le dernier choix qui s'offrait à lui. il avait été mis en garde, que ce soit par ses enseignants ou sa famille adoptive.si il ne faisait aucun effort et ne se bouger pas un minimum, il devrait refaire son année et se verrait retiré ses bourses. non pas que celles-ci soient un réel problème mais jielun n'avait clairement pas envie de retaper une année de fac, l'idée même d'avoir encore une poignée d'années à faire, le rendant ainsi toujours semi dépendant de sa famille adoptive lui sortait par les yeux mais alors en rajouter une de plus ? non. ce n'était pas à défaut d'avoir les moyens, jielun en avait clairement dans la tête, le soucis c'est qu'il ne se donnait guère les moyens. il remettait tout constamment au lendemain, se la jouer flemmard, sécher les cours pour aller s'amuser avec des minettes et finissait par devoir passer les rattrapages. la fausse alerte enclenché il y a de cela quelques jours dans le cadre d'une prévention en cas d'attaque de la part de la Corée du Nord n'avait en rien aidé. le jeune homme pseudo forcé à se reposer du à son traumatisme cranien, avait utilisé cela comme excuse pour ne guère se rendre en cours et donc rater de nouveau examen. seul soucis, si il ne réussissait pas son prochain examen d'anglais il serait recalé directement sans même avoir la chance de pouvoir assister aux rattrapages. à croire qu'il avait réellement toucher le fond. dossier sous le bras c'est donc dans cette salle de classe qu'il s'immisce à moitié endormis, ses dossiers d'anglais jamais ouvert auparavant sous le bras. il ne savait nullement qui allait être son tuteur, qu'il s'agisse d'une enseignant ou d'un élève. tout ce qu'il savait c'est que cette personne faisait ça volontairement et tel que le disait sa mère adoptive " tu devrais te considérer chanceux que quelqu'un accepte de te donner cours."  ou alors devait-il plutôt avoir pitié pour cette personne qui se devrait de supporter l'anglais niveau primaire du jeune chinois, à voir.

Alors c’était ça sa dernière idée ? Donner des cours d’anglais à des étudiants ? On ne peut pas vraiment dire qu’elle avait besoin d’argent, elle donnait même ces cours quasiment gratuitement, basé sur le volontariat et l’échange d’expérience. Mensonge. En vérité elle voulait se trouver d’avantage d’excuse pour fuir son domicile. Etrangement elle prenait cette expérience avec le sourire, presque impatiente. Pourtant Wen Yi détestait rencontrer de nouvelles personnes, mais dans ce contexte tout pouvait être sous contrôle. Elle se laissait un peu plus aller et décidait de mettre ses peurs de côtés. Elle souffle, serrant ses cahiers et ses cours contre elle. Elle n’était pas sûre d’avoir la pédagogie qu’il faille pour réussir à apprendre à un autre adulte ses connaissances. Mais elle avait bien envie d’essayer. Ce premier rendez-vous viserez surtout à connaitre son niveau et voir de quelle façon elle pourrait l’aider. Les examens de la Yonsei sont terriblement durs et elle espérait qu’il puisse réussir son passage … elle ne le connaissait pas encore mais son nom était chinois et rien que ça était rassurant pour la jeune femme. Avec un peu de chance il serait un compatriote. La chine lui manquait terriblement et elle aimait à croire qu’avoir un collègue chinois lui permettrait de combler un peu ce manque. Elle ne parlait que rarement chinois et ça lui manquait terriblement … finalement elle pousse la porte de cette salle de classe et entre avec  un sourire doux. « Bonjour ? » elle croise son regard et entre dans la pièce de sa démarche naturellement classe. « Je m’appelle Wen Yi » elle s’incline et s’assoit en face de lui. elle dispose ses affaires devant elle en soufflant en chinois autant pour elle que pour tester le garçon «  Bien commençons. »

