« mais rends-le moi ! » tu tentes une énième fois de récupérer ton cartable, mais ces jeunes ne veulent pas te le rendre. tu ne sais pas pourquoi, ces  derniers temps, ils ont décidé que tu serai désormais leur victime jusqu'à ce qu'ils trouvent mieux que toi, comme à chaque fois. ce type t'ignore complètement, cet air hautain sur le visage, il jette un coup d’œil à l'intérieur avant de transvider le reste au sol. tu fronces les sourcils, ignorant ses amis qui t'entourent, présents dans l'unique but de t'impressionner. mais ça ne fonctionne pas. t'es pas du genre à te laisser faire, alors violemment, tu déposes tes mains sur son torse pour le pousser plus loin. ce à quoi ses amis réagissent vite, venant t'attraper l'arrière de ta veste pour te soulever du sol. « lâche moi ! » tu tentes de te débattre, agitant tes jambes mais rien n'y fait. il faut dire qu'ils sont tous assez costauds, et plus musclés que toi. t'as pas autant de force qu'eux. mais tu connais toute cette violence, tout ce mépris pour une raison qui t'échappe encore. ton grand-frère était la terreur de cette école avant qu'il ne soit viré pour ces mêmes raisons. akiya n'est pas un exemple, et tu en as conscience. il a cette méchanceté gratuite que tu ne comprends pas, il est hautain, bagarreur mais c'est ton frère, il était là pour te protéger, personne ne t'emmerdait lorsqu'il était là, parce qu'ils savaient tous qu'ils couraient ce risque de se retrouver face à lui. tu entends les coutures de ta veste craquer, d'ailleurs, celui qui te détient ne tarde pas à te relâcher, sans relâcher ta veste qui fini déchirée. et puis, avant même que tu aies le  temps de faire quoi que ce soit, il te pousse violemment, tu atterris sur les fesses. la colère bouillonne en toi, mais tu ne feras rien d'autre. ils partent, ils te laissent et toi, tu réunis tes affaires -le peu qu'il te reste- pour pouvoir quitter cet endroit, la frustration collée aux tripes.

akiya, ton frère, a été mis au courant de cette histoire. il leur a réglé leur compte non sans te donner une leçon à toi aussi. leçon que t'as pas envie de suivre. il voit la vie comme si elle était un combat sans fin.



les éclats de rire de ton frère et sa bande potes s'envolent dans ces échos que tu détestes. ils s'en prennent à plus faible qu'eux, comme d'habitude. certains de la bande ont besoin de fric, alors ils rackettent, d'autres, sont juste de mauvaises influences et ton frère... c'est ton frère. « quoi? t'as rien pour nous? » lui demande t-il dans sa langue maternelle, alors que ce gosse ne comprendra rien, de toute évidence. les mains dans tes poches, tu baisses les yeux. incapable de regarder la scène face à toi, t'es pas impuissant, mais tu dois l'être, et c'est horrible. tu ne peux rien faire, enfin, tu pourrais t'interposer mais les risques sont trop gros. encore une énième dispute avec ton frère, ou même pire, le perdre définitivement alors qu'il est ta seule famille. alors non, t'es incapable de regarder, pourtant, tu dois garder une attitude assez forte. alors tu relèves le regard malgré qu'il soit toujours quelque peu baissé. observant ton frère vider son sac comme on a pu te le faire subir à toi, il fût un temps, des bruits d'objets qui se cassent, dont une gameboy qui atterri à ses pieds. bien évidemment, il ne manque pas cette occasion, levant son pied pour éclater l'objet sous les yeux du petit bonhomme et les rires de ses amis. toi, t'as toujours rien fait. tu restes là, sans broncher, sans savoir réellement quoi faire aussi. rien, comme d'habitude, tu ne vas rien faire.

