Sa semaine d'observation venait tout juste de commencer et Sangae en avait déjà ras la casquette. Il ne faisait rien d'intéressant, il se contentait de regarder les autres travailler sans pouvoir lever un petit doigt pour aider. Ce n'était pas dans les habitudes de Sangae de rien faire, lui qui était plutôt un peu trop actif dans sa vie. Il avait pris la décision de fuir lorsque les rendez-vous hebdomadaires étaient en route. Il avait en aucun cas l'envie de suivre tel un petit chien un groupe de stagiaire. Il était persuadé qu'ils n'allaient même pas se rendre compte de son absence. Le coréen profita de cette fuite pour visiter un peu les recoins de l'hôpital et autant dire qu'il n'y avait pas grand-chose d'intéressant. Son attention fut tout de même attirée par la présence d'une ombre passé dans un recoin du couloir. Il était plutôt observateur l'étudiant, ou alors c'est cette personne qui ne l'est pas vraiment. Suivi par sa curiosité, Sangae se lança à la suite de cette ombre dans le but de découvrir son identité. Après l'avoir suivi pendant quelques minutes, il finit par passer par un autre chemin non loin et attendre cette ombre derrière une porte. Quand celle-ci s'ouvrit, il passa la tête avec un sourire légèrement au coin quand il reconnut Haneul -soit le mec qui se blesse à la moindre occasion. " Je suis désolé de t'apprendre hyung que tu es tout sauf discret à te trimballer ainsi dans les couloirs " dit-il en penchant la tête sur le côté. Il se redresse de toute sa mini hauteur et remit sa blouse blanche en place -comme un bon médecin le ferait. " Tu étais en pleine mission pour aller voler un cadavre ? Parce que tu vas en direction de la morgue là " Peut-être qu'il s'était encore blessé, ça ne l'étonnerait même pas après tout. D'ailleurs, est-ce qu'il est vraiment son hyung ? Il ne se l'est jamais vraiment demandé.

Le parkour. Un sport qui s’effectuait dans la rue, dans des parcs, dans des infrastructures diverses et variées; une discipline qui laissait libre court à l’imagination; une activité qui n’utilisait que des sauts, des roulades, des saltos, des capacités à grimper dans des endroits farfelus et parfois interdit d’accès. Une totale et entière liberté, la seule limite? Vos propres capacités. Ne jamais trop se donner, ne jamais chercher trop loin, trop dangereux, ne jamais trop en faire. Sans doute, n’avait-il réellement suivi ces dernières règles. Il fallait dire qu’Haneul ne connaissait véritablement ce sport, son nom lui était même totalement inconnu; alors sans doute vous vous demanderez: pourquoi? Pourquoi avoir tenté de grimper à ce bâtiment de plusieurs étages s’il n’était habitué à de telles choses? L’explication était bien puérile, bien stupide également; remontant à ses périodes de lycéens en Chine. Un pari qu’il avait fait, une envie accompagnée d’une fierté probablement mal placée, l’idée de grimper à ce bâtiment sans utiliser d’escaliers ou d’outils particuliers. Seulement grimper, comme on le ferait avec un arbre ou une montagne, ou bien encore un parcours destiné à cet usage exclusif. Un défi qui lui avait valu l’hôpital et la perte de sensations dans deux doigts mais jamais il ne se sortirait ce défi de la tête. Bien trop fier pour abandonner mais trop idiot pour s'entraîner en sécurité avant, c’était là la raison de sa blessure à l’avant bras, c’était ce qui expliquait également sa démarche bancale due à une cheville qui n’avait supporter la réception hasardeuse. Alors aujourd’hui, encore, il se dirigeait vers ce bâtiment aux murs intérieurs blancs immaculés mais dans son esprit une seule chose: l’appréhension. Le chinois n’avait peur des seringues, l’idée de devoir se faire recoudre ne l’amenait à tourner de l’oeil non plus; non, ce qui occupait ses pensées se trouvait être une personne bien précise, celle qui l’engueulerait d’avoir fait une telle bêtise, qui s’inquiéterait inutilement également: Hera.

Alors son premier pas se faisait hésitant, son corps basculait lentement en avant, jetant un oeil à droite, à gauche, dans l’espoir de ne l’apercevoir pour se faire soigner correctement par quelqu’un. Tel un voleur, un ninja, il se faufilait dans les couloirs de l’hôpital sans véritablement savoir où se diriger. Habituellement, ses blessures il ne prenait la peine de se déplacer jusqu’ici, il les soignait seul avec les moyens du bord et sans prise de tête, sinon il était conduit en ambulance. Il n’y avait de juste milieu avec lui, c’était généralement tout ou rien; mais à voir comme son bras lui faisait mal, à voir son vêtement imbibé de sang de la sorte, il n’avait voulu jouer aux braves. Imaginez seulement s’il venait à devoir subir une transplantation pour avoir perdu tant de sang?! Ce n’était avec de l’oasis qu’il allait s’en tirer dans le bâtiment de sa fraternité… De plus, si Hera n’était là aujourd’hui, alors assurément: il avait plus de chance de la croiser dans les dortoirs. Mauvaise idée donc. Alors il continuait sa quête dans l’hopital en silence jusqu’à ce qu’un cri ne s'élève dans les couloirs, que son corps ne recule brusquement sous la surprise de voir quelqu’un derrière la porte qu’il venait de pousser. Une main sur son coeur pour apaiser ce dernier mouvementé, il regardait autour d’eux pour s’assurer que personne ne les rejoindrait, alarmé par ce cri.  « Yah… » Une douce plainte qui ne savait exprimer combien il avait eu peur à cet instant et qu’il suivait d’un soupir difficile en raison de l’agitation de son palpitant. Il ne reconnaissait à proprement parler le garçon qui se tenait devant lui, faute d’être physionomiste, mais il se souvenait l’avoir souvent vu dans le bâtiment destiné aux sciences mais aussi ici, à l’hôpital parfois. Etait-il étudiant en médecine lui aussi? « La morgue? » C’était là, le premier mot correct qu’il prononçait depuis leur rencontre aujourd’hui et autant dire qu’il n’était sûr de comprendre ce qu’on lui disait, non qu’il était à l’ouest de par sa blessure, mais ce mot n’était encore ancré dans son vocabulaire coréen. A contrario, le mot « cadavre » était plus familier déjà, peut-être les restants d’une soirée qui s’était déroulée peu après son arrivée à la Yonsei… Mais les deux mélangés, il gardait un doute sur la nature des propos de son vis-à-vis. « Je veux pas voler de cadavre, juste... » Est-ce qu’il avait le temps de s’expliquer? L’étudiant allait-il le laisser faire de toute façon?

