« Mijung ! » cries-tu alors que la porte se claque juste devant ton nez. Ta fille verrouille la porte, tu t'énerve sur la poignée avant de frapper contre la porte. « Ouvre moi ! » tu insiste, tu en as marre de cette situation. A chaque fois que tu essayes de parler avec elle, elle se braque et fuit dans sa chambre. Tu ne sais plus quoi faire, tu comprends pas ce qu'elle attend de toi. En plus tu es certain qu'elle s'est battu à l'école, elle a des traces de coups sur les cuisses. « Je veux simplement qu'on parle... » souffle-tu sur un ton beaucoup plus calme. Tu veux juste comprendre. Tu veux juste la comprendre... tu as l'impression qu'elle s'éloigne de toi, qu'elle ne veut pas de ton aide mais qu'elle est pourtant incapable de le dire. Et toi, tu es juste perdu, tu sais plus comment agir, tu perds le contrôle sur la situation et votre relation ne s'arrange pas. Avec Miyeon tu n'as pas ce problème là, avec elle tout est simple, votre relation est bonne. Mais avec Mijung, c'est comme si chaque effort que tu faisais, il fallait en faire encore plus la fois d'après. C'était usant pour toi, mais surtout pour elle. Elle est perdue, elle s'isole du reste du monde et tu la vois malheureuse... elle ne peut pas le cacher, elle peut te rejeter, rester seule, refuser ton aide mais elle ne peut pas nier le fait qu'elle se sent mal. Et toi, ça t'inquiète de la savoir comme ça. Tu voudrais pas la perdre, tu veux juste qu'elle aille bien mais pour ça, faudrait que tu comprennes. Qu'est-ce qui la ronge comme ça ? Si seulement tu trouvais le moyen de décoincé la situation... « Laisse moi tranquille. » crie-t-elle derrière la porte. Sa voix tremble, elle pleure et tu es là, contre cette porte incapable de faire quelque chose. L'envie de fracassé la porte te traverse l'esprit, tu veux simplement la prendre dans tes bras et lui dire que tout va bien. Que peu importe ce qui la ronge, tu es là et tu le seras toujours. Mais tu ne fais rien, tu te contente de baissé la tête et de t'éloigner de là pour laisser ta fille seule comme elle semble le vouloir. Tu vas jusqu'au salon rejoindre Jae, tu es complètement dépité. À quel moment ta relation avec ta fille t'as échappé à ce point ? Qu'est-ce que tu as fait de travers pour que tout soit si catastrophique ? « Je sais plus quoi faire, Jae. » Est-ce que c'est toi qui ne la comprend plus ? Ne pas trouver de solution, être là désarmés face à ce désastre te rend complètement fou. Tu en viens à penser qu'il n'y a pas de solution, que tout est perdu et que ta fille t'échappe... « Je veux juste l'aider... » tu t’assois sur le canapé, le regard sur le sol. « Tu crois que ça vient de moi ? » Oui, c'est peut-être ça le soucis, en fait. C'est peut-être toi... Tu as tourné et retourné cette situation dans tous les sens et à chaque fois, tu en es venu à cette conclusion : tu es une part du problème mais tu ne sais pas pourquoi.

