Il ne se sent vraiment pas bien Yubin, aurait tellement aimé avoir le courage de dire non, de repousser ceux qui sont censés être ses amis mais qui aujourd'hui pourtant le mènent à quelque chose qu'il ne veut vraiment pas, simplement parce qu'il a cru bon de leur confier son secret. Est-ce si mal ? Depuis quand avoir du désir ou envie de coucher est une obligation ? L'impression qu'il doit absolument le faire ne cesse d'accroitre, après tout si ce n'était pas aussi indispensable, pourquoi ses amis auraient payé pour qu'il le fasse ? Mais il n'a vraiment pas envie Yubin, prépare déjà sa fuite, pourtant lorsque la jeune femme l'entraine à l'intérieur il la suit, trop intimidé pour oser la repousser. Son regard reste rivé au sol, ses mains tremblent et il panique un peu plus lorsqu'elle lui demande son nom. Est-ce qu'elle a compris qu'il était mineur et lui demande comment il s'appelle pour le dénoncer ? « Jisung. » Mensonge qui, il l'espère, le protègera. Et lorsqu'elle propose de se couvrir il hoche rapidement la tête, incapable de la regarder en si petite tenue. Mais il ne lève malgré tout pas le regard vers elle même lorsqu'elle s'habille un peu plus, rivant plutôt son regard sur la porte, prêt à courir vers elle s'il le faut pour sortir d'ici. « Mon ami a déjà payé alors... je vais y aller, et vous pouvez garder l'argent, pardon du dérangement mais j'ai vraiment pas envie de.... faire ça »

Skyla enfile une robe de chambre en soie, le tissu parait délicat et luxueux. Il souligne sa taille fine et lui donne des aires de grandes dames contrastant avec le métier qu’elle faisait. La plupart des gens avaient une vision sale et lugubre de la prostitution - et en soi ils n’avaient pas totalement tort … - mais Skyla refusait de s’abaisser à un tel niveau. Elle avait commencé à vendre son corps dans des bars, suivant des inconnues qui parfois abusait d’elle sans payer, elle s’était toujours promis que l’argent facile ne prévaudrait jamais sur sa sécurité et elle avait alors commencé à faire les choses biens. Elle refusait de vendre son corps au détriment de sa vie. Elle s’était forgée une carapace, se convainquait qu’elle offrait des services, certes qu’elle réalisait des fantasmes étranges et croisaient des clients aussi frustré que perdu … mais depuis qu’elle faisait partie de ce club elle avait une sécurité, une rentrée d’argent plus que suffisante et elle pouvait décemment choisir ses clients. Mais il fallait avouer que ce soir était une première pour elle … elle n’avait jamais eu, depuis qu’elle avait commencé à vendre son corps, de client aussi jeune … elle doutait même qu’il soit majeur, mais elle préférait lui laisser le bénéfice du doute. Ce n’était pas son problème si le club l’avait laissé entrer, elle n’avait qu’à faire ce pourquoi elle avait été payée. Toutefois, l’air gêné et apeuré du garçon lui faisait afficher une moue dubitative. Elle n’était pas certaine qu’il soit ici de son plein gré … une amie à elle lui avait une fois raconté, qu’un père avait payé une nuit à son fils pour le faire devenir un homme … quelle idiotie. Jamais elle ne s’était sentie aussi gênée d’offrir son corps à un si jeune homme … un presqu’enfant qui s’était montré maladroit et honteux. Il lui aura fallu la douceur de son amie et sa patience pour qu’ils finissent par passer une nuit convenable. Skyla réalisa alors ce qu’avait pu ressentir son amie à cet instant. « Jisung alors … ? » souffle-t-elle pour lui faire comprendre qu’elle n’était pas si idiote que ça mais qu’elle était encline à le croire si cela le rassurait. Elle lui offre un sourire doux alors qu’elle s’asseyait sur le bord du lit « Tu n’es obligé à rien ici tu sais … » il était encore plus que Sawyer bon sang … « Et si tu prenais 5 minutes pour me raconter comment tu as attiré ici … peut-être que je pourrais t’aider ? » dit-elle avec douceur. « Après tout … personne ne sait réellement ce qui passe ici sauf toi et moi … » sous entendant que si son ami voulait croire que Jisung avait finalement réussi son pari ou quoique ce soit Skyla serait la première à entrer dans son jeu. Elle était payée après tout et plus elle restait avec le plus jeune, plus elle gagnait du temps sur son prochain client …

