CLYDE &
MAIKA ♡

concrètement, tu ne sais pas combien de temps tu vas tenir ce job de merde. à chaque fois c'est la même chose, tu te retiens de dire les 4 vérités au patron qui se permet de te parler comme une grosse merde, ah oui pour le coup, tu dois contrôler ton impulsivité mais dieu sait que tu n'y arrives jamais totalement. tu t'es déjà pris la tête avec lui, tu le sais, ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne te foute dehors mais t'as besoin de tune. sans quoi, ça ferait longtemps que tu serai partie de ce restaurant non sans lui avoir foutu la tête dans le broyeur de la cuisine. enfin bref, il est 23h, tu t'es tapé des heures supplémentaires ce soir alors tu n'as qu'une hâte : rentrer chez toi et ne plus rien foutre, t'es crevée, tes jambes ne tiennent plus debout. tu retires ton sac de ton épaule un court instant pour y récupérer tes clefs avant de le remettre correctement sur ton épaule. tu passes également ta main dans tes cheveux qui te gênent histoire de les dégager. tu entends un bruit de porte derrière toi mais tu n'y prêtes pas attention, si seulement tu savais, maika... si seulement. pourtant, ta curiosité te pousse à tourner quelque peu le visage par dessus ton épaule, tu sais qu'il y a un nouveau dans l'immeuble, du moins, t'as entendu les voisins en parler. ce n'est pas comme si tu avais beaucoup d'amis ici... ni même tout court, t'es vraiment pas douée pour les relations sociales. mais en voyant certains traits de son visage, ton cœur rate un battement, ta mine se décompose ton corps se tourne vers lui afin de mieux l'apercevoir, étant persuadé d'avoir affaire à une autre hallucination. tu en oublies d'ouvrir ta porte.. non, tu en oublies carrément de rentrer, de faire ce que tu devais faire, tu oublies tout, là, ton cerveau se glace aussitôt. c'est lui qui te joue des tours ? pourtant, ton cœur se resserre dans ta poitrine, instinctivement, en sentant cette douleur, tu baisses le regard. il ne va pas te reconnaître... non, pourquoi tu n'as pas envie que ça soit le cas ? il y a deux personnes sur cette planète que tu aimes plus que tout, ton petit-frère, et lui. clyde. une histoire d'un petit mois, pourtant, ce garçon a bousculé ta vie comme jamais personne n'a pu le faire jusqu'à présent. tellement que ton cœur ne l'a jamais réellement oublié. non, c'est une hallucination. ça ne peut pas être lui. tu remontes ton regard vers le sien, un échange de regard, cette fois c'est officiel, il sait que tu es là et que tu l'as vu. qu'est-ce que t'es censé dire ? qu'est-ce que t'es censé faire ? tu ne prononces pas le moindre mot, tes pieds sont fixés au sol, t'es paralysée, comme si tu venais de voir un fantôme. c'est.. lui, ton nouveau voisin de palier ? dire que tu pensais ne plus jamais souffrir, ayant déjà tout traversé. à cette pensée, ton cœur se resserre un peu plus dans ta poitrine, une boule se forme au fond de ta gorge alors que tu n'as toujours rien dit, ta bouche s'entrouvre quelque peu mais aucun son ne sort. putain, t'es déjà pas à l'aise avec les gens en général mais quand tu te trouves dans ce genre de situations, c'est encore pire. qu'est-ce qu'une personne normale dirait ? t'es incapable de dire le moindre mot, même pas de le saluer, tout ce que tu trouves à faire, c'est baisser les yeux vers le sol. qu'est-ce que tu pourrais bien lui dire de toute façon ? il doit certainement t'en vouloir, ou pas du tout va savoir.. mais dans tous les cas, tu veux fuir, tu veux qu'il ait un bon souvenir de toi. tu ne veux pas qu'il te voit comme ça... qu'il connaisse cette maika. en un mois, clyde a réussi à t'offrir ce que tu n'aurais jamais cru recevoir d'une personne un jour.

