sombre


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el padre ♣ ft. lee jaehyuk

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el padre ♣ ft. lee jaehyuk | Jeu 27 Sep - 21:23
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el padre
Big bro & Ptit bro

Et alors, qu'est-ce qu'on fait à propos du père ? De notre argent ? De nous ?
Samedi matin, 10:32. C'était l'heure qui s'affichait sur mon téléphone. Je voudrais bien aller me rendormir mais peut-être qu'il vaudrait mieux que je me lève. Enfin, je m'étais couché trop tard hier, un peu plus de sommeil me ferait du bien mais je sentais que si je me rendormais, j'allais me réveiller à 15:00. Je me retournai dans mon lit puis me levai enfin, frottant mes yeux. Puis je regardai le lit vide en face de moi. Pendant des années, il avait été occupé par Juhyeon. Et puis il était parti. Deux autres colocs s'étaient invités entre temps, mais ils étaient repartis rapidement. Ce qui faisait que j'étais seul, et qu'il n'y avait personne pour prendre ce lit. C'était comme si on refusait que Juhyeon soit remplacé, en fait. Je refusais qu'il soit remplacé aussi, Juhyeon c'était mon meilleur ami à vie. Il était parti s'installer autre part avec Sojung suite à leur mariage, et maintenant, j'étais tout seul. Si je le pouvais, je leur rendais visite, mais comme on habitait plus dans la même ville, c'était plus compliqué. Quoi qu'il en soit, je m'étirai puis sortis de ma chambre solitaire pour rencontrer un peu plus de monde. Quelques personnes étaient déjà levées mais certains comme moi dormaient encore. C'était un samedi en même temps, le premier jour du week-end, fallait bien en profiter pour bien dormir et récupérer de cette longue semaine ! Premier endroit où je me dirigeai : la salle à manger. J'allais prendre mon petit-déjeuner, bien sûr, c'était le premier truc à faire quand on se levait hormis regarder son portable pour éteindre le réveil ou voir l'heure. Dès qu'on se levait, on avait faim, c'était une évidence. Je descendis jusqu'à la salle commune en baillant, puis atteignis la salle en question. Petit café avec deux tranches de pain grillées tartinées, ça fera l'affaire. En attendant que tout ça se prépare, je m'assis sur l'une des nombreuses chaises disponibles tout en regardant le temps qu'il restait pour que le café chauffe. A peine réveillé, je me mis à penser aux choses qui m'arrivaient actuellement. Le plus gros événement de ma vie, ça devait être le retour de Jaehyuk. Qui aurait cru que je me serais retrouvé à reparler à mon frère après que je ne l'aie plus revu depuis plus de dix ans ? J'étais le premier à ne pas l'avoir vu venir. Si au début c'était un peu gênant, maintenant, ça allait mieux. Ça allait presque faire un an qu'on s'était retrouvé après tout, c'était normal. Mais il y avait toujours des sujets dont on ne parlait pas, m'enfin, il valait peut-être mieux. Je n'avais pas forcément envie de parler de choses qui fâchent, bien au contraire. Ah. Le café était prêt. Je me levai pour le prendre puis le posai sur la table. Ce fut là que j'entendis quelqu'un arriver. Ah, en parlant du loup. Mais que faisait-il là à 10:40 ? Il n'était pas du type à se lever si tard. A moins qu'un imprévu soit arrivé. Je souris en le voyant. « Salut Ptit Bro, tu t'es levé tard aujourd'hui ? » Ou sinon, je m'étais totalement trompé et il n'était pas venu prendre un petit-déjeuner.
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Re: el padre ♣ ft. lee jaehyuk | Dim 30 Sep - 10:29
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Un an. Jae Hyuk se remémora leur retrouvailles, à lui et à Jae Sang, la boule au fond de la gorge il avait pris la parole. Il avait affronté la colère d'un homme qui ne connaissait le mot famille qu'à travers les mots douleur et abandon. A l'époque, Jae Sang représentait encore ce frère qu'il n'avait pas eu envie de connaitre, ce frère qu'il n'avait pas voulu avoir, une faiblesse ? Une tâche dans son parcours presque parfait, avant qu'il ne décide de le considérer comme un être humain. Un inconnu. Mais aussi sa seule famille. Un an depuis ce premier "hyung". Maintenant qu'il y repensait, ils devaient avoir l'air de types louches, bizarres, à se toiser comme ça. Des "freaks" frisonnant dans la brise d'automne. Et depuis ? Leurs débuts avaient été vraiment... gênants. Et il n'aimait pas cette sensation. Chacun d'eux avait dû faire des efforts. Et petit à petit, ils s'ouvraient un peu à l'autre, leur conversation devenait familière, ils prenaient leurs habitudes. Souvent ils fonctionnaient aussi par petites attentions, histoire de se différencier de simples amis. Souvent ça se matérialisait sous la forme d'un café apporté, d'un service rendu. Mais les discussions plus intimes, les choses qui avient besoin d'être dites. Il n'osait pas encore se confier. Parce que désormais, il avait peur de perdre Jae Sang. Il s'était trouvé un vrai frère, il le sentait. Comment réagirait il aux décisions difficiles, aux choix plus intimes que Jae Hyuk avait dû prendre ? Il comprenait bien que Jae Sang aurait aimé être reconnu par leur père, et lui qu'avait il fait ? Il avait rejeté cette reconnaissance. Comment faire comprendre ses sentiments ? Et puis lui, qu'avait il fait, vécu ? Le benjamin sentait que bien des choses dont il n'aimait pas parlé, à personne, lui avait forgé ce caractère si particulier. Il n'osait cependant demander. Ca viendrait de Jae Sang lui même où ça ne viendrait pas. Il ne souhaitait pas réouvrir d'anciennes blessures.

