Sangjae était parti. Et depuis, bago avait débuté une véritable descente aux enfers. Ça avait commencé il y a quelques jours, puis ça semblait s’être éternisé sur des semaines. Le gosse avait mis sa vie entre parenthèses en prêchant sans cesse le désespoir, et pourtant les mots d’ivy continuaient de raisonner dans sa tête. Il fallait qu’il se relève, il ne pouvait certainement pas continuer à pleurer sur son sort. Jae n’était qu’un mec, et s’il l’avait aimé de toute son âme, ce serait lui offrir ce qu’il voulait de souffrir. Alors, il y a de cela 4 jours, le tatoueur a recommencé à réfléchir à son projet d’ouvrir son propre salon d’arts qui mêleraient travail et galerie. Il gagnait assez bien sa vie avec ses dessins et ses œuvres, alors il savait pertinemment qu’il arriverait à voler de ses propres ailes facilement. Sa mère, si cruelle et stupide était-elle, avait bien choisi, pour une fois, et s’était décidée à financer une partie du projet. Le coréen devait remonter la pente, et un rêve qui se concrétise accompagné d’une affaire qui roule n’étaient pas de trop pour l’aider à oublier tout ça. Alors bago s’est bougé le cul, il a appelé des agences, entamé des visites et finalement est devenu propriétaire d’un bijou délabré en plein cœur de séoul. Là, tout le monde pourra le voir, tel le principe qu’il avait cessé d’être mais qui revient. On n’achevait pas bago, on le rendait plus fort à chaque fois ; et ça, peu de personnes semblaient l’avoir compris.

C’est finalement sur un conseil avisé qu’il avait contacté un architecte car, bien qu’il avait énormément d’idées sur l’agencement, il savait pertinemment qu’il était souvent dans la folie et que donc, parfois tout n’était pas réalisable.

Bago marche dans la rue, observe d’un sourire sadique, les personnes autour de lui, toujours cet air de défi dans les yeux alors qu’il arrive à l’endroit de rendez-vous. De leur naturel pervers et charismatique, ses pupilles ne peuvent s’empêcher de scruter au loin le physique de son choix premier : et, mise à part la veste de mauvais goût, on pouvait juger là que ce mec, devait vraiment être beau à poil. Le brun balance une épaule avant de s’avancer vers lui, le fixant un moment scruter sa bâtisse à lui avant de claquer des doigts : bingo, c’est son architecte au charmant fessier qui va s’occuper de sa commande.

« - bago. » sort instinctivement l’étudiant avant de s’incliner très peu vers l’avant en guise de salut, des plans sous le bras. Il attrape ses clés sans un mot d’abord, tentant de contenir son mode ‘drague lourde’ qui tente de sortir de son esprit pour prendre possession de son corps, et finalement, c’est dans un grand éclat, que la porte en verre s’ouvre. Le tatoué entre, et après lui, sa remarque dérisoire mais amusée « - si j’avais su que c’était vous, je n’aurai pas mis autant de temps pour venir. » avoue-t-il dans un sourire narquois alors que ses yeux le fixent de haut en bas, comme s’ils se permettaient un tour du propriétaire. « - un verre peut-être ? » on ne pouvait pas dire que la météo était écrasante de chaleur, mais à l’intérieur du cocon, la température était toujours intenable.

On aurait dit un scénario bidon d’un film pour adulte. Un architecte qui se pointe et qui finit par visiter le corps de son client plutôt que le lieu prédit. Bago avait envie de pouffer de rire à cette simple idée qui, en temps normal, ne lui aurait pas déplu. Et, bien qu’il ait le cœur à se chamailler, une pensée s’envola pour celui qui avait fichu le camp depuis peu et qui ne cessait de trotter dans sa cervelle. Il n’avait rien à voir avec hwan, qui avait cette naïveté qu’ont à peu près tous les hétéros même les plus sombres. Ils ne connaissaient pas tout, pas comme bago le pouvait en tout cas, lui qui s’était déjà délecté de tous les genres possibles. M’enfin, ça le faisait rire.

Le tatoué ne répondit guère aux nombreuses remarques innocentes de son accompagnateur, il connaitrait bien assez tôt les intentions du plus jeune bien qu’elles ne soient pas son life goal. Il n’en avait cure ; il voyait un beau garçon devant lui alors il essayait de le séduire, c’était tout.

