La fin de la semaine approche. La dernière sonnerie de ce vendredi si long pour toi retentit enfin. Il est 19h et tu pousses alors un long soupir de soulagement alors qu’un petit sourire discret étire tes lèvres. Le week-end est enfin là mais pas que. Le vendredi soir, tu t’es inscrite pour des cours particuliers de neurologie. Ces cours particuliers sont un moyen pour les élèves en premières années de médecine de décider leur spécialisation l’année prochaine. Tu avais donc le choix entre plusieurs cours particuliers et bien qu’au début, tu étais prête à t’inscrire en odontologie, tu as finalement opté pour la neurologie. Pourquoi un tel retournement de veste au dernier moment? Junho.

Voilà pourquoi ton sourire ne quitte pas tes lèvres. Pour une fois que tu souris niaisement, on te l’enlèvera pas. Tu remets ton sac sur l’épaule correctement et presses le pas lorsque tu chutes brutalement au sol sans comprendre pourquoi. Tu te tournes et remarques un groupe de filles qui ricanent. L’une d’entre elles vient de te faire un croche-pattes. Tu reportes ton attention droit devant toi et vois que ton livre se trouve maintenant à quelques mètres plus loin. Garces. Et elles continuent de rire alors que tu te redresses, rangeant une mèche de cheveux derrière ton oreille. « Connes. » pestes-tu, marchant jusqu’à ton livre pour le ramasser. Et tu les ignores royalement, ils attendent tous ça en fait. Que tu rétorques, que tu te défendes pour encore plus te foutre plus bas que terre. Mais ils n’y arriveront pas. Ils n’auront pas ton temps. Ces garces vont te mettre en retard à ton cours particulier. Et Junho… Junho, il va te prendre pour une idiote, encore plus que tu ne l’es déjà. Il va te prendre pour une élève pas sérieuse et ne t’accordera plus d’importance. Pourquoi tu fais une finette comme ça sur lui? Tu sais pas. Il dégage quelque chose de mystérieux et incroyablement attirant. Tu as lu son livre sur la maladie d’Alzheimer et puis, qui ne le connaît pas en médecine? Il est populaire pour être un des meilleurs élèves de sa promotion si ce n’est LE meilleur. Et toi, même si t’es vraiment fermée sur tout ce qui est attirance physique et pensées sexuelles, ben, tu peux pas t’empêcher de ressentir une attirance pour lui. Dès qu’il pose son regard sur toi, tu te sens toute chose. Tu ne peux pas le cacher en plus puisque tes joues deviennent rouges aussitôt. Néanmoins, tu te languis toujours le vendredi soir, ne serait-ce que pour le voir et entendre sa voix.

Tu arrives dans la salle de cours. Vous êtes une vingtaine de participants à chaque fois. Là, tout le monde est installé et en train de bosser sur quelque chose visiblement. Tu déglutis. « Désolée. » lances-tu timidement à Juno, baissant immédiatement la tête avant d’emboiter le pas vers une table du fond.

La journée avait été plus qu'épuisante. J'avais déjà passé une très mauvaise nuit, alors il fallait bien s'en douter, la journée allait être encore pire. Le réveil avait été loupé, mon corps était complètement tombé du lit sans même que je m'en rende compte, je suis sortie les cheveux en pétards, ce qui m'a valu énormément de critiques de mes amis. Ouais, pour le gars qui adore prendre soin de lui, c'était loupé. Les heures passaient lentement, comme-ci le temps c'était arrêté. Même l'heure de déjeuner avait été un supplice. D'ordinaire, je m'amuse beaucoup à cette heure de la journée, parce que c'est la plus longue pause. Ouais, cette fois-ci c'était tout l'inverse. Je n'avais même pas touché à mon dessert, alors que je l'aurai déjà engloutit depuis trente minutes. Mon visage était affalé sur la table, mon regard vide alors que mon esprit s'échappait de mon corps. Serait-ce une maladie? Aurais-je de la fièvre? C'est impossible. Je dormirais au moins deux heures après mon cours, ce n'est pas un problème si je rate le repas. La sonnerie me ramène rapidement à la réalité alors que ma bouche s'ouvre en grand pour laisser un merveilleux bâillement s'échapper. La fatigue, c'est terrible.

