Le silence est presque audible. La maison familiale est vide, chose plutôt rare. Habituellement, il y a toujours quelqu’un pour faire du bruit, surtout quand les jumeaux sont ensemble, on ne peut pas réellement les rater.. Sunmi se retrouve seule dans la maison trop grande pour elle ce jour-ci. C’est une sensation étrange, mais également agréable, avoir un peu de temps pour soi est chose à ne pas négliger. Elle compte bien profiter de cet instant de solitude qu’elle apprécie fortement. Il fait beau dehors, elle pourrait sortir, mais l’idée de rester dans son petit cocon lui plaît plus. Elle pourra aussi sauter sur l’occasion pour faire ce qu’elle n’oserait pas en ayant de la compagnie, comme par exemple chanter à pleine voix. Ce qu’elle ne s’autorise que trop rarement.

Avant de pousser la chansonnette, la jeune Yu décide d’aller grignoter un peu n’ayant pas mangé le matin même par manque d’appétit. Elle dévale les escaliers tout en sifflotant pour entrer dans la cuisine tandis que son ventre ne manque pas de lui rappeler sa faim en grognant peu élégamment. Très classe. Le frigo est ouvert en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire et Sunmi plonge le nez dans le frigo à la recherche de quelque chose de mangeable. Il faut dire que se nourrir n’est pas facile lorsque l’on est allergique au lactose.. Elle a toujours voulu se délecter d’un grand pot de fromage frais, mais malheureusement ce luxe ne lui est pas autorisé. Son choix se porte finalement sur des œufs brouillés au curry qu’elle se prépare d’une main d’expert. La cuisine, c’est son dada et tandis qu’elle fouette avec ardeur ses œufs, elle commence à chantonner discrètement. « Me likey likey likey.. » un mince filet de voix s’échappe d’entre ses lèvres. La petite brune verse le tout dans un poêle et continue sa préparation. Quelques minutes plus tard, les oeufs sont déjà dans son estomac et elle est en train de faire la vaisselle. Elle profite de ce moment pour se mettre à chanter à pleins poumons, se pensant toujours seule dans la maison.

Sauf qu’elle ne l’est peut-être pas finalement..

positionnée dans ton lit, allongé sur le ventre, tu as la tête plongée dans ton bouquin. tu adores ça lire, même si tu relis un livre que tu adores tout particulièrement, un livre que tu as lu beaucoup trop de fois mais tu ne t'en lasses jamais. en plus, tu profites d'être seule à la maison, ce n'est pas tous les jours que tu as la maison pour toi toute seule avec une si grande famille que la votre. c'est assez calme, seules les pages de ton livre lorsque tu en tournes une se font entendre. pas un seul bruit et c'est agréable. oui même pour toi qui est toujours turbulente, toi qui te fait toujours remarquer, toi qui parle fort. lorsque tu lis, tu aimes être dans le silence total. tu te plonges dans cette bulle que tu aimes tant. tu t'accordes du temps pour toi, soit en faisant du shopping, soit en lisant tes livres.

pourtant, il y a ce bruit qui te coupe totalement de ton petit monde, tu relèves la tête, les sourcils froncés. tu n'es pas seule ? l'un de tes frères est déjà rentré ? ou alors sana ? tu descends de ton lit, soupirant non discrètement afin de montrer ton agacement face à ça. c'est impossible, tu sais où ils se trouvent, ils ne devraient pas être rentrés. t'as limite envie que ça soit un voleur pour ne pas te déplacer pour rien... bref, tu sors doucement de ta chambre, tendant l'oreille. c'était peut-être un bruit extérieur après tout, mais lorsque tu entends la voix de sunmi, ton visage se ferme aussitôt. elle chante, un peu trop fort d'ailleurs. sunmi ? ta « soeur » apparemment. pour dire vrai, tu as du mal à le dire. pour toi, elle n'a fait que se taper l'incruste dans votre famille. quelque chose qui ne t'aurait peut-être pas dérangé, si elle n'était pas.. si jeune. c'est la plus jeune, ouais, TON rôle. c'était toi le bébé de la famille avant qu'elle se pointe, c'est pour cette raison que tu es aussi réticente envers elle. non, tu ne la connais pas, et disons le, tu ne fais pas d'effort pour la connaître.  on remerciera ton caractère de cochon. colérique comme jamais, tu descends les escaliers, claquant tes pieds comme si ce geste pouvait t'aider à évacuer ton agacement. tes sourcils se froncent, ton visage reste tout aussi fermé alors que tu poses un pied dans la cuisine. « OH!!!! » hurles-tu presque, afin de l'arrêter. et lorsqu'elle se tourne vers toi, tu hausses les sourcils, d'un ton toujours aussi désagréable, tu lui craches ces quelques mots. « tu t'es cru à the voice ou quoi ?! » tu soupires. si elle ne te déteste pas, c'est un miracle. t'as un comportement immature, sans doute, mais tu ne t'en rends pas compte. encore une fois, tu ne connais rien d'elle et tu ne cherches pas à arranger ça, tu préfères rester sur tes gardes, sur tes positions, elle reste celle qui t'a volé ta place. sans doute la nouvelle princesse et petit bébé de tes frères... ugh, tu détestes ça! « j'aimerais bien lire mon bouquin en paix, c'est trop demandé ? »

