur l'étoffe moelleuse que j'étirais doucement autour de son cou. Elle camouflait une tentation, une des tentations que cet homme arborait et qui échappait désormais à mes yeux. Je m'installais nonchalamment en tailleur à côté de lui, lui faisant face. Je glissais les talons rouges vifs sous mes cuisses, resserrant comme je le pouvais les pans de mon manteau entrouvert, dissimulant les rondeurs féminines d'une femme enfiévrée. Je jetai des petits regards vers Jeha, tout en me remémorant les questions qu'il avait formulé un peu plus tôt. « Hmm.. Les promesses imposent toujours des limites, et des contraintes, bonnes ou mauvaises. Pour les bonnes promesses.. » commençai-je d'une voix douce et réfléchie. Je levai mon pouce en l'air d'une façon mignonne.. « Il y aura des embûches sur la route, comme pour tout le monde, mais au bout du compte, on sait que cette promesse c'est pour quelque chose que l'on veut, et que l'on désire vraiment. » Je repensais à celle que j'avais faite à mes parents sur mes études dans la mode, que je réussirais quoiqu'il m'en coûterait, promettant qu'ils seraient fiers de moi.. C'était une promesse importante, qui m'avait fait rapidement avancer et grandir. « Une promesse pour quelque chose qui nous fera du bien.. alors ça donne du courage, et on est motivé pour la tenir. » Une lueur s'alluma près de mes iris gonflés, plongés vers le sol grisâtre, cherchant mes mots dans quelques silences inconscients. Comme mon sourire sincère, perdu dans des souvenirs. Je relevais mes yeux vers lui, sortant de mes pensées, mordillant l'inférieure en une expression gênée de m'être égarée. Je levai ma main et abaissai le pouce vers le bas. « Pour les mauvaises promesses.. Je dirais qu'on ressent qu'elles sont mauvaises quand on a une gêne, une retenue.. et quand on a l'impression au fond de nous, qu'au final, ça ne nous sera pas bénéfique de la tenir. Qu'on ne sera pas bien ou heureux.. Que cela va à l'encontre de ce que l'on désire vraiment comme tu l'as mentionné.. Tu vois ce que je veux dire ? » lui demandai-je, ayant l'impression de m'embrouiller dans mes mots, bercée par une suave ébriété qui dansait avec ma voix rauque. « A quoi bon tenir une promesse qui nous fait mal hmm ? Sauf si c'est pour sauver quelqu'un, là encore ça serait assez compréhensible, mais la vie n'est pas un drama ! » affirmai-je  d'un petit rire discret, penchant la tête en arrière pour détendre une nuque qui me lançait. Je dessinais lentement un arc de cercle autour de celle-ci de ma chevelure ondulée, avant d'expirer d'aise et de focaliser mon attention sur le brun. « Et puis.. on a qu'une vie, alors pourquoi se torturer ? On devrait tous profiter. On raconte qu'il n'y a que ceux qui ont vécu un fort traumatisme dans leur vie, qui en ont réellement pris conscience.. Life is too short to be scared and not take risks. Every moment matters... Qu'en penses-tu ? » concluais-je en plongeant les prunelles dans ces ténébreuses pénétrantes, silencieuses et à l'écoute, tel le loup tapis dans l'ombre.

