Cerbère, Dr Jekyll & Mr Hyde | ft An Seo
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Cerbère, Dr Jekyll & Mr Hyde | ft An Seo | Jeu 15 Fév - 2:27 Citer EditerSupprimer
Cerbère, Dr Jekyll & Mr Hyde
An Seo, Lenny & Iggy
Lenny
TENUE | Je saluai poliment le jeune homme qui tenait l'accueil, avant d'ouvrir la porte, m'engouffrant à l'extérieur. La fraîcheur hivernale me frappa de plein fouet, fouettant mon cou et mon visage mis à découverts. La silhouette du cinéma se dessinait derrière moi. J'avais eu envie d'aller voir un film, un film en VO, entièrement en anglais. Je n'avais bien-sûr pas eu besoin de suivre les sous-titres, étant ma langue maternelle tant adorée. Je m'étais perdu dans les dialogues aux sonorités familières, presque chantantes. Une envie m'avait pris, soudainement, de voir un film en version originale comme on dit et avec tous les cinémas qu'il y avait à Séoul, je n'avais pas eu de mal à trouver. Je pensais que celui-ci serait meilleur, qu'il m'aurait pris aux tripes, passionné ! Il m'avait juste donné envie de voyager à Paris, d'y voir l'opéra et leur grand théâtre, mais rien d'autres. C'était déjà bien. Mais j'avais aimé cela, étonnamment. Sans doute parce qu'à certains moments, j'avais fermé les yeux pour mieux profiter des mots anglo-saxons, de leur musique assez élégante, de cet accent si particulier, souvenirs de mon enfance.. Je m'étais un peu perdu dans cette salle, nous n'étions que cinq, et moi, je fermais les yeux en oubliant la vue de certaines scènes, mais en comprenant la moindre émotion de par les paroles qui chatouillaient mon esprit envoûté. C'était dans ces moments-là que je me rendais compte à quel point mes racines me manquaient.. Je relevais le col beige de mon manteau en laine, le resserrant autour de ma gorge. Mon souffle se reflétait dans l'air, blanchâtre, à l'haleine sucrée. Les derniers bonbons colorés vinrent titiller le sens affûté de ma langue, leur emballage terminant leur chemin dans une poubelle au coin de la rue. Exceptionnellement, j'en avais pris aujourd'hui. Cela ne me ressemblait pas vraiment, à vrai dire c'était plus une habitude de Iggy.. M'influençait-il ? C'était bien possible. Ne me préoccupant pas plus de cela, je balayai naturellement la grande rue des yeux, remarquant que la plupart des vitrines des magasins étaient harmonisées dans un camaïeu de rouge, annonçant sans le moindre doute le grand événement des amoureux : la saint valentin. N'étant pas en couple, et n'éprouvant pas spécialement le besoin de l'être, je ne ressentis aucune émotion face à cet engouement incroyable du pays tout entier. La seule pensée qui me traversait à cet instant, était celle de rentrer à la fraternité et de préparer la prochaine réunion que moi et Sae Yeon allions avoir avec le président du conseil d'administration pour notre club de théâtre. Il y avait encore tout un tas de choses à voir et à débattre, surtout sur la question du budget annuel. Mes pas m'éloignèrent de l'avenue principale au teint carmin, disparaissant dans une ruelle, à l'angle d'un délicieux restaurant de Jajangmyeon où j'étais allé il y a quelques jours avec Dambi. Je réfléchissais déjà à ce que j'allais devoir faire en rentrant, peut être prendre une douche avant que tout le monde ne soit rentré, la queue était parfois interminable avec certains ! Et je serais peut être plus détendu pour me mettre à travailler..