Elle est perdue dans son monde, elle frotte avec énergie son assiette et elle chante à tue-tête Sunmi sauf qu’elle n’avait pas prévu l’arrivée tempétueuse d’Eunae. Elle était pourtant sûre que personne ne devait être à la maison aujourd’hui, ce qui la surprend d’autant plus. À tel point que son assiette, qu’elle tenait dans ses mains prête à la poser sur le rebord de l’évier lui échappe, et tombe pour se briser au sol. Le fait qu’elle et sa sœur ne s’écoutent que très rarement voir jamais est en ce moment même plus que flagrant. Si la brunette avait prêté attention à Eunae la veille elle aurait pu anticiper cet évènement et n’aurait jamais chanté ni lâché cette assiette au sol. Il est de toute façon trop tard pour changer ce qui vient de se produire. Il y a peu, elle se serait laissé faire, trop habituée à se faire marcher dessus par les plus forts, mais depuis qu’elle vit chez les Yu, elle s’est interdit d’être faible. Elle refuse d’être un poids pour eux. Bien que sa sœur en fasse partie, ce n’est pas une raison pour la laisser lui parler comme ça. « Eh bien, excuse-moi. Je pensais être seule. Maintenant si ça ne te dérange pas, sors de la cuisine j’ai pas envie que tu marches sur du verre parce que te soigner ça serait juste un problème de plus. » Ca y est, c’est sorti et la jeune fille regrette déjà ce qu’elle vient de dire. Elle a un peu peur des représailles, mais c'est pas le moment de le montrer et attrape la balayette pour essuyer les débris de vaisselle.

Se blesser alors qu’elle vient de conseiller à Eunae de faire attention serait légèrement humiliant alors Sunmi fait bien attention de retirer chaque morceau de céramique au sol. Elle essuie le tout presque frustrée. Pourquoi sa sœur est elle toujours aussi désagréable avec elle ? C’est pas comme si elle avait elle-même choisit de s’incruster dans cette famille. Il y à peine 2 ans, elle n’en connaissait pas l’existence, alors s’en prendre à elle.. c’est juste puérile. N’est-elle pas supposée être la plus jeune ici ? Pourquoi elle se sent presque plus mature que sa cadette ? Elle lève les yeux, perplexe sur Eunae qui la regarde méchamment et ne peut s’empêcher de marmonner s’en vraiment s’en rendre compte « quelle peste.. ». Les choses sont déjà assez compliquée pour la brune, pas besoin que la jalousie vienne s’installer dans tout ça.. Elle est arrivée récemment alors il est évident qu’Eunae reste la préférée. Tiens ? Ce n'est pas une pointe de jalousie qu’elle ressent là ?

