mauvaise graine

encore une fois, yury s’était endormi dans ce foutu bus, et encore une fois, il attendait dehors, dans le froid, les bras croisés contre sa poitrine, que tada arrive. ce n’était pas la première fois que ça lui arrivait, mais en ce moment, ça en devenait presque une habitude. dire qu’il y a quelques semaines de cela, yury avait une forme olympique. comme quoi, ces pilules étaient tout de même miraculeuses, hors aujourd’hui, rien ne se passait comme prévu : yury s’était levé du pied gauche, enchaînant les boulettes qui titillaient ses nerfs, il était fatigué, il suffisait de voir son visage à moitié fermé, lui qui était toujours souriant, il était assez rare de le voir dans un tel état. quand il put enfin apercevoir la voiture de tadashi, il se dirigea vers cette dernière, ouvrant rapidement la portière. il s’installa, gigotant quelque peu ses épaules pour se réchauffer, avant de se pencher pour lui voler un baiser : ils ne s’étaient pas vu de la journée, tadashi avait apparemment beaucoup de choses à faire aujourd’hui. ce qui avait, d'ailleurs, failli déclencher une dispute entre les deux jeunes hommes, hier soir. ils avaient prévu de passer toute la fin de journée ensemble, des prédictions qui étaient tombées à l’eau, et ça n’avait pas plu à yury. heureusement qu’il avait su se reprendre avant que la conversation ne dégénère. éloignant son visage, épuisé comme par permis comme le prouvait ses cernes, yury en oubliait même de mettre sa ceinture. « ça va pas? » le ton de sa voix n’était en rien agressif, mais tadashi n’avait pas l’air dans son assiette. est-ce qu’il se faisait des films à cause de ce qui avait pu se passer la veille, ou était-il seulement extrêmement fatigué par la journée qu’il venait de passer, lui aussi?

mauvaise graine

tadashi soupira alors qu’il venait de s’arrêter à un feu. il était fatigué, agacé par le sms qu’il venait de recevoir. yury s’était endormi dans le bus et il lui avait demander de venir le chercher. le japonais avait accepté --évidemment-- mais il était comme contrarié. comme s’il avait peur de quelque chose, peur d’une nouvelle dispute, certainement. la veille ils s’étaient prit la tête parce que tadashi était trop occupé par son entraînement de boxe pour passer la fin d’après-midi avec lui. alors tout ça avait créé une engueulade. la réaction de yury avait étonné le plus vieux. il connaissait assez son petit ami pour le savoir compréhensif hors là, il avait été tout le contraire. et même si les choses s’étaient arrangées, tadashi restait sur ses gardes après cette incompréhension. le feu passa au vert et il reprit la route pour enfin arrivé à destination où yury attendait. le plus jeune ne mit pas longtemps à le rejoindre, il échangèrent un léger baiser. tadashi lâcha un mince sourire, presque un peu forcé. son petit ami le remarqua aussitôt, lui demandant si ça allait. le japonais posa son regard sur lui remarquant par la même occasion qu’il n’avait pas mit sa ceinture. « ta ceinture, yu. » il indiqua d’un signe de la tête la ceinture à ses côtés. et puis, il tourna la tête vers la route. il ne répondit pas tout de suite à sa question, il démarra sa voiture et se mit en route pour ramener yury chez lui. « ça va, il me manque des heures de sommeil, c’est tout. » tadashi coupa court à la discussion, il ne demanda rien à yury, il n’était pas vraiment d’humeur à parler. la fatigue combiné à leur --presque-- dispute hier n’aidait en rien tadashi a devenir plus bavard.

mauvaise graine

sa ceinture ? il baissa le regard, remarquant qu’effectivement, il avait oublié de s’attacher. il vint alors attraper cette dernière, s'exécutant. yury était chiffonné, pourquoi tadashi ne répondait-il pas à sa question ? fort heureusement, il finit par le faire, yury le fixa quelques instants, silencieux, avant de reposer son regard sur la route, se plongeant dans ses pensées. une certaine tension régnait, tadashi ne parlait pas, il ne lui posait même aucune question. même s’il ne s’en rendait pas forcément compte, yury était plus irritable aujourd’hui. il fallait dire qu’il l’avait beaucoup été ces derniers jours, mais ce n’était pas maintenant que ça allait s’arranger. la situation le mettait mal à l’aise, et l’embêtait. après un long moment de silence, le dj tourna le regard vers son petit-ami. « tu vas rester silencieux comme ça longtemps? » c’était une réelle question. leur dispute de la veille ne les aidait pas à rendre la situation moins tendue, mais ils n’allaient tout de même pas rester comme ça ? il devrait peut-être si prendre plus doucement et calmement, comme il en avait l’habitude, seulement, cela faisait quelques jours que yury avait perdu sa bonne humeur et son calme. il détourna le regard, le posant sur le paysage défilant à la fenêtre, il se retint de souffler du nez, tant la situation le tourmentait. « t’as l’air content de me voir en tout cas. » lâcha t-il, ironique. un pique ? oui, parce que ça commençait à le rendre quelque peu épineux. ils passaient un peu moins de temps ensemble, et ça embêtait le plus jeune, parce qu’en plus de ça, leur relation en prenait un coup. la preuve. « j’appellerai quelqu’un d’autre la prochaine fois, t’inquiètes pas. » il avait l’impression de l’embêter, et il détestait ça. irritable, yury en venait directement aux conclusions, lui qui avait pourtant l'habitude de discuter...