Mes pensées continuèrent à vagabonder, réfléchies et solitaires. Je croisai trois hommes qui, alignés les uns à côté des autres, me frôlèrent. L'un me percuta l'épaule, ou était-ce moi ? Par réflexe, je m'excusai en premier, poliment, avant de continuer ma route. Quelques pas, peut être quatre mètres, lorsque j'entendis scander dans mon dos « Hey toi ! ». Instantanément, je m'étais arrêté net, puis retourné vers l'homme qui me dévisageait. « Ouuuais toi.. On se connaît.. » continua t-il. Je fronçai les sourcils, détaillant ses traits qui ne me disaient absolument rien du tout. Et quand mon instinct me criait "au déjà vu" pour ce genre de situations, je répondis presque machinalement « Non. », calme et honnête. Une négation qui ne sembla pas plaire à mon interlocuteur qui se rapprocha de moi, en pointant son doigt en l'air. « Est-ce que tu insinuerais que je suis un menteur ? » Papillonnant des paupières, parfaitement pacifique, je ne comprenais décidément rien à la situation. « Je ne dis pas que vous êtes un menteur, mais que vous devez vous méprendre. » objectai-je, avant qu'il ne laisse échapper un rire mauvais. « Si, c'est bien toi.. Toujours aussi arrogant.. » J’arquai aussitôt les sourcils. Iggy. C'était sans doute lui qu'il avait déjà rencontré. Combien de fois avais-je déjà connu ce genre de situations ? Le genre de situations où vous ne savez pas vraiment où mettre les pieds, puisque nous n'avez aucune connaissance du contexte. Rester évasif et faire croire que je n'avais pas bonne mémoire étaient souvent de bonnes méthodes. Mais il fallait au moins que j'ai des bases sur lesquelles rebondir. Et cette fois-ci, j'avais décidé de prendre la solution favorite de Iggy, avec l'espoir de pouvoir peut être arrangé les choses. Car cet homme ne semblait pas vraiment le porter dans son coeur.. « Ecoutez, pour être honnête, j'ai un jumeau quelque peu.. impétueux, et je pense que c'est de lui que vous parlez. Donc, veuillez m'excuser à sa place si il vous a causé du tort. » Je m'inclinai légèrement devant lui, geste qui sembla le surprendre car il fit un pas en arrière, ses bras se crispant. « Je dois vous laisser, je suis attendu. » concluais-je, me détournant de lui pour reprendre la route jusqu'à la maison des loups. Mais il n'était pas de cet avis de me laisser m'en aller. En quelques enjambées, il s'interposa brusquement devant moi. « Wow wow.. Jumeaux, hein ? Ce n'est pas un peu trop facile comme excuse ? Tu me prends vraiment pour un con en fait ? » Non, mais si il connaissait la vraie raison, cela m'étonnerait qu'il l'accepte aussi. J'avais senti que les deux autres hommes étaient désormais dans mon dos. J'étais encerclé. Il posa sa main sur mon épaule et me repoussa en arrière, une fois, deux fois, trois fois, un geste répétitif se voulant agaçant, tout en continuant de parler. « Ecoute-moi bien.. Moi, tout ce que je veux, c'est récupérer mes 1 400 000 wons ! Car je sais que tu as triché à notre dernière partie de poker, espèce de petit connard ! » Mes yeux s'étaient agrandis. Il avait gagné une aussi grosse somme ? Mais comment avait-il fait ? Il avait commencé à apprendre à jouer il y a de cela plusieurs mois et il semblerait qu'il se soit plus amélioré que je ne l'aurais cru. « Ahh il est doué.. » laissai-je échapper, plus pour moi-même, mais finalement assez fort pour être entendu malgré moi. Je me rendis compte de mon erreur trop tard en croisant le regard furieux qui s'enflamma en face de moi. Le coup était parti avec une telle rapidité que je ne l'avais pas vu venir, s'enfonçant brusquement au creux de mon estomac. Mon corps se plia instantanément en deux, le souffle coupé, la toux m'assaillant par surprise. Il se pencha vers moi, je pouvais sentir son haleine nauséabonde envahir mon air. J'avais fini par me redresser, bien difficilement.. « Je vous répète que vous faites erreur ! Ce n'était pas moi, c'était- ! » Le second m'atteignit en pleine figure, son poing se fracassant contre l'ossature anguleuse. La réponse avait été interrompue dans une douleur vive et presque assommante. L'impact me bascula violemment sur ma droite, j'en perdis l'équilibre, finissant par me