Are you asking for me? [Pv Mi Ok]
「Cliente me réclamant
Je ne sais pas quoi en penser
Mais je dois m'avancer
Peu importe le prix que ça va me coûter」
-Bonsoir… Vous avez demandé à me voir ?
「Cliente me réclamant
Je ne sais pas quoi en penser
Mais je dois m'avancer
Peu importe le prix que ça va me coûter」
Il y a quelques semaines de cela, j’avais protesté devant mes parents mon envie de manger un bon plat européen. Mais les rares restaurants que j’avais testé pour le moment ne m’avaient pas porté dans ma contrée d’origine ou m’avait refusé l’entrée à cause de mon chien-guide. Déçue, j’avais supplié ma mère de me faire des lasagnes pour me remonter mon moral. Bien qu’elle n’était pas une fan de cuisine de ce type, elle y craqua sous le sourire suppléant de sa fille.
Pendant le repas, mon père m’avait alors susurré une adresse d’un restaurant qui pourrait me plaire. Puisque lui aussi la cuisine occidentale lui manquait, il avait testé plusieurs adresses. Il m’avait même certifié que les chiens-guide était autorisé dans l’établissement me permettant d’essayer seule. Et il avait rajouté discrètement que ça serait meilleur que les plats de ma mère.
C’est ainsi après des jours d’hésitation que je pousse enfin la porte de l’établissement indiqué par mon paternel. En rentrant, je sens des regards sur moi, des murmures parcours les clients aux tables proches de l’entrée. Les chiens-guide doivent être rares.
Un serveur m’interpelle à l’entrée me demandant si j’ai réservée. Je lui réponds par l’affirmation et donne mon nom. Tout en m’aidant à m’installer, il me dit :
- Vous êtes donc la dame qui avait prévenu pour son chien. Si vous avez le moindre soucis n’hésitez pas à nous solliciter.
Je suis soulagée qu’au moins ici on fait attention à ses clients et de leur manière diplomate, n’exposant pas ainsi mon handicap même si beaucoup ont deviné sûrement.
J’avais précisé en réservant que j’étais aveugle et que j’avais besoin de mon chien et d’aide pour différents aspects. Au téléphone, le serveur avait été surpris puis très vite le calme de son métier était revenu ainsi que son professionnalisme. Il avait certifié que cette demande serait pris en compte et que je ne me sentirais pas délaisser.
Il n’y a rien à dire du service, ils sont tous serviables et professionnels. Ils prennent le temps pour m’expliquer le menu, me demander de temps en temps si tout va bien ou je n’ai besoin de rien... Je me sens bien être leur mains, pas jugé, pas pressé quand j’en accaparais un.
Le repas fini, je dépose mes couverts calmement. Je me sens partager entre deux sentiments. Me laissant un moment, je réfléchis à quoi faire. Dois-je ou ne dois-je pas me jeter à l’eau ? Me débattant avec mes appréhensions, j’interpelle timidement un des serveurs et lui demande si c’est possible de parler avec le cuisinier qui a préparé mon repas. Il me certifie que ma demande va de ce pas être réalisée puis il s’en va.
Kala sous la table n’a toujours pas bronché comme pour le reste de la soirée. Sa présence me rassure. Je la sens de temps en temps changer de position. J’adore sentir le frémissement de ses poils soyeux sur la peau dénudée de ma jambe due à mon jean relevé. Je souris.
Avec elle, je ne me sentais jamais seule. Je pouvais tout affronter. Malgré mes réticences, elle me donnait la force de passer outre ma timidité. Et j’en ai besoin pour ce que je m’apprête à faire.
Avant même que le cuisinier en question se présente, je sens sa présence. Une odeur de cuisine se dégage de lui. Tant d’odeurs se mélangent, épicées comme douces. Ce tourbillon m’enivre un instant avant que sa voix me ramène sur la chaise.
