((la bomba)) // Elle sourit distraitement en reposant son téléphone contre la portière de la voiture. Son frère lui demande qui est donc ce mystérieux interlocuteur dont les messages semblent mettre de bonne humeur Ae Cha. Ah ? Elle grimace avant de répondre que c’est juste une tête de cochon de sa fraternité à qui elle a réussit à extorquer de la nourriture gratuitement. Et que personne ne fait la tête à l’idée d’avoir de la nourriture gratuite. Même si le banquet de la réception où on l’a traînée de force était copieux. La jeune femme rêve secrètement de gâteaux aromatisés à la fraise et de plats typiquement coréens. Pas de petits fours aux noms alambiqués et dont le contenu coute à lui seul le salaire d’un travailleur moyen. C’est bien mignon le caviar mais ça nourrit pas et Ae Cha n’a pas l’estomac plus subtile que son sens de l’humour. Puis finalement ils arrivent à l’université et avant qu’elle ne descende de la voiture son frère lui demande de ne pas trop martyriser ce pauvre garçon. Elle répond en l’insultant tout en claquant la porte avant de lui envoyer un baiser de la main. Ses talons claquent jusqu’à l’entrée du dortoir. Elle a mal aux pieds et rêve de se débarrasser de ces engins de malheur. A peine a-t-elle passé le pas de la porte qu’elle envoie valdinguer ses chaussures et part les troquer contre une vieille paire de Vans à l’article de la mort. Qui détonnent avec sa tenue. La flemme de choisir d’autres vêtements ou pour se pavaner devant Loïs dans son ensemble et sa petite jupe. Malgré la chaleur étouffante de l’été, elle garde sa chemise à manche longue ainsi que son costume de la parfaite héritière. Ae Cha rejoint enfin le garçon. « Loiiiiiiisssss ~ Qu’est-ce qu’on mange ? » Jamais elle n’aurait cru que sa petite blague aurait prit avec le jeune homme. Elle s’attendait plutôt à ce qu’il la remballe comme il sait si bien le faire. D’ailleurs elle se dit qu’il s’est peut-être foutu de sa gueule et qu’il va lui rire au nez. Elle vient s’installer aux côtés de l’allemand en passant une main dans ses cheveux. « Bonne journée ? » lui demande-t-elle tout sourire en se rapprochant encore un peu plus.

Journée de merde à souhait. Tu savais bien qu’en faisant ce genre d’études tu serais demandé. Surtout à ton niveau, t’es censé être un quasi spécialiste en tout. En fait, t’es carrément déjà spécialiste. Monsieur en est à sa septième année et si après ça t’arrives pas à diagnostiquer une rhinopharyngite ou une grippe c’est qu’il y a un problème. Mais toute façon les rhumes et compagnie ça t’intéresse pas. Toi t’es au-dessus de ça, t’as dépassé ce niveau. T’es arrivé au niveau des chirurgiens débutant. Ça veut dire qu’avant d’arriver là, t’es passé par toutes les autres aventures de la série Hopitaux for dummies. Tu connais chaque chambre, chaque bloc opératoire, chaque service, chacun des problèmes les plus communs. Mais vu que t’es encore qu’un jeune mouton dans la bergerie, on te fait faire les tâches ingrates. On t’appelle à tel département bien que ce ne soit pas ta spécialité. Mais t’as quand même vu certaines choses pendant plusieurs années alors tu ne peux pas refuser. Et aujourd’hui t’as eu quand même la plus grande surprise de ta vie quand on t’a fait aller au service des urgences. Manque d’infirmières mais surtout de médecins. Et a ce qui parait t’étais en pause déjeuner alors t’avais tout ton temps. Tu pensais pas qu’à la place de ton super plat de poulet offert par le gars de l’accueil, on t’appellerait pour retirer un tampax coincé dans le col de l’utérus d’une nana de 18 ans. Quelle conne aussi celle-là. « Dites à votre copain d’éviter les rapports sexuels pendant vos menstruations» voilà ce que tu lui avais dit en tenant du bout de ton gant l’espèce de chose pleine de sang coagulé empestant soudainement la pièce dans laquelle vous vous trouviez. Ce qui est sûr c’est qu’après ça t’aurais plus peur d’aucun vagin. Vivement que tu retournes dans ton petit bloc de chirurgie. Les urgences c’était définitivement pas pour toi. Trop de cas variés, trop de choses précipitées.


