You are not my father.

Un soir encore, une nuit de plus où je ne dormirais pas chez moi, où je ne dormirais peut-être pas du tout. Je ne parviens plus à trouver le sommeil de toute façon, hanté par les cauchemars de la même nuit que je ne parviens pas à laisser dans mon passé. Je m’échappe alors de cette résidence familiale que je ne parviens plus à considérer comme ma maison, mais plutôt comme une prison qui m’étouffe chaque jour un peu plus. Ce soir encore, je vais sortir, je vais boire, je vais lentement me noyer dans des illégalités par des fréquentations que personne ne me recommande. Mais je n’écoute plus que moi, ma colère, mes besoins d’évasion loin de cette famille que je ne parviens plus à aimer depuis… Je chasse encore cet instant de ma tête pour remettre correctement mon t-shirt sous ma veste à carreaux rouges et décoiffés mes cheveux de plus en plus rebelle. Je descends les escaliers menant à ma chambre et celles de mes frères et ne m’inquiète pas de l’absence de ceux-ci dans la maison trop silencieuse. La rue m’accueille mieux que cette baraque où je suis obligé de vivre.

Rapidement, je retrouve mon groupe, ma meute, ceux qui partagent mes nuits les plus sombres, les nuits qu’il m’arrive d’oublier tout, les pires nuits qui sont en même temps les meilleures. Une odeur reconnaissable remplit déjà mes narines lorsque je me retrouve au milieu d’eux mais je suis à présent habitué à cette odeur qui m’aurait dégoûté à l’époque, avant. Nous avons décidé de nous rendre dans une boîte de nuit appelée Epsilon, je connaissais pas encore mais je découvre de plus en plus d’endroits nocturnes ces derniers mois, même si ces aventures ne finissent pas toujours bien… Je m’en fous de toute manière que ma franchise froisse certaines personnes, s’ils veulent se battre, je n’ai pas peur de recevoir des coups, les substances dans mon sang m’aident à avoir moins mal. Je prends d’ailleurs un joint pour commencer en douceur et discute de n’importe quoi mais rien d’important avec les mecs qui m’entourent. Je ne réfléchis pas quand je suis avec eux, mes pensées se mettent en pause et c’est sûrement ce qui me plaît, ce qui me libère.

Nous arrivons à la boîte de nuit et j’entre dans l’ambiance de la boîte en me demandant comment j’ai fait pour ne pas aller dans cet endroit assez sympa plus tôt comme je passe presque toutes mes nuits dehors. La soirée commence alors et je me plonge dans les alcools mélangés à quelques substances que je ne prends pour le moment qu’en quantité assez raisonnable. Même si c’est suffisant pour rendre mes pensées plus floues, moins terre à terre, plus dangereuse mais qui s’en inquiète ? En tout cas, pas des personnes qui m’intéressent. Je bouscule alors un gars qui le prends mal, encore un de ses gars bourrés, qui fait deux fois ma corpulence et qui croit que j’ai peur de lui. Pourtant, à la première insulte, c’est moi qui commence à le pousser et le provoquer, énervé et les pensées peu claires.

#iwhae

You are not my father.