rattraper au mur grisâtre qui lui, ne s'effondra pas sous mon poids. Je portai ma paume glacée contre ma joue, déstabilisé, alors qu'ils avançaient. « Toi.. Lui.. peu importe. Si c'est toi, tu auras saisi le message, et si c'est lui.. Et bien.. On va lui envoyer un message clair.. » Et il attaqua. Il attaqua avec force et brutalité. Avec une envie perverse de faire mal. Et je faisais un piètre adversaire. Je tentais d'éviter. J'y arrivais, parfois, mais manquais de vivacité, de hargne ou peut-être, tout simplement, de plaisir à me battre.. Je n'étais pas comme ça, ce n'était pas dans ma nature. Il m'atteignit, plusieurs fois, et je défendais plus que je n'attaquais. Je ne m'en rendais même pas compte. Je faisais corps avec le mur, nous n'étions plus qu'un, jusqu'à ce que je finisse à terre. Et à chaque coup qu'on m'asséna, les battements de cœur s'intensifièrent, frappant plus fort contre mon torse. Je pouvais les sentir dans mes veines échauffées, gonflées sur des avants-bras crispés. Des coups de pied.. Ils étaient deux à m'en donner et les souvenirs m'accablèrent, les uns après les autres. Ceux de l'adolescence, l'étranger, la grande perche, le silencieux, le bizarre.. et les harcèlements qui allaient avec. Je manquais de souffle, je retenais les plaintes de douleur mais ma respiration devenait de plus en plus hachée. Je voyais trouble, je ne me sentais pas bien, comme si.. je me sentais partir. Comme si j'allais perdre connaissance. Mon corps se relâcha peu à peu, les muscles se détendirent et mes yeux roulèrent sous les paupières. Soudainement, une flamme. Une flamme s'alluma dans mon esprit. Elle dégageait une aura.. colérique et froide, je la craignais presque. Et pourtant, elle m'était si familière que je n'en ressentis qu'un léger frisson lorsqu'elle m'absorba. Elle était chaude, chaleureuse, rassurante. Et je m'y endormis dans le noir le plus complet.. Dans mon inconscience, je ne m'étais même pas rendu compte que quelqu'un venait d'interrompre la bagarre..
Un goût âpre sur ma langue. Du sang. Génial, mais assez inattendu. Le sol était froid, et dur, rien à voir avec le lit dans lequel je me réveillais presque à chaque fois que Lenny s'endormait. J'entendais les voix d'hommes qui parlaient fort, résonnant dans mon crâne fracassé par tout un tas d'informations que je n'arrivais pas à comprendre. J'ouvrai les yeux, les plissant, avant d'appuyer mes mains sur le sol pour difficilement me redresser. Je m'adossai contre le mur derrière moi, essayant de reprendre un peu mes esprits. Car si je ne partageais que de très rares souvenirs avec Lenny, ne me permettant guère de savoir ce que je faisais ici, je pouvais par contre ressentir. Ressentir ses sentiments, ses sentiments qu'il m'avait transmis en disparaissant. De la peur, de l'angoisse, des émotions qui glissèrent dans chaque parcelle de mon corps éreinté, et que je détestais ressentir plus que tout. Une faiblesse qui m'avait fait maintes fois revenir dans sa peau, à la rescousse. Ces émotions percutèrent les miennes, et provoquèrent en moi, une colère noire et ravageuse. Mon dos glissa contre le béton, mes jambes élancées me relevant de toute ma hauteur. Je discernais au loin trois silhouettes auxquelles je ne prêtais que peu d'attention. Seulement à l'homme qui était devant moi et me tournait le dos, du sang perlant sur son poing ouvert. Aucune hésitation ne m'effleura. J'attrapai son épaule et le retournai subitement. Il n'avait même pas eu le temps d'exprimer la moindre émotion sur son visage, tant ses traits furent déformés sous le crochet du droit que je venais de lui asséner. La douleur cette fois-ci, était celle déclenchée par l'attaque et non par la défense, et elle n'en était que plus plaisante.. Il recula de plusieurs pas, avant de me dévisager, littéralement ahuri. « .. C'est toi qui m'a frappé ? » lâchai-je, d'une voix rauque et menaçante. « Espèce de connard, rends-moi mon argent ! Rends-moi les 1 400 000 wons !!! » gueula t-il comme un fou, en fonçant tête baissée dans ma direction. Et puis, je réalisai enfin qui était ce mec. Un homme qui avait lui aussi participé à une partie de poker la semaine passée et j'avais