Il ne comprend pas, personne ne comprenait, même toi, il y a encore deux jours de ça, tu étais dans l'incompréhension la plus totale. Tu as eu une conversation avec Mijung, peut-être parce que tu savais très bien ce qu'il se passait. T'es pas devin, mais t'es passé par là. À chacun de ses agissements, tu te vois à son âge. Toi aussi tu rejetais ton père, parce que pour toi, il était pas foutu de comprendre, et même s'il le pouvait, t'étais seul. Mijung n'est plus seul maintenant, tu as tenté de lui faire comprendre, non seulement par ta présence mais aussi parce qu'il a un père qui le comprendrait. Tu le sais, ta présence ici le confirme mais tu sais aussi que c'est différent, parce que c'est toujours difficile de parler de tout ça, et surtout à ses proches. Il t'a fait promettre de ne rien dire, tu as tenu le silence pendant deux jours. C'est difficile de ne rien dire, en quelque sorte, de cacher la vérité à Akira mais tu le faisais pour lui. Or, tu sais que Mijung ne fera pas le premier pas, c'est bien trop difficile, en te mettant à sa place, tu aurais aimé qu'on le fasse pour toi. De toute façon, tu ne peux plus. Sans doute parce que ça t'inquiète de voir Akira dans cet état, que tu ne le supportes plus et puis, que tu as vu que Mijung commençait à avoir des traces sur le corps. Tu n'as même pas fermé l’œil de la nuit, tu sais à quel point c'est difficile pour lui, mais toi-même ne sait même pas comment tu as pu supporter toute cette violence morale et physique. Le simple fait d'imaginer Mijung traverser tout ça t'en coupe l'appétit, ton sommeil est perturbé. « Mijung veut pas m'ouvrir la porte... » La voix de Victor te sort de tes pensées, alors qu'il te montre un de ses dessins. « J'ai fait un dessin de nous tous, je voulais lui montrer... » Tu souris doucement, un sourire cassé par l'inquiétude mais qui se veut rassurant. Tu sais que Victor vit mal tout ce qu'il se passe, il comprend encore moins pourquoi tout est en train de changer. Tu attrapes alors ses dessins, te concentrant dessus pendant quelques secondes avant de lui tendre celui dont il semble parler, ton sourire s'élargissant un peu. « Et si t'allais le montrer à Miyeon ? Tu montreras tout ce que t'as fait à Mijung ce soir. » Il hoche timidement la tête, t'essaye de le rassurer comme tu le peux mais pour le moment, seule l'idée de parler à Akira te trotte en tête. Il reprend le dessin avant de partir en direction des chambres, tu ne peux t'empêcher de souffler un peu, très vite interrompu par Akira qui revient au salon. Tu ne le quittes pas du regard, sans doute pour analyser son état. Tu sais qu'il va mal, et tu le comprends. « Je sais plus quoi faire, Jae. » Toujours assis sur le canapé, tu te tournes vers lui, soufflant par le nez de contrariété. Oui, tu le sais, mais il ne pourra rien faire, en tout cas, pas le temps qu'il ignore ce qu'il se passe réellement. « Je veux juste l'aider... » dit-il, prenant place à tes côtés, tu en profites pour poser une main sur son épaule. Tu as l'espoir que ce geste puisse le soulager un peu, c'est inutile tu le sais bien mais tu ne comptes pas le laisser dans cet état, ça te fait beaucoup trop de mal. « Tu crois que ça vient de moi ? » Il est perdu, il ne comprend pas, au point de penser que c'est peut-être de sa faute. « Non, ce n'est pas toi. » lui réponds-tu aussitôt, sûr de toi. T'espères qu'il comprendra la sincérité de tes propos au ton que tu emploies. « Je pense même qu'elle n'a jamais eu autant besoin de toi qu'en ce moment. » Tu n'aimes pas parler de Mijung en utilisant ce pronom, tu sais qu'il se sent homme, tu sais qu'il se sent mal dans son corps de femme, tu sais qu'il n'en peut plus. Mais ça, il faut que tu en parles à Akira. Tu exerces une légère pression sur son épaule, le quittant du regard pour regarder vers les chambres. Tu sais qu'il pleure, tu n'oses même pas imaginer la journée horrible qu'il a passé, il t'a déjà expliqué certaines choses mais tu sais que ça s'empire. C'est aussi pour cette raison que tu vas en parler à Akira, en plus de ne plus supporter de le voir dans un tel état. Il ne t'en voudra pas, et même si c'est le cas, tu ne peux pas rester sans rien faire, sans rien dire, c'est beaucoup trop grave. Tu en prendras la responsabilité. « C'est juste qu'elle se sent seule. Elle a l'impression que personne pourra la comprendre.. On en a parlé, tous les deux. » Tu regardes à nouveau Akira, plissant les lèvres. « J'ai l'impression de me voir à son âge. » Tu essayes d'aborder ce sujet avec douceur bien qu'il n'y a pas énormément de façons de lui en parler, tu ne crains pas vraiment la réaction d'Akira. Tu le connais par cœur. Et puis, il faut que tu le fasses, il faut qu'Akira l'aide mais pour cela, il doit tout savoir. T'étais complètement seul, toi. Mijung, lui, a la chance de t'avoir et de se sentir plus compris, mais surtout, a la chance d'avoir un père comme Akira. C'est aussi pour cette raison que tu comptes agir, tu sais que Akira pourra gérer la situation plus facilement, en étant au courant de ce que Mijung n'ose pas lui dire. « Mijung se sent atrocement mal dans sa peau. »