nouvelle soirée chargée à l’epsilon. la boite est blindée, comme tous les soirs. tadashi a l’impression que les gens viennent de plus en plus nombreux. lui qui se trouve souvent à l’entrée, il est le premier à constater comme les gens viennent s’entasser dans cette boite. le japonais peut les comprendre, ils ont tout ce qu’il veulent ici, la musique, les trafics et les filles. évidemment, lui il est là pour réduire tous les trafics pas très légaux qui se passent dans la boîte, et même si ça peut paraître paradoxale quand on connaît tadashi, il s’applique à le faire. à vrai dire, il fait ça dans le but de garder son job, il a pas vraiment envie de le perdre. c’est le seul qu’il arrive à garder aussi longtemps. et mine de rien, c’est le boulot légal qui lui a rapporté le plus jusqu’à aujourd’hui. en plus de ça, les horaires lui permettent de continuer ses entraînements de boxe, c’est tout benef pour lui. et puis, grâce à ce travail, il peut aider sa mère à payer les factures qui se réduisent petit à petit. on pouvait le dire, tadashi commençait à s’en sortir après ces mois de galère même s’il restait toujours un problème majeur pour lui: sa relation avec hiro qui n’avait pas évoluée, ni même changée d’une quelconque façon qu’il soit. les choses s’étaient empirer et c’était difficile pour le plus vieux de gérer toute l’indifférence dont son petit frère faisait preuve à son égard. il aimerait pouvoir discuter avec lui sans que tout ça ne se termine en engueulade, mais c’est impossible. hiro a la rage et il ressent le besoin de l’exprimer… si seulement il pouvait comprendre à quel point son grand frère s’inquiète pour lui.
tadashi secoua la tête, ce n’était pas le moment de penser à tout ça, il avait du travail alors il se décida à entrer à nouveau dans la salle, histoire de faire un tour rapide dans la foule. bien souvent, avec le monde qui s’agglutinait dans la boite, il arrivait qu’il y ait des bagarres et tadashi était là pour empêcher que ça se produise. la boite ne devait surtout pas perdre sa réputation sans quoi elle se verrait déserter. dans la salle, le jeune homme jette un rapide coup d’oeil au dj sur l’estrade, ce soir ce n’est pas yury qui s’occupe des platines et ça le rendait triste. il aurait voulu le voir après ne serait-ce que pour lui parler quelques minutes. il se faufila au milieu de la foule dense, les gens s’agitaient au rythme des sons et plusieurs d’entre eux bousculèrent tadashi. le videur avait l’habitude, tant que tout ça ne finissait pas en débordement, les gens pouvaient danser autant qu’ils le souhaitaient. il continua d’avancer dans la densité regardant autour de lui pour vérifier si tout se passait bien. il posa alors ses yeux sur un mouvement de foule inhabituel, il semblait voir deux personnes se bousculer. il se fraya un chemin jusqu’à eux mais là, ses yeux se posèrent sur hiro, son petit frère. il était sur le point de se battre avec un type, et tadashi prit quelques secondes avant de réagir. une tonne de questions lui tombèrent sur la gueule, qu’est-ce qu’il foutait dans cette boite de nuit? est-ce qu’ils faisaient des trafics? ou est-ce qu’il voulait juste s’amuser? une nouvelle fois, tadashi ne comprenait pas son frère mais ce n’était pas le moment de réfléchir, il fallait arrêter ça avant qu’il se fasse mal. le videur sorti de la foule pour venir attraper hiro par le bras avant qu’il ne déclenche une bagarre violente. « eh, c’est quoi ce bordel?» commença-t-il sur un ton paternaliste. l’inquiétude le poussait à prendre un ton plus autoritaire. « tu cherchais à faire quoi, là? hein? » il hurla pour que sa voix se fasse entendre au delà de la musique. hiro devait l’entendre pour qu’il comprenne son mécontentement. comment il arrivait à retrouver son frère dans cette boite de nuit prêt à se battre? qu’est-ce qu’il cherchait à faire?

#iwhae

You are not my father.

Je n'ai pas peur de me battre, d'être blessé ou de blesser au contraire, je pense que ça m'apporterait une certaine satisfaction. Je ne pratique plus de sports de combat depuis 2016 -on sait qui remercier pour ça- alors remettre à jour ces pratiques une fois de temps en temps ne me fait aucun mal. J’ai peut-être pas les pensées nettes, c'est ce qui peut embrumer un peu mon comportement et faire grandir en moi la bonne idée qu'est provoqué une bagarre. Je lève le poing en attrapant le gars tout aussi énervé que moi par le col et m'apprête à frapper de toutes mes forces quand un videur intervient. Sans le regarder, je reconnais la voix de mon frère. Mon visage ne s'éclaircit évidemment pas à la vue de celui-ci, au contraire, j'aurais tendance à être d'une humeur plus négative encore. Je me dégage immédiatement de l’étreinte qu’à mon frère sur mon bras et le fusille du regard alors que de mon point de vue, son intervention est loin d’être nécessaire. Le ton qu’il prend pour me parler à le don de m’agacer encore plus et je lève les yeux au ciel alors que l’envie de rester là pour avoir une discussion avec mon grand frère n’est vraiment pas présente. Il hurle pour que je parvienne à l’entendre, lui et son air autant autoritaire qu’énervé et je soupire d’une façon qui aurait été normalement bruyante si nous n’étions pas au beau milieu d’une boîte de nuit.