C'était vrai. On avait qu'une vie, une vie plus courte que l'on ne le pensait. Et on ne s'en rendait vraiment compte que dans les pires moments, quand celle-ci risquait de se terminer brusquement. Je passais les mains dans les boucles blondes humides, les amassant en un chignon flou. Les yeux fermés, mes pensées vagabondant sous l'ébriété qui me possédait, je jouais à assembler cette coiffure sans élastique avant de la relâcher. La chevelure glissa sur mes épaules, en un tumulte sauvage. Une mèche égarée habilla l'arête du nez jusqu'à ma bouche qui s'entrouvrit joyeusement. Je la balayai lentement puis l'entortillai distraitement autour de mon index. J'étais de bonne humeur.. Je ne savais pas vraiment pourquoi, mais j'étais bien.. La tête me tournait un peu, mais rien de bien grave. Mon souffle était chaud, mon coeur s'agitait puis se calmait, impulsif et tumultueux vis à vis d'un homme que je regardais distraitement. La clarté des lampadaires habillait ses traits, et je m'imaginais prendre une photo à cet instant, l'expression languissante vers le ciel aux étoiles égarées. Je dérivai sur le foulard noué autour de son cou, et je me souvenais, soudainement. Ce mouchoir en tissu dans lequel il avait enveloppé ma main blessée, qu'il avait noué aussi, d'une autre manière, dans d'autres circonstances. Le médecin chez qui il m'avait emmené par la suite, alors qu'il aurait pu me laisser comme cela, ou juste me déposer à l'entrée des urgences. Il semblait s'inquiéter de l'état de ma blessure dans la salle de bain aussi, cet ours bourru ! Je redressai l'un de mes genoux devant moi pour m'y appuyer, l'autre toujours plié en tailleur. Et cette affaire avec Steven Kim.. Ma mâchoire se contracta, sensible aux émotions qui remontaient brusquement, et que je ne voulais en aucun cas ressentir à nouveau. Instinctivement, je les effaçais, les atténuais, comme pour oublier une situation, un événement que je refusais encore d'admettre entièrement. Mais je retenais certaines choses plus que d'autres.. Le soulagement et le vide que j'avais ressenti en voyant Jeha à ce moment-là, la honte et la colère qui m'avaient envahis avec violence, et le contre-coup qui avait suivi.. Je penchais la tête, tout en continuant à l'observer. Et il était là, lui. Ce jour-là, et après. A sa façon, mais il était là, et m'avait aidé. A lui faire face et à lui faire payer ce qu'il nous avait fait, cet enfoiré. Et tout à coup, la vérité me prit de court, vive et juste. « Tu sais Jeha.. je voulais m'excuser. Depuis le début, je t'avais mal jugé. » murmurai-je avec reconnaissance, d'une voix douce et sincère. Depuis notre première rencontre, on ne s'était jamais vraiment entendu, se méprenant sans cesse l'un sur l'autre. Les malentendus auront fait partie de chacune de nos entrevues, jusqu'à cette fameuse bagarre dans la ruelle du Nymphéa.. J'inspirai et expirai, à la recherche des bons termes afin de déverser ce que j'avais sur le coeur, et ce que je pensais vraiment. C'était à ce moment là que je remarquai quelque chose dans ses cheveux de jais. Je m'y attardai, avant d'y avancer lentement la main, puis assez facilement, jusqu'à atteindre le petit bout de feuille qui s'y était niché sous le coup de vent de tout à l'heure. « En fait.. t'es un homme cool.. Non euh cooool c'est pas vraiment le mot que je voulais choisir.. » fis-je un brin taquine, l'index sur mon inférieure, démontrant un instant de réflexion de ma part. En croisant son expression, je lui montrai ce que je lui avais enlevé, avant de me repencher vers lui, remarquant qu'il y en avait encore. « Attends ne bouge pas.. Non, toi.. Toi t'es un homme droit.. Quelqu'un de bien et tu vois.. j'crois que c'est pour ça qu'au final, malgré ton caractère compliqué, car faut le dire, t'es emmerdant parfois.. Bein je t'apprécie ! » avouai-je en remuant le menton de haut en bas. « .. Vraiment.. » susurrai-je, les coins des pulpeuses s'étirant délicatement.. Je l'appréciai. Ce n'était pas juste sexuel, il n'y avait pas que ce désir dévorant.. Je l'appréciai en tant que personne et pour les actions qu'il avait faites jusque là. Bien qu'il demeurait encore à mes yeux quelqu'un d'assez mystérieux et imprévisible. Je fis valser dans l'air les verdures coincées dans ses cheveux d'une petite pichenette, avant de m'y attarder.. Le bout de mes doigts effleurèrent quelques mèches brunes, humides, soulignant son regard marqué et profond dans lequel je me plongeai quelques secondes.. L'air se raréfia, et je balayai son visage de mes cils, me tournant vers la rue où l'averse semblait s'être atténuée. « Oh on dirait que la pluie s'est arrêtée, on va pouvoir rentrer ! » lui lançais-je, en me relevant instantanément sur mes deux pieds.

J'époussetai le long vêtement qui me couvrait, avant de quitter la voûte pour la rue déserte. Et je fus surprise par les fines gouttelettes qui perlaient encore de la nuit à la température adoucie. L'averse ravageuse s'était métamorphosée en petite bruine rafraîchissante, qui adoucissait les rougeurs de mes joues ainsi qu'un corps à l'avidité retenue. Je levai le visage vers le ciel, m'abreuvant des perles glacées du bout de la langue. Les nuages étaient presque partis, je pouvais voir quelques étoiles, les constellations énigmatiques.. Je dessinai celle de la grande ourse d'un doigt pointé vers le monde d'en haut, mordillant mon inférieure d'un air concentré. Et puis, prise dans mon engouement, je me mis à tourner sur moi-même, perdue dans l'immensité de l'espace, m’enivrant de cette brume d'eau aussi légère qu'apaisante, qui se déversait sur moi. Je fis disparaître les mains dans les longues manches, la gauche s'agrippant aux pans du manteau qui valsait autour de moi. Je lançais des petits regards à Jeha comme pour l'inciter à venir me rejoindre, lorsque tout à coup, l'un des lampadaires s'éteignit à quelques mètres de là où je me trouvais. Abasourdie, je m'arrêtai aussitôt dans mon mouvement, littéralement aux aguets, la tête levée vers celui qui venait de tirer sa révérence. Et les paroles claquèrent dans ma tête, et contre une langue qui la fit résonner presque instinctivement, en un écho singulier.. « .. It's really late, you're getting closer and the lights off.. » Les lumières étaient entrain de s'éteindre, et nous étions là tous les deux.. « Your body is in sync to the beat of my heart.. » C'était cette phrase qu'il avait dit tout à l'heure, la plus sensuelle, la plus imagée.. Ma main relâcha le manteau, la paume s'étirant sur une poitrine aux battements irréguliers, lents, bouillonnants. De profil, je me tournai lentement en direction de Jeha, abrité par les arches du bâtiment où nous avions trouvé refuge. « .. And I can feel your nature rising wild and wild on you.. » articulai-je sensuellement, en ne me focalisant que sur lui, et rien d'autre. Alors, Jeha.. Est-ce que tu sens quelque chose de sauvage monter en toi ? Car cette chanson résonne en nous depuis cette nuit, et je ne suis pas sûre de vouloir résister à la justesse de son pouvoir... Off the wall, body to body, you and I..             
  

 

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