l'impuissance face à cette situation, l'incompréhension face aux réactions de mijung, l'incapacité à trouver des solutions face à votre relation qui se dégrade. tout ça te bouffe les tripes depuis quelques temps. ça te ronge un peu plus à chaque nouvelles disputes. chaque fois que tu la vois fuir dans sa chambre, tu sens une partie de toi qui saigne. c'est dur pour toi de vivre cette distance. toi qui a toujours été soudé avec tes filles et puis du jour au lendemain, tu te retrouve à faire face à une mijung qui te fuis et qui se ferme. tu lui tends la main et elle la rejette. et malgré tous les efforts que tu peux faire, tu n'y arrive plus. c'est comme si tu te heurtais à un mur à chaque tentative. et plus les jours avançaient et plus il était difficile pour toi d'avoir la patience d’être à l'écoute. tu étais là pour elle mais qu'est-ce que tu pouvais faire si tu ne comprenais pas le problème. alors à force, tu as finis par te dire que le problème venait de toi, que c'était toi qui ne faisais pas ce qu'il fallait. mais encore une fois, tu faisais face à tes doutes. ça te rendais fou cette situation. tu voyais ta fille s'éloigner sans pouvoir empêcher le fossé entre vous de se creuser un peu plus. miyeon savait quelque chose mais ne voulait rien te dire, elle l'avait jurer à mijung et, bien que ça te rende totalement fou de ne rien pouvoir faire, tu ne pouvais pas forcer ta fille à te parler d'un secret que mijung ne souhaitait pas révéler. heureusement pour toi, jae était à tes côtés même s'il subissait tes doutes et tes inquiétudes depuis quelques temps se retrouvant par la même occasion impuissant face à une situation qui vous échappe. après t'être prit une énième porte dans la face, tu retourne dans le salon pour venir t'asseoir auprès de jae. il est le seul qui est assez fort pour t'épauler dans cette épreuve. il dépose sa main sur ton épaule en signe de soutiens, tu te sens d'un coup moins seul. si cette situation est difficile à vivre, tu ne la vis pas seul, il est là, à tes côtés. et sa présence te donne assez de force pour ne pas abandonner. « Non, ce n'est pas toi. » il semble si sûr de lui que ça balayes à nouveau les doutes. si ce n'est pas toi, alors c'est quoi le problème ? « Je pense même qu'elle n'a jamais eu autant besoin de toi qu'en ce moment. » tu tourne la tête vers lui, les sourcils froncés. tu cherches à comprendre. quelques chose te dit qu'il en sait plus que toi. est-ce que tout le monde ici en sait plus que toi ? bordel, qu'est-ce qui peut bien se passer ? pourquoi c'est si difficile pour elle de s'ouvrir à toi ? il est hors de question que tu la laisse comme ça, et même si pour toi ça te demande de l'énergie et des efforts considérables, tu les feras. mijung est ta fille, elle mérite que tu te battes pour elle. et ça personne ne t'en empêchera, certainement pas elle. « C'est juste qu'elle se sent seule. Elle a l'impression que personne pourra la comprendre.. On en a parlé, tous les deux. » tes sourcils se froncent un peu plus. alors tous les deux ont discutés ? tu peux voir dans son regard qu'il ne sait pas comment dire les choses, qu'il cherche ses mots. l'inquiétude s'empare de tes tripes au fur et à mesure de la discussion. les pires scénarios te traversent l'esprit et tu redoutes ce qu'il pourrait bien t'apprendre. « J'ai l'impression de me voir à son âge. » tu n'es pas sûr de comprendre, ou alors tu ne veux pas comprendre. qu'est-ce qu'il entend par « se voir à son âge » ? tu sais ce que jae à vécu, tu connais toutes les choses horribles par quoi il est passé mais est-ce que pour mijung c'est aussi grave ? « quoi ? » laisse-tu échapper d'une voix inquiète. la vérité te fait peur parce que tu pourrais bien te rendre compte de la gravité de la situation et à quel point, tu n'as pas su empêcher tout ça. « Mijung se sent atrocement mal dans sa peau. » insiste-t-il un peu plus, renforçant ce que tes inquiétudes. tu quittes jae du regard baissant à nouveau la tête. est-ce que mijung se sentait mal dans sa peau au point de questionner son genre comme jae ? ou est-ce que c'était autre chose ? les questions fusaient dans ta tête, c'était d'un coup le bordel et tu peinais à y mettre de l'ordre. tu passes ta main sur ta nuque laissant le silence prendre place dans la pièce. « mijung se sent homme, c'est ça ? » il y avait de la tristesse dans ta voix, pas parce que cette vérité te faisait mal, non ça tu t'en foutais, tu pensais plutôt à tout ce qu'elle pouvait vivre depuis quelques temps. c'est toute la tristesse de n'avoir pas pu être à ses côtés pour la soutenir. « c'est pour ça qu'elle t'en as parlé ? » tu n'en voulais pas à jae, loin de là. si c'était plus simple pour ta fille d'en parler avec lui, tu le comprenais. tu demandais ça pour avoir la confirmation. tu voulais être certain d'avoir comprit le message qu'il a essayé de te faire passer.