c'est clairement de la jalousie. t'aimes pas ça, tu trouves qu'elle prend trop de place parce qu'elle prend la tienne, de place. elle a une gueule d'ange, un joli minois, et de ce que t'as pu voir, elle est extrêmement douce et adorable. t'as beau être adorable toi aussi -quand tu veux- t'as plutôt un caractère bien trempé. t'aimes être la petite dernière, le petit doudou, la petite princesse et elle, elle s'incruste dans ta famille chérie pour te voler tout ça. c'est quoi la prochaine étape ? une relation fusionnelle avec sangae ? que jasun ne te voit même plus ? qu'il ne te protège même plus parce qu'il y a ce nouveau bébé dans la famille à protéger ? même pas en rêve. t'as pas le choix, et tu le sais, mais tu en as toujours d'autres... comme par exemple, ne pas être amie avec elle. ce n'est pas la personne qu'elle est, qui te dérange, simplement sa place, une autre personne et ça aurait été le même combat. alors non, t'es pas la plus douce du monde en arrivant dans la cuisine, t'es même exécrable mais tu t'en moques. t'as beau être une jeune femme, intelligente et mature, il y a cette partie de toi, petite enfant, petite princesse qui elle, n'est pas vraiment la plus mature qui soit et aujourd'hui, c'est cette partie de toi qui ressort. et puis, tu as dû lui faire peur puisqu'elle lâche une assiette qui se brise en plusieurs morceaux sur le sol. tu hausses les sourcils, te répétant qu'elle doit avoir deux mains gauches. mais ce n'est rien comparé à ce qu'elle te répond. « c'est à moi que tu parles, là ? » elle te parle réellement comme ça ? décidément, la détester devient une chose beaucoup trop simple pour toi. et ton regard devient plus noir encore, mais ce n'est rien comparé au moment où elle t'insulte de peste. oh tu le sais, t'en es même fière habituellement quand on te le dit, au moins, ça prouve que tu fais chier le monde comme il faut lorsque t'es décidé à le faire. t'es pas une peste, t'es adorable au fond... mais parfois, tu peux l'être, comme aujourd'hui. alors au lieu de faire demi-tour, tu viens tirer bruyamment une chaise de la cuisine, claquant les pieds contre le sol comme pour marquer ta présence ici, tu t'y installes. « bon puisque j'ai l'air de déranger, j'vais rester là. » c'est ce que tu as compris. le comble ! c'est elle qui s'incruste, et c'est toi qui dérange ? non mais là, faut pas pousser. c'est encore ta maison ici, à ce que tu saches. c'est pas d'ta faute si tu n'veux pas la partager avec elle. t'as pas le choix, et ça t'ennuie. bordel, si jasun t'entendait, il te tuerait de ses propres mains... et c'est justement ça qui t'énerve. il va la défendre elle et toi, tu vas être laisser comme une pauvre chaussette, tout ça à cause de la p'tite cendrillon. tu viens alors croiser les jambes, lançant un regard vers tes ongles, t'as cet air hautain qui pourrait passer pour de la provocation mais c'est simplement ton attitude quand tu te chiffonnes avec quelqu'un. ouais, une vraie peste, elle a pas tout à fait tort... mais elle n'a pas le droit de te le dire. « j'savais pas que t'étais aussi maladroite. » lâches-tu, relevant ton regard vers elle. en fait, tu sais pas grand chose au final, tu n'connais rien d'elle. « j'espère que t'es pas en train de péter toutes les assiettes. parce qu'en attendant, la peste, elle sait se servir de ses mains. » comme si t'en avais quelque chose à foutre si c'était le cas, pour le coup, c'est purement de la provocation, et de la méchanceté quelque part.

La journée avait pourtant bien commencé, Sunmi n’avait rien de prévu de particulier si ce n’est prendre du bon temps. Elle s’était levée de bonne humeur, avait mangé un bon petit plat, écouté de la bonne musique et chanté à en perdre la voix. Mais c’était sans compter sur l’arrivée de la tornade Eunae. C’est marrant tiens, toute sa bonne humeur s’était envolée et avait laissé place à de la tristesse mêlée à de la jalousie. Pourquoi ne l’acceptait-elle pas ? Ce n’est pas parce qu’elle était la « nouvelle » petite dernière qu’elle allait lui voler toutes les relations privilégiées avec le reste de sa famille. Oui, c’est ça le mot-clé : sa. Celle d’Eunae, pas celle de Sunmi, elle avait beau avoir des liens de sang avec Jasun et Kwansun, cela ne faisait pas d’elle un membre à part entière des Yu. Elle s’était imposée comme un coucou, à la demande de sa mère et avait toujours gardé cette petite pointe de malaise, ayant l’impression d’être un poids pour son entourage. Autant dire que la blonde ne l’aidait pas à se sentir à l’aise dans tout ce chamboulement. Deux ans s’étaient écoulés depuis cet évènement tragique qui avait marqué un nouveau départ dans sa vie et depuis ces deux années, Eunae ne l’avait toujours pas acceptée, la voyant comme un parasite. Sunmi avait essayé de ne pas se laisser marcher dessus, mais son côté trop émotif finissait finalement par prendre le dessus et elle nettoyait les morceaux de verre, la tête basse, retenant quelques larmes qui pointaient le bout de leur nez. Être aussi pleurnicheuse à dix-neuf ans.. peut-être était-il temps de changer ? De grandir, de mûrir ? Malheureusement, l’âge n’a jamais rien changé à cela. Les personnes trop émotives le restent généralement et cette émotivité trop accrue parfois augmente presque avec l’âge.

