you could be my hero ft. sejin
Elle chute à terre aussitôt. Là, il y est allé fort. Elle est K.O pendant quelques secondes. Quand elle reprend ses esprits, quelques secondes après, Sang est debout devant le bar en train de se servir un énième whisky. Elle passe la main sur sa joue: pas de sang mais la douleur la lance. Elle se redresse un peu, toujours au sol, et secoue doucement la tête alors qu'il la regarde du coin de l'oeil. Ça va? T'as compris maintenant? J'suis pas ton pote moi. Tu me parles pas comme ça, salope. Elle déglutit et ferme les yeux, passant une main sur son front. Elle se sent mal. Elle a envie de vomir, elle a envie d'hurler, elle a envie de le tuer. Elle ne veut pas partager son lit ce soir. Elle ne veut plus rien partager avec lui de toute façon. Alors elle se redresse rapidement, retire ses talons aiguilles et part de la chambre sans rien dire. C'est ça, casse toi. entend-elle derrière la porte. Oui, elle se casse. Et elle sait déjà où elle va aller.
Elle approche de la porte de cette chambre avec une certaine retenue... le coeur battant. Depuis quelques mois maintenant, celui qu'elle s'apprête à voir occupe ses pensées à tout moment de la journée. C'est des petits regards, des sourires discrets, et, au maximum, des gestes, les mains qui se frôlent... De quoi la frustrer. Elle aime le regarder, l'admirer. Sous ses airs sombres et réservés se cache une personnalité qu'elle affectionne particulièrement. Et ce soir, tant pis si Sang la surprend en train d'aller le voir, mais elle a besoin de réconfort. Alors, elle ouvre la porte avec précaution, doucement. Elle passe la tête, voit que la chambre est plongée dans le noir. Elle referme immédiatement la porte derrière elle et reste appuyée contre la porte, les mains derrière son dos. S... Sejin...? bafouille-t-elle, la voix tremblante, les larmes au bord des yeux.
Installé dans ma chambre, je sais que ma nuit sera longue. Je regarde avec désintérêt les papiers devant moi. Je pourrais encore travailler pendant des heures mais ça n’occuperait pas mon esprit, ça ne parviendrait pas à détourner mon attention d’elle. Elle avec lui. Ça fait plusieurs heures qu’ils sont partis, ensemble, encore et je ne peux pas arrêter de penser à eux. S’il est mon meilleur ami, je ne peux pas cautionner ce qu’il fait subir à sa petite amie, à Mia. Mais si je pense profondément qu’elle mérite mieux et espère silencieusement que je pourrais être ce mieux, je garderais ça pour moi. Je rassemble les feuilles éparpillées sur mon bureau et les range avec une précision un peu maniaque. Je me change, me débarrassant de ma tenue stricte pour enfiler un pyjama plus confortable avant de me coucher dans mon lit. Pourtant, mes yeux ne se ferment pas et je fixe le plafond de ma chambre à présent plongée dans la pénombre. Je ne trouve pas le sommeil et je mets rapidement le doigt sur ce qui ne va pas. Je m’inquiète pour elle puisque je sais de quoi il est capable, ce qu’il peut lui faire et je n’aime pas qu’elle soit seule avec lui. Je ne peux pas intervenir, je ne peux pas la protéger et je dois rester loin, rester le Se Jin silencieux et absent, toujours loin des autres à ne pas intervenir.
Mais quand je vois Mia se prendre des coups, je ne peux pas rester impassible. Alors que les heures passent, je ne ferme pas l’œil et médite en silence, couché sur le dos, droit. Je ne dors habituellement pas beaucoup la nuit, hanté par mes pensées parfois impossible à taire et ce soir bien plus que d’habitude. Je ne peux pas penser à elle et malgré les regards qu’on se lance, les sourires légers que l’on partage, je sais que je ne peux pas espérer autre chose qu’être là pour l’aider, qu’être son ange gardien en quelque sorte et pourtant, je sais que mon cœur ne cessera pas de battre plus vite quand elle sourira. C’est à ce moment-là que j’entends la porte de ma chambre s’ouvrir et je tourne lentement la tête pour percevoir un mouvement avant d’entendre la porte se refermer. Je me redresse sur mon lit, intrigué par cette visite nocturne mais lorsqu’une voix s’élève, j’identifie immédiatement la jeune femme. Sa voix est tremblante et je devine rapidement que Sang y est pour quelque chose. J’allume la lampe de chevet placée sur ma table de nuit avant de m’approcher d’elle et je remarque immédiatement que sa joue est abîmée d’un coup. Je la prends dans mes bras dans un premier temps pour la rassurer, pour qu’elle sache qu’elle n’est pas seule et que je suis là. J’en veux à mon meilleur ami d’être assez stupide pour la faire souffrir comme elle souffre.
