Nagisa, 23 ans - Les gens étaient partis depuis longtemps maintenant. Mais moi je n’arrivais pas à m’en aller. Je restais figé là, comme un imbécile. Les poings serrés. Mes larmes roulant sans le moindre bruit sur mes joues. La réalité faisait mal, mais je ne pouvais pas la fuir. Elle était là devant moi, me laissant ce goût amer sur la langue. Les faits étaient là, elle ne reviendrait pas. Plus jamais. Parce que les morts ne revenaient pas. c’était le principe même de mourir après tout. Putain voilà que je commençai à penser n’importe quoi. J’eus un rire désespéré en me passant la main sur mon visage. Ma grand-mère était morte. Pilier de ma vie. Celle qui l’avait donné son amour quand ma mère préférait m’ignorer. Elle qui m’avait aimé plus que ma propre mère. Elle qui m’avait tout donné alors que ma génitrice avait préféré partir sans laisser la moindre trace. Alors quoi il restait plus que moi ? C’était ça le délire ? Vingt trois piges et plus que mes yeux pour pleurer ? Toujours sur place je fixais cet endroit, son dernier endroit. Là où elle reposerait en paix pour l’éternité maintenant. Je ne voulais pas rejoindre les gens, et quelques rares membres de ma famille maternelle. Je voulais rester seul, quelques instants avec elle. Les derniers probablement. Je finis par m’asseoir par terre, avant de poser mon menton sur la tombe. Reviens, avais-je dit tout bas comme si ça pouvait faire changer le cours des choses. Stupide, mais j’en avais besoin. Je poussais un long soupire avant de dire tout bas. Je suis censé faire quoi moi sans toi ? Je me redressai avant de passer mes mains sur mes joues pour les essuyer rapidement. Je n’attendais pas de réponse. Je ne m’attendais à rien en fait. J’abandonnerai pas je te promet, jamais. je finis doucement par me lever à nouveau. Je savais qu’elle n’aurait pas voulu me voir abattu. Elle aurait préféré me voir arriver à avancer. Mais voilà, c’était dur. C’était très dur même. Serrant le poing je relevai la tête. Je savais ce que je voulais faire. Le retrouver. Mon père. C’était là mon nouveau but.

Nagisa, 25 ans - Je serrais les dents alors que j’écoutais avec patience les directive de mon paternel. Il serait mentir de dire qu’il n’y avait pas un gouffre entre nous. J’avais passé toute mon enfance pour lui et même si cela faisait presque deux années que je l’avais retrouvé, c’était dur de me faire la présence nouvelle de ce paternel. C’était étrange, parce que pendant toute une grosse partie de ma vie, mon père avait été ce tabou. Ce type dont il ne fallait surtout pas parlé. Et à force, il avait cessé d’exister pour moi, tout comme ma mère biologique. Et pourtant aujourd’hui il était bien là devant moi, exécrable au possible. Je lui avais prouvé que j’étais vif d’esprit et que je servais à son entreprise, j’avais même entamé un putain de double cursus pour m’accoutumer à la culture coréenne et pour apprendre le mandarin pour être encore plus utile à son entreprise. Mais malgré ça, il restait ce gouffre entre nous. Celui qui faisait que nous nous prenions souvent la tête. Nos cultures étaient complètement différentes. Il avait cette attitude des gens typiquement asiatiques, trop polis, trop faux alors que j’étais clairement un canadien, direct mais polis. Et souvent nous avions des situation de désaccord. Et pourtant, je me taisais, je ne disais rien. C’était mon père après tout et, je n’avais plus que lui, vu que ma mère avait cessé d’exister à mes yeux. Alors je soupirais, je ne le détestais pas mon père. Non je ne détestais personne ne manière générale, mais il était évident que nous n’étions pas pareils lui et moi. Il n’y avait que ce physique qui nous rapprochait, pour sûr j’étais son portrait craché, mais il fallait que nous trouvions notre manière de fonctionner. Et il fallait aussi et surtout que je m’habitue à lui et lui à moi. Il était mon père absent et moi j’étais sa connerie de jeunesse dont il n’avait pas voulu. Et pourtant nous étions ensemble à cet instant pour le meilleur et le pire. Par chance Mason était là pour me soutenir.


