high on life ★
 
   tenue ::  L'adolescent est l'être qui blâme, qui s'indigne, qui méprise. il maudissait le monde d’un malheur dont il était le seul responsable. nettoyant le bar de son chiffon, il sifflait une ancienne mélodie dont il ne se souvenait guère du nom. il ne connaissait rien de ce monde. ni la technologie, ni l’actualité, ni la politique, ni la mode, ni la musique. strictement rien. tout lui semblait inconnu, comme si il s’agissait d’une autre dimension, en parallèle au monde qu’il fut un temps avait connus. même ses proches lui paraissaient être de purs étrangers, méconnaissables et adoptant une attitude maladroite vis à vis de lui. de quoi avaient-ils bien peur qui ne puisse guère l’effrayer aussi ? un père qui avait fait faillite, une petite soeur qui semblait à présent en être devenu sa grande soeur, des amis inexistants ayant quitter le pays pour faire leur vie ailleurs et une société qu’il n’arrivait guère à cerner. il n’y retrouvait guère sa place, celle du jeune adolescent téméraire et espiègle qui passait ses journées à taguer de vieilles bâtisses avec ses potes en oubliant de retourner au lycée à temps pour préparer l’examen final de leur troisième année. saek avait l’impression désagréable que son corps et son esprit n’était guère en osmose, une âme dans un corps étranger. paraître mais ne pas être. mimiquer un comportement d’adulte lorsque tout son être le suppliait d’être lui, cet adolescent insouciant qui n’avait que faire des espérances d’autrui. balançant le chiffon au sol, il lâche un cri de frustration avant de ne venir piétiner celui-ci, ses dents mordant sa lèvre inférieure et ses poings serrés.

saek il avait cette haine envers lui même et contre tous. ce sentiment d’injustice et cette incompréhension constante face aux événements qui l’entouraient, l’englobaient. neuf ans. en un souffle, un battement de cils, une poignée de secondes. il n’avait pas fêté ses dix-huit ans, ni même la majorité internationale. il n’avait jamais obtenus son diplôme de lycée, n’était pas partis en Allemagne rejoindre le conservatoire pour lequel il avait tant pratiqué. il n’était ni devenu pianiste ni même artiste. il n’avait guère composé ses propres mélodies ni même ouvert sa propre galerie d’art. non. il n’avait fait que dormir, inconscient, insouciant, ignare. et voici qu’il bossait dans un bar, rejeté de tous les côtés pour son manque de diplômes, son manque d’expérience et son âge considéré comme avancé. « quelle vie de merde. » finit-il par grogner tout en foutant un coup de pied dans le chiffon qu’il envoie valser et ce juste à temps pour percevoir une silhouette dans l’embrasure de la porte du Kurss. « On est fermé, revenez d’ici trois heures. »

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OUTFIT :: cigarette au bout des lèvres, tu lances un regard à ta montre. il y a encore trois heures et quelques avant l’ouverture du kurss pourtant, tu te diriges vers l’établissement. tu as envie de voir bobae et de prendre des nouvelles de la jeune femme. tu pourrais passer plus tard quand ce sera ouvert, mais tu ne veux pas, parce qu’elle sera forcément occupée et il est hors de question que tu la déranges pendant qu’elle bosse. tu fumes donc ta clope en marchant lentement vers le boulot de ton ami. tu aurais pu prendre ta voiture, mais ça t’aurait fait arriver trop vite. hors t’avais besoin de faire le tri dans tes pensées. ta discussion avec malia tournait dans ta tête et tu ne parvenais pas à y voir clair. tu étais jaloux, c’était indéniable, mais plus que tout tu avais envie de faire sa fête à ce mec qui avait osé la toucher et lui faire perdre ce bébé. tu en étais venu à te demander si tu l’aurais quand même aimé, même si elle avait eu ce bébé dont jasun aurait été le père et la réponse ne te satisfaisait pas. oui tu l’aurais aimé, mais tu l’aurais rencontré dans d’autres circonstances, et tu n’aurais pas osé faire le pas vers elle. tu ne touchais pas les petites amies et ex de tes potes et ce même s’ils n’avaient pas eu une relation normale et qu’ils n’étaient pas réellement en couple. tu n’aurais donc pas osé faire un mouvement dans sa direction parce qu’elle te plaisait. tu serais resté dans un coin sans rien faire. tu pousses un soupir alors que tu écrases ton mégot contre ta chaussure et que tu le jettes dans une poubelle tandis que tu continues ta route. la situation était compliquée et tu ne savais pas si tu devais te sentir soulagé qu’elle n’ait pas eu cet enfant ou si tu devais être en colère. tes sentiments étaient mixés et quand tu arrives devant le kurss, tu passes une main dans tes cheveux et tu te mets dans l’embrasure de la porte et ton regard se bloque dans celui d’un mec que tu n’as jamais vu jusqu’à maintenant. il est grand, vraiment très grand mais surtout, c’est un inconnu. tu fronces les sourcils suspicieux. « je sais que c’est fermé. » que tu réponds d’un ton neutre. tu connaissais les horaires de l’établissement. « elle est où bobae ? » que tu demandes, toujours sans mettre de sentiments dans tes paroles. tu n’es pas vraiment hostile, pas plus que tu n’es accueillant. elle ne t’a pas parlé d’un nouveau. peut-être qu’elle n’a pas eu le temps. tu commences donc à t’inquiéter pour ton amie, sûrement plus que tu ne le devrais.