Haneul laissait un soupir passer ses lèvres avant de s’approcher du garçon, son bras meurtri toujours bien tenu par son autre main afin d’assurer une pression sur la plaie. Sait-on jamais s’il avait dû nécessité un garrot? Il était pas bien doué en médecine, ce n’était pas pour rien. « Je peux pas passer en salle d’attente, je vais mourir sinon. » Et cette fois la morgue pourrait vraiment être sa prochaine destination si Hera lui mettait la main dessus. Hors de question de tenter le diable. Le sino-coréen montrait son bras meurtri au supposé médecin en devenir, une grande plaie ouverte s’étendant sur son avant-bras, à l’état de celle-ci, sans doute, le garçon pourrait en comprendre une éraflure dû à une surface rugueuse. « C’est juste une petite blessure, un coup de désinfectant, un bandage et ça suffira non? Rien de bien long, sauve-moi s’il te plait. » Comptait-il vraiment sur le premier venu pour lui sauver la peau? Près d’une morgue? D’ailleurs qu’est-ce qu’un supposé étudiant en médecine faisait là? Ils faisaient des cursus croque mort à l’université? Une idée à faire froid dans le dos...

L'hôpital était plus qu'ennuyant aujourd'hui, il n'y avait rien de spécial à faire et Sangae avait l'impression de devenir chèvre. C'est pourquoi il s'était évaporé dans les nuages pour pouvoir s'aventurer seul dans ce grand hôpital. Son attention s'est vite portée sur une silhouette connue qui avait la démarche d'un zombi pour l'occasion. Haneul s'était encore blessé, comme souvent depuis qu'il a commencé son stage d'observation à l'hôpital -ça date de moins d'un mois. Plutôt curieux de sa destination, il le suivit pendant un lapse de temps avant de se décider à passer à l'action. L'étudiant avait pris un chemin plus court afin de surprendre l'étudiant d'un hurlement, ce qui le choqua en vue de sa face. Oui, il était plutôt fier le dernier des Yu, il avait l'impression que sa sœur déteignait sur lui par moment. Le coréen croisa ses bras sur sa blouse blanche avant d'approuver de la tête quand le blessé comprit finalement qu'il allait dans la mauvaise décision s'il souhaitait se faire soigner… La morgue était plutôt l'endroit où la cure était terminée. " Oui, c'est la morgue de ce côté du bâtiment… Même si ta démarche ressemble à celle d'un zombie… Je doute qu'il soit l'heure pour toi de t'y rendre. " dit-il en souriant alors qu'il haussait les épaules en signe d'amusement. " Tu fais ce que tu veux mais sois plus discret si tu souhaites le faire " Chacun avait ses propres délires après tout, il ne souhaite même pas imaginer les désirs étranges que certains peuvent avoir.

Sangae remarqua finalement tous les blessures d'Haneul quand celui-ci parla de mort et de salle d'attente. Il est vrai qu'il y avait toujours un monde fou dans cette salle et ça semblait assez grave -quoi que les petites blessures soient toujours plus impressionnantes. " Tu as encore tester quelque chose de dangereux toi… Dans quel état tu es… " dit-il en claquant sa langue contre son palais. Restant silencieux quelques secondes à observer la blessure, il finit par soupirer et pousser Haneul dans le couloir, direction l'opposé afin de trouver un endroit tranquille pour le soigner. " Ca n'a pas l'air grave mais faut soigner tout ça, puis il y a ta cheville aussi… Tu fais quoi sérieusement pour te foutre dans ce genre d'état à chaque fois. " ouais, il était curieux le coréen parce qu'il revenait toujours blessé dans n'importe quelle situation. Après quelques minutes de marche, il l'arrêta dans un coin. " tu bouges pas, je vais chercher de quoi te soigner " dit-il en partant rapidement dans la réserve. Il prit de quoi en essayant de ne pas se faire chopper par les infirmières ou les médecins de gardes. Il put sortit quelques minutes après avec tout le matériel. " Allons dans ces escaliers, il y a très peu de passage " dit-il en ouvrant la porte avec ses fesses, ses bras étant beaucoup trop encombré. Il est temps de commencer à jouer au docteur maboule.