Je prends mon sac à dos et mes livres pour rejoindre une salle de classe. J'allais enseigner le cours particulier pour la médecine. J'avais des copies à rendre donc j'espérais que tous les élèves seront présents. Je souffle un bon coup et reprends ma respiration avant de me poser devant mon bureau. J'attends un instant, les étudiants rentrent un à un. Je commence mon cours en expliquant plusieurs choses sur la médecine. Je leur donne même ma méthode pour réviser. « Désolée. » Une jeune femme rentre dans ma salle. Elle ne se fait pas remarquer. Je n'ai pas besoin de lui dire de s'en aller. Elle est calme et j'ai remarqué que quelque chose n'allait pas.
Cinquante minutes plus tard, la sonnerie se met à sonner. Tout le monde se lève pour partir, mais sans aucune gêne. Mes deux mains se claquent l'une contre l'autre, faisant alors résonner un immense bruit dans la salle. Je pose le devoir de Park Jia Li sur sa table. « Tu as eu la meilleure note. » Pas un sourire, pas une compassion. Je félicite la jeune femme à ma manière. Je me rapproche un peu plus de mon interlocutrice. « Pourquoi es-tu arrivée en retard ? » Je dois me préoccuper des élèves que j'ai. Je ne veux pas ressembler à ses professeurs qui ne peuvent pas leur venir en aide.

Il est grand. Il est imposant et il a une prestance à couper le souffle. Par sa simple présence, il sait mettre mal à l’aise parce qu’on sait forcément le vécu qu’il a, l’expérience qu’il a gagné et son intelligence met à terre. Il est à la fois révulsant et attirant. Quelque chose t’attire vers lui, tu voudrais tellement pouvoir lui parler. Lui dire plus de choses. Te comporter non pas comme son élève mais plus comme une fille dans le même cursus que lui. Au lieu de ça, t’es incapable de faire quoi que ce soit à part le regarder avec des yeux brillants et courber l’échine pour le saluer. Solennellement, voilà, c’est le mot. C’est tellement solennel entre vous mais ça te frustre à un point incroyable. Tu voudrais tellement… Plus.

Tu pousses un soupir et vas prendre place au fond de la salle, seule, comme à ton habitude. Tu ranges une mèche de cheveux derrière ton oreille et commences à sortir tes affaires. Elles t’ont fait mal ces idiotes. Tu penses t’être foulée la cheville mais u ne dis rien, tu te contente de grimacer au moment où tu t’assois. Discrètement, tu poses ta jambe sur ton autre jambe afin de relever un peu ton pantalon et voir si tu n’as pas la peau qui commence à prendre une couleur bleue. Pas de chance. Ça ressemble à une entorse. Tu fermes les yeux et rabaisses ton pantalon, reportant ton attention sur le cours de Jun Ho. Et là, tu esquisses un sourire rêveur alors que tu le regardes parler et bouger ses mains. Tu te surprends à avoir des idées déplacées. Tu les as imaginées une seconde sur toi, à te déshabiller et tu te redresses aussitôt, les joues rosies. Heureusement que tu es seule et que personne ne voit ce comportement étrange que tu adoptes.

La fin du cours retentit. Déjà… Tu ranges tes affaires sans grande envie et prends ton temps, tu ne te languis pas de reposer le pied par terre et de devoir boiter jusqu’à chez toi. Mais soudain, tu te retrouves surprise par ton prof particulier qui dépose ta copie sur ton bureau. Tu regardes la notes en haussant les sourcils. Il te dit que c’est toi qui as eu la meilleure note. Tu fais glisser la feuille jusque sous tes yeux mais tu n’as pas vraiment le temps de regarder le reste qu’il te pose la fâcheuse question de la raison de ton retard. Tu lèves timidement le regard vers lui. « Je… » Tu vas sortir quoi comme excuse? « … On m’a faite tomber dans les couloirs. Et… j’ai dû ramasser toutes mes feuilles qui s’étaient envolées dans le couloir. Je suis vraiment désolée. » Tu n’oses pas le regarder dans les yeux. Et d’un mouvement brusque, tu te lèves de ta chaise, oubliant ta blessure, qui te fait grimacer et te rasseoir aussitôt. La douleur est insupportable. Toi qui voulais être discrète. C’est loupé. Il va voir que tu as quelque chose.