deux jours plus tôt.

tu toques à la porte, t'as pas de réponse et ça ne te surprend pas. tu restes sur place quelques secondes. « c'est moi. » elle ne t'ouvre pas, comme tu t'en doutais. mijung a un comportement plutôt bizarre en ce moment, un comportement qui te donne des doutes, ou peut-être serait-ce ta parano mais dans tous les cas, t'es sûr d'une chose : il se passe quelque chose. tu ne l'as jamais vu rejeter akira de cette manière, elle te rejette toi aussi, mais beaucoup moins. t'en as marre de cette ambiance, de voir akira au plus bas et surtout, de t'inquiéter pour mijung. tu t'imagines un peu le pire malgré ce que tu laisses paraître quand tu es face à akira. il a besoin de ton soutien. alors tu profites de son absence pour tenter. « je te poserai pas de question. » inutile de lui promettre, tout le monde ici sait que ta parole est comme une promesse. tu lui as dit que tu ne lui poserai pas de question, et tu le feras. akira a tendance à vouloir savoir, essayer de lui parler mais rien à faire, peut-être qu'en s'y prenant avec du recul, ça fonctionnera. c'est ce que tu comptes faire aujourd'hui. et pour le moment, ç'a l'air de fonctionner. elle est derrière la porte, après quelques longues secondes de silence, elle reprend timidement. « je t'ouvre. » elle est très peu à l'aise, et tu le vois au regard qu'elle te lance lorsqu'elle ouvre enfin la porte. ton regard à toi se pose sur ses coudes et mains amochées. t'as dit que tu ne poserai pas de question, alors tu ne le feras pas. tu entres, silencieux dans un premier temps. elle a l'air d'aller mal, de toute façon, il faut être aveugle pour ne pas le voir. « t'as ce qu'il faut pour désinfecter? » elle t'indique quelques compresses et une bouteille d'alcool se trouvant sur le meuble près de toi, et puis rapidement, elle va s'asseoir sur son lit. elle est l'ombre d'elle-même, ça te brise le cœur de la voir dans cet état, tu le caches, t'as pas envie de la faire culpabiliser en plus. tu te saisies des petites choses se trouvant sur le meuble, t'accroupissant face à elle sur le lit. « j'suis tombé. » se justifie t-elle aussitôt. tu ne lui as rien demandé comme promis mais elle tente tout de même de se justifier. sa voix est cassée, lourde d'émotions, tu sens toute sa peine juste dans le timbre de sa voix. « mijung... » tu ouvres l'emballage de la compresse, ouvrant la bouteille d'alcool avant de relever rapidement le regard vers elle. « je t'ai dit que je n'allais pas te poser de question. je n'ai pas dit que j'allais faire semblant de te croire. » tu lui adresses un sourire crispé, sourire présent uniquement pour la rassurer. non, tu ne la crois pas, mais tu ne la forces pas à te dire la vérité non plus. en fait, tu comptes t'y prendre plus subtilement, encore une fois, en gardant cette distance dans l'espoir qu'elle fasse ce pas vers toi. tu baisses les yeux sur ses mains, laissant passer un léger soupir, et après avoir mis l'alcool sur la compresse, tu attrapes doucement sa main. « ça risque de piquer un peu. dis-moi si t'as mal. » et pourtant, ce n'est pas l'absence de réponse qui t'inquiète, c'est cette larme qui s'écrase contre son bras. tu fronces les sourcils, levant le regard vers elle, ses yeux sont remplis de larmes. elle craque. « j'ai mal. » elle ne parle pas de ses mains, ni de ces blessures, c'est de cette autre grosse plaie dont elle parle. tu prends une profonde inspiration, ton coeur se serrant davantage en la voyant comme ça, tu te lèves simplement, t'approchant d'elle pour la prendre dans tes bras. tu l'entoures de tes bras, à croire que ce geste lui donne l'autorisation de se laisser aller. tu ne l'as jamais vu autant pleurer auparavant. ton coeur se resserre, mais ton emprise sur elle aussi. « i-il.. il faut que j'te parle...» elle craque, elle n'y arrive plus.

