Elle n'est pas déçue, seulement un peu. Elle voulait refaire avec lui toutes ces choses que les couples font pour de grands occasions. Mais elle ne pouvait pas lui en vouloir. Il avait la rare possibilité de passer une soirée en la compagnie de sa famille et c'était sans doute bien plus important qu'un petit temps avec elle, entre amoureux, se disait-elle. Parce que Noël ne se fêtait qu'une fois dans l'année et qu'elle, et bien elle serait pour tous les autres jours où il voudrait bien la voir, elle avait toujours eu ce côté un peu trop altruiste Nana, à faire passer les autres avant de penser à elle.

Il ne répondit pas à sa proposition. Il l'esquiva habilement, quoique pas assez pour que Nana tombe dans le panneau malgré sa candeur. Elle se disait que ce n'était pourtant pas son genre d'ignorer ce qu'elle disait, ce n'était pas lui, elle le savait. Et, il vint avec une contre-proposition qui, lui faisant comprendre qu'elle avait eu raison de ne pas douter trop longtemps de lui, lança un bug dans le système-nana, ses yeux clignotants comme les guirlandes lumineuses accrochées aux devantures représentant les multiples fenêtres debug qui s'ouvrent et qui pop-up sans jamais vouloir s'arrêter.

Il parla beaucoup. Tellement que de temps à autres Nana décrochait. Tellement qu'elle se demandait, un peu anxieuse si elle devait l'arrêter, si elle ne le faisait s'il le ferait un jour de lui-même et si, par malheur s'il couvait une surdose de tension à laquelle elle n'était ni préparée, ni n'avait été formée.

Et en même temps.
Tout ce qu'il disait consistait à se rabaisser tandis qu'il la surélevait sur un piédestal que vraiment, elle ne méritait pas. Idiot. Stupide. Loser. Chaque fois, il était un peu plus dur avec lui-même, et elle captait les signaux de détresse, ils lui allaient droit au cœur et elle n'aimait pas ça. Le savoir comme ça. Constamment dans le doute, à se persuader qu'il ne valait rien alors qu'elle était tombée amoureuse de lui, comme jamais et qu'il était ce qu'elle avait de plus essentiel.

« Gosh... it amazes me to see how much I can speak with you... » A présent, il avait les joues gonflées comme un petit écureuil et ce regard complètement à découvert, pas forcément intimidé, mais au moins nerveux qu'elle ne lui avait, très honnêtement, jamais connu. Et ce silence d'un coup, c'était apaisant et pesant. « Je viendrai. » Elle dit de sa petite voix, n'opposant aucune résistance, elle n'avait de toute façon pas besoin de beaucoup pour qu'il la convainque d'un trop grande nombre de choses. « Je viendrai pour Noël, j'ai vraiment envie, j'en serais ravie. » Elle sourit timidement, pinçant ses lèvres, regardant avec ses grands yeux pétillants le sushi qu'il avait déposé dans son assiette en remplacement de l'autre, qui n'avait pas survécu au sushi-gate. « Hé, Ni-kun... » Elle repose ses baguettes, venant plaquer ses deux mains sur ses cuisses, faute de savoir ce qu'elle devait en faire. « T'es pas un idiot. T'as le droit de faire des erreurs et je sais que c'était pas bien ce que tu as fait, mais tu le sais aussi. Je ne vais pas t'en vouloir toute ma vie pour ça, ce ne serait pas juste. Peut-être bien que tu ne prenais pas notre relation au sérieux au départ... Alors, j'aurais toutes les raisons du monde de t'en vouloir aujourd'hui, si tout ça se reproduisait alors que les choses recommencent sur des bases solides. » Ah, elle s'était faite avoir dans l'histoire, presque autant que lui. Il ne pensait pas s'enticher pour elle, et elle avait cru voir la fin du monde arriver lorsqu'elle lui avait tourné le dos. « Si tu n'étais pas sérieux avant, j'ai toutes les raisons de croire que tu l'es maintenant. Alors peut-être que j'ai tort je ne sais pas... ce ne serait pas la première fois et ce ne sera sûrement pas la dernière fois que j'aurais tort. » Un vague sourire glisse sur ses lèvres, un peu distraite, tandis que ses coudes se posent sur la table, même si ce n'est pas poli et que son menton se dépose au creux de ses paumes de main. « Mais je te fais confiance. » Simplement lui dire qu'il n'était pas stupide, ce n'était pas assez. Nana, c'était cette fille qui apaisait les consciences par sa présence lumineuse et sa bouille adorable. Elle restait là, silencieuse à écouter les gens, leur répondant à peine, rougissant de timidité, la plus adorable de toutes les psychologues, gratuite et mignonne en prime. Sauf que là, ce n'était pas pareil. Un premier navire avait coulé, elle ne voulait pas que Nicky sombre avec. Pas Nicky. Pas le sien. Alors, elle avait mit sa timidité de côté, quoi que jamais bien loin, elle parlait avec tant de fragilité que sa confiance en elle menaçait de s'évanouir à tout moment. Mais elle n'avait jamais été aussi sûre de rien, de toute sa vie. « Alors si moi j'ai confiance en toi, est-ce que toi aussi tu pourrais avoir confiance en toi ? »

Il n'avait pas besoin d'être une nouvelle personne. Une meilleure personne. Il avait juste besoin d'être lui, sans artifice et sans sabotage. Et si elle avait réussi à voir ce qu'il y avait de plus beau en lui, de plus craquant et d'intéressant, il n'y avait aucun raison pour que lui n'y arrive pas.

« Je suis la seule à avoir le droit de dire que j'aime un idiot. » Le feu aux joues, elle baisse les yeux avec ce petit sourire que le concept même de la cutance lui envie.