Il releva la tête de son carnet. L'horloge lui indiquait qu'il avait passé deux heures à réfléchir à tout, sauf à son essai d'anglais. Son ventre grogna. Son crâne se plaignait. Il avait besoin d'hydratation. Et d'un café. Un grand café corsé. Sa main gauche attrapa son carnet, sa droite s'occupait d'ouvrir les portes et sa bouche mordait son stylographe. Il descendit les marches de l'escalier en prenant soin de ne pas faire de bruit. Les rares élèves qui restaient au dortoir le week-end étaient les fêtards du vendredi soir. Peu, comme les frères Lee, restaient parce qu'ils n'avaient nulle part autre où aller. On donnait sa lessive à maman, on mettait les deux pieds sous la table et on parlait baseball ou foot avec papa. Ce devait être agréable... Mais comment se plaindre ? Leur vie était leur vie, et ils n'avaient pas à l'échanger. Elle avait son lot de malheurs et de malchance mais, pour sa part, Jae Hyuk était fier de ce qu'il en avait fait.

La cuisine. Tiens ? Jae Sang ! Il s'est levé tôt pour une fois. Il lui pose une question et Jae Hyuk grommèle : "HHPEUEUICHAIE". Ah oui. Peu compréhensible donc. Il pose son carnet et son stylo près de lui et dit tout en se préparant un café : "J'ai oublié de prendre un petit-déjeuner." Petit sourire. Il se sert un bol de céréales (pas le temps de se cuisiner un casse-croûte plus "healthy") et s'installe près de lui. "Mais comme ça on va pouvoir le prendre à deux, c'est rare !" Leurs emplois du temps ne leur permettaient pas de partager ce genre de moment.  Ce qui expliquait le visage radieux de Jae Hyuk.
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Re: el padre ♣ ft. lee jaehyuk | Ven 19 Oct - 16:03
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Et alors, qu'est-ce qu'on fait à propos du père ? De notre argent ? De nous ?
Jaehyuk, ça avait toujours été un nom qui n'éveillait pas du bonheur, bien au contraire. Chaque fois que je me rappelais de lui, ce n'était pas avec plaisir. J'avais toujours été jaloux de ce frère trop exemplaire, de cet amour parfait que le père lui portait. Quand j'avais quitté le domicile familial, je me disais toujours que tous les deux, ils devaient être bien heureux, à former la relation rêvée entre un père et un fils. J'avais toujours imaginé Jaehyuk devenir un grand homme d'affaires, suivant les traces du père, et me piétinant ainsi sur son passage comme un vulgaire déchet. Oui, si moi et lui venions à nous rencontrer à nouveau, il serait devenu l'homme imposant qui avait conquis la vie alors que moi, je n'étais que l'aîné enfantin qui ne savait pas ce que l'avenir lui promettait. A nous voir tous les deux, ce serait comme si c'était lui le grand-frère et moi le petit-frère. Lui avait tout pour réussir ; pas moi. Et pourtant, voilà qu'il était venu me voir sans que je ne m'y attende, il y a un an. Il n'était pas du tout devenu cet homme d'affaires que j'avais ancré dans ma mémoire. Il avait juste grandi et mûri, mais à la fois gardé ses traits que j'avais toujours détesté. Comment est-ce qu'on pouvait passer du temps comme deux frères normaux si je le détestais encore ? Bonne question. Néanmoins, ça s'était fait. Les traits doux de son visage me paraissaient moins détestables qu'il y a un an : ils appartenaient désormais à mon cher petit-frère. Ah que oui, au début, c'était bien gênant, on essayait de se comporter comme des frères sauf qu'on n'avait pas cette liaison fraternelle et qu'on devait rattraper près de dix ans de relation. Mais maintenant, en un an, je trouvais qu'on avait plutôt bien évolué et qu'on était capables de se comporter comme deux vrais frères qui s'étaient toujours entendus. Alors certes, on évitait les secrets, les choses qui ne se disaient pas, les faits dont on ne pouvait (voulait ?) pas encore parler, mais on était capable de tenir une conversation agréable. Et compte tenu de notre passé, je dirais que c'était un exploit.

J'explosai de rire en entendant mon petit-frère grommeler dans sa barbe inexistante alors qu'il venait de débarquer dans la cuisine où je m'apprêtais à prendre mon petit-déjeuner. « Ah bon ? C'est pas bien ça, faut bien se nourrir le matin, il ne faut pas sauter de repas ! » A le reprendre comme ça, j'aurais l'impression d'être un vrai grand-frère. Mais est-ce que ce n'était pas le cas ? Je souris, hochant de la tête alors que je portai mon café encore brûlant à la bouche. Je bus une gorgée, grimaçant un peu suite au liquide trop chaud qui se répandait dans ma bouche avant de répondre. « J'avoue que c'est rare. Tu te lèves beaucoup trop tôt toi en même temps, moi je me lève le plus tard possible. Et t'as de la chance, parce qu'aujourd'hui, j'ai fait un gros effort pour me lever aussi tôt ! Je me suis dit qu'il fallait que je me lève maintenant, parce que si je me rendormais, tu me verrais émerger de mon lit à 15h. Et j'aurais raté deux repas, ce qui est pas top. Tu vois, ton grand-frère pense à ses repas, lui. Il rate aucun repas ! Prends exemple sur ton cher grand-frère. » Je papillonnai des yeux en prenant un air angélique puis éclatai de rire.
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Re: el padre ♣ ft. lee jaehyuk | Dim 4 Nov - 23:50
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Si Jaehyuk avait rejoint une fraternité, c’était pour son frère. Les Sangos étaient une grande famille, famille qui avait accueilli son pauvre frère quand il n’en avait plus. Famille qui l’avait accueilli quand sa seule famille se trouvait être Jaesang. Il leur en était reconnaissant, de prendre soin d’eux comme ça. Et puis surtout, cela lui donnait l’occasion de voir beaucoup plus souvent son aîné. Comme là, maintenant, qui aurait cru qu’un jour les frères Jeong reprendraient un petit-déjeuner ensemble. L’ambiance était bien différente que celle de leur enfance quand Jaehyuk ne se gênait pas pour finir les céréales et laissait un fond de lait dans la bouteille juste pour que Jaesang soit obligé de la finir et d’aller en chercher une nouvelle, et s’il osait se plaindre, le père Jeong qui n’aimait pas qu’on le dérange dans sa lecture minutieuse du journal politique  lui faisait passer un sale quart d’heure. Mais le père Jeong n’était pas là pour imposer son dictât sur les deux garçons à présent. S’ils voulaient se chamailler pour un paquet de céréales finit, ils pouvaient débattre pendant des heures sans être interrompu par quelconque règle de bienséance. En règle générale ils ne se disputaient pas, parce que chaque moment entre eux était trop précieux ; mais viendrait bien un jour où ils deviendraient parfaitement frères non ? Jaehyuk n’avait pas à se plaindre de leur relation, il était à l’aise parce qu’elle semblait tout à fait naturel. Bien sûr, il n’était pas encore prêt à se confier à Jaesang sur chaque détail de sa vie, il aurait peur de lui avouer certaines choses, de le perdre. Toutefois, à choisir parmi toutes les personnes qu’il connaissait, il serait sûrement la personne avec laquelle il pourrait parler le plus confortablement. Parce qu’il avait toujours un masque, une façade de petit Prince parfait que les autres lui imposait. Il ne voulait pas que son frère le voit ainsi. Mais chaque fois qu’il essayait de s’exprimer sur le sujet, ces mots restaient coincés au creux de son ventre, ils ne montaient pas plus haut.