L’étudiant disparut finalement quelques secondes pour revenir plus tard avec deux bières glacées dans les mains. la pièce ici était totalement vide mais le frigo avec les quelques boissons étaient bien là. Bago avait un sens des priorités un peu étrange mais ça, tout le monde l’avait remarqué. Il se servit de ses dents pour décapsuler les deux bouteilles et en tendit une à hwan « - alors considère moi comme une connaissance et non comme un client, de toute façon je paierai le prix demandé. A moins que tu ne tiennes tellement pas l’alcool qu’une pauvre bière te met par terre mh ? » mais il en doutait sérieusement. Hwan avait un air un peu perdu mais ça se voyait dans sa démarche coulée que c’était un fêtard, le genre qui n’était pas sorti depuis longtemps mais qui était habitué aux soirées quand même. « - puis tu me seras bien plus utile vivant que desséché. » lança ironiquement bago alors qu’il se glissa contre ce qui semblait être le comptoir d’un ancien bar.

Le sourcil droit du garçon se haussa alors qu’il tourna la tête pour inspecter rapidement la pièce. Ouais, faire le tour du propriétaire ; voilà bien une phrase qu’un acteur porno pourrait placer dans un de ses films. On aurait presque dit que c’était fait exprès. « - de quel tour du proprio tu parles ? » d’ici ou de celui du ténébreux ? le philosophe craqua un petit sourire sadique ; il savait pertinemment qu’il ne faisait ni chaud, ni froid à son architecte, mais ça l’amusait tellement de le faire tourner en bourrique : pour le peu qu’il comprenne, mais bon : une main aux fesses ça veut tout dire non ?

Bago était tombé sur un drôle d’oiseau. Le genre sympa mais qu’il n’arrivera pas à atteindre. Ce n’était point là son but. Son cerveau et ses mots étaient dans le rentre dedans mais son cœur était bien ailleurs. Ce n’était pas bien grave, puisque de toute façon le tatoué avait d’autres chats à fouetter ; comme l’ouverture de son salon par exemple ? il l’avait presque oublié celui-là. Le gamin porta la bière à sa bouche pour en savourer la mousse d’abord, fixant le plafond le temps de boire avant de poser la boisson sur le bar, ricanant comme une sale teigne quand il eut constaté que la descente de hwan était bien au-dessus de ce à quoi il daignait s’attendre. « - wow. » lâcha-t-il presque trop instinctivement alors que le plombier ou l’électricien … qu’était-il déjà ? s’éloigna pour aller frapper sur les murs qui rapetissaient la pièce. Pas très réceptif pensa un instant bago avant de s’assoir à côté de la bière, les jambes se balançant chacune leur tour. « - ben. C’est pas un endroit pour faire la fête, mais, je vais exposer et faire des cocktails. Puis y a la pendaison de crémaillère aussi ; gros bordel. » oh que oui. L’étudiant n’avait pas vu ses amis depuis longtemps alors il comptait sur eux pour répondre à ses nombreuses invitations : la murge était certainement au rendez-vous, pour oublier. « - faudra qu’tu viennes. » déclara bago alors qu’il remettait le col de son t-shirt correctement, parlant presque sur le ton d’un môme qui allait fêter son quinzième anniversaire.

Une main derrière lui, l’autre toujours occupée à s’inspecter, il arqua un sourcil sous la confusion avant de se mettre à rire sous les préjugés (vrais ?) déployés aussi naturellement. « - ben disons que. Toi si t’entres dans un salon de tatouage et que tu vois rien sur ton tatoueur, tu s’rais pas inquiet ? » ; « - puis j’sais pas, souvent les gens font ce qu’ils aiment donc le portent sur eux. Comme quelqu’un qui vend des bijoux tu vois. »

« - mais… » il pouffa de rire et s’allongea un peu maladroitement sur le bar, le ventre en plein contact avec le blanc glacé. « - si tu veux vraiment savoir la vérité, pourquoi qu’tu reviendrais pas par ici hein ? » même bago ne sut pas s’il était sérieux sur le moment ; il n’avait tellement plus rien à perdre qu’il se permettait un peu n’importe quoi. toute façon hwan ne pouvait pas fuir, il avait déjà été payé pour ce rendez-vous, et peut-être pour les nombreux autres après.