Doppelganger

Breach of reality

Retourner en cours avait été un grand pas depuis l'agression, quand il avait pensé ne plus jamais avoir de mettre le nez dehors. Ca avait été petit à petit, de sortir faire des courses au supermarché du coin, jusqu’à aller au cinéma avec des amis.
Un mois après le soir fatidique, il avait finalement décidé de se réinstaller sur le campus, aidé par l’idée d’être entouré par des personne qu’il connaissait et en lesquelles il avait confiance, mais aussi car il n’avait aucune envie de prendre du retard dans son master et son mémoire aussi près de la fin.
Au début, les premiers jours avaient été franchement pénible. Certaines personnes avaient été mises au courant de l’incident, et entre les regards de pitié, et ceux de curiosité, le jeune homme ne s’était franchement pas senti à l’aise.

Mais finalement, une fois sa jambe moins douloureuse et les rumeurs s’étant calmées, Samran avait repris ses ateliers et ses études, et finalement sa place dans les couloirs de l’école.
Finalement, il estimait qu’il s’en sortait bien, ayant excédé les espérances des médecins.
Et il ne s’en était pas rendu compte à présent, de combien il aimait la Yonsei. Il aimait son département et l’odeur de terre cuite et de peinture qui s’en dégageait, mais aussi son parc, ou encore le dortoir des Sangos, constamment rempli de bruits, à n’importe qu’elle heure de la journée ou de la nuit, et ca, c’était réconfortant.

“Salut, Kim ! A demain.”

Rangeant soigneusement ses pinceaux, le thailandais laissa échapper un joyeux “A demain”, en gardant les yeux rivés sur son tableau, heureux de ne pas être totalement rouillé.
Le soleil commencait à se coucher, donc il entreprit de ranger son plateau et de fermer l’atelier derrière lui pour rentrer au dortoir.
Il n’avait pas anticipé que les couloirs vides de l’université lui feraient cet effet. Mais d’un seul coup, c’est comme si son anxiété venait de nouveau s’écraser sur lui dans ces halls déserts.

D’un aussi bon pas que possible, il se dirigea vers la sortie, tournant au bout du couloir...pour rentrer directement dans quelqu’un, basculant et atterissant sur le derrière, ses pinceaux s’éparpillant dans un grand fracas autour de lui.
Il laissa échapper un cri de surprise et un gémissement de douleur, mais ce ne fut rien comparé à ce qu’il vit penché sur lui.

“Soo Hun…” souffle t’il, fermant violemment les yeux. “Non, Samran, il n’est pas réel, il n’est pas réel, il n’est pas réel.” La gorge serrée et les larmes aux yeux, il attendit, espérant rouvrir les yeux pour voir que la vision avait disparu.

   

Doppelganger

Breach of reality

Le jeune homme qui venait de le bousculer était parfaitement irréel. Comment deux personnes pouvaient se ressembler à ce point ? Personne ne pouvait réellement en vouloir à Samran d’avoir paniqué. Il avait eu une longue journée. Il était épuisé. Et il était habitué ces visions. Ces visions terrifiantes, ou ses amis apparaissaient et lui hurlaient que c’était de sa faute, qu’il aurait du mourir avec eux, qu’il aurait pu les sauver.
Elles étaient particulièrement fréquentes en ce moment. Alors oui, oui, il paniquait, espérant que Soo Hun finirait par disparaitre si il fermait juste très fort les yeux et essayait d’imaginer qu’il n’était plus là, à l’observer.

Malheureusement, la voix du jeune homme le fit à nouveau sursauter et gémir alors qu’il tentait tant bien que mal de se précipiter en arrière, avec autant de dignité que possible pour quelqu’un qui était assez paraitre. « Je suis désolé, je ne t’avais pas vu. Tu vas bien, tu ne t’es pas fait mal ? » Samran gémit et se raidit. “Non...non, s’il te plait, vas t’en Soo Hun…” sanglota t’il en enfouissant son visage dans ses mains.

Il devait avoir l’air fin, un homme adulte sanglotant assis sur le sol du couloir, mais pour être tout à fait honnête, il s’en fichait totalement. Il voulait simplement oublier. “Je suis désolé...T-tellement désolé...je ne voulais pas...je te promets.” Malheureusement, il savait que les supplications n’avaient pas grand effet sur les souvenirs qui prenaient un malin plaisir à revenir le hanter, le martyriser.