Lorsqu’Eunae décida de prendre place sur le siège, Sunmi serra les poings autour de la balayette, elle ne pouvait donc pas avoir un moment de répit ? Pourquoi est-ce sa sœur faisait ça ? La colère et la tristesse grignotaient petit à petit le cœur de la jeune Yu tandis qu’elle jetait les derniers morceaux de l’assiette à la poubelle. Une remarque pas très sympathique à son égard lui échappa et n’avait pas l’air d'être passée inaperçue. « Oui, c’est à toi que je parle. Et non, je ne casse pas toutes les assiettes. Tu comptes vraiment me pourrir la vie jusqu’au bout ? Tu crois VRAIMENT que j’ai demandé à venir chez vous ? M’imposer ? Non. Mais ma mère nous a quitté et j’ai pas eu le choix. OUI, j’ai été contente d’avoir un refuge, mais c’est pas pour autant que je prends mes aises et que je compte te voler ta place Eunae alors peut-être que tu devrais grandir tu crois pas ? J’en ai marre de supporter tes piques, tes remarques désagréables et tes regards méchants. Je t’ai fait quoi exactement ? Si tu penses que je cherche à attirer l’attention et la gentillesse sur moi, tu te mets le doigt dans l’œil et plus que profond. Je t’assure que je ne vais pas supporter tes gamineries plus longtemps. Ce qui est trop bête, c’est qu’en arrivant ici, le premier jour où je t’ai vue, j’me suis dit, chouette, je vais avoir une alliée ici. Elle a presque mon âge en plus, je suis sûre que ça m’aidera à surmonter le décès de maman. AH, j’me suis bien trompée finalement. La jalousie t’aveugle, tu te rends compte de l’immaturité dont tu fais preuve ? » Cette fois-ci, Sunmi avait finalement pu dire ce qu’elle avait sur le cœur, et bon sang ça soulageait. Les larmes qui menaçaient d’inonder ses joues lui importaient peu désormais, de même que ce qu'Eunae pouvait bien penser.

tu te donnes cette apparence de fille pourri gâtée, parce qu'au final, c'est ce que tu es. d'accord, tu as manqué de la présence d'un père, ton père n'était que très peu souvent là mais ça n'a pas vraiment joué sur la personne que tu es devenue. peut-être que tu serais différente si ça avait été le cas, qui sait ? t'en sais rien, mais tu es qui tu es maintenant. soyons honnête, tu n'as manqué de rien durant ton enfance, ni encore à l'heure actuelle, alors ouais.. ce qui te chiffonne, ce qui ne  te plaît pas, tu en fais une montagne comme si c'était grave. pourtant et malgré ce que tout le monde pourrait croire, ta vie n'a pas toujours été toute rose et violette... tu as vécu l'horrible absence de ta sœur et de ton frère. tu ne comptes même plus le nombre de soirs où tu as pleuré dans les bras de sangae parce que sana te manquait, parce qu'elle était entre les barreaux et que jasun n'était même pas là, ayant quitté le pays pour rejoindre les etats-unis quelques temps. depuis tout ça, tu sais que l'idée de les perdre à nouveau t'effraie au plus ou point, ça expliquerait sans doute ce qu'il se passe en ce moment. tu devrais avoir de la compassion, mais pourtant, quand tu n'en fais qu'à ta tête, ce n'est clairement pas l'impression que tu donnes. il n'y a aucune raison qui te pousse à te détester sunmi, seulement la place qu'elle prend dans la famille. est-ce une raison pour détester quelqu'un ? absolument pas. mais encore une fois, tu n'en fais qu'à ta tête. alors entre vous, ça fait tout de suite des étincelles. lorsqu'elle reprend la parole, tes yeux s'écarquillent, choquée -et blessée, même si tu ne le montres pas- par les propos qu'elle te dit. mais ne dit-on pas qu'il n'y a que la vérité qui blesse ? si, évidemment, tu ne l'avoueras pas et t'en as peut-être pas conscience mais elle a raison, c'est totalement immature ce comportement, et loin d'être très sympa. tu devrais te mettre à sa place, savoir que c'est loin d'être facile pour elle, et si c'était toi, hein ? pourtant, ça ne te traverse pas l'esprit, uniquement parce que t'aimes pas le fait de ne plus être le bébé de la famille. et puis, quand bien même tu baisserais la garde, qu'est-ce que ça voudrait dire ? que tu devras faire le premier pas ? mettre ta dignité de côté ? la laisser prendre de la place au risque de perdre tes frères et sœurs parce que tu n'es définitivement plus le bébé, la princesse à protéger ? ça, il n'en est pas question, tu ne te vois pas faire ça... cela dit, lorsqu'elle te parle de la première fois où vous vous êtes rencontrés, ton cœur se serre. une.. alliée ? elle pensait vraiment te voir comme une alliée ? une sœur proche ? la jalousie t'aveugle tellement que la simple idée d'avoir une bonne relation avec elle ne t'avait même pas traversé l'esprit. ça te fait bizarre d'y songer même si ça ne dure que quelques secondes, puisque sa dernière phrase te fait sortir de tes gonds. « je t'emmerde sunmi! t'es qui pour me parler comme ça ? » et toi, qui tu es pour lui parler comme ça ? encore une fois, tu t'enfonces sans vraiment t'en rendre compte. tu restes bornée, tu campes sur tes positions. elle a réussi à te déstabiliser, t'aimes pas ça. tu ne t'attendais pas à ce qu'elle te réponde aussi franchement, bien que tu adores ça en temps normal... là, elle a touché des points sensibles. sans doute parce que tout au fond de toi, tu sais qu'elle n'a pas tout à fait tort, qu'elle a même carrément raison, tu as ressenti ce pincement au cœur lorsqu'elle t'a parlé de sa mère, exemple parfait pour te prouver que tu ne vois pas plus loin que ta petite personne au final, puisque ça non plus, tu n'y songeais pas. mais tu ne l'avoueras pas, même pas à toi-même. « puis de quoi tu m'parles, me fais pas croire que tu voulais qu'on s'entende bien toi et moi... pis t'as que des alliés ici. » craches-tu, la fuyant du regard avant d'imiter une voix insupportable, grossièrement. « qu'est-ce qu'elle est adorable sunmi, qu'est-ce qu'elle est douce sunmi, vraiment la meilleure sunmi, blablablabla. » tu mimes faussement une marionnette avec ta main. avant de secouer la tête, et de souffler. finalement, tout ça, c'est ce qu'on a jamais dit de toi.. alors oui, c'est de la jalousie, mais non, tu ne le diras pas. oui, tu lui rejettes la faute, oui au final, tu t'enfonces, mais clairement, tu ne vois pas quoi faire d'autres. tu pourrais t'en sortir si tu ne comptais plus sur tes positions, si tu avais réellement conscience de ce qu'il se passait, si tu ne laissais pas ton impulsivité agir face à ce bouleversement qu'elle vient de créer en toi en touchant des points sensibles et véridique... non comme d'habitude, tu agis au quart de toi, et tu joues la peste. parce qu'au final, c'est ce que tu sais faire de mieux. « commence pas à jouer la victime... c'est quoi la prochaine étape ? tu vas aller pleurer dans les jupes de jasun parce que cette peste insupportable d'eunnie t'aime pas ? bouuuh. »