« Je vous félicite de prendre soin de vous monsieur le capitaine de l’équipe de volley ! Mais t’as raison, je devrais faire pareil que toi. Je me plains tout le temps de plus savoir monter un escalier sans m’essouffler. » lui répondit il en rigolant. Voir Jaesang papillonner des yeux comme ça étaient bien trop drôle. « Hyung, ta tête... » pouffa t-il.

A ce moment là son portable vibra dans la poche arrière de son chino. Qui pouvait l’appeler un samedi à cette heure-ci ? Sur son écran s’affichait le nom de « PDG LEE ». Il hésita un instant, son pouce resta suspendu en l’air. Était-ce important ? Devait-il décrocher ? Son père qui avait l’habitude de le harceler de messages au moment où il s’était décidé à quitter la maison familiale, ne prenait plus vraiment de nouvelles depuis que Jaehyuk l’avait menacé de bloquer son numéro s’il continuait à l’appeler plus dix fois par jour. Il passa sa main sur sa bouche, signe qu’il était soucieux. Mais non, il était avec Jaesang. Son père n’allait pas encore gâcher un moment entre eux. Si c’était important, il lui laisserait un message vocale ou lui enverrait un message. Il refusa l’appel et éteignit son portable avant de le poser sur la table. Il jeta un coup d’œil à son frère. Il avait sûrement vu ce qui venait de se passer , n’est-ce pas ? Le cadet se sentait gêné, pas que ce soit sa faute, mais il ne voulait pas ramener de quelque manière que ce soit leur père dans sa vie. Il en avait trop souffert. Sa main se porta jusqu’à son café et il avala une gorgée brûlante.

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Re: el padre ♣ ft. lee jaehyuk | Ven 9 Nov - 20:51
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Et alors, qu'est-ce qu'on fait à propos du père ? De notre argent ? De nous ?
Je m'étais toujours demandé comment deux frères étaient censés s'entendre. Je voyais bien dans certains dramas ou séries qu'ils se chamaillaient, qu'ils s'embêtaient mais qu'au fond, ils s'aimaient et se soutenaient dans leurs différents projets. Or, dans ma vie, il manquait la deuxième partie. Jaehyuk et moi, on ne s'était jamais aimés. J'avais toujours voulu devenir ce frère parfait, ce frère un peu trop parfait qui plaisait à tout le monde, sauf à moi. Ce frère qui m'avait remplacé rien qu'en entrant dans mon monde. Notre relation n'avait pas bien commencée et je n'aurais jamais imaginé qu'elle se finisse bien, d'ailleurs. Pour moi, la seule fin qu'il y aurait jamais eue pour nous, c'était le jour où j'étais parti de la maison pour ne plus jamais y reposer les pieds. Ça s'était fini aussi facilement que ça et je n'avais plus revu mon frère. Je ne pensais même plus à lui. Et voilà qu'il réapparaissait dans ma vie aussi facilement qu'il en était sorti. Résultat, nous nous retrouvions à prendre notre petit-déjeuner ensemble, aujourd'hui. Depuis combien de temps n'avais-je plus partagé mon petit-déjeuner avec lui ? Je ne savais plus. Ça devait dater du collège, époque où le moi essayais sans cesse d'attirer l'attention du père. Aujourd'hui, j'allais terminer mes études et entrer dans le monde du travail, sans le père. C'était vrai que j'avais toujours pensé qu'il sera là pour m'accompagner dans mon entrée dans le travail. C'était lui qui réparait toutes mes bavures et qui me soutenait dans ma vie sans même me voir en me donnant de l'argent mensuellement. Il avait désormais disparu mais ça ne me gênait pas plus que ça. Tant mieux, en fait. Je n'avais plus besoin de lui ; j'avais juste besoin de Jaehyuk.