- Bonsoir... Vous avez demandé à me voir ? me demande une voix à mes côtés. Elle se veut posée mais je perçois une pointe d’inquiétude et de malaise.
- Désolée de vous interrompre de la sorte dans votre travail. Mais je voulais vous faire part de mon ressenti de votre plat. Je m’interrompe un instant, réfléchissant soigneusement aux mots que j’allais utilisé en coréen. J’espère que je ne vais pas le blesser, ce n’est pas mon attention. Il est délicieux pour cela je vous félicite déjà, je n’avais pas goûté des pâtes ainsi depuis mon arrivée en Corée... Mais puis-je me permettre de vous poser une question ? Avez-vous déjà été en Italie goûter des pâtes ? repris-je dans un coréen hésitant et en bafouillant de temps en temps.
Il me répond par la négation. Cela ne me surprit pas, je m’y attendais. C’est pour cela que je l’ai fait venir. Je sentais bien pendant mon repas qu’il manquait quelque chose.
En cet instant, je ne veux pas le réprimander mais plutôt le conseiller. Des ingrédients originals pour ce plat de pâtes donnent un goût exotique. Je me doit de lui en faire part, surtout pour un restaurant qui se veut d’une cuisine traditionnelle typique des plats proposés.
Et aussi, ce cuisinier a du potentiel mais il manque la petite saveur qui donne l’espace d’un moment d’être plongé en plein terrasse d’un restaurant typiquement italien dans les rues de Rome.
「Cliente me réclamant
Je ne sais pas quoi en penser
Mais je dois m'avancer
Peu importe le prix que ça va me coûter」
Je tente de rester droit, de ne pas montrer ma nervosité en gardant mes mains dans mon dos, serrées ensemble pour ne pas jouer l’une avec l’autre. Elle annonce que c’est effectivement pour me dire son ressenti pour le repas que j’ai préparé qu’elle m’a appelé et mon cœur rate un battement. Je me mords la lèvre, la nervosité grimpe d’un coup dans mon être et je sens mes mains devenir moites et les garde bien cachée dans mon dos. Je n’ose pas croiser le regard de la jeune femme qui prononce ces mots, quel va être son verdict ?
J’avale difficilement ma salive et je ne sais pas comment réagir. Je reste silencieux et me prépare plutôt à l’écouter. Je me retiens alors de respirer et elle me dit d’abord que c’est délicieux et je soupire soudainement de soulagement. J’ai un petit sourire sur mes lèvres et baisse mon regard sur mes pieds en souriant légèrement, rassuré par ce début d’avis. Elle me pose ensuite une question à propos de voyager en Italie et d’y goûter des pâtes. Je suis surpris pas la question, je ne m’y attendais pas. Je rougis un peu, presqu’honteux à cause de la réponse que je vais lui donner.
-Non je n’ai jamais eu cette chance…
Je me tourne vers elle et je la regarde alors enfin. C’est à ce moment-là que je remarque ses yeux et que je comprends. Elle ne voit pas, en tout cas, c’est ce que je pense puisqu’elle est tournée vers moi mais ne me regarde pas vraiment. Elle est aveugle. C’est la première personne aveugle que je rencontre. Je me mords la lèvre, je ne pense pas que mon comportement va changer par rapport à ça, de toute façon, je suis déjà très nerveux, ça ne change rien. Si elle a pu comparer les pâtes d’Italie à celles que j’ai préparées, elle a dû être déçue par ce qu’elle a mangé ce soir et je tiens alors à m’excuser.
-Vous avez déjà été en Italie, mademoiselle ? Je suppose que les pâtes y sont bien meilleures qu’ici, je suis désolée que celles que je prépare n’aient pas encore leur niveau…
「Cliente me réclamant
Je ne sais pas quoi en penser
Mais je dois m'avancer
Peu importe le prix que ça va me coûter」
Je sens le rouge me bruler les pommettes. Et mon côté russe donne sûrement à la scène des joues bien cramoisie. Je dois être idiote aux yeux du cuisinier.