mauvaise graine

tadashi n’avait pas envie de parler. il était fatigué et la dispute qu’il avait failli avoir hier le perturbait. l’énervement de yury avait été si soudain qu’il avait surpris le japonais. son petit ami c’était évidemment reprit et calmer aussitôt mais son attitude avait quelque peu étonné tadashi. il est calme d’habitude, yury, il s’énerve pas pour quelque chose d’aussi infime et pourtant, là il avait réagit au quart de tour. ni tadashi ni yury n’en avait reparlé depuis et c’est ce qui rendait le plus vieux silencieux: cette incompréhension face au comportement du plus jeune. mais son silence ne plaisait évidemment pas à yury qui lui demanda s’il comptait rester aussi silencieux encore longtemps. tadashi ne répondit pas, il garda les yeux rivés sur la route sentant son petit ami légèrement à cran --pour une raison qui lui échappait encore et toujours--. arrivé à un feu rouge, il l’entendit lui envoyer une remarque chargée d’ironie. le plus vieux tourna la tête en sa direction posant un regard sur lui qui n’annonçait rien de bon. c’était quoi son problème? est-ce que lui aussi était encore agacé par leur dispute d’hier? il s’apprêtait à lui répondre quand le plus jeune lui fit comprendre qu’il appellerait quelqu’un d’autre la prochaine fois. « tu te fous de ma gueule, rassure moi? » dit-il, sans un sourire, rien juste on pouvait entendre un peu d’espoir dans sa voix, minime mais juste assez pour croire que tout ça n’était qu’une plaisanterie tant la situation paraissait anormale. yury n’avait jamais été du genre à s’énerver aussi facilement, à en venir aux conclusions aussi vite. tadashi démarra la voiture quand le feu passa au vert. « putain, mais qu’est-ce qui se passe dans ta tête, en ce moment? ça te ressemble pas de réagir comme ça. » depuis quelques jours, il le sentait sur les nerfs, même par sms, même s’ils ne s’engueulaient pas, tadashi sentait qu’il était à cran. l’incompréhension le rendait nerveux lui aussi, et ça pouvait s’entendre au son de sa voix.

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non, il ne se fout pas de sa gueule, il reste quelques secondes à le regarder, avant de détourner le regard pour le déposer sur le paysage qui défile sous ses yeux. il préfère se taire, sachant très bien que la réponse qu'il aurait donné n'aurait pas plu à tadashi. il reste silencieux, avant que le plus vieux ne reprenne la parole. qu'est-ce qu'il se passe dans sa tête ? il en sait rien, il n'a plus la même vision de la vie, de son quotidien. un rien pouvait le mettre en boule, le faire réfléchir, retourner son cerveau. il a cette impression d'éloignement entre eux, il l'ignore peut-être, mais tout cela vient de ses secrets, de ses cachotteries. il a besoin d'être entouré, de se sentir entouré, avoir beaucoup plus d'attention, ne pas se sentir seul, parce qu'au fond de lui, il a cette horrible impression de merder. « bah voyons, ça va être de ma faute maintenant. » marmonne t-il, fixant toujours la route face à lui. il prend les choses de cette manière, parce qu'il est incapable de voir que le souci vient bel et bien de lui, et de personne d'autre. il pousse un soupir, froissé par cette ambiance glaciale, avant de reprendre: « j'ai l'impression qu'on s'éloigne. » avoue t-il, d'un ton plus calme mais tout de même agacé. et c'est la vérité. ce qu'il ignore, c'est que tout ça vient de lui, ses réactions, des mensonges qui le poussent à se sentir seul, parfois. de réclamer de l'attention, même lorsqu'on lui en offre. mais il a peur, yury, il ne veut pas que ça recommence, comme il y a quelques années. « j'veux juste passer du temps avec toi, mais encore là, j'ai l'impression d'te faire chier. » qu'il ait son travail, yury l'accepte, lui aussi a le sien. seulement, il ne comprend pas pourquoi il ressent cette distance ─ aveuglé par ses secrets, qui en sont clairement la cause. « bref, laisse tomber. » il dépose son coude sur le rebord de la fenêtre de la portière, détournant son visage vers cette dernière. encore une fois, il se sent seul, encore une fois, il se sent incompris. ((par sa faute, fermé comme une huître, incapable de s'ouvrir, paralysé par la peur))