CLYDE &
MAIKA ♡

la tête bien trop encombré et les idées trop fumeuses, clyde n’arrivait à rien. les boules de papier jonchaient le sol illustrant bien son manque total d’inspiration. ça faisait à peine deux jours qu’il était arrivé dans ce nouvel appartement et il s’y sentait comme un étranger. incapable de s’exprimer, bloquer par cet endroit hostile à son inspiration, il avait besoin de sortir, de prendre du recul face à la situation. il savait bien que les choses changeraient en déménageant dans ce nouvel endroit mais il n’aurait pas cru que sa créativité en prenne un coup elle aussi. il sentait que quelque chose le bloquait, l’empêchait de produire quoique ce soit. il n’aimait pas ça, il savait que ce genre de situation pouvaient le faire plonger dans ses phases qu’il définissait comme des phases de down, des périodes où il voit tout de façon négative et sombre. rien ne sortait de bon durant ces périodes-là, c’était même tout l’inverse. le changement d’endroit, l’impression de n’avoir pas encore sa place dans ce nouvel endroit le poussait probablement vers cette sensation d’être complètement bloqué. alors pour éviter que tout ça n’arrive, il avait besoin de voir autre chose, de chercher l’inspiration ailleurs qu’entre ces quatres murs. s’aérer l’esprit, c’est de ça dont il avait besoin. il enfila un pantalon -le premier qui lui vint sous la main- et un t-shirt, il attrapa son sac et les quelques affaires importantes qu’il contenait et se dirigea vers la porte. le simple fait de mettre la main sur la poignée était déjà pour lui un geste libérateur. il allait revoir la lumière. il sortit de chez lui, verrouilla la porte sans se douter que derrière lui se trouvait un fantôme de son passé. c’est quand il se retourna qu’il fit face à maika. le choc fut tel qu’il eut l’impression d’avoir été court circuité. figé sur place, il écarquilla les yeux. est-ce que c’était les effets du cannabis qui lui faisait voir une hallucination? ou était-ce bien réel? au vu de la réaction de son coeur, clyde ne mit pas longtemps à comprendre que celle qu’il aimait depuis le premier jour où il l’avait vu était bel et bien face à lui. les souvenirs de leur seul et unique mois ensemble lui revinrent en pleine gueule. il sentit ses genoux trembler légèrement, allaient-ils lâcher? sa gorge se noua, les mots ne vinrent pas. de toute façon, que pouvait-il dire? tout se bousculait en lui, l’amertume de ne l’avoir jamais vu venir au rendez-vous qu’ils s’étaient donné, son amour pour elle qui brûlait toujours en lui. il n’arrivait pas à mettre de mots sur ce qu’il ressentait. à nouveau, comme ces derniers jours, il était incapable de sortir quelque chose de cohérent. lui, qui habituellement sait si bien manier les mots, à cet instant, il n’était pas plus doué qu’un nouveau né. vraiment, il était à deux doigts de lâcher des gazouillis de bébé. paralysé par la surprise de la revoir après tout ce temps, il se contenta en premier temps de lâcher un simple « maik-nikki? ». il n’avait pas oublié son surnom, il n’avait rien oublié d’elle, pas même son visage qui avait, aujourd’hui, bien changé. puis, un rire nerveux s’échappa d’entre ses lèvres. il ne savait pas comment réagir, et c’était rare venant de lui. pourtant, c’est tout ce qu’il trouva à faire. un geste presque incontrôlé en fait. « moi qui pensait ne jamais te revoir. » il secoua légèrement la tête, on ne savait pas vraiment ce que sa remarque voulait exprimer. de l’amertume dissimulée? peut-être… « encore moins ici. » il ne parlait en aucun cas de l’appartement mais plutôt de séoul, la corée, tout ça. il aurait pensé que maika serait parti de ce pays et qu’il ne la retrouverait jamais.

