Quoi de plus réconfortant et, surtout, soulageant, que de savoir qu’un quotidien sain s’était récemment installé dans sa vie au travers de son tout nouveau boulot. Aider les autres, tel était donc sa destinée ? Peut-être. Lui plaisait-elle pour l’instant, cette destinée ? Elle ne saurait répondre, pas besoin, son salaire plus que convaincant le faisait à sa place. Ça faisait quelques temps, voir années, carrément éternité, qu’elle n’avait plus connu cette routine laborieuse et tant désirée qu’elle goûtait à pleine dent comme si elle était sur le point de lui être injustement arrachée. Devant son bureau, là, assise sur une chaise de bureau moelleuse et ouatée, elle se mit à réfléchir brièvement sur ses peurs, son présent, ses objectifs. Rares étaient devenus ses moments de solitude et de réflexion qu’elle s’octroyait désormais, faute de temps, d’énergie. Après toutes ces épreuves, elle en était arrivée là. Sa simple espérance d’être à la hauteur la faisait se dépasser dans ses fonctions. Elle se sentait satisfaite d’elle-même et de pouvoir aider ceux qui en ont besoin. Se rendre utile et désespérément atteindre l’apogée de sa situation professionnelle n’était pas une option, elle en avait besoin, tant pour elle que pour les autres.
Son dernier rendez-vous venait de quitter la pièce. Elle s’en était bien sortie. « Fière, forte, professionnelle », telles étaient ses devises devenues ses meilleurs alliées. Le prochain l’attendait déjà, elle le savait et l’eut entre-aperçu au travers de la porte. Ce sera un rendez-vous important. Son rôle de CPE, ou de justicière en quelques sortes, lui préconisait d’être attentive aux moindres détails. Son œil aiguisé et son instinct ne trompait jamais. C’était certain qu’une élève se faisait harcelée. Sa mission étant d’étouffer les premières fumées le plus rapidement possible, elle n’eut donc pas longtemps hésité avant de joindre les proches de la jeune malentendante afin d’organiser une rencontre. Elle n’avait pas l’habitude de prendre des démarches aussi sociables. Ce n’était pas son genre, mais elle savait s’adapter et là était très certainement sa plus grande qualité malgré cet amas creux de défauts. Elle se leva, pressa la poignée et fit vigoureusement face à son prochain rendez-vous. « bae haknyeon, le grand frère de bae sojin. je viens à la place de mes parents parce qu’ils ne sont pas en corée en ce moment. » Elle ne força pas un sourire qu’elle jugea déconvenue vu la situation, mais salua tout de même l’intéressé. C’était la moindre des choses. Elle l’invita du regard à entrer dans son bureau. « Asseyez-vous, je vous en prie. Un malaise s’était lourdement emparé d’elle. Aucun doute que celui qui était en face d’elle était un policier. Elle devait feindre de passer outre ce détail quelque peu contraignant. « je m’excuse si je vous ai dérangé, vous ou vos parents… Mais si j’ai organisé ce rendez-vous, c’est que j’ai considéré que la situation était assez préoccupante que pour vous en faire part. » Elle marqua une pause, histoire de formuler parfaitement ce qu’elle avait à dire. « C’est à propos de Sojin, votre sœur. Elle a quelques soucis.» Elle s’efforça de ne pas fuir son regard, par peur de quoi que ce soit. Fuir ne lui ressemblait pas. Seulement, face à un agent de la justice, elle se retrouvait toujours aussi démunie qu’une brebis égarée, une sensation dont elle avait horreur.