June c'est un mélange explosif de douceur et d'impulsivité. Elle peut être calme en train de bouquiner sur le canapé et deux minutes après me le jeter à la gueule à cause d'une blague idiote. Elle n'est pas facile à cerner, mais il n'y a pas de méchanceté en elle. Je dirai qu'elle est juste naturelle. Y'a pas d'artifice, de jeux de rôle. Elle ne sait pas mentir de toute sa façon et sa franchise peut parfois être mal prise, mais ce n'est pas pour blesser qui que ce soit. Au premier abord, on a aucune envie de la connaître et on aurait plus tendance à l'éviter. Finalement quand on creuse un peu et qu'on a la courage de rester, ça vaut vraiment le coup. C'est un petit diamant cette nana. C'est mon amie.
[Brian Jones - Ami de lycée]

C'est une bosseuse qui se donne a fond pour atteindre ses objectifs, elle fait ce qu'il faut pour parvenir à ses fins. Elle n'est pas têtue, le mot est trop faible, c'est une jeune femme bornée qui n'en fait qu'à sa tête. Je dirai que c'est un pitbull qui ne lâche rien. Vous savez ce n'est pas évident de se jeter corps et âme dans un projet ou même dans des relations. June ne fais rien à moitié, que ce soit pour les études, ses amis, sa famille, ses amours. Quand elle se donne c'est entièrement. Alors oui, je m'inquiète.
[Mark Alister - Père]

C'est pas le genre de fille qui se laisse faire, elle ne se laisse jamais marcher sur les pieds. Parfois c'est énervant. On s'engueulait tout le temps avant, on ne savait pas comment se mettre d'accord. C'est une battante, mais depuis le décès de son frère, j'ai vu que les choses avaient changé. Elle était malade, mais elle ne voulait pas le dire. Et il est difficile de faire entendre raison à June. Je pense que son monde a été bousculé et qu'elle est un peu perdue. Je n'ai plus de nouvelles depuis son départ pour la Corée. J'espère qu'elle va mieux et qu'elle ne se laisse pas aller.
[Joyce Miller]

Je la trouve drôle et un peu excentrique, mais c'est un peu normal, elle vient d'un pays complètement différent du notre. Son accent lui donne un air adorable, mais elle est très douée. Elle ne parle pas beaucoup d'elle, et je ne pose pas de questions, je ne veux pas paraître intrusif. On s'attache vite à June. C'est quelqu'un de très intelligent et qui n'a pas peur de ce qu'elle est. Elle assume entièrement la richesse de ses parents et ne s'excusent jamais d'avoir le d'argent malgré beaucoup de remarques déplacées.
[Kim young bae - Ami de la fac]

J'ai grandi dans une ferme jusqu'à mes 10 ans. Les shorts, les bottes, les chemises à carreaux, c'est cliché, mais la vérité. Il y avait de l'espace, je pouvais courir des heures entre les arbres, m'allonger sur l'herbe et observer les nuages. Je me sentais bien et je pouvais respirer. Mon petit frère avait 7 ans. On se taquinait, on se chamaillait, mais jamais rien de méchant, on savait que l'on pouvait compter l'un sur l'autre. On n'avait pas beaucoup d'argent, mais ça nous suffisait. On était des gentils enfants. Et puis mon père a commencé à se rapprocher de la ville. Il voulait créer quelque chose mais pas n'importe quoi. Son projet lui tenait à cœur, il en rêvait depuis bien longtemps, avant ma naissance. Alors on le soutenait du mieux qu'on pouvait.

Il y a eu de longs mois sans le voir, il était à droit à gauche pour finaliser l'ouverture de la bijouterie.Les débuts on été difficile, on mangeait moins que d'habitude, on n'achetait plus de vêtements, on se débrouillait avec ce qu'on avait. On a vendu la ferme pour un appartement beaucoup plus petit en ville. J'aimais le grand air, et je détestais le bruit des voitures à longueur de journée. Je n'avais pas beaucoup d'amis à cette époque. Je restais avec mon frère et c'est lui qui me poussait à aller vers les autres.

L'argent à fini par rentrer, de plus en plus vite. Cette fois notre appartement était beaucoup trop grand pour nous quatre. Je n'arrivais pas à m'habituer à ce changement de vie, à ce trop plein d'argent, ne plus se priver de rien, acheter tout ce que l'on veut. Je n'étais pas comme ça et je n'arrivais pas à en profiter. J'ai eu le droit au collège et lycée privée, les belles écoles qui permettent de s'en sortir. Alors non, je ne peux pas me plaindre. J'ai fini par m'y faire, par ne plus culpabiliser. Mon père avait réussi et je n'avais pas à m'excuser pour ça.

J'avais 18 ans quand ma mère nous a envoyé faire les courses avec mon frère, elle voulait que l'on participe aux tâches ménagères pour ne pas que l'on devienne des enfants gâtés. Je l'ai laissé partir devant parce que j'avais oublié mon sac, et quand je l'ai retrouvé, il était allongé par terre au milieu de la route, les voitures arrêtés et des inconnus autour de lui. Mon univers s'est brisé à cet instant. Je me disais que ce n'était rien, qu'il allait se réveiller, que ce n'était qu'un cauchemar. Mais non, il n'était plus la. Il avait ses écouteurs sur les oreilles et n'avaient pas entendu la voiture arriver. Je me sentais responsable. Si j'étais restée avec lui rien ne serait arrivé.

J'ai arrêté de manger à ce moment là, je n'y arrivais plus, je ne me supportais plus. J'ai perdu énormément de poids, et j'ai fini par me faire hospitaliser. Je ne voulais plus vivre. Je sentais le fantôme de mon frère tambouriner contre mon âme. J'ai mis de longs mois à m'en sortir, presque une année. Je ne pouvais plus respirer.
On est parti, pour s'éloigner de tout ça. Mon père devait ouvrir plusieurs de ces bijouteries en Corée. On s'est installé la bas pour se reconstruire. C'était plus facile d'être loin de lui. Je me suis remise petit à petit mais jamais complètement. J'ai toujours du mal à manger et je me concentre sur mes études pour ne pas penser à lui. J'étudie le droit depuis quatre ans et j'aime ça. Je me suis habituée à cette nouvelle culture et je fais de mon mieux pour avancer. Je vais le faire pour lui.