tu ne peux t'empêcher de sourire lorsque tu entends la voix d'elio à travers ton téléphone. son accent, sa réponse naturelle en italien. tu rigoles un peu et ton rire se rapproche surement plus du gloussement qu'autre chose ー parfois, on dirait que tu es amoureux. honnêtement, tu ne t'en rends pas réellement compte. tu as simplement beaucoup d'affection pour ton ami et collègue.

tu y repenses souvent ー à elio. tu apprécies sa présence lorsqu'il travaille à tes côtés. tu es reconnaissant de son aide, de son soutien et plus encore de son amitié. elio c'est un peu ton mini soleil, la personne que tu vas voir en toute circonstance.

la vérité c'est que tu ne l'avais pas entendu venir, tellement perdu dans tes pensées et occupée à trier les différents livres à tes pieds pour réellement te concentrer sur le monde extérieur. tu souris quand tu le vois ー sourire agrandi lorsque tu vois ses achat ; un café ne te fera en effet pas de mal. " oui... j'ai pas fais exprès mais tu sais... enfin, tu me connais ? comme d'habitude... " et tu dis ça tout penaud, avec une tête de chien battu. " désolé, ça fait du travail en plus " tu sais qu'en réalité, ça ne le dérangera pas plus que ça mais la politesse t'obliges à t'excuser. tu te sentirais encore plus désolé sinon.

" n'est-ce pas, " tu rebondis sur ses paroles. " heureusement que la librairie est chauffée... je pense que je serais mort d'hypothermie sinon " ton exagération te fais sourire. " je pensais à réorganiser les étagères... tu sais, comme c'est bientôt le printemps... les gens ne vont surement pas s'intéresser aux même choses que l'hiver ? mais ça va être assez long, je pensais fermer demain pour qu'on puisse avoir le temps "

tu avais pensé à ça la veille, entre deux croquis pour tes études. tu n'avais pas beaucoup de client avec les fêtes de fin d'année et le froid. les gens ne prenaient plus le temps de s'arrêter par la librairie pour trouver un autre livre à lire.

" ça ne te dérange pas trop j'espère ? "

« Comme d’habitude » sourit le jeune homme avec un petit rire attendri. Min Chan était maladroit et Elio s’y était habitué et trouvait ça même attendrissant. Min Chan avait ses petits côtés étourdis qui le rendait unique. Elio y était familier et trouvait même que ça lui donnait un certain charme. Il zieute vers lui avec un sourire complice, il n’était ni moqueur ni taquin, juste amusé. « Ne t’en fais pas. Ce n’est rien, une simple occasion de rester plus longtemps ensemble. » il lui donne un petit coup d’épaule complice et s’assoit en tailleur devant les cartons de livres à traiter. D’abord les étiqueter avant de pouvoir les ranger dans les étagères par ordre alphabétique d’auteur. Elio se projette déjà sur les livres à ranger et relève la tête à sa remarque. Il trouvait ça très judicieux et super intéressant comme idée. « Tu as raison ! » s’exclame-t-il comme si l’idée était plus que lumineuse. « Excellente idée ! » approuve-t-il à nouveau enjoué à l’idée de tout reclasser. Ça demanderait de toute évidence une dose de travail conséquente mais avec une bonne organisation et une bonne motivation ils pouvaient décemment finir de tout remettre en ordre. « As-tu déjà une idée de ce que tu veux faire ou pas ? » puis réalisant qu’il avait oublié de lui parler d’un fait il se releva rapidement « Au fait ! » il va jusqu’au comptoir où il avait imprimé la veille un mail reçu plus tôt dans la semaine. « On nous a fait une demande d’exposition. Un jeune auteur qui vient de publier un livre et qui souhaiterait le mettre en avant en organisant une séance de dédicace. Il a été assez transparent avec nous en disant que ses ventes ne crevaient pas le plafond mais qu’il arrivait à se défendre un peu … c’est pas dit qu’on soit super gagnant pour le coup mais je pense qu’au vu de notre façon de manager la boutique … même si on fait pas de profit on peut l’exposer et accueillir sa séance … qu’en penses-tu ? » Il lui tend le papier en revenant s’asseoir à côté de lui. Il se penchait près de son épaule pour relire le mail avec lui et posa machinalement son menton dessus. L’intimité de la boutique semblait toujours différente la nuit, après la fermeture, quand les livres partageaient avec eux la quiétude de leur univers. C’était calme et apaisant. Ou peut-être était-ce la simple présence de Min Chan qui le rendait ainsi.

