Elles sont toujours en mouvement, ses pupilles astrales. Elles explorent l'univers, sans jamais s'échouer trop longtemps sur quelque chose en particulier, sans jamais entrer en orbite définitif. Il observe toujours tout Taeyi, son menton appuyé contre la paume de sa main, lorsqu'il prend son habituel chocolat chaud chaque matin. Le paysage, la couleur du ciel, les lumières allumées qui éclairement l'intérieur des appartements en face, les feuilles d'arbres qui volent.
Les gens.
Son corps aussi est rarement immobile. Atteint de TDAH depuis toujours, le môme déborde d'énergie, du matin très tôt jusqu'à tard le soir. C'est parfois difficile à vivre pour les autres, pour lui même aussi. Il peine à se concentrer à l'école, à rester assis pendant si longtemps sur une chaise, sa jambe tremblant nerveusement dans une vaine tentative de libérer ce trop plein d'énergie.

Elles sont toujours étirées, ses lippes pétales. Ce n'est pas qu'il n'a pas de problèmes Tae ((tout le monde en a)), c'est qu'il refuse de les laisser l'engloutir, s'interdit de leur accorder tant d'importance qu'il en oublierait de vivre. Le môme fait de son mieux pour être aussi optimiste que possible, tente d'apprécier chaque petite chose, de se contenter de peu, de s'en contenter malgré tout. Il ne lui faut pas grand chose pour être heureux, peu de choses pour faire rayonner son sourire qui plisse ses yeux. Il a seulement besoin d'eux.
Des gens.
Sans être non plus un manque d'affection, elle est nécessaire pour lui, la compagnie. D'être entouré. Sa famille, ses amis, l'univers et chaque étoile qui le compose. C'est pas un solitaire Tae, il n'ira jamais bien loin tout seul, fera jamais grand chose sans personne. Sa présence est parfois déroutante, parce qu'il a beaucoup trop d'énergie, qu'il se comporte encore comme un gosse, parce qu'il parle parfois de façon décalée, trop occupé à s'imaginer un monde où tout serait parfait.

Ils sont parfois froncés, ses sourcils qui accompagnent ses bras croisés. Parce qu'il déteste l'injustice, lève son poing dès qu'une situation lui semble déloyale. Et il se mêle parfois de ce qui ne le regarde pas Tae, motivé par ce désir incontrôlé ((incontrôlable)) de toujours aider les autres, n'importe qui, pour n'importe quoi. Il déteste les inégalités. Déteste plus encore en être victime. Il n'est pas à plaindre évidemment, avec sa famille stable, sa vie confortable, son entourage toujours présent. Pourtant il se sent parfois inférieur, souvent différent. Il se répète que différent c'est pas mal, que différent c'est bien, peine à s'en convaincre cependant. Il se sent moins important. Il se sent mis à l'écart d'eux.
Des gens.
On le dit trop jeune pour ce monde, poussé trop tôt dans l'arène des adultes, lui qui dort encore avec son ours. Il a été obligé de grandir trop vite, sans pour autant que ce ne soit contre sa volonté. C'était son choix (ou du moins, le dénouement logique de chacune de ses décisions). Pourtant ça le met hors de lui à l'enfant du milieu, serre ses poings et sa mâchoire, noue sa gorge dès qu'on lui dit que ses aînés passent avant, que ses cadets aussi, qu'il n'est pas comme eux.  Il a du mal à s'adapter Taeyi, du mal à agir comme un grand, comme les grands. Ceux de son école, de son monde.

Elles sont toujours tendues, ses mains pâles. Il est plutôt tactile le gosse, cherche souvent le contact des autres. Il aime ressentir la chaleur, établir cette connexion si simple et pourtant si importante à ses yeux. Il a besoin d'affection physique ((on dit qu'il tient ça de sa famille)) pour se sentir bien, pour se sentir lié. Il a besoin du contact avec sa famille, du contact avec ses amis, du contact avec la matière, du contact avec eux.
Les gens.
Parce qu'il suffit d'une caresse dans ses cheveux pour l'apaiser immédiatement, de doigts entrelacés aux siens pour avoir cette sensation de sécurité, d'un coeur qui bat tout contre le sien pour se sentir plein de vie. Il n'y a rien de tendancieux dans ses gestes presque instinctifs qui cherchent constamment le contact, seulement ce désir innocent de ne plus être qu'une seule personne, d'échanger au travers de contacts simple une liaison qui le rend complet.