Voilà donc comment en sortant de l’hopital tu avais été heureux de voir un petit message de Ae Cha. Elle pensait à toi et quoi qu’on dise ça te faisait plaisir. Même si elle avait parfois des allures de sorcières, elle était pas méchante. Vous aviez juste un manque de communication flagrant. Mais à qui la faute hein ? A toi pas vrai ? La dernière conversation que vous aviez eu s’était assez mal terminée et t’avais pas vraiment eu le courage de t’excuser. Maintenant qu’elle te suggérait/ordonnait de lui commander à manger, ça serait peut-être le meilleur moyen de présenter des excuses. C’était véridique, les femmes tant qu’on les nourrissait elles restaient en place et elles étaient prêtes à tout encaisser. Elle voulait un fraisier et ses tteokbokki ? okay. Elle les aurait. Puis merde t’avais faim aussi. Après avoir passé une commande en ‘urgence’ histoire que ça arrive rapidement, tu te changes pour enfiler ta tenue de foot. Ouais. Tu sais en ce moment tu la mets souvent, mais de un tu supportes la Mannschaft, et de deux y a quelqu’un qui t’as dit que ça t’allais super bien. Alors voilà. Puis c’est grave confortable soyons honnête. Ça fait presque comme un pyjama, mais plus classe.
Première sonnerie pour une première livraison, celles des tteokbokki arrive très rapidement, faut dire que y a un restau pas super loin du dortoir. Tu te demandes encore comment elle peut bien vouloir manger un truc aussi épicé alors qu’il fait chaud. Une salade ou une glace elle aurait pas préféré ? Non elle, c’est des tteok….trop bizarre les goûts de cette femme.

Second claquement porte sans sonnerie cinq minutes plus tard. Tu sais pas trop qui arrive mais ça détonne et ça fini par s’approcher de toi. Okay c’est bon elle est là. T’esquisse un sourire puis tu fronce légèrement le nez en fermant les yeux lorsqu’elle passe sa main dans tes cheveux. T’as eu peur right ? Ouais t’as eu peur. « Mmmh on mange des tteok…qui sont dans la cuisine et qui viennent juste d’arriver, faut croire que t’as fait une course avec le chauffeur… » réponds-tu en fixant sa tenue. C’est toi où elle s’est rapprochée un peu trop de toi ? Tu te grattes la joue machinalement. Arrête de mater elle va s’en rendre compte. Tu relèves la tête pour la regarder en clignant des yeux « Euh bonne journée tout dépend si je me place de mon point de vue ou de celui du patient…j’ai pas pu manger le poulet que je veux, mais j’ai aidé une femme à se…se sentir mieux dans sa peau » Wow. Pourquoi tu racontes ta vie stop stop stop. Après elle va te demander ce qui s’est passé et tu vas plus pouvoir manger tes tteok tranquille. Tu pries pour qu’ils soient pas en forme cylindriques. « Et toi bonne journée ? T’as joué du violon pour le président ? » Haha. Ouais tu sais bien qu’elle joue du violoncelle maintenant, mais tu veux juste l’emmerder. Puis vu cette tenue, t’as le droit de te demander pourquoi elle est habillée de manière si formelle. Quoi que les baskets…t’es pas très sûr. «sympa tes vans »

((la bomba)) // Leur dernier échange a été tellement catastrophique qu’elle s’étonne de le voir avec sa commande. Et il lui sourit en retour. Ça détonne avec ce fâcheux incident Harry Potter pendant lequel ils étaient tous les deux prêts à étouffer l’autre avec un coussin. Ae Cha avait juste fini par laisser couler. Pas bien rancunière la donzelle. Même si elle continue de penser que Loïs est une tête de con. Il garde un je ne sais quoi d’attachant qui lui assure la clémence de la jeune femme. Il est bien chanceux ce garçon. C’est ce qu’elle se dit en passant sa main dans ses cheveux. Dans sa tête c’est plus comme caresser un animal mignon qu’une façon d’entamer une parade amoureuse. Un sourire immense illumine son visage d’ogresse. « ça tombe bien je rêvais d’en manger ! » Parce que la nourriture fait briller sa figure plus que tout autre chose. « Je t’ai dit que j’étais en chemin. Mon frère me ramenait au dortoir. » Et peut-être bien que sur le chemin du retour en pensant à ce qu’elle ferait une fois rentrée, peut-être qu’elle aurait divagué sur Loïs. Aussi parce que l’émission de radio ne faisait que parler de la coupe du monde et du prochain match de la Corée contre l’Allemagne. Elle met ça de côté et passe son bras autour de celui du jeune homme pour l’obliger à aller dans la cuisine. « Allons-y j’ai faim. » Elle sait plus ou moins qu’il n’est pas friand de contacts tactiles mais là c’est pas pareil. Il est question d’aller se nourrir. Et ça vaudra pour toutes les horreurs qu’il aura put lui dire. Voilà, c’est sa punition pour être un gros con par moment. Franchement il y a pire comme sévices corporels.