les langues n’avaient jamais été son fort, enfin, celles qui se parlaient du moins. la raison pour laquelle le jeune chinois était capable de parler coréen résidait dans le fait que son père était coréen et qu’après son décès et celui de sa mère ainsi que de sa grand-mère, le jeune étudiant avait été forcé à émigrer en Corée du Sud, n’ayant ainsi guère d’autres choix que d’apprendre cette langue. il n’avait jamais éprouvé un quelconque plaisir à étudier l’anglais contrairement à ce qu’il éprouvait lorsqu’il explorait les moindres recoins de l’ingénierie. il trouvait l’anglais barbant, et détestait cette vilaine manie qu’avaient les enseignants à vouloir absolument qu’il apprenne par coeur les verbes inconditionnels et leur conjugaison. la seule raison pour laquelle il aurait pu, un temps soit peu se faire sérieux en anglais c’était les filles, ces étrangères à la chevelure blonde et aux yeux bleus. mais même pour leurs beaux yeux, il n’avait guère su trouver la foi. il se serait d’ailleurs bel et bien passé de l’anglais si cela n’avait guère subitement remis en question ses choix professionnels. parceque oui, pour devenir ingénieur aéronautique, la maîtrise de l’anglais semblait être devenu primordiale. « hello ms. » réitère t-il ses salutations lorsque la jeune enseignante pénètre dans la salle. et bah, avec une prof d’anglais pareille, ça ferait longtemps qu’il serait bilingue. prenant place en tout bon élève qu’il n’était guère, il sourit amusé de la voir s’incliner devant lui. les rôles ne s’inverseraient-ils guère ? « enchanté wenyi » prononce t-il en coréen alors qu’il l’invite à prendre place. il ne se souciait que trop peu des marques de politesse, la jeune femme devait avoir à peine une poignée d’années de plus que lui. et encore. stylo entre son index et son majeur, il fait habilement tourner celui-ci, son cahier entrouvert devant ses yeux avant de ne se stopper net. il aurait, en théorie du s'en douter à l'instant même où la jeune femme s'était présenté. son prénom ne sonnait pas coréen ni même son léger accent que l'on ne pouvait probablement percevoir qu'en ne l'écoutant sérieusement. relevant la tête vers la jeune femme, il prend enfin le temps de découvrir un visage fin au nez aquilin, des yeux amandes et de fines lèvres; les traits même de son visage laissait transparaitre un charme typiquement chinois et c'est donc dans sa langue maternelle que le jeune homme s'adressait à présent à son enseignante. " de quel comté êtes-vous ? "  jielun n'avait pas rencontré beaucoup de sinophones depuis son arrivée en Corée du Sud, une étape de sa vie très complexe et douloureuse pour cet adolescent à qui il ne restait rien, et ce, ni même son pays d'attache. " vous allez me faire cours en chinois ? " lâche t-il taquin alors qu'il entreprend d'écrire le prénom de la demoiselle sur son carnet, utilisant divers caractère chinois, curieux de savoir lesquels correspondaient au prénom de cette enseignante chinoise.

Surprise de trouver un congénère Wen Yi relève la tête surprise. « De ... Xi’an ! Et toi ? » Lance-t-elle avec un sourire rayonnant. Elle ne pouvait cacher  sa joie de croiser la route d’un étudiant lui aussi originaire de Chine. Son pays lui manquait terriblement, parler Chinois lui manquait terriblement, son chez elle lui manquait terriblement … elle avait quitté la chine très jeune pour pouvoir réaliser son rêve mais aujourd’hui que tout avait volé en éclat et qu’elle se cantonnait à une vie d’épouse – qui menait certes une double vie – elle n’avait pas grand-chose auxquels se rattacher. L’homme qu’elle aimait se détruisait et elle n’arrivait ni à le sauver, ni à s’empêcher de sombrer avec lui … après tout s’ils ne pouvaient être ensemble elle refusait d’être seule. Sans lui. Elle rit à sa remarque en acquiesçant «  Et pourquoi pas ? Après tout cela sera plus facile pour nous deux. » Assure-t-elle avant de baisser les yeux vers son cahier où elle le voyait écrire son prénom. Elle affiche un petit sourire en voyant ces écritures familières. « C’est celui-là. » sourit-elle en montrant l’un des symboles. « Mais souvent les gens l’écrivent comme ça. » rit-elle en montrant celui d’à côté. « Et toi ? Tu l’écris comment ton prénom ? »  et la voilà plus enthousiaste à l’idée de parler chinois que de se concentrer sur son cours. Elle avait tout prévu comme la bonne élève qu’elle était sauf peut-être le plaisir qu’elle éprouvait de faire cours à un chinois ? N’avait-elle pas touchée le fond d’être aussi enjouée à l’idée de simplement côtoyer un de ses semblables … Wen Yi manquait cruellement de stabilité dans sa vie et pourtant à la voir ainsi habillée, tirée à quatre épingle, sa vie paraissait plus merveilleuse que jamais.