Elle avait passé une partie de la nuit a à le veiller. Son frère l’avait laissé gérer la suite seule mais son regard désapprobateur ne lui avait pas échappé. Elle avait mordillé sa lèvre l’air désolé, elle ne voulait pas mentir, mais elle ne voulait pas dire la vérité non plus. Elle n’avait déjà que si peu avec Carrick, elle ne voulait pas prendre le risque de le perdre. De le perdre totalement … elle passe une main dans ses cheveux doucement et observe les contusions sur son visage en pinçant ses lèvres inquiètes. Qu’est ce qui a pu le mettre dans cet état ? Une bagarre de rue elle n’en doute pas, surtout pas en sentant son haleine chargée d’alcool … Elle ne lui en voulait pas mais s’inquiéter de voir qu’elle le récupérait ainsi … ces blessures ne semblaient n’être le reflet de ce qu’il ressentait ces derniers temps … était-il triste de l’avoir perdu ? Pendant une seconde Su Nah se perds dans ses espoirs, dans cette folie que son cœur amoureux tend à lui faire croire. Elle se penche vers lui et embrasse son front fiévreux. Elle s’en veut, de ne pas lutter, de ne pas avoir envie de lutter, et de ne pas essayer de l’oublier. Elle répétait sans cesse les mêmes erreurs, à croire qu’elle s’interdisait toujours le bonheur. Carrick avait pris tellement d’importance dans sa vie dernièrement qu’elle refusait de croire que leur pseudo relation pouvait ainsi se terminer. Il y avait encore tant de choses qu’ils pouvaient vivre … Ils s’aimaient, s’attiraient, se désiraient et pourtant … ils se refusaient le bonheur. Su Nah avait tendance à oublier leur mariage, leur lien, leur situation, leur différence d’âge … Elle oubliait toutes ces barrières qui lui paraissaient – dans ses heures les plus sombres de son envie d’être avec lui – futiles et inutiles … ils se voulaient alors quoi ? Qu’est ce qui devrait se dresser entre eux encore ?! Su Nah en avait marre de répéter toujours les mêmes histoires … De sa table de chevet elle sort une photo de Sori et elle, elle pince ses lèvres. Elle avait fait cette erreur une première fois, alors quand elle leva son regard vers Carrick elle réalisait combien elle refusait que ça arrive encore … elle glisse la photo sous l’oreiller et passe une main sur son front, elle a chaud, son regard n’a de cesse de revenir vers celui du plus vieux, espérant le voir se réveiller. Elle fait craquer sa nuque puis son dos alors que sa main libre vient se glisser dans celle calleuse du plus vieux. Elle glisse sa joue sur sa paume et murmure « t’as pas le droit de te faire du mal comme ça … » Son cœur se serre en voyant les contusions sur son visage. Son doux visage déjà bien marqué par la vie et le temps. Elle écarquille les yeux en le voyant bouger et se penche vers lui, attendant qu’il reprenne doucement ses esprits. Elle esquisse un sourire soulagé bien que ses yeux soient inquiet. « Carrick … » souffle-t-elle avec douceur. « Evidemment que je suis vraiment là … où veux-tu que je sois … ? » Elle se penche vers lui pour qu’il n’ait pas d’effort à faire et caresse du bout de ses doigts délicats les frisettes dans les cheveux de Carrick. « Que t’est-il arrivé … ? » la douceur de sa voix n’a d’égal que la quiétude de l’instant. Elle frissonne quand elle croise son regard, il lui semble qu’elle ne s’était pas noyé dans l’océan de ses yeux depuis bien trop longtemps. Dieu qu’il lui avait manqué …

Pourquoi tout devait être si compliqué dans ton esprit ? Tu pouvais juste l’accepter maintenant. Elle te voulait, tu la voulais, pourquoi chercher plus loin ? Mais tu ne t’accordais jamais la facilité, pas vrai ? C’était trop facile justement, ça devait forcément cacher quelque chose comme ta si jolie vie qui cachait ta mort, comme ta précieuse famille que tu ne pouvais pas garder indéfiniment, comme ta montre qu’on avait essayé de voler qui cachait tes cicatrices. T’essayais de cacher tes peurs à tous. C’était facile au boulot, ce n’était qu’un boulot mais surtout tu n’étais pas seul alors que dans ta vie privée, tu craignais d’être blessé. T’avais amassé ton quota pour toute une vie. Tu ne voulais plus laisser personne te faire du mal parce que tu ne savais pas si tu étais assez fort pour te relever une deuxième fois. Encore fallait-il savoir si tu t’étais complètement relevé. Ta respiration était si lourde et pesante, pourtant Tadashi avait essayé de t’aider mais il n’était pas médecin. Il avait essayé de limiter les dégâts mais ils étaient toujours là. T’avais juste envie que tout s’arrête, t’étais fatigué d’essayer en vain. Est-ce que tu cherchais encore à abandonner ? Ce n’était pas ce qu’on t’avait appris pourtant. Tout ce qui demandait de l’effort en valait la peine, c’était ça ce que te répétaient tes parents mais ça devenait tellement difficile. Vouloir suffisait-il ? Tu voulais essayer seulement, tu ne savais pas si c’était une cause perdue ou s’il y avait encore de l’espoir et t’avais déjà assez donné dans les causes perdues, en commençant par toi. Rien ne t’empêchait de te reposer encore un peu. T’étais dans ses bras, que demander de plus ? elle te parle mais tu n’arrives pas à garder tes yeux ouverts… Tu ne te réveillais pas cette fois, t’étais comme pris au piège dans le néant. Pas de réalité ni de rêve. T’aurais même voulu un cauchemar mais il n’y avait que toi. Si seul et personne pour allumer la lumière. C’était donc ici que tout s’arrêtait ? T’avais imaginé pire. Pour être honnête tu pensais que t’aurais fini sur un trottoir goutant pour la dernière fois à ce qui te permettait de continuer à vivre, il y a si longtemps. Finalement tu te finissais dans les bras de la seule femme que t’avais aimé. Et tu l’avais aimé comme jamais tu n’aurais cru aimer et, ce, malgré le peu de temps que tu l’avais connu. C’est déjà l’heure ?