C'était encore et toujours la même chose. Tous les jours la même rengaine. Je commençais à sérieusement me lasser de ne pas savoir quoi faire et de rester cloîtrée dans ma chambre. Rien n'était assez motivant pour faire bouger mon royal séant, mais aujourd'hui, j'arrivais à saturation : je DEVAIS sortir de mon trou à rat. C'est donc avec cet élan soudain de motivation que je décidais d'enfiler une tenue * que j’espérais être correcte. Et oui, voilà un de mes problèmes : comment était-ce possible de savoir si j'étais bien habillée étant donné ma cécité ? Peut-être étais-je vêtue comme un sac. Ne parlons pas non plus de maquillage. Maintenant toute jeune fille voulant paraître un minimum soignée devait en porter, chose importante pour avoir le teint frais, le regard accentué.. tout un tas de petites choses dont je ne ferais sans doute jamais l'expérience. À force de petit à petit me prendre la tête sur des futilités, je commençais étrangement à la perdre cette soudaine envie de sortir. J’essayais de motiver un peu ma cause perdue en pratiquant l'auto communication : "Aah! Non, non et non. Seonghee tu vas sortir de cette chambre." Mais le résultat n'était pas glorieux, je me sentais juste totalement ridicule.

C'est après de longues et éprouvantes discutions avec moi-même que je finissais (enfin) par sortir dans les couloirs du dortoir, histoire de me diriger vers l’extérieur. En moi, naquît soudainement l'espoir que le temps ne soit pas exécrable, n'ayant pas particulièrement envie de rentrer la queue entre les jambes. Comme Seonghee sans musique n’existais pas, j'avais pris soin de prendre avec moi mon téléphone. "Lance Sugar de 15&" lui disais-je nonchalamment en remerciant intérieurement les créateurs de la commande vocale sur les téléphones. Continuant maladroitement, canne en main, ma traversée des couloirs, je sentis soudainement cette dernière se cogner contre quelque chose, ou quelqu'un. Par précaution, je décidai de m'excuser, tant pis si je me ridiculisais en demandant pardon à une poubelle. "Mince, désolée. Je t'ai fait mal ?" demandais-je priant pour que ce soit bel et bien un être vivant.