La musique est assourdissante, l’alcool est brûlant lorsqu’il coule dans sa gorge, la fumée lui donne une voix rauque et il ne sait même plus qui il tient dans ses bras ou sur qui sa bouche se pose. Il est bien trop tard pour qu’il y prête intérêt ou pour qu’il fasse attention. Il s’octroie des passe-droits, il prend tout ce qu’on lui donne, il ne se soucie de rien. Aki enchaîne les verres, il ne boit pas tout ceux qu’il commande, il en offre beaucoup, il en perd certain. Plus rien n’importe au cœur de la nuit. Pas même les souvenirs.

Il n’est soudain plus dans la boîte de nuit, il ne se souvient pas de quand il en est sorti, il ne sait pas non plus comment ni avec qui. Autour de lui, les rires fusent, les gens trébuchent, il n’est pas seul mais il voit trop flou pour identifier les visages. Il sait cependant que quelqu’un le rattrape dès qu’il tangue et que ce quelqu’un a un délicat parfum de pêche malgré son haleine aux relents d’alcool. Jeudi a laissé place à vendredi, le matin s’approche à grand pas. Il est l’heure d’une cigarette. Alors Aki repousse la personne qui le tient, il se laisse lourdement tomber sur le bord d’un trottoir et il libère son paquet de cigarette de la poche de sa veste en cuir, avant d’en allumer une.

Le silence est angoissant, il est difficile d’avancer, de monter les marches jusqu’au bon palier du dortoir des panthères. Aki est seul désormais, il ne sait pas quand les autres sont partis, il ne sait pas non plus quand il a pénétré dans le bâtiment. Un tambour cogne lourdement contre ses tempes, son estomac semble prêt à se venger et ses membres ne répondent plus vraiment aux ordres de son cerveau. C’est à quatre pattes que le musicien parvient à rejoindre sa chambre, c’est avec fracas qu’il y entre.

Son lit est doux, il est trop confortable pour qu’Aki prenne la peine de tenter de bouger. Il lui semble qu’il vient d’entrer. Il lui semble aussi que le chemin parcouru pour rejoindre son matelas a été semé d’embûches. Peu importe. Le sommeil l’emporte déjà.

tu rentres de ta soirée de travail complètement mort. tu ne rêves que d’une chose, t’affaler dans ton lit et dormir jusqu’à ce que tu te réveilles dans vingt heures. enfin ça c’est le programme que tu t’étais fait dans ta tête au moment de remettre les clés du scooter du restaurant et récupérer celles de ta moto pour rentrer au dortoir pyo. sauf que t’as aidé un peu à ranger, et que bien entendu tu n’as pas fait attention et tu t’es renversé l’huile sale des poêles pour les takoyakis sur tes vêtements. maintenant tu pues le poule huileux et tu dois prendre une douche. alors, tu laisses ton rêve t’échapper petit à petit pour te diriger vers la salle de bain. tu prends une douche, puis une deuxième et enfin une troisième pour retirer cette odeur affreuse d’huile et de poissons. quand tu es satisfait, tu n’as plus qu’à enfiler un caleçon et tu retournes dans ta chambre avec un sourire léger au coin des lèvres. le sommeil est là, pour une fois et tu t’affales comme un poids mort sur ton matelas. un coup d’œil au lit de ton coloc t’apprend qu’il est pas là. tu fermes les yeux, priant pour qu’il ne rentre pas en faisant un boucan d’enfer, surtout que c’est rare les moments où tu arrives à dormir réellement. tu laisses donc le sommeil t’emporter. tu ne sais pas combien de temps tu arrives à dormir, mais tu es réveillé en sursaut par quelqu’un qui entre sans discrétion dans la chambre. tu te relèves pour voir aki rentrer sûrement complètement torché de sa soirée. il ne se rend même pas compte du bruit qu’il fait avant de s’allonger comme une merde dans son lit et que le sommeil le fasse partir. tu pousses un soupir avant de te lever. tu sais d’avance que c’est mort, tu n’arriveras pas à te rendormir. tu enfiles rapidement un bas de jogging et entreprends d’enlever les chaussures de aki et ses vêtements et de le mettre comme il faut dans le lit. tu t’énerveras contre lui plus tard. pour le moment, tu vas juste faire ton footing. tu reviens deux heures plus tard, reprend une douche et enfin quand tu rentres à nouveau dans la chambre, tu fais un brin de ménage, discrètement bien sûr avant de venir près de l’oreille de akimistu. « DEBOUT LA MARMOTTE. » que tu dis en le secouant comme un prunier. tu l’as laissé dormir quatre heures, c’est plus que ce que toi t’as dormi par sa faute.