Ae Cha le regarde et arque un sourcil. Aider une femme à se sentir mieux ? Une blague à caractère sexuel vient immédiatement chatouiller son esprit et elle doit lutter contre le fou rire interne qui ne demande qu’à sortir. Elle presse ses lèvres et pince la bouche. Finalement elle ne fait qu’acquiescer en silence. L’air de dire c’est bien, tu as fait du bon travail. Pas de caresse dans les cheveux cette fois. Ce serait mal venu. Et c’est elle qui dit ça… « Pauvre chat. Si tu veux je t’achèterais du poulet demain. » ça coute toujours moins cher que la cuisine française et c’est moins difficile à trouver dans ce pays. Même si elle est loin d’être dans le besoin comme la grande majorité des autres pyos cela dit. Le coup dans le tibia de Loïs part tout seul. Pas très fort parce qu’elle aimerait bien éviter un nouveau conflit. « Violoncelle. » dit-elle d’une voix grinçante. Elle a maintenant la preuve qu’il fait exprès pour se foutre de sa gueule. Peut-être que quelque part, dans un coin peu exploré de sa psyché, Ae Cha se dit qu’elle a eu raison de ne pas se changer et d’exhiber ainsi ses jambes. « Non juste un truc à la con pour mes parents. Tu sais il faut serrer des mains et sourire à tout le monde. Une simple formalité mais une tenue correcte est exigée. » Mais si elle le pouvait la musicienne assisterait avec plaisir à ces réceptions en jean basket. Enfin, elle peut bien faire ça pour ses parents. Ils ne lui en demandent pas beaucoup et la laissent tranquille la plupart du temps. « T’as vu ! » Elle lève un pied et le fait tourner pour laisser Loïs admirer ses chaussures en décomposition. « J’ai passé la journée en talons j’ai cru que j’allais crever. » Sur ces mots elle abandonne le garçon pour aller s’asseoir autour de la table les yeux brillants. Elle va enfin pouvoir manger. « Tu viens ? » Elle relève la tête vers lui et tire la chaise à côté d’elle pour l’inviter à la rejoindre.

« Ouais du poulet ça me va. Mais t'oublie pas hein » Tu sais pas trop quoi faire de son bras enroulé autour du tiens. C'est une preuve d'affection ? Sûrement. C'est qu'elle t'aime bien sinon elle s'approcherait pas right ? Quoi qu'il en soit, t'as faim aussi alors l'idée d'aller chercher ce qui vous attends dans la cuisine n'est pas une idée saugrenue. Faut appeler un chat un chat, et cette fille , Aecha, t'en as littéralement peur. Pourquoi ? Ta conscience préfère dire que t'en sais rien. Ton subconscient lui parierai plus sur une certaine confiance de la jeune femme qui te gêne. Elle te mets à l'épreuve. Tout le temps. Chaque fois que t'es en présence d'elle tu sens qu'il va falloir t'armer judicieusement. Faut dire qu'elle est tout le temps là dans les coups foireux cette pimbêche. C'est à croire qu'elle le fait exprès. Et même sans efforts, elle arrive à trouver des choses qu'elle ne semblait pas particulièrement chercher. Ouais. Aecha t'en as peur. Aecha c'est la sorcière de Hansel et Gretel. Elle t'attire dans sa super maison, avec toutes ses sucreries pour mieux t’embobiner à la fin. C'est sans doute le cas avec la Coréenne aussi. « Mais aïe ! » Tu grimaces légèrement et bouge un peu ta jambe après le coup qu'elle te mets. Ça te ne fait pas tordre de douleur , ni te rouler par terre tel un fameux footballeur vétu de jaune, mais sur le coup ça surprend. Vous voyez, la preuve que Ae Cha est cette sorcière : elle vous aguiche avec ses jambes puis au moment où vous vous y attendez le moins elle vous violente. Tout ça pour une histoire de violon ou violoncelle. Elle a l'air d'y tenir au fait que c'est pas la même chose. Ça reste un instrument à cordes accompagné d'un archet non ?

