Il est presque 3h du matin quand Sawan se laisse tomber dans son lit, laissant sa poitrine rebondir gracieusement. Son corps est couvert de sueur, ses reins sont courbaturés et son souffle lui manque, comme chaque fois qu’elle couche avec Moon. Leurs ébats sont toujours passionnels. Un mélange d’amour et de rage, un mélange de souffrance et de bien-être. Ça serait mentir de dire que leur relation était saine, elle était même tout l’inverse, explosive et destructrice. Mais Sawan était bien incapable de s’en séparer, même quand ils se faisaient de mal. Finalement c’était là où ça lui faisait du bien. Elle n’était pas heureuse Sawan. Elle ne l’était que lorsqu’il était là. Quand elle savait ce qu’il faisait, quand il posait sur elle son regard amoureux, son regard tendre. Elle l’aimait plus que tout dans ces moment-là. Elle lui donnerait sa vie s’il lui demandait. Pourtant … chaque fois qu’il était loin elle le détestait, elle souffrait, suffoquait. Pouvait-on aimer quelqu’un qu’on haïssait autant ? Comment leur relation a-t-elle pu devenir aussi compliqué et douloureuse ? Autant qu’elle la source de chaleur et de bonheur de Sawan. Elle lève son regard vers lui, son cœur se serrant. Elle l’aimait oui. Trop. Beaucoup trop. Alors elle lui en voulait. Elle lui en voulait de lui faire ça. D’être lui. Elle ferme les yeux et pose son avant-bras sur sa migraine. Elle cherche sa chaleur sans le montrer. Elle a besoin de lui, plus que de n’importe quoi, mais parfois elle sent, sait que Moon a sa vie, ses secrets. Il pourrait ne plus penser à elle et ça l’effraie. Cette gamine qui grandit trop vite et qui voudrait figer le temps. Sawan est ce genre d’âme écorchée, oscillant entre l’hystérie et le besoin inconsidéré d’être protégée et rassurée. Mais elle avait fini par se taire, taire ses demandes, taire ses rancœurs et ses douleurs. Elle prenait ce qu’il lui donnait et se convainquait le reste du temps qu’il l’aimait. Il revenait toujours vers elle de toute façon, de quoi avait-elle peur ? Elle se blottit contre lui finalement, chassant ses pensées noires d’un revers de main. Elle niche son visage dans le creux de son cou en inspirant son odeur. Dieu qu’elle le déteste, dieu qu’elle l’aime. Elle oublie tout avec lui et dès qu’il part, elle se souvient de la moindre larme qui abîme son cœur. Elle caresse ses clavicules et murmure « Qu’est-ce qui t’a décidé à venir me voir ce soir ? » après un long silence.

Je roulai sur le dos légèrement essoufflé par le sport nocturne, celui que je pratiquais quand je venais rendre visite à ma petite-amie en secret dans sa fraternité. Mon visage se tourna vers elle en détaillant son visage dans les moindres détails. Me souvenant de ce qu’il avait pu être avant. Je me fichais de ces modifications physique, à mes yeux elle était toujours magnifique, une des plus belles créatures de ce monde, pour ne pas dire la plus belle. Je la laissais se poser sur mon avant-bras, silencieux comme d’habitude, tâchant de rattraper le cours de ma respiration. La fixant comme d’habitude, égaré comme toujours. Perdu entre tout mon amour et tout le reste. Il qui était ma vie, mon air, ma moitié, mon âme soeur, celle qui me faisait couper mon souffle et m’asphyxier jusqu’à l’article de la mort. Elle était mon tout. Quand finalement son corps se colle doucement au mien, mes bras l’entourent, un réflexe, toujours ce réflexe de protection. Mes lèvres se posèrent sur ses cheveux, tendre et délicat comme personne ne me connaissait. Car il n’y avait qu’elle qui me voyait comme cela. Je finis par poser mon menton au sommet de son crâne, resserrant l’étau de mes bras puissant autour de son frêle corps, une prison qu’elle acceptait bien. Je frémis en sentant ses doigts sur ma peau. A ses paroles je baissais le regard vers elle. Mes doigts se glissèrent sous son menton, forçant le contact visuel. Tu le sais bien bébé, trompeur ? Oui je la trompais. Et je savais qu’elle aussi me trompait et ça me rendait fou. Parce qu’elle était à moi. Le premier de sa vie et le dernier. Celui qui le droit de marquer son corps, mon territoire. J’ai besoin de toi, soufflai-je tout bas venant frôler mes lèvres des siennes. Elle était ce doux poison qui coulait dans mes veines, celui qui me tuait à petit feu et qui me faisait atteindre l’extase absolue en même temps. J’en avais besoin, j’avais besoin d’elle. Mortellement. Qu’est-ce qui t’a décidé à m’accepter ce soir ? Un miroir. Une question similaire alors que doucement je posais mes lèvres sur les siennes, savourant ce contact si doux mais si familier à la fois. Comme ce sentiment de revenir à la maison.