Le regard peiné de Sunmi ne quittait plus celui d’Eunae et sa lèvre inférieur tremblotait presque, au bord de l’explosion. Il faut avouer que la brunette avait toujours été extrêmement sensible et avec elle, peu importe l’émotion, cela se finissait fréquemment par des pleurs. Certains s’amusaient de cela et la voyaient comme une enfant, mais elle avait appris avec le temps à ne plus s’en préoccuper. À quoi bon répondre aux provocations de ce genre ? La sensibilité n’avait jamais été un signe d’immaturité voir même de faiblesse. Savoir laisser aller ses émotions pouvait même s’avérer être une force et là, Sunmi était à bout. Supporter la mauvaise humeur constante de sa demi-sœur devenait presque impossible et c’est pour ça qu’elle avait enfin eu le courage de tout lui balancer au visage, même si ça impliquait qu’elle doive finir par pleurer, ce qui menaçait d’arriver dans quelques secondes. L’évocation de sa mère l’avait également beaucoup touchée, sachant que l’anniversaire de son décès n’était pas si loin que ça. Elle aimerait tellement comprendre pourquoi la fille en face d’elle se refusait catégoriquement de l’accepter. Elle se doutait qu’il y avait des raisons et des blessures plus profondes que la simple jalousie immature qu’elle laissait paraître, mais Sunmi ça, elle n’y était pour rien et voir que tout lui retombait dessus, ça la rendait folle. Toutes les émotions passant dans le regard d’Eunae ne passèrent pas inaperçues et pendant quelques secondes elle se dit peut-être que le message était passé, que les choses allaient s’arranger… Mais c’était sans compter sur l’entêtement dont la blonde savait faire preuve. « Tu quoi ? Je suis qui ? Eunae, mais c’est tout ce que t’as retenu de ce que je t’ai dit ? Tu te fiches de moi, j’espère ? Premièrement, ça OUI je peux te l’affirmer tu m’emmerdes profondément et deuxièmement je suis ta demi-sœur, pas ton ennemie. Tu vas comprendre ça quand ? C’est si difficile que ça d’admettre que je ne suis pas juste un danger pour toi ? Ta place de princesse, je te la laisse volontiers ! » Bouillonnante de rage, s’en était trop, elle ne pouvait plus contenir les larmes qui se mirent à dévaler ses joues plus vite que des torrents. Et la revoilà en train de pleurer, cela ne pouvait donc jamais s’arrêter ? « T’es même pas capable de me dire tout ça en me regardant dans les yeux, très certainement parce que tu sais que t’as pas de raison valable de m’en vouloir, je suppose. » Marmonna-t-elle en reniflant comme elle le pouvait pour ne pas finir pleine de morve. « ET PUIS FLÛTE y’a pas de mouchoirs ici ?! » La brune cherchait du regard un quelconque bout de tissus pouvant lui permettre de se moucher, mais elle se ravisa en entendant Eunae dire qu’elle mentait, disant avoir voulu être proche d’elle. « Tu sais quoi ? T’es vraiment trop bête de penser ça… Parce qu’en disant que j’ai souhaité voir en toi une alliée, je suis on ne peut plus honnête. Et non, je ne compte pas aller voir Jasun pour régler mes problèmes parce que j’en ai marre d’être une plaie pour mon entourage. En plus de ça, il n’a rien à faire dans notre histoire, c’est entre toi et moi là. Arrête un peu de jouer les insupportable pestes, juste pour te protéger Eunae, la vie c’est pas ça et c’est dommage que tu ne le comprenne pas. »