Je me mis à rire alors que mon petit-frère se mettait lui aussi à rire. C'était là que je me demandais combien de fois est-ce que nous avions pu rire ensemble avant que je ne parte de la maison. Avions-nous déjà ri une seule fois ensemble ? Je crois que je n'avais jamais vu son visage souriant lorsque j'étais enfant. Ou bien, s'il souriait, c'était un sourire sarcastique. Un sourire rempli de haine que j'avais toujours haï. Et aujourd'hui, j'aimais son sourire. Je comprenais maintenant un peu mieux comment se sentaient les grands-frères. Ils avaient toujours le besoin constant de veiller sur leur petit-frère et de prendre soin d'eux. C'étaient toujours eux les premiers à être fiers de ce que leur petit-frère avait accompli. « Et si tu rejoignais le club de volley, hein ? Ça t'aidera à pouvoir monter ces escaliers sans être essoufflé, Ptit bro. » Ma tête le fit rire et j'aurais enchaîné sur un rire aussi, si seulement cet appel n'était pas arrivé. Si seulement il pouvait arrêter de gâcher chaque minute de ma vie ainsi. Me faisant anormalement silencieux, je regardai mon frère d'un œil soudainement sérieux alors qu'il s'apprêtait à répondre. Encore une fois, cet appel me rappelait le fossé qui nous séparait, lui et moi. Si lui avait les capacités de se construire un pont pour venir jusqu'à moi, je n'avais en revanche pas les moyens d'aller jusqu'à lui. Parce que le père m'en empêchait. Je me retrouvai à boire sans un mot mon café, entendant seulement les vibrations répétitives émanant du téléphone de Jaehyuk. Je m'attendais à entendre sa voix à nouveau, sa voix que je n'avais pas entendue depuis des années et que je voulais juste entendre dire « Je t'aime, mon fils ». Pathétique, non ? J'eus un petit rictus qui disparut lorsque je vis que mon petit-frère refusa l'appel et reposa son téléphone sur la table. Sans aucun changement dans mon expression qui était devenue si tendue, je reposai lentement la tasse sur la table où était posé ce téléphone, et levai mes yeux qui ne traduisaient aucune émotion sur mon frère. « Pourquoi est-ce que tu n'as pas décroché ? » demandai-je, brisant finalement ce silence. Je refusais de faire comme si rien ne s'était passé. On avait peut-être joué à ça pendant des mois, mais maintenant, la comédie était terminée.
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Re: el padre ♣ ft. lee jaehyuk | Sam 10 Nov - 10:49
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Lee Jae Hyuk croisa le regard de son frère et s’étouffa avec son café.
« Pourquoi est-ce que tu n'as pas décroché ? »
Son visage de bon enfant, sa façade qu’ils montraient aux autres pour leur faire croire qu’il n’était qu’un idiot inoffensif, avait disparu. Il lui aurait presque fait peur… Il lui faisait un peu peur. Pas comme un inconnu qui vous menace mais comme un grand-frère qui s’apprête à vous engueuler pour la bêtise que vous avez faites. Il dégageait une certaine autorité que Jae Hyuk n’aurait jamais pensé qu’il avait sur lui, que personne n’avait sur lui d’ailleurs. Mais oui, après tout, c’était  le grand-frère. Et pour tout ce qui lui avait fait subir, le benjamin Lee lui devait bien quelques explications. Seulement il ne savait pas lesquels et comment les lui avouer. Un an, ça faisait un an qu’il prétendait auprès de lui que tout allait bien, qu’il n’avait pas de difficultés financières, que son avenir était certain, qu’il était heureux et qu’il avait une famille solide sur laquelle s’appuyer. Un an qu’il lui cachait qu’il était la seule famille qu’il lui restait, que les choses avaient empirés à ce point depuis son départ. Mais il avait peur : et s’il pensait qu’il n’était revenu le voir parce qu’il n’avait plus personne vers qui se tourner ? Même s’il y avait une partie de vrai là-dedans, c’était avant tout un choix ; Jae Hyuk avait choisi un frère qu’il ne connaissait pas au détriment d’un père toxique.

« Parce que ce n’est pas important... » souffla t-il faiblement.

Non, ça ne suffisait pas. C’était une réponse évasive et Jae Sang méritait mieux. Son air sérieux le dissuadait de relancer la conversation sur un autre sujet. Il voulait savoir, il devait savoir. Mais ce n’était pas facile. Comment choisir les bons mots ? Les bonnes tournures de phrases ? D’habitude, Jae Hyuk n’avait aucune peine à parler, il était très bon orateur mais là, ça touchait son frère. Il se rattrapa très vite pour ne pas mettre son hyung en colère :

« En fait... » laissa t-il en suspend

Il passa sa main sur sa bouche, sourcils froncés pour indiquer qu’il était en pleine réflexion. Cela lui laissait un peu de temps pour formuler ce qu’il s’apprêtait à dire à Jae Sang. Et aussi pour trouver le courage de s’ouvrir, lui parler.

« Je te dis ça parce que sinon ça va te paraître bizarre mais moi et notre père, on ne se parle plus tellement.» Il avait relevé les yeux pour les planter dans son regard si difficile à supporter, mais il voulait analyser ses réactions et lui prouver qu’il était sincère. Il avait aussi bien pensé à insister sur le « notre père », pour lui montrer que désormais le PDG Lee était à un pied d’égalité entre eux. Il continua un peu : « Il me harcèle encore parfois pour des cadeaux de Noël ou autres conneries pour essayer de m’acheter. Mais son argent, je n’en veux plus. » Plus et non pas : il acceptait ses erreurs passés. Il n’eut pas le courage d’en dire franchement plus. Voulant d’abord savoir ce que Jae Sang en pensait avant de se lancer dans de plus grands discours. Oui, les choses étaient devenues sérieuses. Pitié père, ne soit pas encore cette barrière entre moi et mon frère. Pourquoi nous avoir mis au monde de la même mère, du même sang si c’est pour nous haïr, nous considérer comme des inconnus ? Ça n’a pas de sens.