« mijung se sent homme, c'est ça ? » tu baisses quelque peu les yeux. tu entends sa tristesse dans sa voix, mais tu sais pourquoi. akira doit savoir à quel point ça doit être difficile pour mijung, le pire, c'est qu'il ne peut pas -encore- être présent, sans compter toutes ces choses que tu as traversé, dont tu lui as parlé. « c'est pour ça qu'elle t'en as parlé ? » tu replonges ton regard dans le sien, hochant quelque peu la tête. « oui. » tu n'as jamais promis à mijung que tu n'allais rien dire à akira, parce que tu craignais de devoir intervenir. tu prends une discrète et profonde inspiration, entrant dans le vif du sujet. « il... » oui, ça doit être bizarre pour akira d'entendre ça, il vient d'apprendre la nouvelle mais tu ne peux pas continuer plus longtemps. tu veux respecter sa décision, tu connais cette sensation et ça te rongeait. tu ne voulais plus qu'on parle de toi en utilisant ce pronom qui ne te correspondait pas, mijung t'a dit que ça le rendait aussi mal. « il n'est pas dans cette période de doute, ni perdu. il sait ce qu'il veut. » tu lui dis ton point de vue, parce que tu as raison. après cette conversation avec mijung, tu comprends le problème, assez pour l'exposer à akira. « seulement, il arrive à ce stade où il aimerait qu'on le voit comme il est. comme un garçon.  il m'a même dit qu'il pensait peut-être à changer de prénom, c'est ce qu'il voudrait, en tout cas. » c'est ce qu'il t'a dit, mot pour mot. « mais il n'arrive pas à le dire. à te le dire. » tu plisses légèrement les lèvres. « c'est pour ça qu'il te rejette. j'pense... j'pense que te voir lui rappelle seulement qu'il est incapable de te le dire. alors qu'il voudrait que tu le saches, avoir ton soutien. c'était à lui de faire le pas mais il n'y arriverait pas, et il en souffre. » et il l'aura, mais pour ça, il fallait que akira le sache. c'est aussi pour ça que tu lui dis, en faisant ça, tu pousseras akira vers mijung. tu l'aideras. deux jours à garder le silence, c'était bien trop long pour toi. tu ne veux plus voir akira si mal, ni mijung, c'est la meilleure chose à faire. c'est ta décision, après tout, tu ne sais pas si mijung t'en voudra ou non, mais tu fais ça pour lui, et cette pensée efface tous ces questionnements parce que son bien-être est plus important que le reste. « je lui ai demandé comment ça se passait à l'école. il s'est battu quelques fois, tu connais les jeunes, ils sont méchants. » ta gorge se resserre, sans doute parce que tous ses souvenirs remontent, te dire que mijung pourrait vivre la même chose te colle la boule au ventre. mais ça n'arrivera pas, c'est aussi pour ça que tu dis tout à akira, et aussi bizarre que cela puisse paraître, tu cherches à le rassurer. « mais il n'est pas trop tard. on pourra le protéger de tout ça. » avant qu'il vive des choses beaucoup plus horribles. vous pouvez le préserver de beaucoup de choses mais surtout, le soutenir au maximum. tu laisses un léger silence s'installer, déposant à nouveau ta main sur l'épaule d'akira, tu le masses dans un signe de soutien. « mijung a besoin de toi. »

sur la liste des priorités dans ta vie, tes filles y figurent. elles sont même tout en haut de la liste. elles passeront toujours avant le reste. tu étais prêt à tellement de chose pour elles, peut-être qu'elles n'en avaient pas conscience mais pourtant, c'était bien le cas. elles sont les personnes les plus importantes dans ta vie. ta plus grand fierté, ta plus grande réussite aussi. tu leur devait tellement de chose et tu le savais, c'est pour ça que tu t'efforçais à être le plus présent pour elles. parfois, tu étais sûrement trop collant, trop protecteur, trop emmerdeur mais à aucun moment tu ne les laissaient de côté. elles n'ont pas connu leur mère et c'est ça aussi que tu essaye de combler : cette absence. avoir ses deux parents c'est important pour les enfants, malheureusement tu as dû les élevées seul. alors tu leur a tout donné, peut-être trop parfois mais c'était pour combler l'absence de leur mère. mais voilà, des fois tu n'y arrive pas, il y a