eunnie, c'était son petit monde. sa petite personne. elle avait une liste de défauts interminable, une liste qu'elle assumait totalement, pire, elle s'en foutait. il faut dire qu'elle avait toujours eu ce qu'elle voulait, elle avait été levé dans du coton, protégée par une énorme fratrie. alors ça, c'est l'image qu'on a très souvent d'elle, parce que c'est ce qu'elle dégage, malgré elle, parfois, avec intention. mais eunae n'était pas que ça. elle avait surtout manqué d'un père, un manque qui se faisait ressentir pour beaucoup de choses, son comportement faisant partie de ces choses. qu'on l'aimait ou pas, elle s'en foutait. mais au fond d'elle, eunae était fragile. c'était parfois difficile à croire, parce qu'elle s'efforçait de prouver le contraire, de ne jamais montrer cette facette d'elle, préférant parfois se montrer sans coeur et jusqu'à présent, elle s'en sortait très bien. alors non, la présence de sunmi ne lui plaisait pas. c'était de la jalousie, de la pure jalousie. elle voulait rester le bébé de la famille, c'était un caprice, elle en avait conscience mais encore une fois, elle s'en foutait. et puis, elle avait sa fierté aussi. un énorme problème. pourquoi n'essayerait t-elle pas d'apprendre à connaître sunmi ? sa fierté. sa foutue fierté. elle avait passé trop de temps à la rejeter pour ça, elle n'allait pas changer de comportement du jour au lendemain, tout de même ? ça serait un effort à faire, mais pour elle, c'était impensable. c'était foutue, entre elles, ça n'ira jamais, et elle en était convaincu. et voilà qu'elle se prenait une tornade dans la gueule, elle osa même faire mine de ne l'écouter qu'à moitié alors que c'était loin d'être le cas et ses paroles allaient lui rester en tête très longtemps. elle ne voulait simplement pas le montrer, elle voulait avoir le pouvoir, le contrôle de la situation. avoir ce qu'elle veut, comme toujours. elle fronça les sourcils. pourtant, la jeune yu resta calme face à cette situation, en total contradiction avec l'état de sa dite sœur qui se met même à pleurer. quand eunae vit ses larmes, elle tourna la tête. elle voulait lui dire que ça ne servait à rien de se mettre dans de tels états, mais ça serait se montrer gentille avec elle, elle pourrait croire qu'elle s'inquiétait un minimum pour elle, et eunae n'était pas encore prête à s'avouer que c'était bel et bien le cas. pourtant, les prochaines paroles de la jeune femme forcèrent eunnie à relever le visage. elle venait de dire qu'elle n'était pas capable de la regarder dans les yeux, elle avait raison, mais de nouveau, eunnie voulait lui prouver le contraire. ses sourcils restèrent froncés, pour contenir ces sentiments qu'elle ne voulait pas lui montrer. ses paroles chamboulèrent un peu trop la jeune yu, qui détestait ça. pourtant, elle prenait ça comme un défi, elle la regardait enfin, en voyant ses larmes continuer de couler. elle dépitait ses paroles, plus tranchantes les unes que les autres. pour ainsi dire, eunnie n'avait que très rarement été aussi silencieuse. elle finit par se lever de sa chaise, abandonnant sans s'en rendre compte son rôle de peste, elle gardait une attitude fermée, une attitude de furie, parce qu'elle se cachait derrière tout ça, et puis qu'elle était perturbée, et blessée aussi. elle ne s'attendait pas à ce que sunmi réagisse de cette manière. elle ouvrit un placard, y sortant un paquet de mouchoirs qu'elle jeta sur la table. un geste gentil ? non, pas le moins du monde, ce n'était pas ce qu'elle voulait, mais elle l'avait pourtant fait. elle claqua le placard, comme pour y passer sa frustration. « c'est bon, arrête de pleurer ! » crache t-elle, alors qu'elle aurait pu essayer d'être plus gentille que ça. mais non, il fallait que même pour ce genre de choses, eunae se cache derrière son masque. soyons honnête, eunae avait déjà faite pleurer plus d'une fille. elle s'en foutait, mais faire pleurer sunmi... quelque part, ça l'emmerdait. complètement incohérent, ouais, mais c'était eunnie. cela ne faisait que lui prouver que ça n'ira jamais entre elles, parce que sa jalousie était beaucoup trop imposante. « t'as pas besoin de t'énerver comme ça, calme toi ! pour ta gouverne, toi aussi tu m'emmerdes. » elle avait toutes les raisons de s'énerver comme ça, il faut dire que c'était la première fois que eunnie était confronté à cette sunmi. à travers ses paroles, elle sortait eunnie de son monde de princesse, son monde où ne plus être la dernière de la famille était un problème. les deux jeunes femmes étaient différentes, c'était certain. et là, eunae prit la fuite. c'était la seule issue qu'elle voyait à cette discussion. ses paroles se bousculèrent encore dans son esprit, et elle n'aimait pas se sentir si perturbée, si peu sûre d'elle, pour une fois. oh non, elle détestait ça. alors elle se dirigea vers la sortie de la cuisine, s'apprêtant à grimper les escaliers mais se pas se stoppèrent. ses dents étaient serrés, elle soupire, déjà perturbée et bousculée en pensant à ce qu'elle s'apprêtait à faire : revenir. elle revient, restant à l'entrée de la cuisine, posant du regard sur sunmi. « tu étais vraiment contente ? tu me voyais comme une alliée ? » ces paroles restèrent, elle voyait vraiment eunnie comme une alliée ? elle était donc la seule à ne pas être enchantée par sa présence lorsqu'elle l'avait rencontré ?

