❝ La cardiomyopathie hypertrophique est une maladie du muscle cardiaque avec comme principale caractéristique un épaississement excessif du ventricule gauche et plus particulièrement du septum. Il s’agit d’une maladie génétique transmissible sur un mode autosomique dominant. Cela signifie qu’elle peut être transmise à la descendance avec un risque de 50%, équivalent chez les garçons et les filles. Le plus souvent les patients rapportent des symptômes à type d’essoufflement notamment lorsqu’ils réalisent un effort, ou de douleur thoracique ou bien encore de sensation de palpitations. Il est aussi observé des malaises avec parfois perte de connaissance le plus souvent à l’effort également. Ces malaises peuvent parfois être graves et aller jusqu’à la mort subite qui est dans certains cas la première manifestation de la maladie. Un patient symptomatique se verra prescrire des médicaments tels que : des béta bloquants ou des inhibiteurs calciques ou en cas de trouble du rythme cardiaque des anti-arythmiques associés si besoin à des anticoagulants en cas de fibrillation atriale ❞

Ce n'est rien qu'un diagnostic, rien que quelques mots, rien que la description de quelque chose qui le définit.
Et pourtant c'est ce qui contrôle sa vie.



Tanjiu n'avait que douze ans lorsqu'il est allé à l'hôpital pour faire plusieurs examens, plusieurs analyses. Avant il s'y rendait souvent mais uniquement pour y voir son père, son héros travailler et faire de son mieux pour sauver un maximum de vies. Et va savoir si c'est une histoire de karma, de malchance ou de destin, mais quelque chose s'est définitivement abattu sur les Meng ce jour là puisque c'est le docteur de la famille, spécialisé en cardiologie qui a détecté la condition de son fils. Et Tanjiu n'avait pas vraiment compris au début, il n'était pas souffrant, comment pouvait-il être malade ? Comment sa vie à peine entamée pouvait à ce point être fragile et éphémère ?


Tanjiu n'avait que quinze ans lorsqu'il est devenu totalement familier avec l'état de son coeur si faible. Il connaissait tout par coeur : le régime alimentaire qu'il devait suivre, les efforts physiques qui lui étaient interdits, les examens réguliers à l'hôpital, les conseils de son père, les inquiétudes de sa mère, les médicaments. Et il suivait tout à la lettre. Jiu il n'a jamais été du genre à faire des vagues, jamais du genre à se dire que puisque sa vie sera courte il doit en profiter, la vivre pleinement. Parce que Jiu, la mort le terrorise. Alors il se dit que, peut-être, il vivra un peu plus longtemps s'il prend les précautions nécessaires.


Tanjiu n'avait que dix-sept ans lorsqu'il a décidé de poursuivre son rêve d'enfant et de devenir médecin. Il avait déjà une admiration énorme pour ce métier grâce à son père, et depuis qu'il a lui-même besoin de praticiens pour sa santé fragile, son respect et sa passion pour ces héros n'a cessé d'augmenter. Parce qu'il sait ce que c'est d'être malade, il sait ce que c'est d'avoir peur, d'avoir besoin de soutien, de soins. Alors il veut devenir médecin lui aussi pour apporter aux patients comme lui toute l'aide possible.


Tanjiu n'avait que vingt ans lorsqu'il a été admis en tant qu'interne en formation à l'hôpital de Séoul. Et il en était si fier, si heureux. Parce qu'il pouvait se concentrer sur autre chose que son propre état, qu'il pouvait sauver des gens à défaut de se sauver lui. Et de cette fierté est née une bien trop grande naïveté nourrie par l'euphorie. Et il s'est retrouvé un soir contre un médecin en charge de sa formation, un homme d'une trentaine d'années si gentil avec lui, si souriant. Si bon que Jiu ne l'a pas repoussé quand il l'a embrassé, qu'il s'est même accroché un peu plus à lui.


Tanjiu n'avait que vingt et un ans lorsqu'il a vécu sa première rupture. Lui qui vivait une idylle parfaite, lui qui était si amoureux de cet homme, qui le retrouvait si souvent dans le secret pour ne pas entacher leurs carrières respectives. Et le voilà abandonné, l'homme retourné près de sa femme dont le jeune médecin ignorait jusque là  l'existence. Il a eu mal Jiu, si mal. Parce que dans ses bras il avait presque oublié sa maladie, qu'il était heureux, lui qui auparavant s'était toujours dit qu'il n'aurait jamais le droit à une vraie relation, puisqu'après tout personne ne voudrait imaginer l'avenir avec un condamné. Sans doute avait-il raison.


Tanjiu n'a que vingt-trois ans et il se concentre sur ce qui lui importe le plus : aider et sauver le plus grand nombre de personnes. Son emploi du temps est toujours surchargé entre les cours, les heures passées en formation à l'hôpital, son temps libre qu'il passe soit à dormir, soit dans l'aile pédiatrique pour passer du temps avec les enfants hospitalisés. Et même si c'est épuisant il a besoin de ce rythme de vie chargé. Il a besoin de garder son esprit occupé pour ne pas se rappeler à quel point sa vie est fragile, à quel point elle pourrait s'éteindre à tout moment.