quelque chose qui coince et dans ce genre de situation, tu ne sais plus quoi faire. les doutes t'embrouillent. et c'est ce qu'il se passe avec mijung. votre relation ne tourne plus comme il faut, l'engrenage coince et tu ne sais plus quoi faire pour l'aider. tout t'échappe. tu cogites pour trouver des solutions mais ta fille les balayent. c'est comme si tu ne la comprenais plus. vous ne vous comprenez plus. pourtant, tu essaye, tous les jours tu essayes d'aller vers elle mais tous les jours c'est la même chose. elle refuse. tu veux baisser les bras, laisser la situation devenir critique puisque tu ne vois pas d'autre issus. malgré tout, au milieu du désespoir, il y a jae sur qui tu peux compter. aujourd'hui, tu as besoin de lui, de ses conseils. tu es perdu, désemparé... si jae sait pourquoi mijung est comme ça, tu voudrais le savoir. même si la vérité peut blesser, elle sera toujours moins douloureuse que cette situation. « oui. » tu fixe jae quelques secondes avant de quitter son regard. alors c'est ça ? mijung doute de son genre ? mais pourquoi te fuir ? pourquoi c'est si difficile pour lui de t'en parler ? « il n'est pas dans cette période de doute, ni perdu. il sait ce qu'il veut. » ça te déroute un peu de l'entendre utilisé se pronom. non pas parce que tu es contre, mais parce que tu as passé des années à dire elle, ça bouscule tellement de chose. jae t'explique les choses, tout devient d'un coup plus clair même si ça te tue de voir que mijung n'a pas su te dire les choses. pourtant, tu ne lui en veux pas, loin de là, ça été sûrement plus simple pour lui d'en parler à jae, après tout il est passé par là... toi tu ne t'es jamais questionner sur ce genre de chose, tu n'as jamais douté. peut-être que s'il t'en avait parlé tu aurais été maladroit sans t'en rendre compte. tu encaisse tout ça en silence, la mâchoire serrée. tu te sentais coupable pour quelque chose que tu ne pouvais pas gérer.  même avec tous les efforts du monde, mijung ne serait jamais ouvert à toi. « je lui ai demandé comment ça se passait à l'école. il s'est battu quelques fois, tu connais les jeunes, ils sont méchants. » tu sers un peu plus les dents. ouais, tu sais comme l'école peut être un endroit dangereux et nocif pour certains élèves mais tu pensais que tes filles pourraient y échappées. ton cœur se sert et tu sens une vague de colère te submerger. tu t'en veux pour avoir laisser la situation devenir aussi grave, tu t'en veux de n'avoir pas pu l'empêcher de subir tout ça. tes poings se serrent. « mais il n'est pas trop tard. on pourra le protéger de tout ça. mijung a besoin de toi. » tu sais qu'il cherche à te rassurer, à te calmer mais c'est plus fort que toi, la culpabilité te ronge. toute cette impuissance que tu as ressenti se transforme en colère. contre toi, contre ces enfants qui veulent du mal à ton fils. tu voudrais pleuré pour exprimer tout ça, pour sortir toute cette rage mais tu n'y arrive pas. le blocage. au lieu de ça, tu te dresse du canapé. « fais chier. » lâche-tu en premier temps avant de faire quelque pas dans la pièce. « comment j'ai fais pour rien voir ? » ça te rendais fou de savoir que la réponse à ce problème était devant tes yeux et tu n'avais rien vu. si mijung redoutais le fait que tu ne puisse pas comprendre ce qu'il se passait dans ta tête, tu en avais la preuve. tu étais incapable de la comprendre, ni même de voir les choses. « bordel, ça me rend fou de savoir qu'elle- qu'il souffre comme ça, que je peux rien faire... que j'ai rien pu faire, que j'ai rien compris. » tu te blâmais pour tout ce qu'il vivait. toute la souffrance qu'il avait encaisser sans que tu ne puisse rien faire. quel genre de père laissait son enfant dans la souffrance comme ça ? « j'ai été con. » finis-tu par dire, énervé. une colère que tu n'arrivais pas à exprimer autrement qu'en t'énervant contre toi même bien qu'au fond de toi, c'est d'apprendre la vérité qui te rend dingue, non pas parce que tu ne l'accepte pas mais parce que tout le monde n'est pas comme toi. et tu as peur, peur pour lui.