comme d’habitude, c’est surement surement ce qui résume au mieux votre relation. l’habitude d’être ensemble, de sentir la présence d’elio à tes côtés. c’est une présence à laquelle tu tenais maintenant, une dont tu ne pouvais pas vraiment te passer. c’est drôle parce qu’au fond, ça ne fait pas de lui ton meilleur ami mais il t’est probablement aussi cher. tu apprécies son enthousiasme lorsqu’il te réponds ― avec lui, tout à toujours l’air incroyablement positif. « Pas vraiment, » dis-tu. « je t’attendais pour me décider, à deux nous seront plus objectif que moi tout seul ». Petit sourire, tu te levais pour être à sa hauteur avant qu’il ne te tende le papier qu’il était parti te chercher avec empressement. tu le lis rapidement, tout en gardant une oreille attentive à ce qu’il te disait. honnêtement, tu étais flatté qu’un auteur puisse considérer la librairie pour une séance de dédicace. après tout, vous n’étiez que deux pour gérer tout ça et on ne pouvait pas dire qu’il s’agissait d’une affaire florissante. cependant, elle restait stable et ne vous ruinait pas, c’est ce que tu considérait comme le plus important.

«peut-être que nous pourrions tu sais, promouvoir son oeuvre une semaine avant la séance de dédicace. suggérer aux clients de l’acheter, le lire, comme ça si ça leur plait, ils peuvent se le faire dédicacer après ? » tu n’as pas l’habitude d’organiser ce genre d’évènements mais pourquoi pas. il fallait bien une première à tout. «les clients qui auront acheté leur ouvrage chez nous passeraient premier? peut-être que cela boosterait nos ventes et cela permettrait à l’auteur d’avoir plus d'audience ? qu’en penses-tu ? »

tu n’étais pas très confiant, mais tu te disais que ça valait la peine d’essayer. lorsqu’il pose sa tête sur ton épaule, tu n’es pas réellement surpris. vous êtes proche après tout et qui dit proche dit tactile. un peu. kinda. il n’y avait dans votre proximité rien d’autre que de l’affection, rien de plus poussé. un sourire avait naturellement trouvé sa place sur ton visage et tu te dis que tu es bien plus souriant lorsque tu es avec lui qu’avec les autres. tu es pourtant quelqu’un d’assez joyeux mais il y avait quelque chose de différent avec lui. peut-être était-ce cette sensation de bien être ー tu n’avais pas besoin de t’adapter avec lui, tu pouvais te permettre d’être toi même et peut-être était-ce ça qui te mettait si à l’aise.

Elio se redresse légèrement quand Min Chan se tourne vers lui et comme une habitude, un automatisme il se met à sourire. Un sourire doux et chaleureux. Ses yeux se plissent tendrement vers lui alors qu’il acquiesce. « Je trouve que l’idée est très bonne ! » assure-t-il. Finalement c’était peut-être pour ça que leur librairie marchait aussi bien mais qu’ils ne pouvaient décemment pas faire de profit. Ils mettaient en avant le cœur et l’empathie … la librairie que Min Chan tenait était un cocon chaud que l’on voyait souvent dans les comédies romantiques. Un endroit où on pouvait se réfugier pour lire un bon bouquin à l’abri de la réalité, du monde extérieur. Min Chan mettait à disposition des bombonnes de chocolat chaud l’hiver et installait un coin remplie de coussin et de couvertures chaudes pour inviter les gens à s’y installer. Il avait une tendresse qui touchait les gens et qui le rendait attachant et captivant. Elio ne cachait l’attrait qu’il avait pour son ami, comme une connexion des émotions, rien de jamais vraiment sexuel, comme si leur relation était quelques choses de plus ? De différent. C’était une amitié sans limite, d’une affection infime. Une tendresse qu’ils gardaient comme un secret, un secret évident. Elio était un phare, une lumière pour les âmes torturées. Il avait une faculté évidente pour les apaiser et l’empathie, pièce maitresse de son caractère, lui permettait de mieux comprendre les gens qui l’entouraient. Sa gentillesse lui était souvent reproché comme un défaut, à tort. Le jeune homme sourit à son ami et embrasse sa joue. « Aller, debout. On va ranger tout ça. » c’était naturel entre eux, n’allait pas vous imaginer tout un monde, vous ne seriez pas capable de les comprendre. Elio avise les rayons et les livres à ranger. Il attrape une pile et lit les titres. Aucun n’était classé dans le bon ordre mais tous autour du même thème, lui faisant ainsi comprendre « Oh c’est une commande ça ? » il écarte alors d’instinct ces livres et les places de côté. « Tu veux mettre tout ceux-là en avant c’est ça ? » fit-il en montrant un carton. « C’est une très bonne idée ! » approuve-t-il. Elio adorait la façon dont Min Chan voyait les choses. Toujours avec un esprit délicat et innovant, une façon de voir les choses qu’on attendait pas. C’était ce qui rendait Min Chan unique aux yeux d’Elio. « Tu penses quoi si on couplait ces livres à ceux-là ? Je sais que ce n’est pas anodin comme assemblage mais … ça pourrait permettre aux gens de se questionner un peu plus, t’en penses quoi ? » il soupesait les livres dans sa main comme il soupesait son idée. Dehors la pluie se met à tomber et le cliquetis régulier apporte une touche intime et rassurante à leur cocon.