Voilà plusieurs heures que je tourne en rond dans la cuisine, en réfléchissant à une chose à faire. Une chose plus intéressante que compter mes pas en me demandant si je devrais essayer la nouvelle recette de biscuit que j’ai découverte il y a quelques heures. Ou, plus exactement, une chose plus intéressante que me demander quand Jaein rentrera à la maison et, surtout, s’il le fera. Et s’il ne revient pas ? Ça sera ma faute. Parce que je n’ai pas été capable de me taire au moment où j’aurais dû… Mais il faudrait savoir, au bout d’un moment ! Je me tais trop ou je parle trop. Et lui, il ne comprend jamais rien. Il n’essaie même pas. Rangeant ma tasse sale dans le lave-vaisselle, je me dirige vers l’escalier.

C’est alors que j’entends du bruit dans la chambre de Taein. Peut-être qu’il a des nouvelles ? Je n’en sais rien. Parfois, je me dis que Jaein nous fait une blague. Qu’il est simplement caché sous son lit et qu’il va ressortir comme ça, en nous disant que c’était pour rire. Une plaisanterie de mauvais goût, certes, mais une plaisanterie quand même. On ferait semblant de rire avant d’oublier ses bêtises. Soupirant un bon coup, je pousse la porte de la chambre de Taein. « Coucou Taein. » Je prends mes aises, je regarde un peu ce qu’il fait. Je l’observe. Puis je m’assieds sur son lit, les yeux posés sur lui, sans dire un mot, pendant plusieurs secondes.

Je n’ai jamais été très douée pour m’exprimer. En fait, c’est une des choses les plus difficiles pour moi. Pourtant, au bout de quelques longues secondes de silence, passées à l’observer comme s’il était la créature la plus fascinante qui soit, je me décide à ouvrir la bouche. « Tu penses qu’il va revenir ? » Il faut qu’il revienne, même si je n’ai pas totalement tort. Il ne peut pas s’enfuir et disparaître comme ça, quand ça lui chante ! Tout le monde est sûrement aussi inquiet que moi.