tu as tenu le silence pendant deux jours et clairement, c'était deux jours de trop. tu sentais que mijung n'était pas forcément prêt à le dire mais tu as eu le temps de remarquer qu'il n'allait pas s'en sortir seul. c'est pour ça que tu es intervenu. peut-être que tu n'aurais pas dû, peut-être qu'il t'en voudra, ce sont des possibilités oui mais tu n'y penses pas. tout ce à quoi tu penses, c'est ce qu'il risque en gardant le silence. de souffrir. et akira avec. tu les vois déjà beaucoup trop souffrir à ton goût et tu ne pouvais plus continuer comme ça, parce qu'au final, tout le monde souffre ici. le premier concerné, rongé par la solitude. akira, qui ne comprenait pas ce qu'il se passait et pensait devoir enterrer sa relation avec son enfant, ces si beaux yeux de miyeon noyé d'inquiétude et de mal-être, sans doute parce qu'elle aussi devait garder le silence, victor qui, comme à chaque fois qu'il se passe quelque chose dans la famille, se ronge le sang par peur de tous vous perdre, et puis toi, qui voit ta famille s'étouffer dans toute cette histoire, pataugée pour ne pas s'en sortir. tu n'as jamais eu réellement de famille, ni même lorsque tu avais l'âge d'en avoir une. des parents, des frères et sœurs, des cousins ou cousines. tu n'avais pas de famille à l'époque. ils te comprenaient pas, ils te détestaient, tu te sentais rejeté par ta propre famille, comment pouvais-tu avoir l'impression d'en avoir une ? ta seule famille, c'était ton père. vous n'étiez que deux, il s'était mis à dos le reste de la famille pour toi. lui et toi. il n'avait que toi, et tu n'avais que lui. tu as commencé à fréquenter akira sans te douter une seule seconde de ce qu'il allait se passer. sans te douter une seule seconde qu'il était le propriétaire des clés de ton avenir. un avenir meilleur, abattant toutes tes craintes. il t'a offert beaucoup plus que des nuits de sexe torrides, finalement, il t'a offert tout ce dont tu avais réellement besoin pour te sentir comblé. aucun de vos enfants n'est de toi, biologiquement parlant, mais ton amour pour eux efface largement ce détail. tu es sincère avec akira, tu tentes de le rassurer tout en ne lui cachant rien, ce qui n'est pas facile mais tu ne vas pas lui mentir. sa réaction, tu la comprends. il commence à râler, et tu sais pourquoi. non pas parce que la nouvelle l'attriste ou le rend perplexe, mais parce qu'il sait ce que ça veut dire. oui, il connait tous ces risques. et toi aussi. tu en as fait les frais, et t'as pas envie de retrouver mijung dans de sale état, comme toi tu as pu l'être lors de ta jeunesse. les séjours à l’hôpital, les bagarres, les remarques horribles. vous devez le protéger de tout ça. pourtant, quand akira reprend la parole, tu fronces quelque peu les sourcils. est-ce qu'il est en train de culpabiliser ? tu connais akira, tu sais comment il se comporte lorsque ça concerne ses enfants, c'était même évident. tu te redresses légèrement sur le canapé, face à akira qui commence à faire les cent pas face à toi. la culpabilité dans ses paroles et même dans ses gestes se révèle au fil des secondes. il est perturbé, rongé, il se reprend même vite sur le pronom personnel qu'il utilise. après des années et des années à utiliser elle, c'est même tout à fait normal. il s'agit de son enfant. pourtant ses paroles te font réagir, lorsqu'il t'avoue avoir été con, tu reprends aussitôt. « stop, akira. » tu hoches légèrement la tête. « c'est pas de ta faute, ok? t'as rien fait de mal. tu pouvais pas le savoir. » et puis, comment on pourrait le deviner? t'as beau voir ton passé à travers lui, l'idée qu'il traverse la même chose que toi ne t'es pas venu à l'idée. des doutes, oui, mais rien d'officiel avant qu'il t'en parle. il est hors de question que tu laisses akira s'énerver contre lui-même, ni même laisser ses craintes agir. il a peur pour lui et encore une fois, tu le comprends. toi aussi tu as peur pour lui même si t'es rassuré, vous allez faire ce qu'il faut pour le préserver de beaucoup de choses. akira ne doit pas encore y penser, la nouvelle vient de lui tomber dessus, et il a toujours surprotégé ses enfants. « mijung t'en veut pas, c'est pas le moment pour que toi tu le fasses. » tu le comprends, tu te mets à sa place, mais il n'a pas à s'en vouloir et tu veux qu'il le comprenne. « il souffre de ce qu'il se passe. il a l'impression de t'avoir perdu, il voulait pas que votre relation change. t'imagines ce qu'il ressentirait s'il t'entendait? » mijung ne voudrait pas entendre akira se blâmer pour quoi que ce soit, t'en mettrais ta main à couper. ça te fait déjà du mal de l'entendre dire et penser ces choses, tu n'oses même pas imaginer pour mijung. tu profites qu'il se trouve près de toi, lui attrapant la main. en signe de présence, de réconfort. comme si ce geste pouvait à la fois l'empêcher de continuer de faire les cent pas mais aussi de remuer toutes ces mauvaises pensées dans son crâne. « ça va aller.. il n'est plus seul. » ce n'est pas simple comme situation, mais vous êtes avec lui, et ça change tout.