Nagisa, 27 ans - Je relevais la tête en entendant quelqu'un frapper à la porte. J'aurais presque pu pousser un soupire de soulagement si la crevette dans mes bras n'était pas en train de s'endormir doucement. Enfin. Parce que ça faisait presque une heure que j'y étais et à force c'était moi qui allais tomber de sommeil. Je me relevais doucement tout gardant le nourrisson dans les bras, pas de geste brusques, pas de gestes brusques. Je tendis mon bras et ouvris. Je ne pus m'empêcher de lancer un sourire désespéré alors que je voyais Jae Hee. Enfin il était là, j'aurais pu lui sauter dans les bras si ces derniers n'avaient pas été occupés par mon fils. Mais avant qu'il n'ait pu parler, j'avais mis mon doigt devant mes lèvres pour lui dire de garder le silence en attirant son attention sur l'état de proche du sommeil de mon fils. Alors que je gardais toujours le silence j'allais cherché ce pourquoi je l'avais appelé. La lettre. Une simple lettre qui avait foutu ma vie en l'air en un instant. Je la tendis à mon cher ami avant de m'éclipser dans la chambre du nourrisson pour aller l'allonger dans son berceau. Enfin endormi. Enfin je pouvais souffler. Alors que je sortais, les yeux marqués par la fatigue des dernières nuits blanches et surtout complètement égaré. Attend c'est sérieux le coup qu'elle vous fait ? Je soupirais longuement en fermant la porte derrière moi en allumant baby phone. Je secouai la tête pour lui répondre. Si seulement c'était pas sérieux. J'aurais préféré Jae. Pour une fois je ne savais pas quoi dire. Je perdais complètement la parole. Plus de sarcasmes ou de remarques désobligeantes. Que dalle. J'allais finalement m’affaler sur mon canapé, complètement vidé de mon énergie. Si tu veux boire un truc, sers toi hein. Fais comme chez. Moi je suis trop crevé. Lançai-je à mon ami, mais à la place il pris place à mes côtés et posa une main sur mon épaule. La vérité était là. La mère de mon fils n'avait pas assumé. Avorter, non elle n'avait pas voulu. Mais abandonné notre fils quelques mois mois après sa naissance… pas de soucis visiblement. Je ne m'attendais pas à ce qu'on forme un couple, non. Basiquement, on se serait très mal entendu. Mais le fait était que je me retrouvais seul avec un gosse sur les bras. Et je flippais. Moi pour la première fois, je flippais comme jamais. Je pris ma tête entre mes mains. Comment je vais faire Jae ? How I’m supposed to be a good father, I didn’t even grow up with a father. Je lui lançai un regard encore plus perdu. Mon rythme de vie ne convenait pas pour élever un gamin, j'étais pas prêt pour que ça m'arrive. Et surtout je flippais parce que je savais que mon fils n'allait pas avoir de mère… Comme moi. Je ne voulais pas qu'il ait à subir ça. Jae I don’t know what I should do. J’vais pas assurer. Je soupirais longuement alors qu'il m’écoutait. Qu'est-ce que tu racontes Nagisa ? Bien sûr que t'es perdu, mais personne est vraiment prêt à être père. Je levais la tête vers lui. Je sais moi que tu seras un bon père pour Kenma. Tu sais pourquoi je le sais ? Je fronçai les sourcils. Alors là très bonne question. Vu mon état j'étais incapable de me voir assurer pour mon fils. Je me contentai alors de secouer la tête silencieusement. Parce que tu n'es pas tes parents. Et que tu ne feras pas les mêmes erreurs qu'eux. J'eus un fin sourire sur mes lèvres. Ce qu'il était agaçant à trouver les bons mots pour me rassurer. A croire