remporté à son plus désespoir la plus grosse mise ! Comment avait-il trouvé Lenny ? Et surtout, comment avait-il osé le toucher.. Vif et réactif, je venais d'éviter son premier coup, puis son second, qui se perdirent dans l'air hivernale. Un troisième me frôla. Une étincelle hargneuse éclaira mes prunelles sombres, alors que j'étirai ma jambe de toute sa longueur. Mon pied s'enfonça brutalement dans son ventre, assez pour le stopper quelques secondes. Une seconde tout au plus en réalité, avant de lui attraper la tête, et lui éclater son nez d'un brutal coup de genou bien placé. J'avais senti, entendu le craquement. Lui l'avait hurlé. Il tomba en arrière et je le lorgnai entrain de gesticuler comme un ver sur le goudron. Ma silhouette longiligne à l'aura bestiale le contourna, jusqu'à finir par s'asseoir sur sa poitrine. Voilà que je chevauchai un ver maintenant ! Mais alors qu'il remontait ses mains vers ma gorge, mes poings frappèrent à nouveau. Encore et encore. Son visage partait de droite à gauche, dans un va et vient effréné, irascible. Et quand la satisfaction me gagna, un peu, pas assez.. ou plutôt ma conscience chatouillante, j'attrapai son col et me penchai vers lui. « .. Cet argent, il m'appartient. Alors, t'as pas intérêt à rejouer les mauvais joueurs avec moi car si tu oses retoucher à ce visage.. t'es mort. On s'est compris ? » lui lançai-je, yeux dans les yeux, le genre de regard qui affirme que tu ne plaisantes pas. Des prunelles sombres comme la nuit, aux pupilles dilatées par l'excitation de la chasse. Et pourtant, un sourire jovial, carnassier déchira mes lèvres blessées, alors que je lui donnais une petite claque sur la joue. C'était à ce moment-là que je tournai la tête sur le côté, pour enfin apercevoir.. « .. Yah, Cho An Seo, c'est toi ? Tu regardais ou t'es venu m'aider ? » m'écriai-je familièrement à mon aîné, le saluant d'un mouvement de main amical, toujours nonchalamment assis sur l'homme presque inconscient. J'étais à peine au courant pour les deux autres. « Je savais que tu serais parfait en chevalier en armure pour carnaval ! » plaisantai-je, avant d'enjamber le corps afin de me relever.
Mes pensées continuèrent à vagabonder, réfléchies et solitaires. Je croisai trois hommes qui, alignés les uns à côté des autres, me frôlèrent. L'un me percuta l'épaule, ou était-ce moi ? Par réflexe, je m'excusai en premier, poliment, avant de continuer ma route. Quelques pas, peut être quatre mètres, lorsque j'entendis scander dans mon dos « Hey toi ! ». Instantanément, je m'étais arrêté net, puis retourné vers l'homme qui me dévisageait. « Ouuuais toi.. On se connaît.. » continua t-il. Je fronçai les sourcils, détaillant ses traits qui ne me disaient absolument rien du tout. Et quand mon instinct me criait "au déjà vu" pour ce genre de situations, je répondis presque machinalement « Non. », calme et honnête. Une négation qui ne sembla pas plaire à mon interlocuteur qui se rapprocha de moi, en pointant son doigt en l'air. « Est-ce que tu insinuerais que je suis un menteur ? » Papillonnant des paupières, parfaitement pacifique, je ne comprenais décidément rien à la situation. « Je ne dis pas que vous êtes un menteur, mais que vous devez vous méprendre. » objectai-je, avant qu'il ne laisse échapper un rire mauvais. « Si, c'est bien toi.. Toujours aussi arrogant.. » J’arquai aussitôt les sourcils. Iggy. C'était sans doute lui qu'il avait déjà rencontré. Combien de fois avais-je déjà connu ce genre de situations ? Le genre de situations où vous ne savez pas vraiment où mettre les pieds, puisque nous n'avez aucune connaissance du contexte. Rester évasif et faire croire que je n'avais pas bonne mémoire étaient souvent de bonnes méthodes. Mais il fallait au moins que j'ai des bases sur lesquelles rebondir. Et cette fois-ci, j'avais décidé de prendre la solution favorite de Iggy, avec l'espoir de pouvoir peut être arrangé les choses. Car cet homme ne semblait pas vraiment le porter dans son coeur.. « Ecoutez, pour être honnête, j'ai un jumeau quelque peu.. impétueux, et je pense que c'est de lui que vous parlez. Donc, veuillez m'excuser à sa place si il vous a causé du