L'encre s'écoule doucement, commençant son chemin sur ce corps blanc ou respire l'innocence et la sincérité. Sori souillait ce qui lui appartenait, sa chair comme dirait son père dans des paroles mués d'un respect aiguisé en un poison mortel.
Plus elle prend, acquiesce, plus elle se colore, s'affirme. Sori est le vilain petit canard noir tandis que son jumeau est le cygne blanc à l'état pur.
Sori est cet enfant à problème, cet enfant dont la mère va l'amener chez un psychologue pour régler ses « violences », cet enfant dont on va imprimer au fer chaud qu'elle est une incapable, qu'elle est imparfaite. Et surtout, qu'elle est une erreur de la vie. Il aurait mieux fallu qu'elle ne vienne jamais au monde qu'osait montrer son petit minois.
L'amour ? Un sentiment qu'elle ne sait dépeindre qu'en tatouant, un dessin, c'est tellement facilement de s'exporter, se familiariser, écouter les amours des autres et les retransmettre du mieux qu'elle peut. Elle ? Aimer ? C'est difficile. Oui, elle sort avec des personnes. Mais ça ne dure jamais très longtemps car Sori est une incapable des sentiments, s'exprimer, dire je t'aime. Elle n'a pas connu. Elle ne sait pas transmettre. Elle ne sait pas aimer. Incapable des sentiments. Incapable d'amour. Des paroles durs qui décrivent cette reine de glace.
Mais Sori n'est pas que ça. Elle se bat, elle se bat pour vivre, survivre,  aimer, sortir de ce monde antipathique, de ce monde de bourge ou l'apparence est d'une importance même. Elle déteint Sori dans ses réunions familiales ou ses tatouages cyniques, sa corde au cou, sont fièrement montré. Elle se bat pour son petit frère qui fait connerie sur connerie. C'est une famille cassée du plus jeune au plus âgé, c'est une famille amputée dont elle fait part.

Et Sori ne s'est pas arrêtée en chemin, défiant son père, l'autorité suprême de cette maison de poupée en porcelaine. Le résultat n'a pas été des moindres, virée et bannie de revenir, de ne plus respirer le même air qu'eux. Et pourtant, elle doit leur rendre des comptes, son compte en banque continue de grossir chaque mois, comme un salaire récurrent, un « remerciement » de ne plus mettre les pieds avec eux, de se tenir loin d'eux. Et ses études dont elle est obligée de suivre, évidemment notifiée par une lettre. Sori avait ri jaune en voyant cet ordre mais avait accepté pour une seule raison, il l'a laissé faire son métier tranquillement et ne venait aucunement la chercher, la laissant vivre sa vie de vilain petit canard dans sa bulle.