elle la voit encore gambader dans l'herbe, les tresses dans les cheveux corbeaux. le sourire de l'innocence qui porte le baume au coeur à cette femme. rongée par la maladie, elle observe à travers la fenêtre, son enfant comme elle observerait le plus beau des trésors. le visage pâle. le corps frêle. elle se sent partir. s'envoler. rongée par une douleur quasi-constante. elle n'en dit rien. pour l'enfant. pour son époux. elle n'en dit rien. mais ce soir là. ce soir d'hiver et de fête. c'est alors que les derniers cadeaux se posent sous le sapin que vient à retentir une détonation.

la joie s'envole. l'enfant, apeurée, rejoint les bras de son père non loin. mais lui aussi, il est effrayé. et malgré ça. il est forcé de laisser l'enfant dans le jardin pour s'assurer que tout ailles bien. puis il s'aventure dans la maison. cette maison qui a connue l'amour, la joie, la paix. il s'aventure jusqu'au bureau de son épouse. auteur de talent, qu'elle était. il pousse la porte et tombe finalement sur le corps de sa chère et tendre, gisant dans son sang. ce soir-là. areum, elle vient d'avoir six ans. ce soir là, elle héritera d'un anniversaire endeuillé.

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ainsi débute ses premiers instants à l'université. nouvelle vie. busan la vue grandir, pleurer, progresser pour finalement la laisser s'évanouir dans la nature. séoul. la capitale. elle se sent minuscule et pourtant, elle est là, prête à combattre le monde. et malgré la peine, le coeur lourd lorsqu'une pensée se porte pour sa défunte mère, elle est déterminée. déterminée à conquérir le monde. ce monde. la paternel désormais remarié à une femme de pouvoir, elle n'a d'autre choix que d'apprendre par elle même. d'autres choix que de prouver que sans elle, sans son argent, elle peut y arriver, areum.

alors elle serre les poings et pose pieds à terre. immense. imposante. mais la peur n'est pas. elle n'est plus. et au fil de la journée, elle arrive à se sentir comme un poisson dans l'eau, malgré ses pertes. ses chutes. puis il est là. lui. ce garçon. à lui tenir compagnie en ce jour de rentrée. et elle apprécie. puis le lendemain, il est là, à nouveau. le surlendemain, il est encore là. à la supporter. lui parler. la dorloter. et de final en aiguille, après des jours de conversations intensives et trépidantes, né le premier baiser. s'en suit les autres premières fois.

un premier amour dessiné sous les traits d'une être charment. idéalement aux allures de prince. son prince. bien convoitée était areum et pourtant, elle n'avait d'yeux que pour lui. sangae. précieux sangae. amour passionnel, fait de tendresse et douceur. bon nombre de jaloux ils ont fait ensembles. puis vient cet instant où areum, après des mois de relation, elle lui dit qu'elle doit prendre le large. retrouver busan. retrouver son père. elle lui dit qu'elle lui expliquera. qu'elle ne l'oubliera pas. et que bien vite, elle reviendra. bien vite. mais pas assez vite aux yeux du garçon.

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c'est avec le coeur lourd qu'elle revient, areum. malgré le sourire d'ange qui trône encore sur ses lèvres délicates, elle a l'âme en peine. car papa est fatigué. papa survit plus qu'il ne vit et ça, areum, ça lui fait peur. parce qu'elle n'a que lui désormais. il ne lui reste que lui. malgré la belle mère. malgré le demi-frère offert par ce mariage qu'elle n'a jamais approuvé. jamais supporté. elle n'a que lui. alors même si il va mieux. même si il lui fait croire qu'il va mieux, pour la laisser partir et faire sa vie. elle sait que tôt ou tard, lui aussi, il s'envolera. il l'abandonnera.

mais le retour n'a rien de joyeux. le retour entre ces murs qu'elle pensait réconfortant, il ne l'est plus. car il est là. il est là, sangae, à se pavaner au bras de quelqu'un d'autre. d'un autre. et soudainement, la douleur devient plus vive. la douleur, elle enflamme son âme comme un volcan qui venait soudainement à entrer en irruption. et la lave. la lave qui s'écoule, c'est son sang qui bouillonne. c'est sa colère qui traverse les veines. c'est de la tristesse et de la colère.

puis au fond, parce qu'elle est trop conciliante. trop gentille. elle se met à comprendre areum, qu'elle a tout perdue. que tout est perdu. mais surtout, que tout est de sa faute. ou presque. alors elle laisse couler. elle le laisse nager dans cette idylle au bras de ce garçon. elle le laisse retrouver sa liberté. mais pas sans un mot. pas sans explication. alors elle va tenter, areum, de lui expliquer. de lui demander pardon. elle va tenter, elle aussi, d'avoir des explications. des excuses. parce qu'au fond, ils sont fautifs. tous deux fautifs de la destruction, de l'abandon d'un amour.