Il y a Nao et cette nuit passée ensemble, encore et encore. Junji qui ne sait pas s’ils doivent mettre des mots sur leur relation, essayer de la définir ou bien laisser le flou l’entourer. Ils passent trop de temps à deux pour que ce ne soit rien, sont trop jaloux – trop curieux pour une simple amitié avec des bénéfices. Non, à regarder ce visage endormi – Junji se dit qu’il ne voudrait personne d’autre à ses côtés. Nao blotti dans ses bras, ses doigts viennent caresser ses cheveux. Ils se perdent aussi sur sa peau, tracent des lignes invisibles et le grognement de l’autre le fait sourire. Il aime tout de lui, même ses piques, les mots tranchants. Nao qui ne prend jamais de gants, est toujours direct et le provoque. Leurs forts caractères rentrent parfois en collision mais l’harmonie domine. Pourtant, Junji quittera le lit. Dernier baiser déposé sur son cou et il s’envole. Direction la douche pour ensuite rejoindre le terrain de basket. Des amis à voir, des matchs à jouer. Junji qui presse le pas, ballon de basket qu’il fait claquer sur le sol. Le sourire aux lèvres quand il retrouve sa bande. Gamins géants, point positif pour jouer au basket. Et les matchs commencent, Junji qui se donne à fond. Qui aime gagner, marquer et s’accrocher à l’anneau. Et après plus d’une heure, les autres s’en vont. Disent qu’ils sont claqués mais Junji veut encore profiter du grand air. De la balle qui glisse entre ses mains, cogne sur le sol. Les rebonds contre le cerceau. L’amour du sport en bref. Et alors qu’il se perd dans ses pensées un instant, il entend son nom. Une voix familière, un visage connu. Enoch. Aussi grand que lui, le sourire aux lèvres. Il arrive vers lui mais il est devancé par une balle. Junji la rattrape par réflexe, il n’aurait pas voulu qu’elle lui finisse dans le visage. « Enoch. » Son prénom qu’il sort. Ballon qu’il fait tourner dans ses mains. « Avec plaisir. » Junji lui renvoie la balle, le laisse démarrer. Et ça rebondit sur le sol, ça se place en fonction des paniers. Le jeu commence et les mots viennent naturellement à Junji. « ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vus. » Junji réfléchit, se perd dans les souvenirs et ça lui revient – comme un flash. « La dernière fois, je t’ai croisé mais t’étais avec ce gars et tu m’as pas vu. » Il sourit, ignore encore ce à quoi il va faire face. Le déni.

Et il avait quitter la chaleur de ce lit, de ce corps endormi. Tout cela pour jouer, s'amuser comme un gosse sur un terrain de basket. Junji avait toujours aimé ça. Se dépenser, le sport en général. Le basket lui plaisait pour ses multiples facettes. Bluff, force, précision. Il aimait le fait d'alterner entre plusieurs visages, plusieurs tactiques. Il se donne à fond dans les matchs, fatiguent ses amis adversaires pour quelques minutes. Et puis les autres l'abandonnent. Grande silhouette esseulée, il n'a pas envie de rentrer. Ce n'est pas le moment. Il veut encore jouer, s'amuser - gagner aussi. Et même un esprit sarcastique comme le sien trouve du plaisir dans ces jeux qu'on pourrait qualifier de stupides. Junji sourit à l'entente de son prénom, réceptionne la balle lancée par Enoch. Il le retrouve enfin. Jeu qui redémarre, ne fait que commencer entre eux. Et il y a ce flash; révélation. Il avait vu Enoch avec un garçon. Et cela ne semblait pas qu'amical. Junji sait reconnaître ce regard. Il l'a souvent offert à d'autres - hommes comme femmes. Peu importe pour lui. Rivalité amicale, juste dans le jeu. Le ballon qui passe d'une paire de mains à l'autre. Et tout s'enchaîne, les mots, les gestes aussi. « Qu'est-ce que t'as fait pour être aussi occupé ? » Il sourit encore. Peut-être trop parce qu'Enoch arrive à lui voler le ballon. Traître, Junji se remet dans le jeu. Un trois points pour Enoch, il doit égaliser. Leurs regards se croisent. « C'était vers un hotel je crois. Un gars petit, plutôt mignon. » Description fidèle, surtout vu les nombreux centimètres qui séparaient Enoch de son ami. « Pourquoi tu esquives, il te déconcentre ? » Junji rit. « Je joue toujours sérieusement. » Et il rattrape la balle renvoyée avec force. Vient au face à face. « Tu sors avec ? » Question qu'il lance avant de le contrer pour marquer. Et c'est comme si Enoch était anxieux ou perdu. Junji qui ne comprend pas le problème.