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shock | Dim 30 Sep - 13:28 Citer EditerSupprimer
Sa main passe sur son œil gauche. Bordel. De plus en plus gênant. La tâche s'étend. Il s'inquiète mais se refuse de consulter. Hors de question, plutot crever que de finir sur le billard pour une connerie de vieil homme. Ça va forcément partir. C'est un coup de trop qui a du former une caillou de sang qui a du mal à partir et se déplace. Comme quand on prend un uppercut dans la gueule et que l'hématome descend sur le visage avant de s'estomper. La douleur n'est pas présent cette fois-ci mais c'est pénible, ça lui bloqué une partie de la vue de son œil. Quoi qu'il en soit, il prend le volant. Une Mitsubishi classique grise métallisé, pas un bolide de dingue. Il n'aime pas se faire remarquer. Il a juste la bagnole qu'aurait un jeune cadre ou un jeune homme de bonne famille. En même temps, vu le milieu dans lequel il évolue, il ne peut pas se balader en deux chevaux, bien que franchement, ça ne l'aurait pas plus choqué que ça, ayant vécu dans les quartiers pauvres jusqu'à sa majorité. Jusqu'à tout perdre excepté lui-même. Quoi que ... cette année... il s'est perdu lui-même... en entier, puis retrouvé, dans un autre. L'enfant... l'ado... morts. Son obstination et sa fierté pourraient pourtant lui coûter tellement cher... jusqu'à la vie. Indifférence. Ce qui doit arriver arrivera. Il ne s'arrêtera pas de vivre pour autant.
Les tirets blancs, illuminés sur son passage rapide, en bande presque épileptique. Slalom fluide entre les autres bagnoles sur la voie rapide. Ce n'est pas un chauffard. Conduite soft, rapide certes, mais l'habitude au volant d'une voiture souple et silencieuse. Rouge, vert. Piétons. Céder le passage. Virages qui s’enchaînent. Sa main tourne sur le volant, les vitesses s’emboîtent. Le téléphone sonne, il le cherche dans sa poche.
"Ouais." Collé à l'oreille. Concentration divisée par deux. "Non, je peux pas venir maintenant, pourquoi." Un virage sur la droite, feu rouge. " Non. Hors de question, tu n'augmentes pas les prix du marché. Soit il prend comme ça, soit il cherche un autre type qui lui lui vendra de la merde." Il repart. "Ecoute, si dans une heure, il n'a pas pris les actions, tu bascules si Wen Shin. Lui, il va les prendre, il me les demande depuis une semaine. Aucune négociation. Je te rappelle demain." Il raccroche et pose le téléphone entre les deux fauteuils dans l'habitacle en plastique du repose gobelet. Ses yeux se reposent sur la route.
Une silhouette. Putain! Son pied écrase le frein. La silhouette se rapproche. Non. Bordel! Arrête t... Il se mange le volant dans le front et serre les dents. Sonné. Quelques secondes. Trop longtemps à son gout. Il secoue la tête et relève les yeux. Les phares irradient la route vide. Elle est où? Oh putain de merde. Non. Y'a pas moyen. Gon sort, laissant la portière ouverte, et avance, froidement vers l'avant. Le pare choc ne semble pas avoir sauter. Il n'a pas eu l'impression d'avoir rouler sur quelque chose pourtant. Est-ce que la personne s'est tirée à temps? Il lui a pourtant paru qu'elle n'avait pas bougée. La roue n'a pas de sang. Rien ne dépasse de dessus la voiture. Froncement de sourcils, il s'avance. Elle est là. Assise devant le pare choc. Elle a l'air choquée, autant physiquement que mentalement. Gon s'arrête. Elle ne le regarde pas? Qu'est-ce qui cloche chez elle? Est-ce qu'elle le voit? Il comprend soudainement. Figé. Un coup plus dur que tout ceux qu'il a reçu jusque là. Le ciel l'a bien baisé sur ce coup. Sournois. Destin foireux. Lui foutre sous les roues une aveugle. Il lève les yeux au ciel. Sa langue passe sur ses dents, bouche ouverte, le cœur en tressautement. Putain... c'est salaud... tellement salaud... Un soupir. Il s'avance vers et s'accroupit.
"Hey..." Il la détaille, elle est égratignée, surtout blessé moyennement à une jambe, qu'il a du toucher avec son par choc. "Merde... j't'ai pas vu traverser... regarde-moi." Il lui relève le visage d'un doigt sous le menton, pour vérifier que son visage n'a pas subi de choc grave. Ça a l'air d'aller ... plus ou moins. "Je te laisse pas ici... j''te ramène chez toi. Accroche-toi."
Gentillesse. Non. Juste que... merde, il a percuté une aveugle... c'est n'importe quoi. Il s'en veut? Rah, que dalle. Pourquoi s'en voudrait-il? Elle n'avait qu'à pas traverser aussi! Il fait ça uniquement pour pas avoir les flics au cul. Ouais. C'est ça. Il s'en persuade du moins. Il place ses bras sous elle et la soulève comme un poids plume, qu'elle soit d'accord ou non. Direction la voiture. "Tu vis où?"
