elle était d'une douceur sans fin. de ses cheveux blonds et fins et de ses perles bleues, elle observait le monde de ses yeux d'enfant. elle avait les épaules frèles et n'arrivait pas encore à tenir sur ses jambes de bébé. mais plus que le reste, elle était seule.

abandonnée à son propre sort. symbole de magie noire selon d'anciennes croyances disparues, on l'avait jetée aux lions. elle était celle qu'on devait éviter, celle qui devait rester derrière. mais elle ne comprenait pas. bien trop jeune pour ça.

mais l'amour n'avait d'égal aux croyances lorsque son regard s'était posé sur ce jeune couple en mal d'enfant. coup de foudre familial ou simple coup du sort, on avait voulu aimer cette enfant malgré les rumeurs à son égard.

et elle avait trouvé un foyer aimant. on lui avait offert une vie de rêve sur un plateau d'argent. deux ans à peine et voilà que de ses yeux bleus, le bonheur se lisait sans fin.

et on aurait pu croire que l'amour serait suffisant. on aurait pu vouloir imaginer que l'amour était toujours le plus fort. et ça a été le cas, de cette enfance douce et chaleureuse à la venue d'un frère de l'autre bout du monde. elle avait ce regard pétillant de malice et l'envie folle de tout découvrir. jusqu'à l'amour pur d'un homme dans ses bras.

mais l'amour ne faisait pas tout. il était cruel et chalereux à la fois. des montagnes russes, le coeur qui battait à trois cent kilomètres à l'heure. cette sensation que rien ne pourrait être plus beau à cet instant. mais tout ça pouvait s'arrêter du jour au lendemain. la solitude et la tristesse réunies pour ne faire qu'un. dépression d'enfant joyeux. déshumanisation du corps et du coeur pour ne plus rien ressentir.

elle n'avait pas pu se résoudre à changer autant, malgré la douleur, malgré la perte. elle n'avait pas réussi à changer celle qu'elle était, et elle avait débordé. de sentiments, de futilités. elle avait choisi de garder le positif, de se tourner vers le bonheur même si celui-ci ne lui tendait pas les bras, pas encore.

elle avait voulu garder son entrain et sa bonne humeur malgré les faiblesses du quotidien. enfant choyée qui avait dévié. enfant du soleil qui se tournait vers la lune. pour garder cette étincelle. pour vivre au jour le jour avec ce sourire sincère et cette gaïeté dans la voix, quoi qu'il arrive.

les cicatrices du coeur ne disparaissaient pas. elles s'atténuaient parfois, elle les oubliait souvent. mais elles reprenaient place à la moindre embuche, au moindre sentiment néfaste. gamine qui ne saurait comment se réparer.

et les épreuves de la vie ne la faisaient guère grandir. elle qui aurait voulu voir le bonheur et l'amour partout, à tout moment. elle était restée figée dans ce monde qui lui ressemblait, la peur de grandir, la peur d'affronter la véracité du monde une nouvelle fois. elle s'était fait pousser des ailes et ne regardait plus en arrière. elle évitait la souffrance de l'âme pour se concentrer sur le plus important : son propre bonheur.