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Re: el padre ♣ ft. lee jaehyuk | Sam 10 Nov - 16:01
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Et alors, qu'est-ce qu'on fait à propos du père ? De notre argent ? De nous ?
L'atmosphère s'était soudainement tendue. Pourtant, ça avait bien commencé. On avait commencé à parler comme deux frères normaux, on s'était taquiné et on avait même ri. Mais cet appel avait tout brisé. Il me rappelait encore une fois que le père m'avait jeté, mais ne jetait pas Jaehyuk. C'était notre plus grande différence, celle qui nous avait toujours divisé en deux. Le sourire que j'avais abordé plus tôt disparu alors que je me contentais d'observer en silence la scène sous les yeux, d'un œil vide. Une expression qu'il était rare de voir sur mon visage, tant on me voyait rire et heureux. Cependant, c'était idiot de penser qu'un gars comme moi qui allait bientôt finir ses études était encore un gosse immature. J'avais changé depuis longtemps, bien trop longtemps, mais je l'avais toujours caché. Juste pour jouer l'idiot. C'était plus facile de jouer à l'idiot que de faire le sérieux. Au moins, quand on était idiot, les gens ne s'inquiétaient pas pour nous. Ils pensaient qu'on ne comprenait rien à rien et qu'on n'avait pas besoin de comprendre. Il était plus simple de vivre comme ça que de se prendre la tête tout le temps. De toute façon, ce n'était pas comme si j'avais eu le choix dès le début. Si le père avait préféré faire un autre enfant en me voyant, c'était bien parce qu'il avait déjà vu que j'étais un cas irrécupérable. Je n'allais pas mentir en disant que j'étais un être intelligent, mais qu'on ne me prenne pas pour le dernier des idiots non plus. Parce que si j'étais un idiot, j'étais loin d'être le dernier. Posant ma tasse sur la table alors que le téléphone avait cessé de vibrer, j'aurais pu enchaîner sur une blague, sur un sourire, sur la météo, sur tout. Tout aurait pu calmer la tension qui s'était installée dans cette cuisine. Or, je ne fis rien de cela. Je ne remédiai pas au problème. Au contraire : je venais de nourrir cette tension. Je fixai toujours mon frère avec un visage impassible, la main agrippant ma tasse, l'autre posée sur la table. Jaehyuk avait l'air d'avoir conscience que la réponse que j'attendais n'allait pas se faire en une phrase. Pourtant, il la fit quand même. Probablement parce qu'il ne voulait pas en parler. Ça faisait bien un an qu'on ne parlait plus de ça. On avait échappé aux disputes et aux froids entre nous tout simplement parce qu'on avait refusé de parler de ce qui brûlait, inconsciemment. Nous, on préférait ce qui était tiède. Mais, aujourd'hui, je préférais mon café brûlant. J'allais lui répondre lorsqu'il ajouta deux petits mots qui annonçaient qu'il allait se mettre à parler, et bien plus qu'une phrase. Il tenta de trouver ses mots alors que mon œil inexpressif ne le quittait pas. C'était peut-être ça qui était le plus effrayant, avec moi. Me voir sans aucune expression. Heureusement, ce moi là s'évapora vite lorsque mon frère se mit à s'expliquer. Je fronçai des sourcils, signe d'incompréhension. Comment ça, lui et le père ne se parlaient plus tellement ? Et comment ça, il ne voulait plus de son argent ? Je ne comprenais pas. « Comment ça t'en veux plus ? C'est pas toi qui disais que tout allait bien entre vous ? Ça a changé ? » demandai-je, perplexe. J'allais ajouter autre chose, mais comme s'il fallait que je m'arrête là, mes deux tranches de pain que j'avais mis à griller tout à l'heure sautèrent par-dessus la machine, pour retomber légèrement à l'intérieur. Je me tournai vers celle-ci puis me levai pour aller les récupérer, sans un mot. Il semblerait que même le destin ne voulait pas qu'on en parle. Mais, j'avais appris depuis longtemps que rien n'arrêtait la vérité. Car si le mensonge prenait l'ascenseur, la vérité prenait l'escalier. Et aujourd'hui, la vérité était arrivée en haut.
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Re: el padre ♣ ft. lee jaehyuk | Sam 10 Nov - 18:51
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Les mots de Jae Sang ne pétaient pas comme des bombes, ne tiraient pas comme des flingues. L’atmosphère, bien que tendu, était différente de leurs premières retrouvailles. A l’époque, Jae Hyuk s’était honnêtement préparé à recevoir un bon crochet du droit. Parce que ce qui les animait autrefois c’était une certaine animalité, de la colère mêlé de curiosité. L’ambiance ici était créé par des années de silence, de la douleur, de l’incompréhension. Il comprenait bien tout ça. C’était pour cette raison qu’il souhaitait sincèrement ouvrir son cœur à son frère, parce qu’il en avait le droit et que jusque là il avait fait l’effort de ne pas le réclamer dans l’intérêt de Jae Hyuk. Pour construire des liens affectueux, apprendre à se connaître. Comment le jeune prince aurait pris son expression, regard vide et sourcils froncés, il y a quelques mois seulement ? Encore aujourd’hui elle l’inquiétait bien plus qu’elle l’intriguait, mais pour d’autres raisons. Il n’avait plus peur de cette violence latente qu’il pouvait parfois sentir en son frère, il avait peur des déchirures, des fêlures qu’il cachait si bien. Non pas peur, il était horrifié, terrifié. A tel point qu’il ne savait pas très bien s’il devait essayer de retirer les pansements infectés pour l’aider à les soigner. Il ne pouvait pas car au fond il savait qu’il en était en grande partie responsable. Ces coups de couteau dans le cœur, il lui en avait probablement donné beaucoup à l’aide du père. Et pour ce qui lui était arrivé après son départ de la maison ? Si cette décision, Jae Hyuk l’avait toujours admiré, dans l’idée de la suivre à son tour, elle devait aussi être lourde de conséquences. Ce n’était pas sa faute ? Bien sûr que si. C’est lui qui l’avait jeté hors de cette maison où il aurait pu avoir une vie confortable à l’abri de tous dangers, par sa naissance, par son comportement. Il était hanté par les remords, les regrets. Le passé était le passé et depuis bien longtemps il avait appris à faire avec. C’est juste que parfois il avait un peu plus de mal à se pardonner ses propres fautes.

Les tartines sautèrent et il respira enfin. Le benjamin avait peur de tous les mots qu’il pouvait recevoir. Il les comprenait mieux, ils n’étaient pas coléreux, seulement curieux. Mais de la question anodine au reproche déguisé il n’y avait qu’un pas. Jae Sang se retourna pour aller chercher le reste de son petit-déjeuner et son petit frère eu un rire nerveux.