Pour changer et vu que c'est sur la continuité de son corps, tu commentes ses baskets. Elles sont sympa, bien qu'un peu vieilles. Ça a l'air de lui plaire le compliment, un point pour toi. «Je préfère quand même Adidas » Petit rictus avant de laisser la panthère retrouver son endroit favori : celui où on mange. « J'arrive » J'attrape juste deux petites assiettes et j'apporte des baguettes et des couverts. Ouais tu manges généralement avec des baguettes ici, mais parfois tu te surprends à préférer la fourchette. Et peut-être que pour des tteok trempés dans une sauce piquante ça sera plus simple. Tu sors ledit plat de ses nombreuses couches de papier le gardant au chaud et tu ouvres alors la boîte devant la jeune fille avant de tirer une légère grimace. Well. Tu sais définitivement pas comment tu vas manger ça. « Bon ap » C'est tout ce que tu trouves à lui dire. T'en profites même pour aller un chercher ouvre bouteille et sortir tes bières du frigo. Tu t'avachis sur ta chaise, avec un brin de man spreading dans les airs, et tu en profites pour ouvrir les deux bières tandis que la jeune femme commence à manger. Tu peux pas t’empêcher d'y penser. Tu les regardes, là, les cylindres blancs, noyez dans cette sauce piquante orangée, voir même rougeâtre. C'est pas une bière qu'il va te falloir pour oublier cette vue, c'est au moins dix. «C'est bon ? » tu demandes avant de porter le goulot de ta bouteille à tes lèvres. «Je crois que je vais pas pouvoir manger de tteok...à moins que tu me les coupes » Tu fixes la jeune femme avec un air presque innocent. Tu sais qu'elle va t'envoyer chier. Et d'un côté t'aimerais bien lui raconter la raison de ta demande, mais elle risque là aussi de t'envoyer chier, en disant qu'elle aurait voulu manger tranquille sans avoir de détails pas vrai ? Tu bois une seconde gorgée de ta Weihenstephaner. Peut-être qu'après en avoir parlé ça ira mieux ? Ouais allez. Parles-en. « En fait si tu veux...Pour faire clair, une femme...enfin une femme. Une lycéenne de 17 ans, est arrivée en urgences parce qu'elle avait un... » Tu prends une inspiration en fermant les yeux, avant de les rouvrir, en fixant les tteok. « Elle avait un... » C'est pas possible. T'arrives même pas à parler. Tu préfères en rire. Ouais. Loïs Zimmer est en train de rire de nervosité. Tu te pinces l'arrête du nez . Toi même t'arrives pas à y croire. « Cette idiote avait...elle avait laissé un tampon dans son vagin, et du coup elle a eu une relation sexuelle avec son copain, et forcément. Le tampon s'est retrouvé beaucoup plus loin que prévu, du coup j'ai du lui retirer. Et...ce que j'ai vu apparaître dans ma main c'est...ça là... » dis-tu en pointant le plat. « C'est exactement ça mais avec une odeur à en vomir, c'est la seule différence » Et aussi avec du sang beaucoup moins coagulé mais ça tu vas lui éviter d'en parler. Et ceci fait tu prends tes couverts pour te mettre à couper un tteok. C'est pas très poli, et c'est un peu hors culture mais t'en a rien à foutre, faut que tu te nourrisses. T'attrape un morceau et l'enfourne dans ta bouche, commençant à mâcher « Non putain je peux pas... » tu te laisses retomber sur ta chaise en avalant très difficilement. Eh beh, pour un mec assez coincé, t'as juré. Et en plus t'as l'air d'avoir une super imagination quand même. « Mange vas-y...y a le fraisier qui m'attends » T'espère qu'elle va pas te juger. Mais toute façon c'est espérer dans le vent. Forcément qu'elle va te juger. C'est d'ailleurs ça qui t'empêche de te détendre pas vrai ? Monsieur le coincé. Ça y est tu repenses à ce que t'as du faire ce matin dans le vagin de cette fille. C'est pas possible. Pourquoi t'as choisi ce métier déjà ? T'aurais pu faire footballeur tiens, la tenue te va bien, et au moins t'aurais pas eu de moment traumatisant comme celui-ci. Tout ce qu'on te demanderait c'est de courir après un ballon et savoir faire des petits-ponts, même pas besoin d'être bon en sciences ou en grammaire allemande.