tort. » Je m'inclinai légèrement devant lui, geste qui sembla le surprendre car il fit un pas en arrière, ses bras se crispant. « Je dois vous laisser, je suis attendu. » concluais-je, me détournant de lui pour reprendre la route jusqu'à la maison des loups. Mais il n'était pas de cet avis de me laisser m'en aller. En quelques enjambées, il s'interposa brusquement devant moi. « Wow wow.. Jumeaux, hein ? Ce n'est pas un peu trop facile comme excuse ? Tu me prends vraiment pour un con en fait ? » Non, mais si il connaissait la vraie raison, cela m'étonnerait qu'il l'accepte aussi. J'avais senti que les deux autres hommes étaient désormais dans mon dos. J'étais encerclé. Il posa sa main sur mon épaule et me repoussa en arrière, une fois, deux fois, trois fois, un geste répétitif se voulant agaçant, tout en continuant de parler. « Ecoute-moi bien.. Moi, tout ce que je veux, c'est récupérer mes 1 400 000 wons ! Car je sais que tu as triché à notre dernière partie de poker, espèce de petit connard ! » Mes yeux s'étaient agrandis. Il avait gagné une aussi grosse somme ? Mais comment avait-il fait ? Il avait commencé à apprendre à jouer il y a de cela plusieurs mois et il semblerait qu'il se soit plus amélioré que je ne l'aurais cru. « Ahh il est doué.. » laissai-je échapper, plus pour moi-même, mais finalement assez fort pour être entendu malgré moi. Je me rendis compte de mon erreur trop tard en croisant le regard furieux qui s'enflamma en face de moi. Le coup était parti avec une telle rapidité que je ne l'avais pas vu venir, s'enfonçant brusquement au creux de mon estomac. Mon corps se plia instantanément en deux, le souffle coupé, la toux m'assaillant par surprise. Il se pencha vers moi, je pouvais sentir son haleine nauséabonde envahir mon air. J'avais fini par me redresser, bien difficilement.. « Je vous répète que vous faites erreur ! Ce n'était pas moi, c'était- ! » Le second m'atteignit en pleine figure, son poing se fracassant contre l'ossature anguleuse. La réponse avait été interrompue dans une douleur vive et presque assommante. L'impact me bascula violemment sur ma droite, j'en perdis l'équilibre, finissant par me rattraper au mur grisâtre qui lui, ne s'effondra pas sous mon poids. Je portai ma paume glacée contre ma joue, déstabilisé, alors qu'ils avançaient. « Toi.. Lui.. peu importe. Si c'est toi, tu auras saisi le message, et si c'est lui.. Et bien.. On va lui envoyer un message clair.. » Et il attaqua. Il attaqua avec force et brutalité. Avec une envie perverse de faire mal. Et je faisais un piètre adversaire. Je tentais d'éviter. J'y arrivais, parfois, mais manquais de vivacité, de hargne ou peut-être, tout simplement, de plaisir à me battre.. Je n'étais pas comme ça, ce n'était pas dans ma nature. Il m'atteignit, plusieurs fois, et je défendais plus que je n'attaquais. Je ne m'en rendais même pas compte. Je faisais corps avec le mur, nous n'étions plus qu'un, jusqu'à ce que je finisse à terre. Et à chaque coup qu'on m'asséna, les battements de cœur s'intensifièrent, frappant plus fort contre mon torse. Je pouvais les sentir dans mes veines échauffées, gonflées sur des avants-bras crispés. Des coups de pied.. Ils étaient deux à m'en donner et les souvenirs m'accablèrent, les uns après les autres. Ceux de l'adolescence, l'étranger, la grande perche, le silencieux, le bizarre.. et les harcèlements qui allaient avec. Je manquais de souffle, je retenais les plaintes de douleur mais ma respiration devenait de plus en plus hachée. Je voyais trouble, je ne me sentais pas bien, comme si.. je me sentais partir. Comme si j'allais perdre connaissance. Mon corps se relâcha peu à peu, les muscles se détendirent et mes yeux roulèrent sous les paupières. Soudainement, une flamme. Une flamme s'alluma dans mon esprit. Elle dégageait une aura.. colérique et froide, je la craignais presque. Et pourtant, elle m'était si familière que je n'en ressentis qu'un léger frisson lorsqu'elle m'absorba. Elle était chaude, chaleureuse, rassurante. Et je m'y endormis dans le noir le plus complet.. Dans mon inconscience, je ne m'étais même pas rendu compte que quelqu'un venait d'interrompre la bagarre..