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   tenue ::  saek avait le tempérament d’un adolescent de seize ans, ce qui en soit était l’âge mental qu’il possédait. Dur pour lui ainsi de réfréner ses impulsions ou même de contrôler ses humeurs. Il était pour tout dire l’adolescent en pleine puberté qu’il fut été avec son accident neuf ans auparavant. Si la terre avait continué de tourner pendant son sommeil, sa vie a lui avait cessé d’avance et le monde dans lequel il venait d’atterrir lui semblait tout sauf accueillant. Il s’estimait chanceux, chanceux d’être tombé sur bobae et ce malgré les ennuis qu’il lui attirait depuis ses débuts en tant que barman. Il n’avait pas pris la peine de lui expliquer d’où il venait et elle n’avait pas cherché à en apprendre plus sur les raisons justifiant son absence de diplôme et son impulsivité irraisonnable. s’éclaircissant la gorge, il ramassait son chiffon qu’il avait envoyé balader à quelques mètres de l’entrée avant de ne s’adresser à l’inconnu d’une voix détaché quoique mesuré. « elle est partie faire des courses il me semble. » et c’était à saek qu’elle avait laissé la responsabilité du bar en son absence, preuve encore que bobae était une femme pleine de bonté et bien trop peu méfiante. Il ne sous-entendait bien entendu pas par là qu’il n’était pas digne de confiance et que ses intentions étaient mauvaises mais plutôt que nombreux seraient ceux qui auraient profité de l’occasion pour se renflouer les poches et déguerpir. « je t’offre quelque chose ? » saek ne prenait pas la peine de se présenter non pas par impolitesse mais tout simplement parcequ’il ne possédait que trop peu de base en terme de professionnalisme et qu’il n’estimait donc pas nécessaire de se présenter ou plutôt qu’il n’y songeait guère. Se redirigeant vers le bar, il déposait le chiffon sale dans un sceau avant de ne se laver les mains, consciencieux de l’hygiène des lieux ou plutôt se rappelant les propos et les remontrances de sa patronne. « plutôt alcool fort ou cocktail léger? » questionnait-il l’aîné ou plutôt c’est ainsi qu’il percevait toutes personnes fréquentant le bar, plus âgé, plus mature, plus adulte qu’il ne le serait probablement jamais. Il s’emparait d’un verre qu’il déposait sur le comptoir, verre qu’il remplissait de glaçons avant de venir remplir celui-ci de coca, un sourire en coin sur ses lèvres. «  j’ai oublié de te demander. Tu es ? » le tutoiement, celui employé par de nombreux adolescents dont la notion de respect des anciens n’étaient pas encore réellement assimilé. En soit cela n’était pas foncièrement choquant lorsque l’on estimait que les deux jeunes hommes avaient approximativement le même âge, mais la position professionnelle du jeune homme laissait sous entendre qu’il se devait de faire preuve d’un minimum de politesse et ce, qu’importe l’âge des clients. Encore une fois une notion dont Saek n’était que trop peu familier. «  reste pas debout et prend place. Elle devrait pas tarder. » il n’en savait pour tout dire rien, bobae ne lui avait pas précisé à quelle heure elle reviendrait si ce n’est avant l’ouverture mais il était sur d’une chose, elle n’apprécierait guère qu’il renvoie chier l’une de ses connaissances et ce qu’importe le lien qu’elle entretenait avec cet homme. À près tout peut être s’agissait-il de son mec. Elle était suffisamment vieille pour être marié non?