((la bomba)) // Elle fait la moue. Un mix entre la petite fille trop adorable et la déception. Ae Cha s’en rend même pas compte qu’au milieu de son interprétation de la princesse Fiona, elle peut être aussi mignonne qu’un petit animal. Et ce n’est peut-être pas plus mal comme ça. « Seuls les produits allemands ont grâce à tes yeux hein. » ça l’amuse un peu. Ils ont au moins ça en commun. C’est même pour ça qu’elle l’a approché à la base. Loïs. Maintenant c’est un peu plus compliqué. Elle a beau pensé que c’est un imbécile de premier ordre, la jeune femme n’a pas envie de lâcher l’affaire. Elle oublie de penser à ça. Contourne le sujet en rejoignant la table d’un pas léger. Elle gesticule des doigts en attendant que Loïs vienne s’attabler à ses côtés. Un petit « ah » de satisfaction lui échappe quand le jeune homme place l’objet de ses désirs sous son nez. Elle a les yeux qui brillent et le visage qui s’illumine. A croire que les ttoekbokis sont le point culminant de sa journée. Et ce n’est pas loin d’être le cas à bien y réfléchir. « guter Appetit~ » lance-t-elle à la cantonade en prenant la paire de baguette. Sans plus de cérémonie Ae Cha attrape un premier gâteau de riz. Même pour les coréens des baguettes ce n’est pas forcément idéal pour manger ce plat mais la demoiselle est rompue à l’art de manger de ttoekbokis en situation périlleuse. D’un geste expert elle trempe allégrement le gâteau dans la sauce rouge avant de le porter à sa bouche. Sans se rendre compte du malaise de Loïs. La sauce piquante lui brûlure un peu l’intérieur de la bouche, un pur bonheur. Après une dure journée rien ne vaut de la nourriture bien épicée pour se changer les idées. « Hum c’est trop bon ! » dit-elle après avoir avalé. De la sauce sur le coin des lèvres. « Merci tu gères. » Elle se tourne enfin vers son homologue. Son visage se fige. Est-ce qu’il vient réellement de lui demander de couper ses ttoek ? Sans le vouloir elle ouvre la bouche et grimace. Déception et incompréhension peuvent se lire sur son visage.  Elle porte sa main à ses lèvres de façon dramatique. Et complètement exagérée. Avant qu’elle n’ait le temps de lui faire son grand numéro de diva outragée Loïs se justifie. Le visage de la jeune femme passe par plusieurs expressions. D’abord septique puis ensuite dégoutée. Sa figure se fige une nouvelle fois. Elle ne peut s’empêcher d’imaginer la scène et ouais c’est franchement dégueulasse. Ses yeux louchent sans qu’elle ne puisse le contrôler sur les ttoekbokis cylindriques baignant allégrement dans leur sauce rouge. Carrément immonde. Mais ça ne dure pas bien longtemps. Surtout lorsqu’elle imagine Loïs avec son air sérieux et sa blouse blanche se retrouver face à cette gamine. Les commissures de ses lèvres se mettent à trembler. Merde en fait c’est trop drôle. Elle pouffe de rire. Porte sa main à sa bouche pour essayer de se couvrir. Avant d’exploser de rire. « Je devrais pas en rire mais putain Loïs. » Sa main bat l’air. « C’est vraiment trop drôle. Immonde mais drôle. » Elle est obligée de se tenir le ventre à force de rire. Certains seraient dégoutés après une histoire pareille mais pas Goo Ae Cha. Elle rit à gorge déployée jusqu’à avoir des crampes.

Elle prend une grande inspiration pour se calmer et s’essuie le coin des yeux. « Désolée. » dit-elle d’une voix étranglée. Elle peine à rester calme et à se contrôler. Ses épaules tremblent à chaque fois que son regard se pose sur le plat. « Je ne vais jamais réussir à manger maintenant. » Elle craint de ne pas réussir à s’arrêter de rire. « Les gamins d’aujourd’hui sont vraiment précoces. » Tentative un peu bancale de leur changer les idées à tous les deux. Elle prend un nouveau gâteau et sans le vouloir le regarde flageoler dans les airs. Elle pince ses lèvres et apporte vite le ttoekboki à sa bouche. « T’auras accompli l’exploit de me couper dans mon envie de manger des ttoek. Félicitation. » Ae Cha abandonne ses baguettes. Déçue. Ce n’est pas que ça la dégoute. Ce n’est pas son genre de faire dans la dentelle. Mais elle n’arrive pas à se sortir l’image de la tête. Plus que le dégout c’est son hilarité qui l’empêche de manger. « Oh ! T’as même pris un fraisier ?! Finalement t’es pas trop mal comme mec. » Elle sourit à pleine dents au garçon. C’est vrai qu’il est bien. Même dans sa tenue ridicule de footballeur. Et parce qu’elle est de bonne humeur Ae Cha se promet de lui faire croire le contraire.