Il est vrai que j’avais par le passé été en Italie et même plusieurs fois. Mon père adorait admirer les architectures romaines. Il n’est pas professeur d’antiquité pour rien. J’avais donc pu goûter à de nombreuses reprises de véritables pâtes italiennes.
- Je ne voulais pas vous offusquer, j’hésite un instant, n’étant pas sur d’utiliser le bon terme. Ce que je veux dire, c’est que je n’ai pas goûté des aussi bonnes pâtes depuis mon arrivée en Corée. La cuisine occidentale me manquait terriblement. Pendant cette soirée, j’ai retrouvé mes souvenirs d’enfance. Et pour cela, je voulais vous remercier.
J’espère que cette fois-ci j’ai été plus claire sur mes attentions. En aucun cas, ce jeune cuisinier ne doit se démoraliser. Qu’il persévère ! Il deviendra sûrement un cuisinier très réputé. Oups, je commence à m’emballer peut-être un peu trop. J’espère que cette enthousiasme n’était pas palpable par l’extérieur.
Me raclant la gorge je continue :
- Si j’ai un dernier conseil, quand vous aurez l’opportunité : voyagé et goûté les plats traditionnels. N’hésitez pas ensuite à les revisiter.
Je me veux bienveillante, j’arbore donc un large sourire. Un peu crispé car je ne perçois plus de signe de mon interlocuteur. Bien que je sens sa présence à mes côtés, il ne pipe plus un mot. Est-ce que je l’ai froissé ? Ai-je dit un mot de travers ? Me suis-je donc mal exprimée ?
Kala décide donc à ce moment là de faire son entrée. Sortant de sous la table, elle frotte son museau froid et humide sur la peau de ma main. Sa tête posée sur mes cuisses, cela doit être assez particulier à regarder : une tête de chien sortant de nul part.
「Cliente me réclamant
Je ne sais pas quoi en penser
Mais je dois m'avancer
Peu importe le prix que ça va me coûter」
Tout s'explique lorsqu'elle reprend à nouveau la parole et à mon tour, je rougis. Je me rends alors compte que ce que j'ai trop vite pris pour une critique est une compliment. Mes joues s'empourprent de honte mais aussi de plaisir, le plaisir d'entendre de tels mots alors que j'étais sur une optique de son avis complètement différente. Ce qu'elle voulait dire était que justement, elle a aimé mon plat. Un sourire léger naît sur mes traits face à ses remerciements et je comprends que ce qu'elle voulait n'était me rabaisser mais me conseiller et c'est ce qu'elle fait en me parlant de voyager et de goûter. Je pince mes lèvres et m'incline poliment en signe de respect, peu importe si elle ne me voit pas.
-Merci mademoiselle. J'essaye de faire voyager un maximum les clients avec ma cuisine. J'aimerais beaucoup voyager mais les prix sont élevés pour partir... Êtes-vous italienne?
Voyager vers l'Europe me fait rêver mais l'argent manque pour un projet d'une telle envergure et pour le moment, je ne me donne pas l'occasion de le faire. Alors que je m'apprêtais à prendre congé, un chien fait son apparition, déposant sa tête sur ses cuisses. Je ne m'y attendais pas et la surprise se lit dans mon regard et dans mon attitude. J'aime beaucoup ces animaux même si je ne me suis jamais donné l'occasion d'avoir un contact avec eux.
-Il s'agit de votre chien? Comment s'appelle-t-il?
「Cliente me réclamant
Je ne sais pas quoi en penser
Mais je dois m'avancer
Peu importe le prix que ça va me coûter」
- Il s'agit de votre chien ? Comment s'appelle-t-il ? demande le jeune homme.
Kala a le chic pour la calmer dans ces situation. Elle permettait aussi le dialogue et d’entrer dans des sujets de discussion qui étaient plus favorable à la jeune femme. Parler de son chien était une habitude pour elle.