CLYDE &
MAIKA ♡

la vie n’a jamais été clémente avec maika. elle n’a pas eu une enfance heureuse. elle n’a même jamais eu d’enfance. et lorsqu’enfin, elle avait cette opportunité de commencer à vivre, elle s’était retrouvée derrière les barreaux, prisonnière, vivant avec elle-même et entourée de personnes toxiques qui sont parvenus à l'empoisonner. peut-être aurait-elle pu commencer à vivre à sa sortie de prison, mais cette fois-ci, c’était de son propre corps qu’elle était devenue prisonnière. un corps qui au final, ne lui a jamais réellement appartenu. son corps n’a toujours été qu’un jouet pour les autres, pour des monstres, pour le pire des monstres qui lui servait de père, et vivre avec ce jouet qui ne lui appartenait pas était un véritable calvaire. qu’est-ce qu’il lui restait ? son frère, son frère et quelques bons souvenirs qui se comptaient sur les doigts d’une main. partageant la moitié d’entre eux avec son frère, et l’autre moitié, avec lui. un mois, un mois et ce jeune garçon avait réussi à lui redonner goût à la vie, à lui donner de l’espoir, à lui montrer qu’au final, elle n’était pas si perdue que ça. alors oui, en allant pas à ce fameux rendez-vous, elle savait maika. elle savait qu’elle était définitivement perdue. et se retrouver face à lui était déroutant. un mélange d’émotions qu’elle ne contrôlait pas. elle ne contrôlait pas grand chose, maika, mais encore moins à l’heure actuelle. tout son amour pour lui lui revenait en pleine gueule, toutes ces fautes, ce qu’elle avait loupé mais aussi et étrangement, de l’espoir. parce que clyde, c’était son ange, c’était comme ça qu’elle l’avait toujours perçu. il était sur son chemin pour la libérer de ses chaînes, lui retirer le poids qu’elle avait au pied, si elle croisait de nouveau sa route, ce n’était pas pour rien. ou alors serait-ce parce que la vie ne l’avait pas faite assez souffrir, et qu’il fallait qu’elle affronte tout ça, ravalant sa peine. son voisin, clyde.. son voisin. elle avait du mal à se ressaisir, elle était déjà si différente, si étrange, si détruite. qu’est-ce qu’il restait d’elle au juste ? même elle, se posait parfois la question. elle continuait de se battre, au final, peut-être qu’au fond de ce trou noir, se trouvait encore une mine d’espérance ? lorsque le jeune homme prit enfin la parole, maika baissa le visage. ça lui faisait mal, pas ses paroles, juste.. sa voix. elle s’en rappelait que trop bien, cette voix d’un être qui ne voulait que la délivrer de cette vie dont il ignorait les plus horribles choses. son coeur se serra dans sa poitrine, elle avait mal maika, mal d’affronter un ancien amour qu’elle n’avait jamais réellement oublié. quand elle entendit son rire nerveux, elle ferma doucement ses paupières, comme si ce simple geste pouvait cesser la douleur que son coeur lui provoquait. encore une fois, elle y était prisonnière, mais plus de son corps cette fois-ci.. de ses sentiments. il reprit la parole mais la jeune nipponne restait tout aussi silencieuse, elle avait le souffle coupé, le brouhaha dans son esprit ne l’aida en rien. elle non plus, ne pensait jamais le revoir. la surprise fût totale. son coeur cognait si fort dans sa poitrine qu’il était à deux doigts de s’échapper de sa cage thoracique. elle laissa involontairement un silence s’installer, elle ne savait pas quoi dire maika, quoi dire ni quoi faire. parce qu’elle est devenue un animal, incapable d’être sociable et même plus foutu de contrôler ses émotions. alors elle rouvre les yeux, gardant sa tête baissée et nerveusement, elle se mit à tripoter ses clefs d’appartement. « tu m’en veux? » parvient-elle à articuler difficilement. oui, ce sont les premiers mots qu’elle lui adresse, après tant d’années. ce n’était pas la chose à dire et elle le savait très bien. elle savait qu’elle était complètement à côté de la plaque, qu’elle n’était qu’un animal en cage, incapable de s’exprimer et de vivre en société. et puis aussi parce qu’elle avait besoin de le savoir. elle s'était posée la question à de nombreuses reprises. elle n’a jamais cessé de penser à lui, jamais. elle espérait qu’il aille bien, mais elle ne pouvait s’empêcher de se demander s’il lui en voulait, qu’est-ce qu’il pensait de tout ça. parce qu’il ne savait pas, il était au courant de rien. ce soir là, ce n’était pas lui qu’elle avait abandonné, c’était elle-même. ce soir là, elle avait signé sa perte. c’était soit elle, soit son petit frère, et dieu sait qu’elle lui donnerait sa vie. c'était ce qu'elle avait fait, ce fameux soir.