Guangzhou, 8 mai 1992 • La fleur d'orchidée ouvre lentement ses pétales dans un petit foyer, sur le canapé d'un appartement en périphérie de la ville. Pas eu le temps de se rendre à l'hôpital, ni de faire venir qui que ce soit du milieu médical, seuls les deux parents se sont débrouillés avec l'aide de la voisine. Heureusement, la nouvelle venue est en pleine santé et pleure déjà à pleins poumons, ses petits yeux encore clos. Elle ne sait pas encore sourire, elle ne peut même pas encore voir, mais sa mère veut qu'elle soit heureuse et qu'elle s'ouvre à ce monde. La jeune Zhen sera alors nommée Lan Huan.

Guangzhou, 1998 • Le père coréen et la mère chinoise sont occupés, beaucoup trop occupés pour correctement prendre soin de leur enfant. Après tout, l'argent manque cruellement et la crise survenue l'année précédente n'épargne personne, surtout pas les personnes les plus modestes. Lan Huan est envoyée chez ses grands-parents du côté maternel à Pékin dont le train de vie n'est pas bien meilleur. Mais au moins, le développement croissant de la ville lui permet d'avoir accès à une éducation un peu plus élaborée, même si elle est encore assez jeune. Son grand-père, qui est un artiste de rue, lui apprend à utiliser ses pinceaux et l'initie à la peinture. Issu de la minorité Hui, une minorité musulmane de Chine, il décide également d'apprendre l'arabe à sa petite-fille, qu'il parle avec sa femme.

Pékin, 2005 • A 13 ans, Lan Huan n'est pas première de classe. Elle n'est pas non plus dernière mais c'est une élève qui ne se distingue pas par ses performances scolaires, ni même par sa motivation immense pour les activités culturelles. Elle pratique toujours la peinture avec son grand-père et prend des cours du soir en arabe afin de mieux comprendre tout ce qui se raconte dans la maison. Si son grand-mère se considère comme étant musulman, Lan Huan est trop jeune pour penser à la religion. Ses parents, qui vivent encore à Guangzhou, souhaitent la faire revenir à la maison afin qu'elle aide à réaliser des travaux elle aussi.

Guangzhou, 2009 • Pour aider ses parents en difficulté, depuis son retour à Guangzhou, Lan Huan ramasse des cartons et de la ferraille dans la rue et les donne à des revendeurs. Au lycée, son professeur d'anglais apprend sa situation et lui propose de participer à divers concours afin d'obtenir une bourse pour partir étudier à l'étranger. C'est aussi lui qui motive la jeune demoiselle à continuer de travailler en classe, même si elle s'absente souvent pour aider ses parents. Au final, après de longues discussions, elle trouve ce qu'elle veut faire : elle veut aider les victimes d'injustice en devenant interprète dans les postes de police. Mais d'abord, elle veut bien maîtriser les langues.

Digital City, 2018 • Actuellement en septième année d'études en langues vivantes et étrangères appliquées, Lan Huan maîtrise l'anglais et l'arabe comme sa poche. Si le chinois est aussi sa langue maternelle, elle se fait plus difficilement au coréen qu'elle n'a jamais vraiment eu l'occasion d'apprendre avec son père. Cependant, elle travaille dur pour rattraper tout son retard en plus de son travail au Sheraton, qui lui permet de se faire un peu d'argent et de renvoyer une partie au pays pour que ses parents puissent vivre un peu plus correctement.