-De quoi tu te mêles ??

Je m’éloigne de lui et fusille du regard le mec que j’ai failli frapper alors que celui-ci me contourne pour reprendre son chemin. Je ne souhaitais vraiment pas tomber sur mon frère aujourd’hui, j’ai l’alcool qui me floute complètement les pensées mais quand je vois mon frère, tout reste très clair : je le déteste, je lui en veux toujours comme jamais et je ne veux pas avoir à lui faire face pour une discussion dans cet endroit ou dans n’importe quel autre endroit en fait.

-C’est bon, t’as fait ton job et t’as arrêté la bagarre, tu peux me lâcher maintenant ?

Je passe à côté de lui en poussant son épaule et je me dirige vers le bar. Je n’ai qu’une envie, boire davantage pour oublier que j’ai dû croiser mon frère à une soirée où je souhaitais simplement m’amuser. J’ai 19 ans, si Tadashi voulait être là pour moi, il devait être présent quand j’étais plus jeune, beaucoup plus jeune. Maintenant, je considère que c’est trop tard…

#iwhae

You are not my father.

tadashi se retrouvait là, face à son frère, dans la boîte où il travaillait. hiro était prêt à se battre avec un autre homme, son grand frère se devait d’intervenir. les bagarres étaient fréquentes dans cette boîte, tout comme les trafics et ça rendait tadashi bien plus vigilent. alors voir son frère, prêt à se battre dans cette boîte suffisait à l’énerver. il avait des tonnes de questions, qu’est-ce que foutait son frère ici? dans un endroit qui n’était en rien fait pour lui… il savait bien que son petit frère avait pris des mauvaises habitudes depuis l’accident, qu’il n’était plus le même. tout avait changé, il avait la rage contre son aîné, il lui en voulait sûrement pour quelque chose que tadashi n’avait même pas commit. mais est-ce que tadashi pouvait le blâmer pour ça? non, il était le premier à avoir fait n’importe quoi après la mort de minhee, à tel point que ses conneries l’avaient envoyé faire un séjour de deux ans en prison. pour autant, le japonais se refusait à laisser son petit frère suivre le même parcours que lui, d’autant plus que leur père n’était plus là pour l’en empêcher. c’était à tadashi de faire en sorte que hiro ne plonge pas comme lui avait plongé. alors oui, il était autoritaire, paternaliste avec lui et ça ne lui plaisait pas, c’était évident mais valait mieux ça que de le voir prendre une mauvaise pente. après l’avoir séparé --et empêcher de frapper cet homme--, tadashi se montra légèrement énervé devant son frère, le questionnant. et, sans grande surprise, hiro réagit avec la même froideur qu’à son habitude. il se détache de l’emprise que le plus vieux avait sur lui, il soupire, la musique couvre le son mais tadashi l’entend comme s’ils étaient seuls. « de quoi j’me mêle? tu te fous de ma gueule? qu’est-ce que tu fous ici? » le japonais parlait comme son père, il agissait même comme lui en fixant son petit frère dans l’attente d’une réponse. derrière cet agacement, il y avait l’inquiétude, la peur de voir hiro vriller, de s’auto détruire dans la déchéance. tout le monde était inquiet pour hiro, toute la famille nagao savait qu’il n’allait pas bien, qu’il se laissait aller à un chemin bien trop obscur. et tout le monde comptait sur tadashi pour le ramener dans le droit chemin, être la lumière qui effacera l’obscurité qui l’habite. mais pour cela, il fallait que hiro le veuille, et ce n’était pas le cas. et ça, le japonais le savait bien. pourtant, il n’allait sûrement pas arrêté d’essayer. borné, le plus vieux était difficile à éloigner, même si hiro essayait de toutes ses forces. le plus jeune se refuse à répondre à son grand frère, et se permet même de lui répondre avant de lui bousculer l’épaule. tadashi lève la tête un instant, fatigué d’avance par ce qu’il va faire. rien de tout ça l’amuse, jouer le rôle de son paternel ne lui plait pas, surtout quand il voit comment il est accueilli par son frère. « hiro ! » hurle-t-il dans la foule, avant d’attraper le bras de son frère sachant pertinemment qu’il veut disparaître dans la masse. « je te laisserais pas partir comme ça, j’veux des réponses. j’peux savoir ce que tu fous ici? » tadashi s’approche un peu plus de lui, le fixant toujours avec le regard que son père lui offrait quand il faisait une connerie. il serra la mâchoire alors que, soudainement, il croit sentir l’odeur de l’alcool venant de son petit frère. est-ce que c’est l’odeur de la salle, ou bien hiro a bu? il fronce les sourcils un instant. « j’rêve ou tu pues l’alcool? » le plus vieux espérait se tromper, il voulait croire que cette odeur ne provonait pas de son frère, mais bien des gens autour ou du bar. il voulait y croire, mais est-ce que c’était la vérité? probablement pas.