Caressant la tête de sa chienne, elle répond au jeune homme :
- Oui, c’est ma chienne qui m’aide à trouver mon chemin. Elle se nomme Kala.
Mi Ok réalise qu’elle venait de faire allusion à sa cécité. Bien que ce n’était pas un secret et qu’elle ne le cachait pas, cela lui fait bizarre d’en parler avec un cuisinier fraîchement rencontré. Il dégage quelque chose qui lui permet une certaine aisance qu’elle n’oserait pas habituellement.
Un silence parvient de son interlocuteur. Elle sent palper dans l’air une envie ainsi que de la retenue.
Oh qu’elle aimerait parfois revoir un minimum pour pouvoir mieux interpréter les situations. Qu’est-ce que veut donc le jeune homme en cette instant ?
Continuant à caresser Kala, elle lui demande timidement :
- Vous désirez la caresser ? Elle aime assez bien se faire câliner.
Liant la parole au geste, elle ordonne à la chienne de sortir de son abris pour se placer à ses côtés. Mi Ok aime garder un contact avec l’animal. La savoir à ses côtés est relaxant. Quand Kala était loin d’elle, la jeune femme se sentait déboussolée. Il lui manquait un de ses sens, un de ses piliers pour continuer à avancer.
「Cliente me réclamant
Je ne sais pas quoi en penser
Mais je dois m'avancer
Peu importe le prix que ça va me coûter」
-Elle est très gentille, merci de m'avoir laissé la caresser.
Je n'ai pas souvent l'occasion d'avoir un contact avec un animal et je suis en quelque sorte touché qu'une inconnue me laisse câliner son chien alors qu'elle ne me connaît même pas. Je reporte mon regard vers la cliente et lui souris timidement.
-Je peux encore faire quelque chose pour vous, mademoiselle?
Je n'ai pas vraiment envie de partir mais je suis tout de même dans ce restaurant pour travailler et la cuisine ne se fait heureusement pas toute seule.
「Cliente me réclamant
Je ne sais pas quoi en penser
Mais je dois m'avancer
Peu importe le prix que ça va me coûter」
— Non, j’ai dis ce que j’avais à dire. Ce fut une agréable rencontre, et j’espère pour vous aussi. Je pense ne pas vous retenir plus longtemps.
Elle lui sourit. Son père n’avait pas eu tord de lui indiquer cet endroit. Il est charmant et on y fait des rencontres intéressantes.
Je suis sûre de revenir ici manger à l’occasion. Et je peux parier que mon manque de mes plats natales risque d’être assez souvent, pense la jeune femme.
Donnant l’ordre de départ à sa chienne, celle-ci se met en mode « travail ». Le regard assuré, elle commence déjà à prévoir le chemin de la sortie alors que sa maîtresse se lève seulement. Cela devait être impression pour les non-habitués.
— Au plaisir de pouvoir goûter à votre cuisine une prochaine fois ! rajoute la jeune femme à l’attention du jeune cuisiner avant de faire volte face pour rentrer chez elle.
Elle s’arrête hésitante. Bien qu’elle n’a pas besoin du nom du jeune homme pour le reconnaître. Elle ne peut demander à le revoir si elle ne connaît pas son nom. Elle se voit mal commencer à décrire toutes les sensations particulières liées au cuistot pour le retrouver parmi tous les travailleurs du restaurant. Mais n’est pas déplacé de demander si rapidement un nom ?
Se retournant légèrement, elle ose se lancer mais timidement :
— Si je vous demande votre nom, vous ne le prenez pas mal ?
Les coutumes coréennes sont encore assez nouvelles pour la jeune femme. Elle ne sait comment faire dans cette situation. Au moins avec cette question, le ton est donné montrant au jeune homme sa maladresse.
Se mordant la lèvre inférieure, elle attend le verdict.