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Re: shock | Jeu 4 Oct - 0:08 Citer EditerSupprimer
Belle soirée, beau temps, douceur nocturne... Tous les éléments sont regroupés pour donner à la brune envie de sortir. Ça fait bien longtemps qu’elle ne l’a plus fait. Profiter d’une petite balade de nuit, en ville, c’est l’occasion de se retrouver, se ressourcer. Elle en a bien envie. Ne pas voir ce qui l’entoure l’a longtemps dérangé, démunie. Ne sachant plus où aller, que faire, comme si absolument tout ce qui l’entoure était un danger potentiel, mais aujourd’hui… Elle sait user de ses autres sens. Il ne faut pas non plus aller jusqu’à dire qu’elle apprécie cette cécité, bien évidemment que non, car elle a tout de même bon nombre de restrictions qui savent lui rappeler sa condition. Son handicap. Elle n’aime pas non plus ce mot : handicap, mais pourtant, c’est bien ce que c’est. Ne pas voir est un handicap majeur dans la vie de tous les jours. C’est pour ça qu’elle se donne, elle a repris le dessus sur sa vie et tente de repousser toujours un peu plus ses limites. Le tout sans abuser, car elle ne veut pas non plus se mettre en danger.
Elle enfile et manteau et se faufile hors du dortoir Gumiho. Elle avance, sans vraiment savoir où ça la mènera, elle a l’habitude de faire ça, elle retrouve toujours son chemin. Sa canne en main, elle tâtonne, pour être sûre de ne rien heurter sur son passage. C’est qu’il ferait presque frais. Ces derniers jours la température fait des montagnes russes, ce qui a fait tomber malade beaucoup de personne. Seonghee resserre doucement son cardigan préféré pour ne pas laisser trop l’air traître se frayer un chemin et la geler jusqu’au os. En plus de ça, il fallait qu’elle porte une jupe aujourd’hui. Jupe qu’elle espère ne pas être à l’envers… Comme tous ses vêtements d’ailleurs. Il y a toujours un risque qu’elle porte quelque chose dans le mauvais sens. Encore un des points négatifs de sa cécité, mais pas le plus dérangeant.
Elle voudrait bien passer de l’autre côté de la rue Seonghee. Pourquoi ? Elle ne le sait pas trop, elle le sent juste comme ça. Pas facile de savoir quand elle peut se permettre de le faire vu que personne n’est avec elle. Cette rue semble être déserte à cette heure. C’est rare, la Corée est un pays plutôt vivant de nuit. Elle doit s’être éloignée un peu de la foule, de la population. Pas très pratique pour rentrer s’il n’y a personne à qui demander sa route. Bon, pas le choix, aucune voiture ne semble passer ni arriver, elle se décide donc à traverser. Grosse erreur. Pourquoi pile quand elle se décide à traverser une voiture arrive ? Un sentiment de terreur, voilà ce qui monte en elle tandis qu’elle cherche à retourner sur le trottoir. Seul hic, elle ne sait pas où il se trouve. Dans la panique, elle perd tous ses moyens. L’impact ne va pas tarder, le conducteur ne semble pas réagir. Ou alors si, mais trop tard. L’engin la heurte, elle tombe. Vous connaissez cette expression : voir sa vie défiler devant ses yeux ? Jamais Seonghee n’aurait pensé la vivre deux fois dans sa vie et encore moins deux fois à cause d’accidents liés à des voitures. Elle ne sait pas où elle est, ni ce qu’il se passe. Bien trop sonnée et choquée pour réagir. Des tremblements qu’elle ne peut contrôler la prennent. Sa respiration se fait plus erratique. Tous les souvenirs qu’elle a de cet accident lui reviennent. Elle a la gorge tellement serrée… Comme si une force étrange cherchait à lui couper le souffle.
Elle sort doucement de sa léthargie lorsqu’elle entend une voix. Est-elle morte ? Ses parents viennent-ils la chercher pour l’emmener à leurs côtés ? La jeune femme tente de parler, mais aucun son ne sort, merci panique. Sa jambe droite est un peu engourdie, elle veut la bouger, mais impossible, une douleur lancinante remplace bien vite l’engourdissement. Soudain, elle sent qu’on lui relève le visage. Elle ne lutte pas, incapable de faire quoi que ce soit. Les mots de son interlocuteur se font plus précis. Non. Le moment de rejoindre ses parents décédés n’est pas encore arrivé. Même si elle ne souhaite pas passer de l'autre côté aujourd’hui, elle sent une pointe de tristesse fleurir en dans son cœur. La personne à ses côtés la soulève, sa voix est masculine. Assez grave. Seonghee lui trouve même un petit côté rassurant. Est-ce parce qu’il est venu à son secours ? Sa bouche est pâteuse, mais elle parvient finalement à baragouiner un « merci » tremblotant. Il la porte jusqu’à ce qui semble être une voiture, peut-être même celle qu’elle a percuté quelques instants auparavant. Son cœur ne semble pas vouloir ralentir la cadence. Cet incident lui a vraiment rappelé trop de mauvais souvenirs, des peurs enfouies et l’a profondément choquée. Quelques secondes s’écoulent avant qu’elle ne comprenne qu’il lui a demandé où elle vit. Elle hésite. Rentrer chez les gumis dans cet état… Ils vont tous s’inquiéter, ce n’est peut-être pas une bonne idée. Mais en même temps, c’est sa seule maison. Elle n’a pas voulu prendre de petit appartement en parallèle pour le moment. Ça lui aurait coûté trop cher et elle n’a pas de travail donc aucune source de revenus. Seul lui reste l’héritage de ses parents. Un silence, voilà par quoi elle lui répond, car beaucoup trop hésitante.