Des gens bornés, elle en avait déjà rencontré, mais peu arrivaient à la cheville de la blonde qui se trouvait face à elle, le visage déformé par la colère et la surprise. Il était évident que jamais elle ne serait attendue à ce que la brunette se décide à la confronter comme ça, et pour cause, même elle n'aurait jamais pu imaginer enfin relâcher ce qu'elle avait sur le cœur. Mais à force, au bout de deux ans passés à supporter cette tension qui ne cessait de grandir, elle avait craqué et tout explosait. Voilà maintenant que les deux se regardaient en chiens de faïence, à se balancer des non-dits trop longtemps gardés, l'une dans l'espoir d'atteindre l'autre et l'autre cherchant à se protéger de la vérité. Il était vrai que Sunmi était arrivée comme ça, sans rien dire, "volant" à Eunae cette place qu'elle chérissait tant au sein de sa précieuse famille, mais encore une fois, l'avait-elle souhaité ? Non, parce que cela serait revenu à souhaiter quitter son cocon, le décès de sa mère et tant d'autre choses qui étaient absolument inconcevables. Lorsqu'elle est arrivée chez les Yu, elle a senti toutes ces personnes qui la dévisageaient, qui se demandaient bien comment elle avait pu atterrir dans une famille déjà si grande. Elle n'avait eu qu'une envie, prendre ses jambes à son coup, partir loin, retrouver sa mère bien que cela soit impossible. Agir comme une enfant en détresse, tout simplement. Elle n'avait rien fait. Scrutant elle aussi tout ces étrangers qui étaient dorénavant sa famille, envers et contre tous et elle l'avait finalement accepté, prête à faire des efforts. Voyant sa future sœur, elle avait même ressenti un intense soulagement, elle avait vu en elle ce qu'elle n'avait jamais eu, une alliée, une sœur à qui se confier, mais malheureusement elle avait eu tord. Son rêve était devenu un cauchemar. Supportant constamment des piques et des regards méchants, jaloux auxquels elle ne savait pas répondre, trop faible.