akira s'en voulait d'avoir été si peu attentif à ce que vivait mijung. il se rendait compte qu'il avait eu tout faux sur toute la ligne. ses coups qu'il avait au visage n'avait rien à voir avec ce qu'il s'était imaginé. il se prenait la réalité dans la gueule et c'était pour lui quelque chose de difficile à encaisser. non pas qu'il était contre le fait que mijung souhaitait qu'on le considère comme un garçon mais il avait peur pour lui, peur pour tout ce que ça engendrait pour son fils. il savait que jae en avait baver, qu'il avait été traité comme un monstre, et sûrement de chose bien plus horrible et c'est ça qui l'effrayait. il voulait protéger mijung de tout ça, de tout ce qu'il allait probablement subir. c'était inévitable et ça akira le savait bien. pour son fils, cette épreuve serait difficile, et c'est bien ça qui le rendait un peu plus en colère. il s'en voulait d'avance de ne pas pouvoir le protéger de tout. akira était comme ça, un papa un peu trop protecteur, il protégeait ses enfants pour deux, et il avait peur que même ça ne serait pas suffisant. il s'en voulait déjà bien assez de n'avoir rien vu, à ça s'ajoutait la peur de tout ce qui allait s'en suivre. il acceptait le choix de mijung, il le soutenait même dans sa démarche à 100%, simplement la suite des choses le rendait inquiet. heureusement pour lui, il avait jae à ses côtés, ça le réconfortait de savoir qu'il ne serait pas seul, qu'il était même accompagné par quelqu'un qui avait vécu ça. en cas de doute, d'inquiétude il pourra compter sur le soutiens de jae. c'est lui qui va soutenir la famille, akira le savait bien. sans jae, akira ne saurait pas comment s'en sortir face à ce qui l'attend. déjà, cette fois-ci il avait été celui qui t'avait apporté les réponses. il était aussi celui qui te rassurait maintenant, qui trouvait les mots qu'il fallait pour que tu ne laisse pas la culpabilité te ronger. il avait raison, mijung n'avait sûrement pas besoin de savoir que son père s'en voulait. il avait plutôt besoin de soutiens et de son père prêt à être à ses côtés. et akira était prêt à l'être, comme il le sera toujours. d'un geste simple, jae attrape ta main te poussant à arrêter tes allés retour et tu le fixe droit dans les yeux. « ça va aller.. il n'est plus seul. » il ne l'avait jamais été mais akira comprenait ce qu'il voulait dire. il ne souffrait plus en silence, ils allaient pouvoir l'aider comme il fallait, être présent et l'entouré pour qu'il puisse se sentir le mieux possible. pendant un court instant, akira afficha un mince sourire baissant quelque peu la tête. il était inquiet et ça ne le lâcherait pas de si tôt mais au moins, il n'était pas seul. comme mijung, il avait jae à ses côtés et il se sentait bien plus fort quand il était là. il vint prendre son petit ami dans les bras, s'accrochant à lui plus qu'à son habitude. « je vais avoir besoin de toi. » lui chuchota-t-il le visage enfouit dans son cou. il allait avoir besoin de lui, de son soutiens, de son aide, de sa présence. « on va avoir besoin de toi. » il parlait cette fois de toute la famille, non seulement lui mais aussi de mijung, de victor aussi qui vivait tout ça alors qu'il détestait quand quelqu'un se disputait mais aussi miyeon pour qui tout est difficile aussi. il serra un peu plus son étreinte, le geste prenait un peu plus d'importance, akira ressentait le besoin d'être un peu plus proche de lui. « je t'aime. » un besoin soudain de lui dire, même si ses mots semblaient presque inaudibles, akira avait le besoin de les dire à celui qu'il aimait. une façon pour lui de le remercier d'être là, à ses côtés dans toutes les situations.