Elle frémit, retrouve son parfum et ses bras. Elle se blottit contre lui. Tant d’années avaient passés depuis leur première fois et pourtant elle ne se lassait jamais de l’avoir contre lui. Elle était accroc à Moon, de la pire façon qui soit, amoureuse et addict, elle laissait faire ce qu’il voulait. Il lui avait plus d’une fois brisé le cœur, déchirant son âme jusqu’à lui donner envie de tout laisser tomber. Combien de fois Sawan aurait préféré mourir que de devoir le laisser partir à nouveau ? Elle le détestait de l’aimait si fort, elle se détestait plus encore de ne pas lui suffire. Elle ne suffisait à personne. Ni à sa mère, jamais assez jolie, jamais assez polie, jamais assez bien … ni à Moon. Moon qui ne pouvait s’empêcher d’aller voir ailleurs … Pourquoi ? Avait-elle souvent envie de lui demander ? Pourquoi lui faisait-il ça ? Qu’avaient les autres qu’elle n’a pas ? Pourquoi ne peut-il pas être comblé avec elle ? Elle avait fini par jouer au même jeu que lui. Dans le fond elle les avait les réponses, lui aussi. Ils s’aimaient. Trop. Ils se bouffaient, s’empêchaient de vivre, mais ils étaient bien incapables de vivre l’un sans l’autre. L’amour plus fort que tout ? Parfois l’amour ne suffit pas … Mais ce soir ça leur suffira … Parce qu’ils n’étaient pas encore prêt à se laisser … Elle déglutit et relève son visage vers lui, elle pourrait mentir, enrober la vérité, éluder la question comme elle sait si bien le faire. Mais ce soir elle n’a plus envie de se cacher derrière de faux semblant. « Parce que j’en avais marre des autres. » parce que c’est toi que je veux. Des autres. Ces démons qui nuisent à leur relation. Elle caresse son torse tendrement, rassuré de ne voir aucune traces, aucunes marques … au moins elle pouvait se convaincre qu’il était encore à elle, encore un peu. Elle se blottit contre lui et ferme les yeux pour noyer son émotion. Pourquoi se force-t-elle à aller voir ailleurs … ? Elle qui ne veut que lui … Bon sang qu’elle l’aime … à en devenir folle …

Porn et moi. Il n’y avait rien de bon dans cette relation. Je le savais bien. Mais dieu que je pouvais l’aimer. Depuis tellement d’années que nous étions ensemble. Elle était devenue une partie de mon être et inversement. Nos vies avaient fusionnées ensemble. Nous avions partagé trop de choses pour laisser tout cela derrière nous. Et même quand on se séparait, nous finissions par revenir l’un vers l’autre. Parce que nous avions maladivement besoin l’un de l’autre. Alors on se cédait, encore et encore. Parce qu’aucun de nous deux avait la force nécessaire pour faire cesser cette folie qu’était notre relation. Nous ne faisions que continuellement nous tirer vers le bas, mais dieu que c’était bon. Mon regard croisa celui de la belle. Et ses paroles me font froncer les sourcils. Les autres. Évidemment qu’il y en avait d’autres. je le savais qu’elle en voyait d’autres que moi et ça me rendait complètement dingue. Alors que je sens ses doigts sur mon torse et sa tête se reposer j’ai ce réflexe de donner un coup de hanche pour revenir au-dessus d’elle, accoudé contre le matelas, mon bassin entre ses jambes écartées, je frôlais mes lèvres des siennes, mon regard est froid et glacé alors que mon visage se glissa dans son cou pour venir marquer un peu trop brutalement sa chair. Lui laissant une large marque rougeoyante. Les autres ne sont rien à côté de moi. Tu es moi Porn, rien qu’à moi. Les autres j’les bute. Toujours aussi froid, j’aurais pu le faire, tuer un homme c’était pas un soucis. Je m’en foutais. Je n’avais pas de morale. Mon regard se replongea dans le sien. Personne ne t’aime comme moi je t’aime bébé, dis-je en venant caresser ses cheveux. Elle était à moi, je voulais m’en convaincre. Je voulais l’entendre, entendre qu’elle n’était qu’à moi et rien qu’à moi. Plus tendre je posais mes lèvres contre le bout de son nez. Je veux rendre visite à ma mère aujourd’hui Porn. Déclarai-je simplement tout en restant au dessus d’elle. J’ai besoin que tu viennes Porn… je pourrais pas le faire sans toi bébé, mon regard tomba sur le sien alors que je jouais avec ses cheveux.