« J’ai dit que ça allait ? Vraiment ? Dans un sens… Je suppose que les choses ne peuvent pas aller mal quand on ne se voit plus, quand on essaye tant bien que mal de s’ignorer... »

Pourquoi Jae Sang avait il interprété les choses ainsi ? Il était pourtant sûr de ne pas avoir fait d’aussi grosse bourde. Pendant l’année qui s’était écoulé, le sujet « papa » n’était jamais réellement venu et quand d’autres y avaient fait allusion, Jae Hyuk s’était efforcé de contourner la question pour ne pas devoir mentir. Ah. Je ne lui ai pas non plus dit l’inverse. C’était vrai. Jae Sang les avait quitté comme deux clones, deux même personnes qui s’entendaient parfaitement. Il aurait pu se demander si quelque chose avait changé après toutes ces années non ? Mais apparemment quelque chose en lui l’empêchait de réfléchir de cette manière, et Jae Hyuk avait bien sa petite idée de quoi il s’agissait. En premier lieu, il devait détruire le petit mythe bien installé dans le cerveau de son grand frère.

« Honnêtement… C’est pas facile à aborder comme sujet parce que... ta relation avec notre père a toujours été très, très compliqué. Même si elle à l’air d’être passé en statut quo ces dernières années mais même moi je ne sais pas grand-chose à ce sujet donc hum... je ne préfère pas parler de ce que je connais pas. Je te laisse le faire si jamais tu en as envies. Et voilà, la porte était ouverte à Jae Sang s’il décidait à son tour de se confier. Pour ce qui en était de Jae Hyuk, il était bien parti.

« Mais en ce qui concerne lui et moi, j’ai décidé de me séparer de lui et de ses valeurs il y a des années parce qu’il était toxique pour le moi qui essayait désespérément de changer ou de euh… évoluer. »

Il s’arrêta là, de un parce que son grand-frère n’avait pas encore eu le temps de tout à fait se réinstaller près de lui tellement il avait tout déballé d’une traite, comme s’il était pressé de se décharger d’un fardeau qu’il avait sur le coeur depuis bien trop longtemps. Et puis parce que ces derniers mots représentaient énormément pour lui et qu’ils étaient plein de sens cachés. Il avait changé, en bien ou en mal, on s’en fichait pas mal. Il avait changé et Jae Sang devait en prendre conscience.

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Re: el padre ♣ ft. lee jaehyuk | Sam 10 Nov - 19:54
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el padre
Big bro & Ptit bro

Et alors, qu'est-ce qu'on fait à propos du père ? De notre argent ? De nous ?
Je ne comprenais pas. Selon moi, tout s'était toujours bien passé entre le père et lui. Ça ne pouvait pas mal se passer. Jaehyuk était le favori depuis le début, Jaehyuk était aimé par mon père et il l'aimait en retour. Ils entretenaient une parfaite relation de père et fils, ce que je n'aurais jamais accompli avec le père. J'étais un échec ; il était une réussite. Alors que s'était-il passé pour qu'à son tour, il devienne un échec ? Tandis que j'étais perdu dans mes pensées, les pains désormais grillés sautèrent. Comme pour me dire d'arrêter d'y penser, d'abandonner le sujet et de passer à autre chose. C'était vrai, pourquoi est-ce qu'on en parlait maintenant ? C'était le matin, je m'étais réveillé il y a à peine un quart d'heure. Un samedi, en plus. Une journée faite pour le repos, le premier jour du week-end pour se détacher de la semaine. Qu'est-ce qui nous poussait à reparler du père à ce moment précis ? On ne parlait jamais de choses sérieuses à l'heure du petit-déjeuner. De plus, c'était l'un des rares petit-déjeuners qu'on pouvait partager, lui et moi. Nos emplois du temps ne correspondaient pas et si lui était un lève-tôt, moi j'étais un lève-tard. Ce n'était pas possible pour nous de prendre notre premier repas ensemble. Alors aujourd'hui, ça aurait dû être un moment paisible. On aurait dû parler d'autres choses, parler de choses plus amusantes, parler de l'université, de la fraternité, de tout, sauf de ça. Mais, comme toujours, le père brisait tout dans ma vie. Lorsque je pensais que ma vie était enfin posée, elle redevenait aussi chaotique qu'elle l'était avant. En fait, le père n'avait jamais disparu de ma vie. Il était resté là, il m'avait toujours surveillé. Un peu comme un dieu surpuissant qui pouvait tout voir. Oui, c'était ça. Le père s'était toujours pris pour un dieu, de toute manière. Et si moi il m'avait défini comme le démon, Jaehyuk avait toujours été l'ange.