-Mia…
Je l’emmène avec beaucoup de douceur jusqu’à ma chaise de bureau et l’y assied avec beaucoup de précaution. Mia est une femme forte, je la connais et je n’ai jamais douté de cela mais aux mains de Sang, elle peut être aussi fragile qu’une poupée en porcelaine. Alors je n’ai qu’une envie, me spécialiser dans les poupées en porcelaine pour pouvoir la réparer quoi qu’il lui arrive. Je m’accroupis devant elle et tends la main avec beaucoup de tendresse pour frôler sa joue blessée et la regarde sans sourire, inquiet.
-Je vais te soigner.
Il la conduit doucement jusqu'à un fauteuil de bureau où elle prend place. Ses yeux sont encore mouillés, comme ses joues qu'elle s'occupe d'essuyer en passant ses mains doucement dessus pour ne pas éveiller la douleur du coup qu'il lui a mis sur sa joue gauche. Elle évite le regard de Se Jin. Qu'est-ce qu'elle a honte... Honte de ne pas savoir se sortir d'une telle situation. Elle qui est si vive, réactive et débrouillarde... La voilà prise entre les filets de son bourreau. Elle regarde vers la fenêtre de la chambre, fermant les yeux un moment alors que des larmes coulent à nouveau sur ses joues tandis que Se Jin rassemble ce qu'il faut pour la soigner. Ses mains liées entre elles entre ses cuisses, elles les trifouillent dans tous les sens avant de déglutir nerveusement. Elle retient tant de choses en elle... Elle pourrait passer une heure à hurler tout ce qu'elle a à dire. Elle pourrait faire des choses impardonnables même. Mais elle est prisonnière.
Je vais partir... confie-t-elle à Se Jin, posant son regard sur lui alors qu'il est en train de revenir vers elle avec tout le matos nécessaire. Elle secoue lentement la tête en baissant le regard au sol. J'peux pas rester une minute de plus ici. et c'est vrai. Elle n'en sortira pas vivante si elle ne se dépêche pas d'agir avant.
Mon meilleur ami a recommencé ce soir et Mia est venue jusqu’à moi. Je n’ai jamais aimé ce côté-là de Sang malgré mon affection pour lui. Je lui suis loyal depuis longtemps, très longtemps mais je ne cautionnerais jamais la façon dont il traite celle dont il est censé être amoureux. Pourquoi fait-il ça ? N’importe quel prétexte lui est toujours bon pour qu’il s’en prenne à la jeune femme, une tenue trop provocante, un moment de distraction jugé impardonnable ou même la simple mauvaise humeur de Sang. Je n’ai jamais compris pourquoi ils sont toujours ensemble alors que comparé à lui, je m’occupe bien mieux d’elle mais je n’en parle pas, je n’ai pas vraiment le droit d’en parler. Penser à la copine de son meilleur ami est évidemment interdit, c’est pour cela que je garde la plupart de mes pensées secrètes. J’ai toujours détesté la violence dans un couple et lorsqu’il s’agit de Mia, je ne peux pas l’accepter. Ce soir, elle s’est tournée vers moi malgré l’heure tardive et elle savait que je serais là pour elle, je l’ai toujours été.
Je l’ai installée sur le fauteuil de ma chambre avant d’aller chercher de quoi soigner le coup qu’elle a sur sa joue. Je ne peux pas la laisser ainsi et mon cœur se serre comme je vois les larmes sur ses joues. Je sais que Mia n’est pas comme ça mais Sang a le malheur de savoir comment la faire craquer. Je voudrais qu’elle le quitte, elle pourrait trouver tellement mieux même si elle ne me trouvera jamais moi. Je suis toujours là, à veiller sur elle depuis l’ombre où j’aime me tapir, un ange gardien dont elle prend conscience lorsqu’elle en a besoin. Pense-t-elle à moi lorsque je ne suis pas près d’elle ? J’aimerais avoir l’espoir suffisant pour penser que oui mais je n’oserais pas. Je reviens vers elle avec le matériel avant qu’elle ne m’annonce qu’elle va partir. Je la regarde longuement en m’accroupissant près d’elle. Je n’ai pas envie de sourire mais je ne montre pas la peine que son départ m’infligerait. Je hoche la tête, un premier temps silencieux alors que je prends de la glace pour la poser sur la joue de Mia, voulant éviter que sa joue ne gonfle.
-Tu veux partir ce soir ?
J’ancre mon regard dans le sien, longuement. Si elle part ce soir, elle n’aura plus jamais à subir les coups que Sang lui inflige, elle n’aura plus à souffrir et à devoir vivre cette vie qu’elle ne mérite pas. Je ne veux que sa santé, son bonheur, c’est tout ce que je lui ai toujours souhaité et j’ai toujours su qu’avec Sang, elle ne serait jamais vraiment heureuse. L’aime-t-elle encore ? Si ce soir, elle fuit, elle ne pourra plus jamais revenir et nous ne nous reverrons plus jamais mais je n’ai pas envie de penser à ça. Si elle doit fuir, je l’aiderais.
-Je connais un moyen de te faire sortir d’ici si c’est ce que tu souhaites.