Cette altercation était pour elle un soulagement, un poids qui s'envolait de ses épaules. Même si c'était dur et qu'elle s'effondrait en larmes, elle comprenait que depuis tout ce temps, elle en avait besoin. Pouvoir enfin dire à Eunae que non, elle ne souhaitait pas lui prendre sa place, bien au contraire elle souhaitait être proche d'elle... c'était salvateur. Même si toutes ces révélations n'était pas très bien accueillies, car celle-ci lui demanda peu aimablement d'arrêter de pleurer tout en lui jetant une boite de mouchoir. « J'y peux rien ! » Répondit-elle sur le même ton, tout en plantant son regard dans le sien. « Oh que si y'a besoin que je m'énerve ! Parce qu'apparemment y'a que comme ça que tu daignes un minimum écouter ce que je dis. Après que ça rentre par une oreille et que ça sorte par l'autre ça malheureusement, je peux rien y faire. » Bon, il était vrai que balancer de but en blanc à son adversaire du moment qu'elle l'emmerdait, ce n'était pas la meilleure manière de s'y prendre, mais c'était sorti tout seul, sous le coup de la rage et de la frustration. Sunmi comprenait bien que cette situation puisse être compliquée pour sa demi-sœur, elle l'était pour elle aussi, mais il allait bien falloir qu'un jour cela change. Elles ne pouvaient pas jouer aux pires ennemies toute leur vie, c'était contre productif, et même nocif pour l'ambiance en sein de la famille. La brunette profita de ce moment de blanc, pour se moucher. Ce à quoi elle ne s'attendait pas, c'était au départ furtif d'Eunae, qui décida de prendre la fuite, ayant sans doute un important besoin de réfléchir à tout ça... Mais contre toute attente, la concernée s'arrêta, et lui posa une dernière question, plus doucement. Surprise, la jeune fille contint un sourire avant de lui répondre d'une voix tremblotante. « Eunae, je me répéterais autant de fois qu'il le faudra pour que tu comprennes. Oui, je te voyais et envisage encore de te voir comme une alliée. J'espère honnêtement qu'un jour nos rapports s'amélioreront. »

eun ae était ce genre de personnes. elle avait ce comportement parfois puéril et elle en avait conscience, c'est juste qu'elle s'en fichait pas mal. elle faisait ce qu'elle voulait, quand elle voulait, si elle avait envie de réagir comme une enfant de cinq ans, personne ne pouvait l'en empêcher. mais elle pouvait aussi se montrer très... imprévisible. on ne savait jamais, avec elle. pour preuve, elle lui donna quelques mouchoirs, cela dit, elle ne lui donna pas de la manière la plus douce qui soit, mais le simple fait de lui en donner était un grand pas pour elle, même si ça ne se voyait pas. et puis, même si elle avait haussé le ton, lui disant d'arrêter de pleurer, c'était parce qu'au fond, elle ne voulait pas la voir comme ça. s'avouer qu'elle avait de l'intérêt pour elle ? jamais de la vie. c'était assez compliqué, alors c'était sa manière à elle de camoufler tout ça. quoi qu'elle faisait, il y avait toujours cette voix au fond d'elle qui lui répétait que sunmi n'était rien d'autre qu'une ennemie, qu'une fille qui voulait prendre SA place dans la famille. cette voix qui l'empêchait d'entendre la voix de la raison, et même ce que pouvais lui dire sunmi. cette voix qui l'aidait à la détester, finalement. ça revenait toujours, et avec son caractère loin d'être facile, rien ne s'arrangeait. sunmi releva son regard, le plantant dans celui d'eunnie, avant de reprendre la parole. eunae tentait de garder un air indifférent face à tout ça. « déjà, je t'écoute si j'ai envie de t'écouter. » pesta t-elle. alors que finalement, les mots de sunmi avaient réussi à avoir leur petit effet, chose qu'eunae avait bien du mal à accepter. d'ailleurs, pour les mêmes raisons, la jeune femme ne tarda pas à prendre la fuite, se dirigeant vers la sortie mais contre toute attente, plus imprévisible que jamais, elle détourna les talons pour poser cette question à sunmi. ok, outre le fait qu'eunae était persuadé que les choses ne changeraient jamais entre elles, qu'elle ne parviendrait jamais à la voir comme une sœur... est-ce que sunmi voulait vraiment d'eunae à ses côtés ? quelque chose lui disait que c'était sûrement encore une de ses combines, afin d'être proche de tout le monde, être la bonne petite soeur, trop gentille et adorable. en fait, c'était sûrement cette même voix qui lui rappelait constamment que sunmi ne voulait simplement qu'être le petit bébé de la famille. la réponse de cette dernière la tourmenta assez, elle resta là, à la fixer. elle envisageait encore de la voir comme une alliée ? eunae ne trouvait rien à répondre à tout ça, elle ne voulait pas baisser la garde, c'était bien trop lui demander, mais en même temps et pour la première fois, eunae remettait silencieusement certaines choses en questions. et bordel, qu'est-ce qu'elle détestait ça ! après un court moment de silence, eunae soupira non discrètement, tentant à nouveau de garder cette même attitude. elle était fière, bien trop fière pour lui donner raison ne serait-ce qu'à moitié, alors rester sur ses positions était la chose la plus simple à faire. elle sortit finalement de la cuisine, grimpant en vitesse les escaliers, plus perturbée que jamais.