Je me levai pour aller chercher ces fameuses tartines, le dos tourné à mon frère, comme lui m'avait tourné le dos quand il était plus jeune. Sauf que cette fois, c'était moi qui le faisais. Je sortis la première tartine du grille-pain avec précaution pour ne pas me brûler. Et, même si je ne m'étais pas brûlé avec le grille-pain, je m'étais brûlé avec les mots de Jaehyuk. Ma main lâcha automatiquement le pain grillé, qui tomba sur le plan de la cuisine en déposant quelques miettes inutiles autour. Je devais alors nettoyer ce plan, mais ce n'était pas ça qui me rendait en état de choc. Les yeux écarquillés, sans même bouger d'un poil, je me repassais en boucle les paroles de mon petit-frère. « Je suppose que les choses ne peuvent pas aller mal quand on ne se voit plus » ? Était-il en train de me dire que lui et le père ne se voyaient plus et s'ignoraient ? Non, ce n'était pas possible. Jaehyuk avait toujours été le favori. Pourquoi est-ce que le père l'ignorerait comme il m'avait ignoré moi ? Jaehyuk était la réussite, j'étais l'échec. Il ne pouvait pas ignorer son meilleur fils. Pourquoi le ferait-il ? Mon bras qui était en l'air depuis tout à l'heure se détendit soudainement, revenant le long de mon corps, sans vie. Je fixais un point vide alors qu'il m'avouait que le père était devenu toxique. Une vague d'émotions me prit sans même que je puisse mettre un mot dessus. Même Jaehyuk le qualifiait de toxique. Même ce fils à papa le qualifiait de toxique. Même son fils favori le qualifiait de toxique. Il était toxique, oui. Mais je n'aurais jamais pensé que mon frère s'en rende compte un jour. Il l'avait toujours suivi si aveuglément et m'avait toujours tellement méprisé, comme lui me méprisait. Et là, il se rendait compte que le père était vraiment toxique ? Mes sens reprirent brusquement le cours de leur vie, mes yeux fixant enfin le plan de la cuisine et non un point inexistant. Ce fut comme si je m'étais noyé pendant tout ce temps et que je venais, là, d'atteindre la surface. Je poussai un soupir qui, au lieu d'être de soulagement ou d'exaspération, était plutôt comme celui d'un plongeur qui venait de débloquer ses poumons. Oui, c'était cette sensation. J'avais l'impression d'avoir été libéré de quelque chose. La vérité venait enfin sonner à ma porte, après toutes ces années d'ignorance. J'eus un petit sourire faible, prenant l'autre pain resté dans le grille-pain qui avait eu le temps de se refroidir. Les choses n'étaient plus brûlantes maintenant ; elles étaient tièdes. « Je suis content que tu t'en sois rendu compte, Jaehyuk. » dis-je tout en revenant vers la table, les deux tartines en main, pour les poser près de ma tasse de café. Puis, je me tournai vers l'un des placards pour sortir de la pâte à tartiner, comme si notre conversation était anodine. « Honnêtement... Je pensais pas que c'était comme ça, entre le père et toi. Je pensais que tout allait bien. Enfin, en même temps, on a jamais vraiment abordé ce sujet entre nous. » Je fermai la porte du placard dans un claquement sourd, et ouvris l'un des nombreux tiroirs. Ah, trompé, c'était celui des assiettes et non des couverts. J'en ouvris un autre. « Si tu veux savoir, le père et moi, on s'est plus parlés individuellement depuis que je suis parti de la maison. Je me souviens que je devais parfois venir à des dîners alors que j'avais été expulsé du domicile, parce qu'il voulait garder sa fierté et dire aux autres qu'à la maison, tout allait bien. Je jouais la comédie en échange d'argent. Et puis, surtout, même en faisant des tas de conneries que tu ne veux pas savoir, il continuait à me verser de l'argent et à réparer derrière moi pour que mon casier judiciaire soit vide. Mon avenir, peu importe le cursus que je choisissais, c'était d'aller dans une boîte reconnue pour y bosser. Il a toujours eu les moyens de me recommander à des gens tout aussi puissants financièrement que lui, alors, pour ne pas perdre la face, c'était ce qu'il avait prévu pour moi. Comme ça, son statut social ne changeait pas. » Le couteau pris, je ramenai le pot de chocolat et le couvert sur la table avant de m'asseoir. Alors, pour la première fois depuis que je m'étais levé, je regardai mon frère dans les yeux. Ce n'était ni de la haine ni de la joie : c'était juste un regard bienveillant. Un regard de quelqu'un qui avait enfin découvert la vérité depuis toutes ces années. Un regard de quelqu'un qui s'était enfin libéré d'un poids, et qui avait atteint cette foutue surface. Cette foutue surface que la vérité venait d'atteindre. « Un peu avant que je te rencontre à nouveau, j'ai définitivement coupé les ponts avec lui. Je voulais plus qu'il répare derrière moi ou qu'il me verse de l'argent. Il a accepté. Et depuis ce jour, on n'est plus en contact du tout. Alors je suis vraiment content que tu aies décidé de te séparer de lui aussi. Je m'y attendais pas, mais je suis content de le savoir. Ça veut dire qu'il a perdu ses deux fils parce qu'il a été trop gourmand, c'est bien fait pour lui ! » Je lançai un petit rire alors que j'attrapai le pot et le couteau pour étaler la pâte à tartiner sur les tranches de pain. Des paroles spéciales mais des gestes anodins. Tout se contredisait ici, et c'était peut-être grâce à ça que l'atmosphère avait pu se détendre. Parce que malgré ce qu'on se disait, nos gestes restaient ceux du quotidien. Et, bientôt, ce qu'on dira fera aussi partie du quotidien.
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Re: el padre ♣ ft. lee jaehyuk | Mer 14 Nov - 19:37
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Hyung & Moi


Ses mains tremblaient, son visage s’était crispé. Les mots de Jae Sang faisait mal. Pas parce qu’il exprimait de la colère envers lui ou des reproches, bien au contraire. Mais parce qu’il confirmait les pires peurs de son petit frère. «  J'avais été expulsé du domicile. » «  Pour que mon casier judiciaire soit vide. » Qu’avait il vécu ? Il ne méritait pas tout ça. C’était quelqu’un de bien, affectueux, attentionné, qui aurait tout fait pour avoir l’amour demandé à juste titre d’un père qui l’avait ostracisé, qui l’avait haït sans raison. Non. C’était bien trop injuste. Il l’avait observé , tout en parlant. Ce long souffle, qui sous-entendait beaucoup. Son discours, tout en prétendant que tout allait bien. Non, tu peux te mettre en colère. Tu en as le droit. Pourquoi t’a t-on traité de cette manière quand sans aucun effort j’ai eu le droit à la vie de château? Parce que toutes les difficultés qu’il avait traversé en coupant les ponts avec son père ne signifiait rien face à celles de son grand-frère. Il accrocha le regard qu’il lui donna, lui rendit son sourire faible. Il avait tellement de questions. Et tellement peur de les poser.

« C’est grâce à toi tout ça. Avant… j’avais tendance à penser que tu n’étais pas né dans la bonne famille, tu valais mieux que les enfants des autres familles mais père me faisait croire que tu ne pouvais être dans la nôtre. Il m’a fait te haïr, te considérer comme un monstre mais quand tu es parti… Je me suis rendu compte que c’était moi le monstre. » lui expliqua t-il, les sourcils froncés, les yeux tournés dans sa direction mais regardant dans le vide derrière lui.