Elle grimace sous ses coups de dents pourtant salvateur. Elle s’accroche à lui et le serre plus encore quand il a marque ainsi. Pourtant au fond d’elle Sawan savait que quelques choses se brisaient, encore et encore, chaque fois qu’ils se font du mal ainsi. C’était un bout de son âme qui s’évaporait en fumée pour ne jamais revenir. Sawan avait fini par le déteste, se détester, et détester la vie plus encore. Mais comment pouvait-on leur en vouloir. Ils n’étaient que deux gosses que la vie avait malmenés. Ils s’en étaient sorties, parce qu’ils avaient appris à rendre les coups et à survivre avec le sourire. Mais Sawan était comme une poupée de porcelaine qui masquait chacune de ses fêlures. Elle serre les dents et sent un froid commensurable quand il s’éloigne d’elle. Elle n’avait chaud que dans ses bras. Ses autres amants n’étaient là que pour passer le temps. Elle n’éprouvait jamais de réel plaisir, ses jeux la lassaient et elle se retrouvait plus souvent seule devant ses séries qu’à trainer dans les lits d’inconnus. Sawan changeait mais ne savait pas pourquoi, ni comment … Elle savait juste qu’elle s’enfonçait dans un monde qu’elle ne voulait plus côtoyer, mais elle avait bien trop peur de lui demander … de lui avouer, de lui dire. Et si un jour elle lui faisait face et qu’elle lui soufflait et s’il ne pouvait n’y avoir plus que nous deux ? Comment réagirait-il ? Et s’il lui avouait qu’il ne voulait pas, pire encore, qu’il ne pouvait pas … ? Si elle n’était plus suffisante … ? Cette pensée lui vrille le cœur et elle se jette contre lui pour ne plus imaginer sa vie sans lui … Les autres je les bute. S’il savait … à quel point elle était prête à ça. Elle n’était pas aussi doué que l’homme qu’elle aimait, ne se doutant d’ailleurs que de très loin qu’il puisse réellement le faire, et pourtant … elle avait cette même rage, cette même froideur. Sawan le savait … si elle suivait Moon sur cette pente dangereuse elle n’en reviendrait pas. Mais pour lui elle aurait sauté en enfer les yeux fermés. Non, elle aurait sauté les yeux ouverts pour affronter ce qui l’attendait … Elle relève son visage vers  lui, chassant ce nuage noir d’idée. Elle avait envie de se bercer d’illusion et de ne voir que le beau de leur relation. De toute façon le cachet qu’elle avait pris juste avant qu’il n’arrive, commençait à faire effet et elle plongeait dans une douceur euphorie. Une maitrisée, légère, qui lui donnait le courage de sourire. Elle aimait sa douceur, plus encore, elle y était accroc. Elle frémit et caresse sa joue, elle voulait croire à ses mots … il était sûrement vrai pourtant une part d’elle criait en s’évanouissant mensonge. Elle esquisse un sourire tendre en acquiesçant « Évidemment que je viens avec toi mon amour … » souffle-t-elle. Elle n’aurait d’ailleurs pas imaginé la situation différemment. Elle serait là pour lui, comme toujours, et inversement, comme toujours … elle caresse son torse tendrement en soufflant « Ca va aller. » parce qu’ils savaient tous les deux combien c’était une épreuve ces rendez-vous … mais ils étaient plus à deux, plus fort que ça …