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quelque chose n’allait pas. depuis quelques temps yury avait un comportement presque différent, évidemment tadashi ne s’en rendait pas compte mais à cet instant, il le voyait réagir comme rarement il l’avait vu agir. il connaissait son petit ami, il n’était pas du genre à se prendre la tête pour des choses aussi futiles. il était toujours le premier à comprendre, à tout faire pour que les choses se passent bien pour eux. et voilà qu’ils étaient tous les deux prêts à s’engueuler pour une dispute qui n’a même pas eu lieu. la situation agaçait déjà trop tadashi et les réponses du plus jeune n’aidait pas. il l’entendait marmonner des choses qu’il n’arrivait pas à percevoir --et c’était sûrement mieux comme ça-- et puis il lui parle d’un éloignement que tadashi n’a pas l’impression de vivre. le japonais fixe la route en silence par peur que son impulsivité parle gardant ses mots irréfléchis pour lui. yury profite de son mutisme pour ajouter qu’il aimerait simplement passer du temps avec lui. tada manque de freiner bien trop fort tant sa remarque le surprend. c’est vrai, ces derniers temps ils ne passent pas autant de temps qu’ils le voudraient ensemble mais tous les deux ont leurs raisons. tadashi a son travail et les combats de boxe qu’il fait dans l’illégalité et yury, lui, a son travail aussi le leur laissant peu de temps pour se retrouver. pour autant, yury n’a jamais réagit comme il le fait là, il a toujours été très compréhensif là-dessus. c’est ça que tadashi ne comprend pas. un nouveau feu rouge. la voiture s’arrête. le japonais se tourne vers lui. « je comprend pas, yu, d’habitude t’es pas l’genre de gars à prendre les choses comme ça. » c’est comme s’il prenait tout trop à coeur, comme s’il prenait les choses du mauvais côté. tadashi était plus calme d’un coup, un peu plus doux sûrement parce qu’il ressentait la détresse du plus jeune. « t’es certain que ça va? t’aurais pas oublié de me dire un truc? » il n’était pas du genre à tourner autour du pot, mais derrière cette question qu’il trouvait soudainement risquée se cachait une certaine inquiétude. il se refusait à croire que yury était dans cet état simplement parce qu’ils avaient faillit s’engueuler la veille. il y avait sûrement autre chose… quelque chose que tadashi ne savait pas.

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il est tourmenté, tracassé, une certaine boule au ventre ne le quitte pas. pourquoi avoir cette impression que tout lui échappe ? que rien ne va ? il est persuadé que c'est le cas. dans sa tête, c'est un véritable champ de bataille, un bordel monstre, des soucis qui restent en suspend, mais que le dj n'ose pas réellement affronter. alors oui, des craintes surviennent, des craintes qui n'ont pas lieu d'être, il l'ignore, pour être honnête, mais yury, il se sent seul. l'est-il vraiment ? non, sans doute pas. en a t-il conscience ? sans doute pas, non plus. s'enfermant dans ses mensonges, dans ses non-dits, dans ses problèmes, ce n'est que le résultat de ces bêtises qu'il commet. un feu rouge, tadashi s'arrête, le plus jeune baisse aussitôt la tête, sentant le regard de tadashi se poser sur lui. ses mots le touchent, ouais.. il a peut-être raison, yury le sait bien, au fond, il ne va pas bien. il pourrait essayer de se défendre, mais il n'en a plus la force, là. une certaine tristesse le submerge, sans doute parce qu'il vient de lui faire comprendre qu'il avait peur de le perdre. une crainte ridicule ? pourquoi ces sentiments et cette idée ne quitte pas son esprit ? tadashi est l'une des personnes qu'il aime le plus dans ce monde, il est, pour lui, comme un organe vital, et soyons honnête, cette situation le pèse grandement. ils se disputent, ils ne s'en sortent pas, yury continue de sombrer, peu à peu, sans avoir le contrôle sur quoi que ce soit, et parfois même, sans en avoir réellement conscience. à la question de son petit-ami, yury détourne le regard pour le poser à l'extérieur, côté fenêtre passagère. il le fuit du regard, oui, mais il essaye surtout de canaliser ses émotions qui commencent à être, bien trop fortes. « j'suis désolé. » lâche t-il, d'une voix peu assurée. il ne le regarde toujours pas, à vrai dire, il ne sait même plus quoi faire. que ça soit pour arranger cette situation mais aussi, pour arranger leurs problèmes en ce moment. il fuit quelque peu sa dernière question, qui a eu le don de le tourmenter davantage. quelque chose qu'il aurait oublié de lui dire ? si, il y a bien quelque chose, mais il n'y arrive pas. il n'arrive pas à l'avouer, encore, sans compter la peur de le perdre, qui ne fait que grandir. il profite, de son visage presque hors de son champ de vision, pour ne pas retenir cette larme. il ferme les yeux, prenant une profonde et discrète inspiration, qu'est-ce qu'il lui arrive ? pourquoi se sent-il si mal ? pour des tas de raisons, mais yury, il n'en voit pas le bout du tunnel. « non, tada, ça va pas. » avoue t-il, finalement.