I'll definitely protect you

Feat #hahyuk

Les mains dans les poches, le froid lui tiraille le corps, l’obligeant à se crisper et à se courber légèrement, pour essayer de maintenir son corps au chaud. En plus du froid, le vent ne cesse de siffler contre ses tympans, lui donnant un mal de crâne incroyable. Il n’aurait pas dû sortir, c’est ce qu’il se dit. Il se fait tard en plus et les seuls magasins ouverts sont les petites supérettes qui surplombent chaque ruelle. Et c’est ce qu’il recherche, de toute manière. Il ne lui reste plus rien à manger. Pas un seul bol de nouilles. Rien. Mais alors qu’il marche seul, dans la nuit sombre, son téléphone se met à vibrer, lui annonçant un message, qu’il ouvre de suite, par réflexe. Et alors, ses pas s’arrêtent, son souffle se coupe, son cœur palpite doucement, bien trop doucement, et ses jambes se dérobent quelques secondes. Il fixe plusieurs secondes ce message. Ce message étrange, qu’il ne parvient pas à déchiffrer, ou du moins qu’il ne désire pas déchiffrer. Il avale difficilement sa salive, et se perd dans ses pensées, dans les méandres de son âme. Une boule se forme au creux de son ventre et il ressent une soudaine détresse. Une peur. Une peur terrifiante. Insupportable. Qu’est-ce qu’il veut lui dire ? Qu’est-ce que ses mots signifient ? Il tremble. Une fois, deux fois, trop de fois. Et il se réveille, soudainement, et se met à courir, tout aussi soudainement. Il court comme sa vie en dépend, jusqu’à en perdre haleine. Il court jusqu’à cracher du sang, il court pour aller plus vite. Il court pour arriver à temps. Il court pour lui venir en aide. Il ne peut pas faire ça. Il n’oserait pas. Pourquoi maintenant ? Pourquoi soudainement ? Ce n’est pas possible. Il ne peut pas. Il n’a pas le droit. Pas alors que la vie lui offre des centaines de choses. Pas alors que sa vie est encore trop courte. Il ne peut pas. Il ne peut juste pas.

Il arrive en sueurs jusqu’à sa chambre à l’université, ouvre en grand la porte, et le cherche du regard. « Jae Hyuk ? JAE HYUK ? ». Il crie plusieurs fois son prénom et envoie valser ce qu’il trouve sur son chemin, en colère et apeuré. Il se dirige jusqu’à la salle de bain et là  . . .  c’est le drame. Il le voit. Allongé, en sang, une bouteille d’alcool à ses côtés, presque mort. Ha Jun n’ose pas avancer, bien trop choqué. Il perd pied. Il ne sait plus quoi faire, comment agir, ses larmes coulent seules contre sa joue. Lui qui ne pleure jamais. Et il a l’impression de revoir sa sœur. Sa sœur en sang. Et il frissonne, pris par quelques soubresauts. Mais il ne doit pas perdre pied. Pas maintenant. Il sort de sa torpeur et s’approche de lui, venant s’agenouiller près de lui, prenant alors son corps entre ses bras, le maintenant contre lui, et tendant de le secouer. « Jae Hyuk tu m’entends ? Réponds-moi putain ? Mais qu’est-ce que tu as fait, bordel de merde, pourquoi tu as fait ça ? ». Il continue de jurer, de s’énerver, et tapote légèrement son visage, essaye de maintenir le sang qui coule encore et encore. Il arrête l’eau qui coule, il prend la première serviette qu’il trouve et tente de l’y placer, pour mieux le recouvrir et le protéger. Il sort rapidement son téléphone de ses poches et appelle les urgences, se perdant dans son discours. « Jae Hyuk reste avec moi s’il te plaît. Reste en vie. S’il te plaît . . .  s’il te plaît » et sa voix se perd. Il a peur. Il ne se pardonnera jamais si lui arrive quelque chose. Jamais.