Il prit une gorgée de café chaud et recentra son attention sur ce visage qu’il avait appris à apprécier. Il aurait aimé le prendre dans ses bras et pleurer avec lui. Jae Sang ne pouvait le cacher, derrière son sourire se cachait quelque chose comme du soulagement. Cela impliquait des peines et des angoisses qu’il avait dû endurer jusqu’à ce jour. Mais ce moment n’était pas celui des pleurs. Ils auraient tout gâché. Personne ici ne souhaitait faire souffrir l’autre. Ils étaient là pour parler calmement d’un sujet qu’ils auraient eu tellement de mal à aborder auparavant. C’était, en réalité, une scène magique, presque irréelle. Encore inimaginable il y a de cela un an. Bougeant, mangeant, se parlant naturellement d’une si grosse partie de leur vie comme s’ils parlaient de sport ou des derniers potins de la Yonsei. Ils auraient pu crier, s’énerver mais qu’est-ce que cela nous montrait avant tout ? Qu’ils ne se tenaient responsables de rien, qu’ils avaient tourné la page sur ce passé compliqué qui certes venait parfois encore les hanter, mais qui n’avait aucune importance dans la relation fraîchement fraternel qu’ils partageaient. Cependant, certains mots devaient sortir du fond de leurs tripes où ils pourrissaient depuis bien des années.

« Ironiquement, tu as eu bien plus d’influence sur moi que lui., continua t-il, Couper les ponts c’était apprendre à réfléchir par moi même. J’ai basé toutes mes relations sur le principe que je ne pouvais répéter celle que j’ai eu avec toi et… ça a fait de moi une bonne personne, je crois. Je te remercie d’avoir accepté mon numéro ce jour là, de pas m’avoir repoussé parce que ça m’a aussi permis d’avoir confiance en la personne que je suis devenue !

Un drôle de sourire s’était emparé de ses lèvres. Nostalgique mais fier à la fois. Il comprenait encore mal les sentiments qu’il éprouvait envers son grand frère. De la sympathie, de la pitié, de l’empathie, de la fierté, de la reconnaissance ? Probablement tout ça à la fois. Un peu de tristesse aussi. Jae Hyuk ne détestait pas son père, il l’aimait même au contraire. C’est pour ça qu’il avait décidé de s’en éloigner. Parce qu’il l’aimait et ne pouvait pas se décider à totalement le détester. En grandissant, il avait bien sûr compris que son paternel n’était pas le super-héros qu’il s’était toujours imaginé et il avait été évidemment déçu. Ce n’était qu’un être humain, avec des défauts, beaucoup de vilains défauts. Mais la colère passé, était arrivé le temps de la compréhension. En fait, il lui faisait pitié. Il ne comprenait pas grand-chose à la vie et restait dans le monde illusoire que ses ancêtres avaient grandis. Il était froid, il ne savait pas ce qu’était des sentiments. Et c’était franchement si triste, tous les bonheurs qu’il ne connaîtrait jamais. Cela faisait il de lui une mauvaise personne ? Oui, aux yeux de la société et sûrement de son frère qui ne pouvait avoir de pitié pour un homme qui n’en avait jamais eu pour lui. Ça coulait de source. Dans un sens, Jae Hyuk l’aurait presque remercié d’être une telle ordure. Grâce à lui, il comprenait mieux pourquoi le monde ne tournait pas bien rond et comment le fixer. Il l’aimait beaucoup son idiot de père et pour eux deux, il avait été préférable qu’il suive l’exemple de l’aîné et s’en écarte. Car, lui, il comptait bien devenir humain. Ainsi, son modèle avait changé. Le nouveau se nommait Lee Jae Sang mais après quelques temps, il lui trouvait aussi des défauts. Pourtant, pourquoi les siens étaient ils si différent ? Les défauts de son hyung le rendait plus humain mais aussi plus fort. Il ne comprenait pas bien comment cela était possible et l’admirait pour ça et pour trois mille autres raisons encore.

Était ce pourquoi il était à ce point désespéré de l’aider ? Ou tout simplement parce qu’ils étaient frères ? Il sentait pourtant que Jae Sang n’était pas encore prêt à guérir ses vieilles blessures. Il avait sûrement peur qu’elles lui fassent encore plus mal ? Qu’elles soient visibles ? Mais s’il n’avait pas assez de courage, Jae Hyuk pouvait il en avoir à sa place ? Il regarda ses céréales et se serait presque mis à rire en se souvenant des vieilles pubicités de son enfance. « Les céréales XX te rendent plus fort ! Si toi aussi tu veux devenir un super-héros, mange les céréales XX ! ». Il avala rapidement une pleine cuillère avec tellement de détermination qu’il dû essuyer un filet de lait qui commençait à lui couler le long des lèvres. On allait dire que pour aujourd’hui ces slogans à la noix se révéleront véridiques.

« Hyung… Tu sais. Je sais pas ce que tu as vécu en partant de la maison et je m’en suis senti responsable honnêtement, j’ai dû apprendre à me pardonner. Alors… dit pas que je veux pas savoir ce que tu as pu faire. Parce qu’honnêtement, je me sens très concerné. »

Des mots sincères. Qui étaient bienveillants, certes, mais secs, indiscutables. C’était en fait, presque un ordre. Il les avait dit comme s’il s’agissait là d’une vérité générale. Avec ce ton qui ne permet pas vraiment de réponse, juste de l’approbation. C’était à la fois pour faire passer un message qui lui était important à Jae Sang mais aussi pour se convaincre lui-même, se donner du courage. C’était aussi pour se dire qu’il faisait le bon choix d’en parler. Les sous-entendus, à un moment on finissait par ne plus les comprendre et la discussion devenait vide. Il ne laisserait pas de vide s’installer entre eux. Qu’il lui parle encore longuement de leur père et de la raison pour laquelle il était parti. Il était prêt à tout lui dire. Mais qu’en échange il ne se voile pas la face car ses yeux dans les siens (et dont les deux paires se ressemblaient beaucoup) lui disaient : Je suis là pour toi.

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Re: el padre ♣ ft. lee jaehyuk | 
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