Ji Eun aurait bien pu crier de joie que sa journée soit enfin finie. Elle avait été particulièrement longue, puisque l’horloge au loin sonnait les dix-neuf heures. Elle était affamée, fatiguée et n’en pouvait plus. En soit, comme tous les étudiants qui terminaient aussi tard ; c’était compliqué d’apprécier la journée qu’on passait à entendre des cours. Elle avait choisi son cursus et celui-ci l’intéressait mais passer une journée à ne rien faire ou à jouer du piano restait tout-de-même bien plus agréable. Elle releva la tête vers la personne qu’elle manqua de percuter et un visage qui lui était très familier apparut : Harin. Elle eut un immense sourire en la voyant. « Eonni ! » Harin était une amie très proche de sa grande sœur. C’était grâce à elle, entre autre, que Ji Eun et sa grande sœur avait osé se rapprocher. C’était Harin qui avait brisé la glace entre les deux. Pour Ji Eun, Harin était une existence très importante et précieuse – et ce peu importe les critiques que d’autres pouvaient avoir sur le comportement de celle-ci. « Toi aussi, tu as fini tard aujourd’hui ? » demanda t-elle en souriant. Elle était vraiment enchantée de la voir ; ces derniers temps, elles n’avaient pas eu le temps de trop se parler.
Dinner time ft. Ha Rin
Je baillai une énième fois de la journée alors que l'horloge signala que c'était enfin la fin des cours. J'étais tellement fatiguée. Ma journée la plus longue venait de se finir et un poids était enlevé de mon dos, comme si à l'instant où je quitterai cette salle, je serais en pleine forme sans prendre en compte que la seconde précédente, j'étais une larve. Moi et les cours ce n'était pas un bon mélange, mais qu'est-ce que je faisais à l'université alors ? Tout simplement pour avoir un meilleur métier que ceux que je pourrais avoir sans bosser un peu. Et puis, j'étais dans un cursus qui me plaisait - même si je me passerais bien des heures de théorie, alors ça allait. Je tenais le coup. Rien qu'à l'idée d'avoir de la pratique me faisait sourire. C'était bien mieux de pratiquer le sport que de savoir quels muscles étaient activés théoriquement quand on faisait tel mouvement ! Ennuyant à mourir. Je quittai la salle, puis, aussi vite que je le pus, je laissai derrière moi l'université pour aller au dortoir des sangos. Vivement que je retrouve mon lit et que je m'y allonge toute la soirée sans rien faire... Je devrais normalement travailler mais là, clairement, j'avais la flemme. Bon, il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin non plus, je n'aurais pas la flemme de manger. Manger c'était ma vie ! Et à peine que je me dis ça que je manquai de bousculer quelqu'un. Je m'attendais à voir un inconnu, mais ce fut tout simplement Jieun. Je me mis à sourire en la voyant. « Oh, Jieun ! » Jieun c'était la petite soeur de Jisoo, une bonne amie à moi. Quand je les avais rencontrées, elles étaient un peu en froid, mais désormais, c'était terminé tout ça. J'étais contente de les avoir vu se rapprocher. Je me demandais ce que ça faisait d'avoir une sœur, quand même. « Ouaais, j'ai fini tard, ma journée la plus longue et la plus insupportable... C'est la même pour toi ? Me dis pas que t'as des journées encore plus longues dans ton emploi du temps, ce serait horrible ! » Je pris une mine effrayée en prononçant ces mots, espérant pour elle que ce n'était pas le cas.
Ji Eun souriait à la remarque de Ha Rin. Les journées longues étaient les pires, commencer tôt et finir tard, ne pas avoir trop de temps pour soi dans la journée, c’était un cauchemar. C’était impossible d’être attentif à tous les cours du début à la fin de la journée, il y avait forcément des choses qui nous passaient à côté, surtout pour les dernières heures où la faim commençait à se pointer cruellement en supplément à la fatigue. « Si j’avais des journées plus longues que ça, crois-moi, je sécherais les dernières heures. », affirma la plus jeune en rigolant. Ji Eun était une élève sérieuse – ou plutôt, douée. Parce qu’elle devait ses notes et ses capacités à son intelligence plus qu’à son travail, même si, comme tous les étudiants qui tenaient à réussir leurs études, elle révisait quand c’était nécessaire. Or, elle avait quand même une liste des priorités et la première chose, c’était elle. Elle était sa propre priorité et quand elle se trouvait trop épuisée pour aller jusqu’au bout, en général, elle ne se forçait pas trop. Bien qu’elle essayait que ça soit rare – si elle manquait à chaque fois qu’elle n’était pas motivée, elle ne se lèverait jamais le matin. « Si tu viens de finir, tu n’as pas mangé ? Ça te dit qu’on mange ensemble, comme ça on peut se parler, ça fait un moment ! »
Franchement, je ne savais pas trop ce qui me poussait à continuer les études. Ok, c'était pour m'assurer un travail plus tard, mais je ne savais moi-même pas dans quoi m'orienter... Sauf que si j'arrêtais tout maintenant, ce serait pire, je devrais faire un petit boulot. Et ça, j'en avais pas vraiment envie. Mes parents voudraient bien m'aider mais je n'avais pas envie qu'ils m'aident. Je ne les considérais pas comme ma famille : plutôt comme un couple amoureux qui avait décidé de prendre sous leur aile une fille lambda. J'étais certaine qu'ils devaient être très heureux, à l'heure qu'il était. Je ne rentrais même plus à la maison, après tout. Enfin, je n'avais pas envie d'y penser maintenant. Je ris à la remarque de Jieun, hochant de la tête parce que, moi aussi, j'aurais séché. « J'aurais fait la même ! Ces journées, j'ai tellement du mal à y survivre. » Et je me demandais même comme je faisais pour y survivre. Je ne suivais pas tous les cours, c'était vrai, la plupart du temps, ils m'endormaient... C'était peut-être pour ça que je réussissais à rester en vie. A la mention du mot « manger », je fus soudainement encore plus attentive que je ne l'étais déjà alors que j'entendis mon ventre gargouiller. Manger était ma vie, je vivais pour manger, alors pourquoi est-ce que je refuserais ? Surtout que ça faisait longtemps que je n'avais pas parlé avec Jieun, ça me fera le plus grand bien. « Ça me va ! Tu préfères quel type de resto ? Moi, franchement, j'ai envie de tout, alors vas-y, dis-moi ! » m'exclamai-je en pensant à de la bonne nourriture. Ah, j'avais faim...