c'est comme si sa propre voix n'était qu'un écho lointain. ses pensées s'amoncellent, confusion. douleur qui se pointe, elle tape - lacère l'intérieur de son cœur. il sent ses yeux papillonner - bien sûr discrètement. il ne peut pas laisser entrevoir ses faiblesses au soleil, pas à taewoong non plus. il est trop tôt, ils sont encore encore loin. question qui retentit. taeyang qui acquiesce. « à pied, c'est bien. » le bus, c'est trop rapide. le bus, ça les amènerait à leurs parents trop tôt. taeyang n'a pas envie d'arriver trop vite, de s'effondrer sans le prévoir. il préfère marcher, avancer pour mieux s'y préparer. l'air est bon aujourd'hui, le temps aussi. « ça nous réveillera. » mensonge, comme s'ils avaient dormi beaucoup. ils semblent tous les deux avancer avec peu de vie même si le sourire factice sur les lèvres de taeyang en dit le contraire. sourire pour ne pas pleurer, sourire au vide - sourire au vent. maman, t'es où. papa, t'es où. il regarde autour de lui, évite encore soigneusement les yeux de taewoong. des banalités s'échappent d'entre ses lèvres quand la boule dans sa gorge l'y autorise. il n'a pas envie de céder, pas envie de perdre la bataille face à la douleur qui l'envahit. c'est pas pareil qu'à séoul. ici, ça lui prend les tripes. ici, ça s'abat sur lui sans crier gare. ici, c'est trop dur. il remercie son frère de ne pas conduire, le bus de ne pas être apparu devant eux. ils semblent avoir eu la même pensée. envie, pas envie d'y aller. ça oscille entre les deux, aiguille qui va de l'un à l'autre - à chaque seconde. pas lents, comme si les semelles de ses chaussures se collaient au sol, s'y agrippaient afin qu'il reste planté là, qu'il puisse être seul face à ses pensées. il ne sait pas quoi dire, il ne sait pas quoi faire.

il a l'impression de finalement apercevoir le panneau au loin. il ne peut pas dire combien de temps ils ont mis, ni si le temps a suivi son cours habituel. taeyang, il a l'impression d'avoir vécu au ralenti - le corps coincé entre la brise et la terre. il voudrait regarder son frère, poser les yeux sur sa silhouette mais il sent qu'il va craquer. il veut tenir jusqu'à eux, il veut voir ses parents. il voudrait être plus fort, être un surhomme parmi les hommes mais il n'en est rien. il n'est qu'humain, blessé. il est encore cet adolescent qui pleure ses parents, ça malgré le temps.

peut-être pleurera t-il à jamais.

taewoong écoute son frère parler et hoche simplement la tête. ils le savent tous les deux qu’ils sont très bien réveillés mais l’un comme l’autre ne veulent pas réellement se rendre plus vite devant la tombe de leurs parents. ça fait quelques années qu’ils les ont quitté et pourtant, le jeune homme a l’impression que c’était hier qu’ils étaient là, à l’encourager à suivre ses cours d’histoire et géographie en parallèle de sa passion pour la danse. c’était eux qui l’avaient poussé à partir à séoul et laisser son île adorée en plus du mariage de la femme qu’il aimait. maintenant, il regrettait de les avoir quitté autant parce qu’il n’avait pas pu profité de ses parents avant leur mort mais également parce qu’il n’avait pas su porter assistance à hayoung quand elle avait le plus besoin de lui. il n’avait pas été là et il s’en voulait plus que tout. il savait quand même qu’il n’aurait rien pu faire parce qu’il connaissait la jeune femme, jamais elle ne lui aurait avoué qu’elle se faisait battre. ça aurait voulu dire reconnaitre l’échec de sa relation alors qu’elle était persuadée que ça allait durer tout leur vie. il pousse un discret soupir alors qu’il se met en route, taeyang près de lui. il n’a pas la tête à penser à ça pour le moment. les deux frères vont aller voir leurs parents et même si taewoong n’a pas envie de craquer, il sait que ça pourrait arriver. alors, ils marchent en silence, faisant fi de la présence de l’autre. ils n’ont pas envie de se regarder ou même de savoir qu’ils sont à côté parce qu’ils sont dans le même état d’esprit. il suffirait d’un simple geste, d’une simple parole pour que les larmes se mettent à couler sur leurs visages. du coup, ils se taisent, marchant lentement comme si chacun de leurs pas étaient plus lourds que les précédents.

le panneau indiquant le lieu où les frères oh se rendaient apparait dans leur champ de vision et taewoong ne réfléchit plus vraiment. il attrape par réflexe la main de taeyang, son petit frère, comme s’il avait senti qu’il avait besoin de soutien et d’appui. encore une fois, le plus vieux de la famille le laisserait pleurer s’il en avait besoin et il refoulerait à nouveau ses propres pleurs pour ne pas alerter le plus jeune. il avait toujours voulu faire en sorte que taeyang ne se rende pas réellement compte que tout ça lui faisait autant mal qu’à lui. il devait se montrer fort parce qu’il était le chef de la famille maintenant. « on arrive. » murmure-t-il plus pour lui et ses parents qui ne l’entendent pas que pour son frère. il n’ose même pas le regarder de peur de se mettre à pleurer et ne plus pouvoir s’arrêter. taewoong serre la main de son frère et continue d’avancer. l’entrée du bâtiment se dresse devant eux et il finit cette fois par se tourner vers son frère. « on entre ? » demande anodine en soit, mais il préférait checker l’état de taeyang avant d’entrer à l’intérieur.