assis sur ton balcon, tes jambes se balancent dans le vide, tu fixes les étoiles. c'est dingue comme le calme de la nuit peut t'apaiser. les étoiles brillent, le soleil s'est couché depuis bien longtemps maintenant, mais tu n'es pas si serein que ça. t'es tracassé par ce qu'il s'est produit plus tôt dans la journée. comme d'habitude. « nao, on va bouffer, tu viens ? » tu ne détournes même pas le visage, tu ne le regardes pas. « non, je mange seul. » ta famille a toujours énormément compté pour toi, et akiya aussi, seulement... tu es si différent de lui. vous n'avez rien à voir, vous ne voyez pas les choses de la même manière, vous vous disputez toujours. tu l'aimes parce que c'est ton frère, tout ce qu'il te reste de ta famille, autrement, tu ne l'aurais jamais supporté. « ok, à ce soir. » te lâche t-il, neutre, alors qu'il sait très bien qu'il se passe quelque chose. tu te lèves, te tournant finalement vers lui, tu le coupes dans son départ. « pourquoi t'as fait ça encore? il t'avait fait quoi ce pauvre gosse? » ça va encore très mal se terminer, c'est loin d'être la première fois que ça se passe de cette manière, tu ne sais pas pourquoi t'as encore espoir de changer ton frère, c'est peine perdue. il hausse les sourcils, posant cette fois-ci, toute son attention sur toi. « j'pense pas que tu sois en droit d'me parler comme ça, t'oublies vite que j'suis assez grand pour faire c'que j'veux. » tu secoues la tête, soupirant non discrètement. « tu pouvais pas juste lui foutre la paix? » « t'as rien à m'dire nao, ferme la. oublie pas tout c'que j'ai fait pour toi. » bien-sûr que si t'as quelque chose à dire, et comme à chaque fois, tu le dis. à ton frère, c'est moins évident, mais ta nature prend toujours le dessus. oui, il a toujours été là pour toi, il t'a toujours aidé, mais cette pensée ne parvient pas à lui donner raison sur ses agissements. «  tu sais très bien ce qui arrive aux personnes trop gentilles. à quoi tu joues? tu veux t'faire marcher d'ssus? » « c'est p- » « qu'est-ce que j't'ai dit ?. » il installe un silence dans la pièce, un court silence, avant de reprendre « faut cogner avant d'être cogné, faut pas avoir d'la pitié dans c'monde. ça sert à rien. » il en a vécu des choses ton frère, il a traîné dans les coins les plus bizarres du japon, il a eu des problèmes certes, son caractère s'est renforcé, il n'a plus de pitié, parfois, tu te demandes s'il a encore un cœur. t'en as marre de cette situation, mais tu peux rien faire. tu n'as nul part où aller, et tu ne sais pas si tu parviendrais à faire totalement une croix sur lui, renier un membre de sa famille est quelque chose d'inconcevable pour toi, pourtant, t'as bien compris que tu étais mieux seul. il tourne les talons, te laissant seul dans l'appartement alors que tu te tournes à nouveau vers le ciel. tu n'as plus que lui, mais tu te sens tout de même seul. tu fixes les étoiles, te répétant qu'un beau jour, ça ira pour toi. qu'un jour, tu pourras le faire réagir, le changer, mais pour le moment, c'est impossible. il n'a peut-être plus de cœur, mais toi, tu en as sans doute trop.

tu l'aperçois au loin, tu t'avances doucement dans sa direction, tu sais qu'il risque de prendre ses jambes à son cou au moment où il te verra, il a dû retenir tous les visages de ces horribles personnes qui l'ont emmerdé. t'as rien fait toi, mais tu étais tout de même là, et t'as rien fait, tu ne l'as pas défendu. tu commences à avoir l'habitude maintenant, mais avoir l'habitude ne signifie pas que tu as plus de facilité à supporter tout ça et surtout, à l'accepter. et comme tu t'en doutais, arrivé à sa hauteur, ses yeux se relèvent et se posent sur toi. son visage se tend aussitôt, il fronce les sourcils de peur avant d'attraper son sac et de partir. « no, wait! » il s'arrête, gardant une distance assez large pour pouvoir s'enfuir à tout moment si tu fais un seul faux mouvement. il n'a l'air de pas comprendre, et c'est normal. « i don't want to hurt you or anything. » tu lèves même une petite seconde tes mains en signe de paix, il verra sûrement à ton expression faciale que tu n'as aucune envie de te battre ni de l'emmerder. « i don't speak korean... i'm sorry, do you.. speak english ? » parce que vous êtes arrivés en corée il y a très peu de temps ton frère et toi. tu n'as pas de difficulté à apprendre et c'est un avantage, mais c'est encore bien trop tôt pour que tu puisses apprendre une langue correctement. alors l'anglais est souvent la langue qui te sauve, ou le japonais, si d'autres parlent ta langue natale. « .. a.. little. » il a l'air de baisser quelque peu la garde mais malgré tout, tu peux encore y lire une certaine méfiance dans ses yeux. tu sors rapidement la gameboy de ta poche, tu en profites avant qu'il ne s'enfuit une nouvelle fois. tu la tends dans sa direction. « i've bought this for you. » ses sourcils ne se défroncent pas, c'est timidement qu'il se saisie de l'objet, comme si c'était une bombe prête à exploser. il l'analyse même sans comprendre, il n'ose même pas parler, encore une fois, tu peux le comprendre. t'étais avec ces gens qui l'humiliait, et maintenant, tu reviens avec ce qu'on lui a pris. « pardon de... mon frère, faire à toi, tout à l'heure » t'as vraiment du mal avec le coréen, tu as simplement tes bases mais il comprendra, enfin, tu l'espères, tu tenais à lui dire dans sa propre langue. un mince sourire désolé et puis, tu tournes les talons pour repartir. encore une fois, t'étais juste là pour lui rendre ce que ton frère lui avait cassé, histoire d'en avoir le cœur soulagé comme si la seule chose que tu pouvais faire, c'était de balayer ses conneries.