qu'il avait ça dans le sang, Jae aurait probablement été un meilleur paternel que moi. Et si tu fais n'importe quoi, JE viendrais te botter le derrière Nagisa. Cette fois je mis ma main devant ma bouche pour estomper mon rire, pensant à mon fils qui dormait dans la pièce d'à côté. Pour sûr il m'avait rassuré et boosté dans ma confiance. Tu adorerais ça me botter le cul Jae. Je l'avais dit avec un ton amusé, souriant, le cœur plus léger. Merci Jae. Je posais ma main sur son épaule. C'était un véritable ami, un allié précieux depuis que j'étais arrivée en Corée du Sud. Puis cette idée me vint en tête. Il allait être surpris, mais il allait aimer, je savais que Jae adorait les gosses et plus que tout… Il était important pour moi et pour mon fils. Tu sais quoi Jae. Tu devrais être le parrain de Kenma. Mon sourire s'agrandit, je savais que ce rôle lui convenait parfaitement. Et je n'aurais pas pu trouver meilleur parrain pour mon fils.

Nagisa, 30 ans - Je souris en regardant la scène devant moi. Dire qu’il y avait quelques années j’étais en pleine panique parce que j’avais peur de ne pas savoir quoi faire avec mon fils. Tout ça me semblait si loin. Aujourd’hui tout est bien différent, je ne pourrais pas passer une journée sans voir le sourire de ce petit être qui est devenu le centre de ma vie. Et aujourd’hui, cela faisait trois années que mon fils était venu au monde. Trois années déjà, le temps était passé si vite. J’avais toujours trouvé stupide quand les parents disaient qu’on ne voyait pas les enfants grandir. Aujourd'hui je me rendais compte que c’était terriblement vrai. Tant de nuits blanche passées pour réussir à le faire dormir, de galère avec le travail, mais à côté tellement de moment de joie intense. Je n’avais pas le mots pour décrire mes ressentis. Et je ne cherchais pas les décrire. Je me penchais pour prendre dans mes bras ce petit être qui avait grandi bien trop à mon goût et le soulevais. J’étais heureux, simplement heureux. Aujourd’hui c’était la journée de mon fils et bien sûr il avait été gâté comme jamais. J’avais réussi à rameuter Mason, Jaehee, Kuma et bien des jeunes amis de mon fils. Car c’était un enfant sociable et adorable. En plus d’être aussi beau que moi. Je souris alors que je lui demandais. Are you happy Kenma ? Yes Dad, me dit-il de sa petit voix d’enfant. Il avait un sourire jusqu’aux oreilles et il était d’une énergie débordante. Lui qui avait toujours été très calme, il était évident que son anniversaire le rendait beaucoup trop heureux. Il allait être vidé de son énergie ce soir, mais ce n’était pas grave, ce n’était pas tous les jours qu’on célébrait son anniversaire. I hope your are nice with Eyna and Jayden. Il secoua rapidement la tête, je n’en doutais pas une seule seconde, mon fils était si gentil. Daaaaad, I want to sleep at Uncle Mason’s home, je ne peux m’empêcher de sourire, décidément il savait comment s’y prendre avec moi. Et moi je ne pouvais presque rien lui refuser. je vins appuyer sur le petit bout de son nez. I don’t knoooow are you a nice boy ? Yes yes yes ! I am. Je me contins pour ne pas rire aux éclats. You have to ask to your uncle first, right ? Je n’en doutais pas qu’il le ferait craquer avec sa bouille d’ange. Puis qui pouvait dire non à un birthday boy ? Oui clairement ma vie avait pris un tournant inattendu, mais je n’arrivais à le regretter, parce que je ne voyais pas ma vie autrement aujourd’hui.