Bouboule, boudin, gros lard. Les surnoms que j’avais en étant enfant. Je suis né et j’ai grandi une grosse partie de mon enfance et adolescence aux Etats Unis. J’étais en surpoids effectivement. J’en ai réellement souffert. Je n’arrivais pas à me faire des amis. J’adorais la danse, mais on se moquait toujours de moi, alors je m’entrainais dans ma chambre. A l’abris de tous les regards. Je n’arrivais pas à faire de régime. Je passais mon temps à me goinfrer avec le stress et ma mère ne savait plus quoi faire. Je me renfermais sur moi-même et je ne sortais plus, je restais à chanter sur mon karaoké et à inventer des chorégraphies.

Pour me remonter le moral, ma mère avait acheté un piano d’occasion. Elle disait que j’avais du talent. Je prenais des cours à domicile, et un jour je me décidais à participer à la fête de l’école. Je n’avais que dix ans. Je m’étais juré de ne plus jamais recommencer, de ne jamais remonter sur une scène. On m’avait hué et crié des insultes alors que je n’avais même pas commencé. A partir de cet instant, j’ai décidé de perdre du poids.

J’arrêtais les burgers et le coca cola, j’arrêtais de grignoter à n’importe quelle heure. J’étais déterminé. Je me suis mis à courir pour commencer. C’était difficile, mais il était hors de question que je me ressente aussi mal dans ma vie. J’ai commencé à voir les résultats et j’ai commencé à manger de moins en moins, jusqu’à ne plus rien manger. J’avais quinze ans quand ma mère s’en est plus ou moins rendu compte. Je lui disais que c’était le sport, la musculation. Mais un jour ce n’était plus suffisant. Je pratiquais beaucoup la danse, ça plaisait aux filles. Mais elles ne m'intéressaient pas et en m'entraînant je me suis brisé la jambe. J'étais trop faible. Je me souviens encore du bruit.

Je me suis retrouvé à l’hôpital avec une sonde pour me nourrir et j’en crevais. J’étais en train de me tuer pour quelques grammes en trop. Mon poids était devenu une obsession. Je suis resté hospitalisé plusieurs semaines et j’ai dû voir un psy. Je n’avais pas le choix. Si je voulais sortir, je devais manger et aller à mes séances. Pour ne pas trop déprimer, je me suis remis à chanter. Je n’avais même plus assez de force pour danser et de toute façon, le médecin m'avais dit que je ne pourrais plus le faire. Que je garderais des séquelles. Je boite aujourd'hui.

J’ai passé mon diplôme avec une année de retard et avec des cours à la maison. Je ne voulais plus retourner au lycée. C’est pour cette raison que nous avons déménager en Corée. Mon père avait une opportunité et c’était pour moi l’occasion de recommencer à zéro. Nous avons emmené le piano. J’ai repris du poids. Assez pour pouvoir arrêter mes séances chez le psy. Je me suis inscrit à l'université parce que j'ai quelques facilités. Je suis déjà bilingue, alors c'était simple.

Le petit gros que j’étais n’avait jamais imaginé pouvoir devenir beau. J’ai encore quelques problèmes liés à la nourriture, mais je fais de mon mieux pour les surmonter.