Réajustant son gros pull Wen Yi restait assise sur les marches des escaliers en attendant Hyuk Jae. La tête posée contre le mur elle fixait l’hématome sur son avant-bras. La poigne de son mari toujours trop écrasante marquait sa peau comme un fer rouge. Elle laisse retomber la manche, adorant l’hiver pour pouvoir cacher son corps, trop maigre, abimé, déchiré. C’était une femme de classe, qui portait des robes de luxes, qui couvrait toujours son corps sans jamais attirer les soupçons, tout du moins jusqu’ici. Elle savait vivre dans le mensonge Wen Yi mais s’épuisait de cette double vie … elle savait que rester à la Yonsei lui arrachait le peu de force qui lui restait, mais retourner chez elle tout le temps … c’est signé son arrêt de mort. Elle déglutit à cette idée et soupire et en se redressant légèrement le cœur battant quand la porte s’ouvre, mais ce n’est que deux Pyo qui rentraient du cinéma. Elle les salut d’un sourire et se renfonce dans les marches de l’escalier. Qu’avait-il vu réellement sur son corps ce soir-là ? La drogue, la dépression, les coups … Qu’avait-elle de beau à raconter ? Perdue dans ses pensées elle n’entend pas la porte s’ouvrir mais comme un appel silencieux, elle peut sentir ses yeux posés sur elle. Son regard vient s’ancrer au sien alors qu’elle retient son souffle … elle se lève tout doucement, comme si elle craignait de faire un geste brusque, un geste maladroit et descend alors lentement les marches jusqu’à lui où elle souffle tout bas « Salut … » son regard est criant de vérité, de non-dit, de culpabilité alors qu’elle l’aide à se défaire de son manteau.
« Ça a été ce soir … ? » demande-t-elle d’une petite voix, discrète, un brin cassée. Elle déglutit, remonte nerveusement d’une main une de ses cuissardes en daim et serre le manteau du garçon contre elle – autant pour en sentir le parfum rassurant que pour se réchauffer – mais Wen Yi avait froid au cœur et à l’âme. Elle se détourne le temps d’accrocher son manteau et ajoute « Je t’ai fait du thé chaud … » elle n’attendait rien en échange de cette petite attention … mais voulait surtout le réconforter un peu, lui qui livrait en pleine hiver et qui devait se geler sur son scooter … pressant ses paumes l’une contre l’autre elle leva son regard de chiot perdu vers lui et souffla sur une de ses mèches qui tombaient sans cesse sur son visage. Toujours parfaite d’un point de vu extérieure, Wen Yi s’assurait toujours de masquer sa tristesse sous un beau maquillage, sous une belle coiffure et sous de beaux vêtements. Qui pourrait voir à travers tous ses artifices si ce n’est lui ?