#iwhae

You are not my father.

Celui qui est censé être mon grand frère a l’air plutôt remonté après m’avoir découvert sur le point de me battre en plein milieu d’un endroit où –à ses yeux- je n’ai pas ma place. J’ai l’impression très désagréable d’avoir toujours 12 ans quand je suis face à lui parce qu’il me prend toujours pour un gosse. Il me demande ce que je fous ici mais j’ai aucun compte à lui rendre et je ne lui en rendrais aucun. S’il veut endosser le rôle de père, je rentrerais avec plaisir dans celui de l’adolescent rebelle qui ne veut que fuir son frère. J’ai juste envie qu’il me foute la paix mais maintenant qu’il prend son rôle d’aîné au sérieux, il n’a pas l’air de penser à abandonner et je regrette d’avoir choisi ce bar pour passer ma nuit. Je ne suis plus sûr de pouvoir profiter de la soirée maintenant que Tadashi est à mes trousses. J’essaye tout de même d’y échapper en passant à côté de lui, poussant son épaule pour qu’il me laisse partir. Mais évidemment, il ne va pas laisser la discussion se terminer là. Je l’entends hurler mon prénom et soupire bruyamment alors que déjà, il me retient en attrapant mon bras. Je me retourne violemment, la colère brûle chacune de mes pensées alors qu’il me demande encore une fois ce que je fous ici et une nouvelle fois, je retire mon bras de sa main. Il s’approche de moi et je recule un peu en n’aimant pas le regard qu’il me jette. Je reconnais papa dans son attitude, dans ses yeux qui se posent sur moi quand il me réclame des réponses que je n’ai pas envie de donner.

-J’ai pas de comptes à te rendre ! J’ai aussi le droit de m’amuser comme je veux !

Je bouillonne intérieurement, prêt à entrer en ébullition à n’importe quel moment et exploser sur mon frère, enfin ce qui est censé être mon frère. Ça fait longtemps que je ne le considère plus comme tel, en fait, je n’ai plus vraiment de famille depuis que l’incident s’est produit, juste des personnes qui partagent ma maison et qui ne se privent pas d’être sur mon dos. Les sourcils de mon aîné se froncent alors qu’il semble avoir senti quelque chose et je lève impoliment les yeux au ciel alors qu’il me demande si je pue l’alcool.

-Sérieux, tu veux me priver de boire aussi ? Je fais ce que je veux et si je veux boire alors je bois !

Je m’éloigne encore de lui mais cette fois, sans tourner les talons, à quoi bon, il me suivra tant que je ne lui fais pas face. Je suis venu ici pour m’éclater et détruire mon corps déjà foutu comme je l’entends, pas pour lui parler et me faire tirer les oreilles. Il s’y croit un peu trop, sûrement parce qu’il est le plus âgé à la maison, il croit qu’il a ma responsabilité mais il se plante complètement. Les pensées embrouillées par l’alcool que j’ai bu en quantité en arrivant ici, j’adresse un regard noir à mon frère en me montrant bien moins agréable.

-Putain, tu peux pas juste me laisser tranquille ?? Je suis pas là pour que tu m’emmerdes et puis de toute façon, je me casse d’ici, y a sûrement d’autres bars où les videurs ne font pas chier.

#iwhae