Iggy
Un goût âpre sur ma langue. Du sang. Génial, mais assez inattendu. Le sol était froid, et dur, rien à voir avec le lit dans lequel je me réveillais presque à chaque fois que Lenny s'endormait. J'entendais les voix d'hommes qui parlaient fort, résonnant dans mon crâne fracassé par tout un tas d'informations que je n'arrivais pas à comprendre. J'ouvrai les yeux, les plissant, avant d'appuyer mes mains sur le sol pour difficilement me redresser. Je m'adossai contre le mur derrière moi, essayant de reprendre un peu mes esprits. Car si je ne partageais que de très rares souvenirs avec Lenny, ne me permettant guère de savoir ce que je faisais ici, je pouvais par contre ressentir. Ressentir ses sentiments, ses sentiments qu'il m'avait transmis en disparaissant. De la peur, de l'angoisse, des émotions qui glissèrent dans chaque parcelle de mon corps éreinté, et que je détestais ressentir plus que tout. Une faiblesse qui m'avait fait maintes fois revenir dans sa peau, à la rescousse. Ces émotions percutèrent les miennes, et provoquèrent en moi, une colère noire et ravageuse. Mon dos glissa contre le béton, mes jambes élancées me relevant de toute ma hauteur. Je discernais au loin trois silhouettes auxquelles je ne prêtais que peu d'attention. Seulement à l'homme qui était devant moi et me tournait le dos, du sang perlant sur son poing ouvert. Aucune hésitation ne m'effleura. J'attrapai son épaule et le retournai subitement. Il n'avait même pas eu le temps d'exprimer la moindre émotion sur son visage, tant ses traits furent déformés sous le crochet du droit que je venais de lui asséner. La douleur cette fois-ci, était celle déclenchée par l'attaque et non par la défense, et elle n'en était que plus plaisante.. Il recula de plusieurs pas, avant de me dévisager, littéralement ahuri. « .. C'est toi qui m'a frappé ? » lâchai-je, d'une voix rauque et menaçante. « Espèce de connard, rends-moi mon argent ! Rends-moi les 1 400 000 wons !!! » gueula t-il comme un fou, en fonçant tête baissée dans ma direction. Et puis, je réalisai enfin qui était ce mec. Un homme qui avait lui aussi participé à une partie de poker la semaine passée et j'avais remporté à son plus désespoir la plus grosse mise ! Comment avait-il trouvé Lenny ? Et surtout, comment avait-il osé le toucher.. Vif et réactif, je venais d'éviter son premier coup, puis son second, qui se perdirent dans l'air hivernale. Un troisième me frôla. Une étincelle hargneuse éclaira mes prunelles sombres, alors que j'étirai ma jambe de toute sa longueur. Mon pied s'enfonça brutalement dans son ventre, assez pour le stopper quelques secondes. Une seconde tout au plus en réalité, avant de lui attraper la tête, et lui éclater son nez d'un brutal coup de genou bien placé. J'avais senti, entendu le craquement. Lui l'avait hurlé. Il tomba en arrière et je le lorgnai entrain de gesticuler comme un ver sur le goudron. Ma silhouette longiligne à l'aura bestiale le contourna, jusqu'à finir par s'asseoir sur sa poitrine. Voilà que je chevauchai un ver maintenant ! Mais alors qu'il remontait ses mains vers ma gorge, mes poings frappèrent à nouveau. Encore et encore. Son visage partait de droite à gauche, dans un va et vient effréné, irascible. Et quand la satisfaction me gagna, un peu, pas assez.. ou plutôt ma conscience chatouillante, j'attrapai son col et me penchai vers lui. « .. Cet argent, il m'appartient. Alors, t'as pas intérêt à rejouer les mauvais joueurs avec moi car si tu oses retoucher à ce visage.. t'es mort. On s'est compris ? » lui lançai-je, yeux dans les yeux, le genre de regard qui affirme que tu ne plaisantes pas. Des prunelles sombres comme la nuit, aux pupilles dilatées par l'excitation de la chasse. Et pourtant, un sourire jovial, carnassier déchira mes lèvres blessées, alors que je lui donnais une petite claque sur la joue. C'était à ce moment-là que je tournai la tête sur le côté, pour enfin apercevoir.. « .. Yah, Cho An Seo, c'est toi ? Tu regardais ou t'es venu m'aider ? » m'écriai-je familièrement à mon aîné, le saluant d'un mouvement de main amical, toujours nonchalamment assis sur l'homme presque inconscient. J'étais à peine au courant pour les deux autres. « Je savais que tu serais parfait en chevalier en armure pour carnaval ! » plaisantai-je, avant d'enjamber le corps afin de me relever.
FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.