Ce n’est pas un sommeil reposant, ce n’est pas non plus un sommeil réparateur. Pourtant, c’est le même sommeil que celui dont il a l’habitude. Un sommeil qui permet de désaouler mais dont on se réveille fatigué, un goût désagréable dans la bouche et une impression d’acidité dans la gorge. Un réveil souvent accompagné de grognement, d’une envie de vomir certaine et d’un bourdonnement tenace entre les oreilles. Une habitude malsaine et pourtant tenace dont Akimitsu ne souhaite pas se débarrasser. Parce qu’il se sent vivant même s’il n’en aurait plus besoin. Il peut mourir demain, autant profiter de la jeunesse qu’il lui reste. Lui se moque pertinemment des conséquences et des inconvénients de ses escapades nocturnes. Il oublie trop souvent qu’il n’est parfois pas le seul à les subir. Et c’est le doux cri de son colocataire qui le lui rappelle. « Hm… » Grogne-t-il avait de se tourner sur le côté avec grande difficulté. Il ne comprend pas ce qu’il lui arrive, simplement que son tympan droit est désormais hors d’usage et que son estomac n’a absolument pas apprécié la secousse imposée par Hyuk Jae. « I’m gonna puke » marmonne-t-il avant de puiser dans ses maigres forces pour se lever et rejoindre les toilettes. Dans un moment très glamour, il libère de ses entrailles les restes de la veille et retourne rejoindre son lit. « Pourquoi tant de violence ? Quelle heure il est ? J’ai raté un truc ? » Le musicien enchaîne les questions sans ouvrir les yeux. La lumière est trop éblouissante. Il ne se rallonge pourtant pas, même si l’envie le taraude. S’il a été réveillé de cette manière, c’est que quelque chose cloche et même s’il est incapable de savoir ce dont il s’agit, il n’a nullement envie d’entendre à nouveau les cris de son colocataire. « Qu’est-ce que j’ai fait ? » finit-il par murmurer dans un soupir. Aki sait pertinemment que Hyuk Jae a des problèmes d’insomnie et si la soirée de la veille n’est qu’un trou noir dans sa mémoire, il se doute qu’il n’a pas dû être des plus sympathiques et civilisés. Du moins il l’espère, car ce serait la seule raison pour laquelle il pardonnerait un réveil si matinal et assourdissant.

d’ordinaire, quand akimistu sort, ça ne te dérange pas trop. tu t’en moques même, parce que t’es insomniaque et que la plupart du temps, quand il rentre, tu ne dors pas. cependant, cette fois, c’est différent. t’étais en train de dormir et il t’a réveillé en rentrant encore une fois complètement torché et ne se souciant pas vraiment du bruit qu’il faisait. alors, tu l’as laissé dormir, vacant à tes occupations jusqu’à ce qu’il ait dormi autant que toi, c’est-à-dire pas beaucoup. et tu viens le réveiller tout en douceur, en gueulant et le secouant pour réveiller ton colocataire. un grognement te répond et tu continues de le secouer jusqu’à ce qu’il se mette à parler en anglais. puke ? ça veut dire vomir non ? t’es pas sûr de toi. mais quand tu le vois courir presque aux toilettes pour renvoyer ce qu’il a dans l’estomac, tu as la confirmation de la signification de ce mot. tu croises les bras sur ton torse en le regardant faire. c’est assez pathétique comme vision parce que ce n’est pas la première fois que ça arrive et que ce n’est certainement pas la dernière. tu souffles quand il revient vers son lit s’y asseyant et te demandant ce qu’il s’est passé. tu attrapes une bouteille d’eau et une aspirine et tu lui tends en premier lieu. « prends ça d’abord. on dirait que tu vas encore une fois vomir et j’ai pas très envie d’assister encore une fois à ce spectacle ni même l’entendre. et puis on dirait que ça cogne là-dedans. » et tu viens tapoter ta tempe pour lui montrer, en vain parce qu’il a les yeux fermés. tu lui mets donc la bouteille dans une main et le cachet dans l’autre. puis tu vas t’asseoir sur ta chaise de bureau que tu ramènes près de lui. « rien de bien méchant. t’es juste rentré complètement bourré comme d’hab. sauf que cette fois, je dormais… » pas besoin de lui faire de dessin pour qu’il comprenne qu’il t’a réveillé et que t’as très peu apprécié. surtout que bon, il le sait que tu es insomniaque et que donc quand tu dors c’est sacré. « en soit j’en ai strictement rien à foutre que tu sortes et que tu te bourres la gueule à chaque fois. j’aimerai juste que tu sois un peu plus respectueux. » est-ce que c’est trop demandé ? apparemment oui puisqu’il n’a pas eu l’air de s’en faire que tu dormes ou non.