Yubin ne ment pas souvent, ou du moins, pas tant que ce n'est pas nécessaire. Il ment à propos de sa sexualité parce qu'elle n'est pas des plus acceptées, ment à propos des doses de médicaments qu'il prend pour ne pas inquiéter ses proches. Il ne ment pas à propos de choses banales. Certainement pas à propos de son prénom, il faut dire qu'il n'avait jamais eu à en inventer un autre auparavant. D'ailleurs même s'il est loin d'être l'athlète coréen le plus connu, on commence à entendre parler de lui alors il est plutôt fier de son nom. Mais aujourd'hui c'est différent, il ment pour se protéger, il ment parce qu'il a peur. Jamais il n'aurait pensé qu'il se retrouverait dans un tel endroit, surtout pas si tôt, surtout pas contre son gré, face à une femme visiblement bien plus âgée que lui. Sans doute l'aurait-il trouvée jolie dans une autre situation, dans une autre tenue. Et il n'est pas dupe, sait très bien que son mensonge est mauvais, trop évident. Mais que peut-il faire d'autre ? Elle devra se contenter de cette fausse identité pour le moment. Et Yubin est curieux, elle semble... douce ? Protectrice. Le gosse s'était fait une mauvaise idée des prostituées, encouragé par les stéréotypes qui collent à la peau de ce métier, mais la femme face à lui n'a pas cette image vulgaire, sale. Elle semble vouloir l'aider, le rassurer. Elle aurait pu récupérer l'argent et le chasser, ou le déshabiller sans lui demander son avis, mais elle ne fait rien de tout ça. Et le jeune homme reste planté debout, sans savoir quoi faire, quoi dire. Il n'ose pas parler, craint que s'il ouvre la bouche, il lui dévoilera tous les secrets qu'il protège si ardemment. Pourtant la pression fait couler une larme le long de sa joue, et il l'essuie en baissant la tête. « Je l'ai jamais fait » sa voix se brise et il prend le temps de s'éclaircir la gorge et de refouler son chagrin. « Coucher, je l'ai jamais fait. Mais je... je veux pas le faire... en fait. Je leur en ai parlé, à mes amis. Et me voilà. Je suppose que j'aurais au moins appris qu'ils sont pas de bons confidents » souffle t-il dans un rire nerveux, sortant ses cachets pour canaliser ses angoisses de sa poche pour en avaler deux sans eau. Il les prend toujours par nombre pair, peu importe à combien il en est de la journée. À vrai dire il perd souvent le compte, d'où l'intérêt de toujours les prendre par deux : au moins il est certain que le nombre total est pair.  « Je suis asexuel »

Il ne veut pas coucher ? Rien de bien étonnant pense-t-elle en premier lieux en le voyant aussi jeune. Quel âge avait-il réellement ? 16 ans ? Peut-être un peu moins, mais pas beaucoup plus. Il est vrai qu’à cet âge les hormones faisaient souvent des ravages chez les adolescents, mais il n’était pas rare de croiser quelques jeunes garçons et filles réticents. Il faut dire que le sexe était l’une des portes qui vous conduisait presque trop rapidement dans le monde des adultes et beaucoup se précipitaient d’y rentrer comme si leur vie allez changer. Skyla aurait aimé retrouver son adolescence insouciante et grandir normalement, avoir un autre métier, changer de vie, avoir ses parents encore avec elle pour les protéger … Son petit frère avait un avenir brillant devant lui et Skyla s’était sacrifié pour lui. Elle savait que bientôt … bientôt tout ça sera fini … Elle l’espérait tout du moins, assez fort pour que sa bonne étoile se mette enfin à briller … Mais pour l’instant elle se retrouva face à un gosse terroriser à l’idée de se mettre à nu devant elle, dans tous les sens du terme. Elle l’écoute patiemment, tentant de ne pas le faire fuir. Après tout il avait payé pour deux heures, si elle pouvait, égoïstement, les passer en présence de ce jeune homme et en profiter pour se reposer elle ne dirait pas non. L’argent entrait et c’était tout ce qui comptait. « Asexuel ? » répète-t-elle confuse en se relevant pour aller passer quelques choses de plus chaud sur ses épaules. Elle opta pour un gilet qu’elle boutonna, ne laissant plus que ses jambes visibles à la vue du garçon. « Et si tu commençais par t’asseoir avec moi Jisung. » propose-t-elle avec douceur en lui montrant le canapé. Elle prend place elle-même dans l’un des fauteuils et serre ses jambes contre elle pour les cacher sous son gros pull. Elle lui montre la table remplie de petits sandwich et autre boisson. « J’ai du coca, ou du jus d’orange si tu préfères … » avance-t-elle prudemment avant de lui demander, l’air sincère pour le coup « Je ne sais pas vraiment ce que ça représente d’être asexuel, tu veux bien m’expliquer … ? » elle ne pouvait s’empêcher d’éprouver de la sympathie pour ce gosse perdu et terroriser. Pourquoi ne pas simplement le laisser partir ? outre le fait qu’elle veut en avoir pour son argent, ce gosse dégage quelques choses … comme s’il avait besoin de parler. Et Skyla savait, pas habitude, et bons nombres de confessions sur l’oreiller, que parler à une inconnue que l’on paye était parfois plus facile.